samedi 25 février 2012

Pourquoi pas d'accommodements pour des catholiques ?

Lettre parue dans le Soleil :

Une dame de Drummondville s'adresse à la Cour suprême du Canada et demande aux honorables juges un «accommodement» qui l'autoriserait à exempter ses enfants du cours Éthique et culture religieuse (ÉCR), qui remplace le cours d'enseignement catéchétique dans les écoles québécoises.

Dans un long réquisitoire, déposé le 17 février courant, les juges, à l'unanimité déclarent: «Le fait d'enseigner aux enfants les préceptes des grandes religions du monde ne porte pas atteinte à leur propre liberté de religion ni à celles de leurs parents.» Une affirmation qui n'a rien à voir avec la demande des parents.

On se souviendra que c'est aussi la Cour suprême du Canada qui autorise, en mars 2006, au nom de la liberté de religion, un adolescent Sikh à porter son kirpan à l'école. Les juges du plus haut tribunal au pays ont estimé que la prohibition absolue n'était pas logique ni raisonnable. Pourtant, c'est une arme, et certains jeunes Sikhs l'ont utilisée à l'occasion pour se défendre.

Plus d'un Québécois saisissent difficilement que la Cour suprême «accommode» des croyants des religions sikk et islamique, mais pas ceux de la religion catholique. Pourtant, cette dame de Drummondville ne demandait qu'une exemption à la commission scolaire de sa ville, comme d'autres parents demandent que leur enfant soit exempté de cours de musique. Pourquoi les demandes des parents catholiques ne sont-elles pas traitées sur une base égalitaire? Faudrait peut-être le demander aux juges de la Cour suprême!

Augustin Réhel

Québec




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Comment faire dire n'importe quoi à un sondage et aux opposants au cours ECR

La Gazette a publié dans un article reproduit dans plusieurs journaux du pays (ici le Vancouver Sun) un sondage qui affirme que plus les gens sont religieux plus ils s'intéressent aux autres religions pour ensuite affirmer sans ambages que ce sondage étaye la position de la Cour suprême dans le dossier ECR :
« The opinion poll, conducted Oct. 3-5, by Leger Marketing, appears to support the top court's statement that exposure to different faiths does not interfere with people's own religious traditions.

In fact, folks who are familiar with different cultures and faiths are more likely to profess interest in their own traditions than those who are not. »
Quelques remarques s'imposent ici :
  • Remarquons que le sondage est vieux de plusieurs mois, on le ressort à la suite de la décision de la Cour suprême dans le dossier ECR. Le rapprochement est-il innocent ?
  • Dire que si l'on est religieux on est plus intéressé par les autres religions (c'est fort possible pour des adultes) ne veut pas dire que si l'on vous oblige à vous intéresser à plusieurs religions vous continuerez à croire dans votre religion familiale.
  • Ce sondage a probablement été réalisé auprès d'adultes et non auprès d'écoliers du primaire... Quel rapport avec la cause ECR ?
  • Admettons que ce sondage s'applique à des enfants, en quoi invalide-t-il une demande d'exemption pour des enfants particuliers ? Après tout, ce sondage n'a qu'une valeur probabiliste et ne s'applique pas à tous les sondés. Pourquoi alors refuser toutes les exemptions ? Les parents ne sont-ils pas de meilleurs juges de ce qu'un enfant pourrait ressentir que des commissaires scolaires réunis dans un sous-sol qui n'ont jamais vu l'enfant ? En passant, la « mère » de Drummondville avait trois enfants en âge scolaire. Or elle n'a demandé que deux exemptions. Sa fille adolescente, avec sa permission, a suivi le cours ECR. Ce qui montre bien que, pour elle comme parent, chaque enfant était différent et non une catégorie probabiliste d'un sondage.
  • Les parents N'ont JAMAIS dit qu'ils s'opposaient à des connaissances sur d'autres religions, mais à une manière de les présenter ainsi que des aspects troublants dans le volet éthique (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ). D'ailleurs, l'ancien cours de religion catholique proposait aussi des faits sur d'autres religions et les parents drummondvillois ne s'y sont jamais opposés...
  • La Cour suprême n'a pas dit que l'exposition à de multiples religions n'interférait pas avec la religion familiale (ce que ce sondage ne dit pas non plus), mais que les parents n'avaient pas prouvé que c'était le cas pour eux et que, de toute façon, la « dissonance cognitive » qui pourrait accompagner une telle confrontation était normale dans l'apprentissage de la « tolérance » (voir « État ou parent, qui est le premier éducateur des enfants ? »).
Du grand journalisme de la part de la Gazette !



Écrire à la journaliste Mariam Scott.




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