lundi 12 février 2018

Moins d'heures de français à l'école : le niveau de grammaire et d'orthographe baisse

Le niveau d’orthographe et de grammaire des Français a chuté depuis 2010. Un phénomène qui n’épargne pas les entreprises et qui peut leur coûter cher.

Les fautes d’orthographe gangrènent les entreprises françaises. Les salariés obtiennent une note moyenne de 10,73/20 en orthographe en 2015, selon le dernier baromètre du Projet Voltaire, un organisme de remise à niveau orthographique créé par la société Woonoz en 2008 et à l’origine du désormais réputé Certificat Voltaire. Ils font certes mieux que les collégiens (5,22/20), lycéens (6,9/20) ou étudiants (8,76/20) mais le résultat n’est pas glorieux : au bureau, les Français maîtrisent à peine plus de la moitié des règles grammaticales et lexicales (54 %). Globalement, le niveau d’orthographe des Français a chuté de 6 points entre 2010 et 2015. Ils maîtrisaient il y a cinq ans 51 % des règles, contre 45 % aujourd’hui.

« L’Éducation nationale a réduit de moitié la part du français dans les programmes à l’école primaire ces 30 dernières années, ce qui explique la baisse de niveau chez les salariés quadragénaires », explique Pascal Hostachy, cofondateur de Woonoz. « Quant à la génération Y, qui arrive sur le marché du travail, le langage des textos et des réseaux sociaux est presque leur langue maternelle. Ces jeunes n’ont jamais autant écrit, mais dans une autre langue que le français classique. » Au bureau, ces lacunes ne sont pas sans conséquence. « Avec les [courriels], les salariés écrivent beaucoup plus qu’avant et leurs faiblesses sont exposées. »

Un futur savant.
Peinture de 1880 Jean Geoffroy (1853-1924)

Marché de la chasse aux fautes d’orthographe

Au final, les fautes d’orthographe peuvent coûter cher à l’entreprise. « La concurrence est rude dans des secteurs comme la banque, l’assurance ou l’immobilier. Des contrats et courriers commerciaux bourrés de fautes peuvent saper la crédibilité d’un service et faire perdre des clients », selon Pascal Hostachy. Une étude britannique a récemment démontré qu’une seule faute d’orthographe peut diminuer de moitié les ventes d’un site de cybercommerce. « L’orthographe est désormais un problème collectif au sein d’une entreprise », résume le dirigeant. Dès le recrutement, la maîtrise écrite de la langue de Molière peut faire la différence. « Entre deux profils équivalents, l’orthographe sera un critère discriminant », confiait récemment Jacques Froissant, fondateur du cabinet de recrutement Altaïde.

La chasse aux fautes de français est devenue un vrai marché. Les offres de logiciels de remise à niveau ou de coaching pullulent. « Les correcteurs d’orthographe n’étant pas toujours pertinents, les salariés ont besoin d’un réel accompagnement », selon Anne-Marie Gaignard[*], formatrice en orthographe.

Le Projet Voltaire, qui a mis au point un cursus de formation individuelle pour les salariés et un logiciel de remise à niveau que les entreprises peuvent proposer à tous leurs employés, compte aujourd’hui 700 sociétés partenaires, plus de trois fois plus qu’en 2013, et 1000 établissements scolaires. Pour Pascal Hostachy, toutefois, il est urgent de « revoir les bases de l’enseignement à l’école ». Selon lui, les offres d’accompagnement et autres sont « efficaces », mais « un traitement curatif l’est toujours moins qu’un traitement préventif. Apprendre la grammaire à 40 ans est plus difficile qu’à 8 ans. »

* Anne-Marie Gaignard est l’auteur de La revanche des nuls en orthographe publié par Calmann-Lévy

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