mardi 6 octobre 2015

France — Réforme des collèges : un « formatage idéologique » et fichage selon syndicats

La controversée ministre de l’Éducation en France, Najat Belkacem, a décidé de recourir à des professeurs chargés de former leur collègue à sa contestée réforme. Les volontaires sont rares et les syndicats dénoncent une volonté de « formatage idéologique ».

Société de la surveillance et de la délation ? Le syndicat d’enseignant SNALC avait dénoncé le « flicage des opposants à la réforme du collège » et des « dérives autoritaires ».

Fichage des enseignants selon leur attitude vis-à-vis de la réforme du collège

Le Figaro révèle alors que l’académie [très grosse commission scolaire] de Toulouse a mis en place un dispositif pour repérer les établissements dans lequel l’application de la réforme va être « complexe ». Lors d’une réunion des cadres de l’académie, un inspecteur a indiqué que les enseignants seraient classés en trois groupes : les « progressistes, proactifs, convaincus, avocats ou relais » de la réforme, les « attentistes, passifs indifférents, indécis » et, enfin, les « opposants, rebelles, hostiles, irréductibles ». Là où l’application de la réforme s’avère compliquée, des « protocoles de formation » des enseignants vont être mis en place et « ajustés ». Des propos qui révèlent des « méthodes courantes » pour le SNES, principal syndicat du second degré [école secondaire + cégep], qui trouve cependant que « Ce qui est nouveau et inquiétant, c’est de le dire sans fard, en toute transparence ».

La ministre Najat Belkacem

Des professeurs chargés de « former » les autres enseignants

Face à la fronde persistante envers sa réforme du collège, Najat Belkacem avait, en effet, annoncé au début du mois de septembre qu’elle allait faire appel à des professeurs volontaires chargés de former les autres enseignants à cette réforme contestée et répandre la bonne parole socialiste aux équipes enseignantes et de direction. Une méthode décriée par les syndicats d’enseignants : le SNALC dénonce des « séances de formatage idéologique à la réforme » tandis que le SNES encourage les professeurs à exposer leur vision personnelle de la réforme lors des formations imposées.

Ces postes de formateur ne suscitent cependant pas beaucoup de vocations : l’académie d’Aix-Marseille a ainsi indiqué à la mi-septembre qu’« aucun enseignant n’accepte d’être “formateur” auprès de ses collègues » relatent le Figaro. Formation qui se déroule en partie pendant les vacances de la Toussaint, faible rémunération, refus de soutenir une réforme décriée par leur profession sont les principaux motifs de ce très faible volontariat des professeurs.

De nombreuses académies n’ont alors pas de calendrier arrêté et dates fixées pour ces formations, ce qui va retarder l’application de la réforme. Sa mise en place dès septembre 2016 aussi bien en 6e  [12-13 ans] qu’en 3e [15-16 ans] s’avère déjà donc compliquée, n’en déplaise aux préoccupations politiques de la ministre de l’Éducation nationale. De quoi donner du grain à moudre aux nombreux opposants à la réforme qui exprimeront leur opposition lors de la manifestation nationale du 10 octobre prochain à Paris.

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De plus en plus de Canadiens choisissent les écoles privées

Les Canadiens optent de plus en plus pour envoyer leurs enfants dans des écoles primaires et secondaires privées, démontre une étude publiée mardi par l’Institut Fraser.

Selon des données fournies par les différents ministères provinciaux de l’Éducation, les inscriptions dans les écoles privées ont augmenté de 17 % entre 2000-2001 et 2012-2013.

Cela se répercute par un déclin de 8 % de la fréquentation des écoles publiques.

C’est au Québec que les parents optent le plus pour les écoles privées ; en 2012-2013, dernière année pour laquelle les données étaient disponibles, 12,6 % des enfants les fréquentaient.

Seule la Colombie-Britannique présente des chiffres similaires, avec 11,6 % d’écoliers dans les institutions privées. Suivent le Manitoba (7,6 %) et l’Ontario (5,6 %). En Ontario, les écoles privées (appelées indépendantes) ne reçoivent aucune aide financière du gouvernement provincial, elles complémentent l’offre publique formée des écoles anglophones et francophones laïques et des écoles anglophones et francophones religieuses.

Le choix scolaire offert aux parents et la concurrence scolaire locale varient d’une province à l’autre, d’une ville à l’autre. D’une manière générale, l’Alberta offre le plus grand degré de choix scolaire au Canada. Outre les cinq réseaux publics entièrement financés par la province (pas toujours disponibles dans toutes les localités), l’Alberta fournit également un financement substantiel pour les étudiants souhaitant fréquenter des écoles indépendantes et pour les parents qui souhaitent instruire leurs enfants à la maison. La présence d’écoles à charte donne aux parents des options supplémentaires en dehors des choix linguistiques et religieux traditionnels offerts par les commissions scolaires publiques.

À l’autre extrémité du spectre, les provinces de l’Atlantique ont tendance à offrir le moins de choix et de concurrence scolaires. Aucune des provinces de l’Atlantique ne finance de réseau d’écoles religieuses publiques. Elles n’offrent pas davantage d’aide financière aux parents qui choisissent les écoles indépendantes

Au total, 124 281 écoliers québécois fréquentaient alors une école privée en 2012-2013, une hausse de 18,1 % en douze ans.

C’est toutefois dans l’ouest du pays que l’attrait du privé a connu la plus forte progression au cours des dernières années.

Les inscriptions dans les établissements privés ont ainsi augmenté de 34,2 % en Saskatchewan, 30,6 % en Alberta et 24,4 % en Colombie-Britannique.

Sans surprise, les provinces qui financent le plus les écoles privées sont celles où leur fréquentation est la plus populaire.

À l’heure actuelle, seules cinq provinces financent les écoles privées selon des proportions variables :

35 % à 50 % en Colombie-Britannique ;
50 % au Manitoba ;
50 % à 80 % en Saskatchewan ;
60 % à 70 % en Alberta ;
60 % au Québec.

Le taux de financement des écoles privées du Québec est cependant contesté. Selon le rapport Champoux-Lesage, remis au gouvernement en 2014, il serait plutôt de 75 %. La Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) l’évalue plutôt à 42 %.