mardi 12 juillet 2016

« Québec donne plus d'argent pour l'école à la maison »

Radio-Canada titre ce matin « Québec donne plus d’argent pour l’école à la maison ».

On pourrait croire qu’il s’agit d’aider les parents en couvrant des frais liés à l’instruction à domicile (achats de fourniture, de livres, rétribution du travail des parents éducateurs qui épargnent de l'argent à l'État, déduction pour l’inscription dans des activités sportives ou culturelles prises en charge par les écoles publiques pour les autres enfants).

Non, en vérité, il s’agit de donner plus d’argent aux commissions scolaires pour qu’elles surveillent davantage les parents qui exercent le droit d’instruire leurs propres enfants. Rappelons que, dans l'esprit originel et libéral du Code civil, l’État doit avoir un rôle de soutien dans cette instruction et non de gendarme sourcilleux.

Le gouvernement Couillard va doubler le budget octroyé aux commissions scolaires pour l’enseignement à la maison. Le ministère de l’Éducation va accorder un million de dollars de plus pour la prochaine rentrée scolaire. Dès septembre, le montant qu’accorde le ministère de l’Éducation pour chaque élève scolarisé à la maison va passer de 616 $ à 1000 $ par année.

Notons qu’on assiste à une forte augmentation du nombre d’enfants instruits à domicile au Québec parce que le Monopole de l’Éducation du Québec refuse de tolérer les écoles de nombreuses communautés religieuses (catholiques rigoristes, protestantes et juives). On ne voit pas en quoi ces fermetures aident quiconque, mais elles semblent faire plaisir aux militants laïques et sans doute aux syndicats d’enseignants (selon un ancien député de nos connaissances) qui n’aiment pas que ces petites écoles emploient des institutrices qui n’ont pas les diplômes requis par le Monopole de l’Éducation (et qu'ils délivrent lui-même).

Depuis plusieurs années, les parents d’une communauté catholique de Joliette, La Mission de L’Esprit-Saint, inscrivent leurs enfants auprès d’une commission scolaire et font l’école à la maison, après que le gouvernement a forcé la fermeture de leur propre école. Une initiative copiée par les communautés juives hassidiques de Montréal à la suite d’années de reportages alarmistes dans la presse et de pressions gouvernementales. La fermeté du Québec en la matière est une exception en Amérique du Nord. C’est ainsi que tous les États et provinces en Amérique du Nord permettent aux mennonites conservateurs d’avoir leurs propres écoles, sauf Québec.

Pour l’année scolaire 2014-2015, on comptait officiellement environ 1300 enfants scolarisés à la maison. Avec l’inscription des enfants des communautés juives hassidiques de Montréal, ce sont donc près de 2000 enfants qui recevront l’école à la maison à la prochaine rentrée scolaire.


Dans un rapport d’enquête d’avril 2015, le « Protecteur du citoyen » recommandait au ministère « d’examiner les pratiques d’évaluation des projets éducatifs et des différentes méthodes qui pourraient être utilisées pour un meilleur suivi des apprentissages de ces enfants. » Bref, de surveiller davantage et plus rigoureusement les parents et les enfants qui pratiquent l’instruction à domicile.

Nous dénonçons ici le rôle de juge et partie du gouvernement dans cette « protection des enfants » : il impose en réalité son unique programme d’éducation par ce biais (prétendre protéger les enfants). Pour ce carnet, les parents devraient pouvoir réellement exercer leur droit dans le choix de l’éducation et l’instruction de leurs enfants. Dans ce sens, ils devraient avoir plus de choix dans l’évaluateur de l’apprentissage des enfants, ces évaluateurs pourraient, par exemple, être des organismes autres que ceux du gouvernement québécois. On pourrait penser à d'autres organismes homologués par d'autres pays par exemple. Nous pensons également que le rôle de l’État devrait être de soutenir les parents et d'être moins intrusif et moins soupçonneux à l’égard des parents.