mardi 1 mai 2012

Globe & Mail : le réveil des étudiants québécois sera dur...

Le journal de centre gauche torontois The Globe & Mail n'est pas tendre avec les étudiants québécois :

Les étudiants du Québec sont comme nuls autres, nous dit-on. Nous avons besoin de comprendre que les frais de scolarité ne sont pas le véritable enjeu. Le véritable enjeu serait la justice sociale. Le vrai enjeu est la promesse faite pendant la Révolution tranquille que les universités seraient éventuellement gratuites. La vraie question est la lutte contre la classe dirigeante, les entreprises cupides, les sables bitumineux [de l'Alberta], et le capitalisme tout entier, l'élite néo-libérale. Bien sûr, puisque les universités coûtent en réalité de l'argent, quelqu'un devra payer. Qui ? Les cupides entreprises !

Le groupe de protestation le plus militant, la CLASSÉ (dont le télégénique porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, est devenu une célébrité à la télévision francophone), a beaucoup d'autres idées sur la justice sociale. Il veut boycotter le « régime apartheid » d'Israël. Il veut que les cours, les plans de cours et les ouvrages à lire soient « féminisés ». Il veut mettre fin au libre-échange. Ça vous donne une idée.

« Les étudiants québécois » manifestent
Selon Pierre Martin, professeur en sciences politiques à l'Université de Montréal, les étudiants du Québec vivent dans un monde à part. Ils ne savent pas ce qui se passe dans le reste du Canada et ils s'en moquent. « Le système universitaire québécois est un système distinct dans le sens où très peu d'étudiants envisageraient d'aller ailleurs », a-t-il déclaré à As It Happens. « Le système est très autarcique. » Maintenant, je comprends : ces jeunes vivent sur une autre planète.

En fait, les étudiants du Québec ont de bonnes raisons d'être furieux. Ils devraient être furieux contre ces professeurs qui leur disent que leur cause est juste et qui les ont trompés en pensant que la justice sociale ne peut être atteinte que si les cupides entreprises sont mises au pas. Ils devraient être encore plus furieux envers tous ces bureaucrates gouvernementaux ou universitaires qui les ont trompés en leur faisant croire que l'éducation qu'ils reçoivent leur permettra de s'épanouir et de prospérer dans la société.

La vérité c'est que l'éducation qui leur est dispensée coûte beaucoup trop cher. Les manifestants ne sont pas des étudiants en gestion, en sciences ou en génie, qui ont de meilleures choses à faire que de lancer des projectiles sur les policiers. Ils sont inscrits en sociologie, en anthropologie, en philosophie, en arts, ou en études victimaires dont les diplômes [en sciences « molles  »] sont de plus en plus inutiles dans un monde qui exige de plus en plus des compétences « dures ». Le monde ne sera pas bienveillant à leur égard. Ce sont les serveuses et les baristas de demain et ils ne le savent même pas, parce que les adultes dans leur vie les ont tenus loin de ces réalités et ont encouragé leur fuite irréaliste.

Un diplôme universitaire ne garantit plus automatiquement un travail décent et une vie agréable. Selon un reportage dévastateur de l'Associated Press la semaine dernière, plus de 50 pour cent des diplômés universitaires récents aux États-Unis sont au chômage ou travaillent dans des emplois qui ne nécessitent pas des baccalauréats [licences]. Ils ont plus de chances de travailler comme « serveurs, barmen ou dans dans la restauration que comme ingénieurs, physiciens, chimistes ou mathématiciens réunis. »

Le Canada est également inondé de diplômés en socio et en pyscho. Et ces diplômés qui refusent de quitter leur douillette zone de confort — linguistique, géographique ou idéologique — ont des perspectives d'avenir encore plus sombres. Quelqu'un aurait dû le leur dire. Tôt ou tard, ils vont s'en rendre compte, mais le réveil sera dur.


Voir aussi

53% of Recent College Grads Are Jobless or Underemployed

Ten Faces Behind The Incredible Law School Underemployment Crisis

Universités québécoises : « diplômes au rabais, notes gonflées, cours inutiles »

Mark Steyn dans After America sur l'éducation américaine

La bulle universitaire aux États-Unis va-t-elle crever ?






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1 commentaire:

Roger T a dit…

Je note ceci d'intéressant dans un des liens :

But their analysis implies that about a quarter of the post-collegiate population is outright unemployed. By comparison, in December 2011, only a fifth of 16 to 19-year-old Americans couldn't get work. Meanwhile, according to the OECD, just 18.4 percent of all Americans under the age of 25 were unemployed in 2010. By those measures, college grads are actually faring worse in the job market than the overall youth population.

When there were fewer graduates, a generic college degree used to be a valuable credential. Now that the market is flooded, diplomas count less, and specific skills count more. This means that, in many instances, associates and technical degrees may be more financially valuable than a liberal arts degree. After all, some of the fastest growing job categories are expected to be in so-called "middle-skill" positions such as nursing, which do not require a full, four-year education. It's one more sign that, for people seeking to fix America's employment picture, "college for all" is the wrong mantra. We need to be talking about "skills for all" instead.