lundi 5 octobre 2015

Québec — Le français des étudiants en perdition ?

Le piètre français des étudiants préoccupe les enseignants du cégep, qui affirment qu’il s’agit du principal problème auquel ils sont confrontés en classe.

C’est du moins l’une des conclusions d’une étude menée par Thierry Karsenti, directeur du Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante. L’enquête a été réalisée ce printemps auprès de 166 enseignants de la formation générale répartis dans 17 cégeps à travers la province.

La quasi-totalité des enseignants interrogés (91 %) considère que la maîtrise du français est le premier défi qu’ils rencontrent en classe. La motivation des étudiants arrive au deuxième rang (89 %), suivie par leur faible habileté et leur faible intérêt pour la lecture (68 %).

Par ailleurs, les difficultés en français sont loin d’être réservées aux étudiants allophones. Des enseignants ont même affirmé que le problème est parfois encore plus présent chez les élèves francophones, souligne Thierry Karsenti, qui rappelle que les difficultés en français et en lecture ont aussi un impact important sur toutes les autres matières.

Manque de motivation

Le manque de motivation fait aussi partie de l’équation, ajoute le chercheur. « Il y a énormément de ressources d’aide qui sont mises à la disposition des étudiants qui éprouvent des difficultés, mais ils ne les utilisent pas », dit-il.

Ce n’est pas la première fois que les difficultés en français des cégépiens font les manchettes. Le Journal rapportait récemment que le nombre d’étudiants qui ont dû s’inscrire à un cours de mise à niveau en français au cégep a grimpé de 50 %, au cours des 10 dernières années.

Formation générale obligatoire

La formation générale au niveau du cégep (fin du secondaire en Europe) est très pertinente, selon un rapport publié lundi par le Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante.

Dans le cadre de l’étude, 45 avantages de la formation générale, incluant notamment les cours de français et de philosophie, ont été répertoriés par 166 professeurs de formation générale au cégep. Le développement intellectuel des étudiants, le développement des compétences en lecture et en écriture et le développement de l’autonomie arrivent en tête de cette liste.

Par ailleurs, 91 % de ces professeurs interrogés ont indiqué qu’il faudrait valoriser la formation générale pour contrer l’attitude négative des étudiants face à ces cours.

Dans un deuxième temps, l’étude des recherches publiées dans le domaine effectuée par le chercheur de l’Université de Montréal Thierry Karsenti fait état d’un certain nombre d’études et d’analyses qui concluent à l’utilité de la formation générale dans le développement global des étudiants et le maintien d’un fond culturel commun. Il souligné également que le taux d’échec n’est pas seulement imputable à la formation générale et que les employeurs sont généralement satisfaits des diplômés du cégep.

Au cours de la dernière année, des voix se sont élevées pour réclamer plus de souplesse dans la formation générale offerte au cégep, où davantage de cours optionnels pourraient être offerts aux étudiants.

M. Karsenti considère toutefois qu’il y aurait un « risque énorme » à rendre les cours de français optionnels puisque les étudiants qui éprouvent des difficultés avec la langue de Molière éviteraient de s’y inscrire, par peur d’échouer.

« Donner plus de choix, ça voudrait dire permettre à des étudiants de ne pas avoir certaines compétences de base. C’est un risque important », affirme-t-il.

Être plus exigeant, plus tôt

Note du carnet : Nous pensons que cette formation générale exigeante devrait se faire nettement plus tôt dans le cursus scolaire. Le français et la culture générale (scientifique et humaniste) devraient être les priorités d’une école primaire et secondaire digne de ce nom. L’école québécoise est bien trop souvent trop peu exigeante et quand elle devient plus exigeante c’est pour imposer plus d’anglais au détriment du français.

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4 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut aussi revenir à des méthodes plus strictes qui ont fait leur preuves : retour à la dictée, à la mémorisation des tableaux de conjugaison et à l'analyse des phrases devrait être imposé dès la fin du primaire. Et ne pas laisser passer en cégep les ignares.

Vieux Phil a dit…

« 91 % de ces professeurs interrogés ont indiqué qu’il faudrait valoriser la formation générale pour contrer l’attitude négative des étudiants face à ces cours. » Si l'étude considère pertinents les cours de formation générale, ce n'est pas le cas semble-t-il pour les élèves, soulignent 91% des 166 professeurs interrogés. Il est là le problème : nos bons profs ne parviennent pas à rendre intéressants leurs cours.

Anonyme a dit…

Notez que Le devoir fait beaucoup de pub à des livres pour dire que NON, tout va bien. Le tout avec le vocabulaire typique des bobos de France (essentialiste) qui disaient la même chose en France il y a 15 ans mais qui osent de moins en moins le dire. Le ridicule les tueraient. Le Québec comme d'habitude en retard.

Françoise a dit…

Ah, Anonyme vous avez aussi lu l'article de Mlançon dans le Devoir:

«On n’apprend pas sa langue qu’à l’école ; on l’apprend à la maison. Si comme parents vous n’arrivez pas à les corriger, c’est que vous parlez aussi mal. Donc, le niveau ne baisse pas ! » »

Par contre, ça c'est une «idée » particulièrement idiote. La grammaire « technique » (l'analyse des phrases, les exceptions, l'imparfait du subjonctif), l'orthographe, un vocabulaire très technique cela s'apprend à l'école pas à la maison. Cette « idée » présuppose aussi que les gens naissent tous dans des familles francophones, que l'immigration ne change pas la composition des familles et donc la moyenne du niveau. C'est surtout grâce à l'école que le niveau des enfants d'immigrants peut s'améliorer (pas les parents!)

Enfin, on a fait des études en France en faisant passer les mêmes dictées à des élèves à 40 et 20 ans de distance : les résultats sont bien en baisse. Et la dictée ça existait il y a 40 ans et quasiment tout le monde allait déjà à l'école jusqu'à 15 ans. Bref. Sur ce sujet là il raconte à mon avis n'importe quoi.

«c’est pas vrai que la qualité de la langue diminue au Québec », ce qui ne veut pas dire que le niveau soit bon... Mais bon, ne pas décliner suffirait, on se satisfait de ce que l'on peut.

Quant à Marie-Éva de Villiers, ses propos sont plus nuancés et plus justes : « Il y a une certaine évolution qui est un peu malheureuse. Auparavant, on avait un écart assez important entre les locuteurs publics et l’ensemble de la population. Aujourd’hui, on se trouve devant une situation différente. On a une proportion de la population plus élevée qui s’exprime mieux, qui maîtrise la langue standard, grâce a un taux de diplomation plus élevé. Je déplore parfois le fait que de jeunes journalistes sont engagés alors qu’ils n’ont pas une excellente maîtrise de leur principal outil de travail. »

Je pense qu'on a des indications d'un relâchement, même si le français standard est appris plus longtemps, il n'est plus autant respecté, il faut faire peuple, djeune, etc. Je pense que cet auteur n'a aucun instrument pour prouver qu'au Québec le niveau ne baisse pas (il le dit lui-même... « On n’a pas de point de comparaison »).