lundi 26 novembre 2018

Brésil — Nomination d'un ministre de l'Éducation conservateur

Le nouveau président du Brésil, Jair Bolsonaro, qui prendra fonction en janvier 2019, a dévoilé le nom du nouveau ministre de l’Éducation du Brésil. Il s’agit d’un philosophe et théologien colombien connu pour ses vues conservatrices.

Favorable aux religieux conservateurs, le futur ministre de l’Éducation est actuellement professeur émérite à l’École de l’état-major de l’armée. Colombien, naturalisé Brésilien il y a plus de 20 ans, Ricardo Vélez Rodriguez est connu pour son opposition à la théorie des genres, il est contre l’éducation sexuelle à l’école — à l’image de Jair Bolsonaro.

Très proche des intellectuels brésiliens de droite, il ne cache pas une certaine nostalgie pour le régime militaire qui a dirigé le pays de 1964 à 1985. Ricardo Vélez Rodriguez compte mettre « les valeurs traditionnelles, de la préservation de la famille, la protection de la vie » au centre de l’éducation. Elles doivent, selon lui « prévaloir pour ce qui est de l’éducation morale, sexuelle et religieuse ». Il a publié plusieurs livres qui s’attaquaient à la corruption de l’ancien parti travailliste au pouvoir du temps de Lula et de Roussef.

(Vidéo en portugais : « En premier lieu, que l’on se débarrasse tous les déchets marxistes qui ont repris les propositions éducatives de nombreux fonctionnaires du ministère de l’Éducation. »)

Sa nomination est aussi le résultat des pressions du groupe parlementaire évangélique, le plus puissant désormais au Congrès. Leur influence sur le président élu ne cesse de grandir.

Selon le journal Estadão, Ricardo Vélez Rodriguez a écrit qu’il est nécessaire de « refonder » le ministère de l’Éducation dans le « contexte de valorisation de l’éducation pour la vie et la citoyenneté des municipalités », dans la ligne droite du slogan Jair Bolsonaro « Davantage de Brésil, moins de Brasilia ». Il a également déclaré que Bolsonaro avait gagné parce qu’il exprimait le mécontentement de tous les Brésiliens contre les gouvernements du Parti travailliste.

Le ministre désigné dénonce également l’examen national de l’enseignement secondaire (Enem) comme un « instrument d’idéologisation ».

Sur l’éducation, Vélez Rodríguez a soutenu des projets comme l'École sans parti (Escola sem Partido – ESP). Le mouvement École sans parti (Escola sem Partido – ESP) se présente comme une « initiative conjointe d’élèves et de parents préoccupés par le degré de contamination politico-idéologique des écoles brésiliennes à tous les niveaux : du primaire au supérieur. » Fondé en 2004 par l’avocat Miguel Nagib, ESP est resté dans l’ombre jusqu’au début des années 2010 lorsque le mouvement s’est imposé comme une voix incontournable des débats sur l’éducation au Brésil. L’émergence d’ESP dans le débat public est contemporaine de l’apparition d’une nouvelle thématique dans le discours conservateur, la lutte contre « l’idéologie du genre », alors qu’auparavant la cible était la « doctrine marxiste ». La question du genre, qui avait fait son entrée dans les écoles avec les combats contre l’homophobie et le sexisme, est devenue un sujet majeur pour les groupes religieux conservateurs. ESP se positionne ainsi sur un terrain en apparence « moral » (par opposition au « politique ») pour relancer le débat sur le rôle de l’école et de la famille dans l’éducation des enfants.


Le futur ministre brésilien de l’Éducation a déclaré sur son carnet que les Brésiliens sont « otages d’un système d’éducation étranger à leur vie et à l’écoute de la tentative d’imposer à la société un endoctrinement ancré dans l’idéologie marxiste [...] telle que l’éducation sexuelle. » Pour Vélez Rodríguez, l’éducation actuelle serait « destinée à démanteler les valeurs traditionnelles de notre société, en ce qui concerne la préservation de la vie, de la famille, de la religion, de la citoyenneté. En somme, du patriotisme ».

Le philosophe s’oppose aux quotas raciaux, y compris à l’université. Vélez Rodríguez les considère comme des « palliatifs qui font avancer l’exclusion ».


Source : RFI, Estadão.


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