lundi 26 avril 2021

Les primes russes pour tuer des soldats occidentaux, une intox ? (degré de confiance « faible à modéré »)

C’était le scandale de l’été 2020 aux États-Unis.

Moscou avait offert des primes à des militants liés aux talibans pour attaquer les forces de la coalition américaine en Afghanistan, c’est ce qu’avait rapporté le New York Times dans une exclusivité fondée entièrement sur des sources anonymes. Pire encore, ajoutait l’article, le président de l’époque, Donald Trump, avait été informé de ces primes et il avait décidé de ne rien y faire. Honteux comportement !

Le New York Times avait été suivi par le Washington Post et le Wall Street Journal qui avaient publié les mêmes « révélations » avec la même indignation.

Les experts, les journalistes et les législateurs avaient répondu à ces prétendues révélations explosives avec un mélange d’horreur et de fureur vertueuse, beaucoup d’entre eux ressuscitant le conte, populaire parmi les démocrates, selon lequel Trump était redevable au président russe Vladimir Poutine pour son élection en 2016. Rappelons que ces mêmes journalistes et législateurs démocrates avaient alimenté pendant trois ans de 2017 à 2019 l’idée que Trump avait conspiré avec des Russes pour remporter l’élection présidentielle contre Hillary Clinton. Sans aucune preuve. La commission Mueller qui enquêta pendant trois ans sur ces allégations ne trouva aucune preuve dans ce sens. (Les mêmes médias de grand chemin progressistes aiment accuser les partisans de Trump de complotisme…)

L’Agence France Presse (Presque) et Radio-Canada avaient pondu plusieurs articles sur le sujet : « Trump dit ne pas avoir été informé de primes russes pour tuer des soldats occidentaux ». L’article poursuivait « Que le président Trump ait été informé ou pas, son administration savait, a relevé la cheffe des démocrates au Congrès, Nancy Pelosi, sur la chaîne ABC News. […] Si le milliardaire républicain ne ment pas, cela implique que son administration a choisi de ne pas l’informer, et cela montre qu’elle est soucieuse de ne pas évoquer la Russie avec lui, a estimé Mme Pelosi. Pour elle, le président veut ignorer toutes les allégations contre la Russie. Il lèche les bottes de Vladimir Poutine de toutes les manières possibles, a-t-elle encore assené, en lui reprochant de s’intéresser davantage à son image qu’à creuser le fond de l’affaire. L’ancien conseiller à la Sécurité nationale John Bolton, en conflit ouvert avec Donald Trump, à qui il vient de consacrer un livre au vitriol, a abondé dans le sens de la cheffe démocrate lors d’un entretien sur CNN. »

La dépêche de l’Agence France-Presse qui reprenait la rumeur du New York Times reprise par Radio-Canada.

Mais voilà que, maintenant, l’administration Biden concède que la communauté du renseignement américaine n’a jamais eu qu’une confiance « faible à modérée » dans cette histoire de primes. Selon le Daily Beast, : « Traduit du jargon des barbouzes, cela signifie que les agences de renseignement ont trouvé que l’histoire est, au mieux, non prouvée et peut-être fausse. »

Oui, il est étonnant que les mêmes personnes qui ont allégué, sans preuve, que le juge de la Cour suprême Brett Kavanaugh était un violeur (en tournantes) en série et que Trump s’était « entendu » avec les Russes pour voler les élections de 2016, comment ces gens peuvent-ils donc s’être probablement à nouveau laissé berner par un scandale infondé, mais qui allait dans le sens de leurs préjugés ? Ce n’est évidemment pas dans leur genre.

Plus sérieusement, le fait que l’article du New York Times, signé par trois journalistes et fondé sur une simple source anonyme, a été publié au cours d’une année électorale et qu’il a compliqué les efforts de Trump pour retirer les troupes américaines d’Afghanistan sont deux détails importants. Il s’agissait d’abord de nuire à Trump, peu importait la véracité de ce nouveau scandale.

On apprend donc maintenant que cette affaire de primes aurait été lancée par un détenu qui a simplement dit à ses geôliers ce qu’il pensait qu’ils voulaient entendre.

« Les articles sur les “primes” se fondaient sur des “rapports sur les détenus” — ce qui soulève la possibilité que quelqu’un ait dit à ses geôliers afghans alliés aux États-Unis ce qu’ils pensaient nécessaire pour sortir de sa geôle », note le Daily Beast, citant un officiel de la Maison-Blanche de Biden.

Chose effarante quand on se rappelle que le Washington Post a affirmé en juin 2020 qu’il avait confirmé les reportages du New York Times. Confirmé quoi, exactement ?

Le responsable de l’administration Biden a souligné que « l’environnement opérationnel difficile en Afghanistan » rend particulièrement compliquée pour les agents américains la confirmation de ce qui ne pourrait être rien d’autre qu’une rumeur.

En d’autres termes, l’histoire que les grands médias nous ont racontée l’année dernière et qui représentait peut-être un des plus grands scandales politiques de ces deux dernières décennies n’était peut-être qu’une invention pure et simple. Songez à toute la sainte colère et à l’indignation qu’elle a inspirée chez les politiciens démocrates et des membres de la presse.

Steve Benen, collaborateur de MSNBC, avait alors écrit un article intitulé : « Sur les primes russes, qu’est-ce que Trump savait et quand l’a-t-il su ? »

« Fact-checker » du Washington Post octroie 4 Pinocchios à Trump pour avoir nié ce scandale

Le Washington Post, qui, encore une fois, a affirmé avoir « confirmé » l’histoire (vous savez ces fameux « fact-checkers »), avait attribué à Trump quatre Pinocchios pour avoir prétendu qu’il s’agissait de « fausses nouvelles ».

Plus tard, lorsque Trump a affirmé qu’il n’avait jamais été informé sur la question, le représentant démocrate Adam Schiff de Californie a répondu : « Est-ce un problème où ils n’osent pas dire au président des choses qu’il ne veut pas entendre en ce qui concerne Vladimir Poutine et la Russie ? ? »

Joe Biden, candidat démocrate de l’époque à la présidentielle, avait commenté que « toute la présidence de Trump a été un cadeau à Poutine, mais que là on dépasse les bornes ».

Biden avait alors ajouté : « C’est une trahison du devoir le plus sacré que nous avons en tant que nation, celui de protéger et d’équiper nos troupes lorsque nous les mettons en danger. C’est une trahison de chaque famille américaine avec un être cher servant en Afghanistan ou ailleurs à l’étranger. »

C’était des paroles lourdes de sens, des accusations très graves pour une histoire que sa propre administration de Biden déclare maintenant douteuse.

« La communauté du renseignement des États-Unis estime avec une confiance faible à modérée que les agents du renseignement russes ont cherché à encourager les attaques des talibans américains et le personnel de la coalition en Afghanistan en 2019 et peut-être plus tôt », a déclaré cette semaine un haut responsable de l’administration Biden.

Pourtant, d’après la façon dont la presse a raconté l’histoire l’année dernière, répétant sans aucun sens critique les rumeurs provenant de responsables anonymes du renseignement, les troupes de la coalition étaient absolument visées par un système de primes mis en place par les Russes.

Ces allégations peu fondées ont servi encore récemment à l’instauration de nouvelles sanctions contre la Russie...  Dépêche de l’Agence France Presse reprise par Radio-Canada le 15 avril.

Ce qui est drôle, c’est que même avant que l’administration Biden ne concède cette semaine que l’histoire est, au mieux, douteuse, elle n’avait ni queue ni tête. Pourquoi Moscou paierait-il des combattants liés aux talibans pour qu’ils fassent ce qu’ils faisaient déjà gratuitement ? De plus, bien que la Russie soit depuis longtemps soupçonnée de canaliser de l’argent vers des opérations insurgées (comme les États-Unis d’ailleurs), quelle bonne raison le Kremlin aurait-il pour parrainer des attaques qui pourraient potentiellement mener à des affrontements directs avec les États-Unis ?

Ce qui est sidérant est l’empressement de la presse à ignorer un rapport absurde et d’origine anonyme, pourtant mis en doute par de multiples responsables et experts du renseignement et à prétendre que ces rumeurs avaient été confirmées. Le général Frank McKenzie, le général américain le plus haut gradé pour le Moyen-Orient et l’Asie du Sud, a même déclaré à l’époque qu’il ne semblait pas y avoir de « lien causal » entre l’allégation de prime et la mort de soldats américains.

Leurs préoccupations clairement exprimées n’ont rien fait pour calmer la sainte indignation des démocrates et des membres de la presse progressiste, dont beaucoup ont continué à traiter cette rumeur comme vérité d’Évangile.

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