Tout récemment, dimanche dernier en fait, une manifestation contre les prières de rues islamiques a eu lieu devant la Basilique Notre-Dame de Montréal, son message cependant, ne s’arrêtait pas aux seules prières de rues islamiques, il demandait au gouvernement l’interdiction de toute prière publique...
En effet, lors de cette manifestation, la militante laïque d’origine iranienne, Mandana Javan, déclarait devant la foule d’une centaine de personnes que « Depuis plusieurs mois, ce lieu emblématique devient le théâtre de prosélyte ostentatoire, sans égard pour la signification profonde et commune de cet espace », avant d’appeler plus loin le gouvernement à interdire la prière sur la place publique, rapporte Le Devoir.
L’événement a attiré divers groupes et individus, tel que Nouvelle Alliance ou La Meute, on pouvait voir dans la foule un homme qui tenait une pancarte disant « Le Québec restera chrétien ». On comprend que ce qui unissait ces gens (malgré les dissociations d’usage, mises en avant par certains) c’était la défense du symbole que représente la basilique et la Place d’Armes au milieu de laquelle est sise la magnifique statue de Paul Chomedey de Maisonneuve, un symbole fort du Québec, face aux provocations des prières islamiques qui ont fréquemment lieu devant le vénérable bâtiment.
On comprend aisément le motif, mais le remède proposé est-il le bon ?
On voit mal comment on peut défendre la signification « profonde et commune » de ce lieu en bannissant de la place publique, en même temps que l’islam, ce qui en fait partie.
En effet, c’est ce catholicisme prosélyte (oh ! le vilain adjectif que j’emploie...) qui a présidé à la fondation de Montréal, alors Ville-Marie, une ville qui devait être le tremplin de l’évangélisation des Autochtones en Amérique du Nord. Oui, c’est dans le but de fonder une ville missionnaire que Paul Chomedey de Maisonneuve a été envoyé.
Or, vous ne pouvez pas défendre la signification « profonde et commune » d’un lieu aussi emblématique en prétendant entraver par la bande ce même catholicisme prosélytique. C’est une position intenable. Quid des processions de la Fête-Dieu, des chemins de croix du Vendredi Saint et des pèlerinages ?
Qu’on me pardonne, d’ailleurs, de souligner que ce n’est pas en empêchant les musulmans de prier dans la rue que vous allez empêcher la propagation de l’islam. Ce n’est pas en empêchant la manifestation d’un symptôme que vous allez en empêcher la cause.
Du reste, le motif invoqué par le gouvernement pour envisager d’interdire la prière publique, « On ne souhaite pas voir des prières dans les rues », est très peu élevé pour une interdiction aussi large : le peuple ne le souhaite pas ; les gens en ont assez — depuis quand est-ce qu’on fait des lois sur de simples sentiments ? Qu’on revienne avec des raisons plus sérieuses et avec des solutions qui visent précisément leur objectif et on pourra en parler sérieusement. La politique actuelle semble malheureusement ne devoir être menée qu’à l'aune des sentiments, ce qui ne présage rien de bon dans bien des domaines.
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