Le Congrès de 2015 de la Société canadienne de sociologie se tiendra à Ottawa du 1er au 5 juin. Une des sessions se penchera sur la « multicultiphobie » :
« Un discours répandu ces dernières années, tant à gauche qu’à droite, voudrait que le multiculturalisme comme projet politique et mode de gestion étatique de la diversité soit entré en crise. Accusé d’être à la source d’une multitude de problèmes sociaux, politiques et économiques et de menacer la cohésion sociale, le multiculturalisme fait l’objet d’une remise en question transnationale, en particulier depuis le 11 septembre 2001. Ce panel se penchera sur les dimensions théoriques de cette question ainsi que sur les trajectoires historiques des critiques du multiculturalisme dans divers contextes nationaux. Quels sont les mythes constitutifs de la multicultiphobie ? Quels concepts nous permettent le mieux d’appréhender les nouvelles formes d’exclusion matérielle et symbolique dirigées contre les minorités culturelles et religieuses ? Quelle relation y a-t-il entre le backlash [Note du carnet : ressac] contre le multiculturalisme et les mutations contemporaines du racisme ? Quel est le rôle du libéralisme et du néolibéralisme dans la mise à distance de l’altérité ? Comment s’articule l’étude du multiculturalisme et de ses critiques aux enjeux liés au genre et à la sexualité ? Les contributions des participants à cette séance offriront des éléments de réponse à ces questions, qui se situent au carrefour de la sociologie de l’immigration et des relations ethniques, de la sociologie du racisme et de la sociologie du nationalisme. »Cette annonce a suscité cette réaction de la part d’un sociologue enseignant à l’université sur Facebook :
« Vous le savez, la meilleure manière de disqualifier une idée, aujourd’hui, c’est de l’associer à une «phobie». Hey bien certains universitaires-militants liés à la gauche multiculturelle (et qui ont en plus le culot de faire passer leur militantisme idéologique pour de la science de haut calibre) ont trouvé une nouvelle manière de diaboliser leurs adversaires : ils les accusent de « multicultiphobie ». Oui, oui ! « Multicultiphobie » (le terme n’est pas neuf, Phil Ryan a donné ce titre à un livre en 2010). Et vlan ! Un nouveau terme pour pathologiser le désaccord avec le multiculturalisme, pour le présenter comme un dérèglement psychiatrique. Et que fait-on avec les multicultiphobes ? On débat avec eux ? Non. On les disqualifie moralement, peut-être même qu’on les soigne et on les rééduque avec des campagnes de sensibilisation destinés à les guérir de leurs mauvais penchants. Je note que ce terme est associé au racisme. Comment dire ? Il y a quand même des limites à faire passer du militantisme idéologique grossier pour de la science. Mais cela en dit beaucoup sur la triste dérive d’une partie des sciences sociales aujourd’hui. »
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