mercredi 22 juillet 2015

Chine — Contourner la carte scolaire

Écoliers chinois qui apprennent
à se servir d'internet
Pendant des années, les autorités chinoises ont théoriquement exigé que les enfants fréquentent uniquement une école de leur quartier. Les écoles n’ont guère prêté attention à cette exigence. Les pots-de-vin et de bonnes relations comptaient nettement plus. Il en allait de même des examens d’entrée qui visent à exclure les moins doués (à moins qu’ils ne soient riches, car même avec de mauvais résultats ils pouvaient toujours s’acheter une place).

En mars de cette année, cependant, le ministère de l’Éducation chinois a de nouveau tapé du poing : au début de la nouvelle année scolaire, en septembre, tous les élèves du primaire et 90 % de ceux du secondaire inférieur devront fréquenter l’école la plus proche de leur domicile officiel. Certains organismes d’État seront encore autorisés à réserver des places pour les enfants de leurs employés. Les écoles semblent prendre cet ordre plus au sérieux que les précédents.

Il semble en aller de même pour les parents. Ces derniers mois, le prix des maisons s’est stabilisé dans la plupart des régions après plusieurs années d’effervescence, mais ce n’est pas le cas près des bonnes écoles. Maintenant, même les appartements les plus miteux dans ces quartiers peuvent coûter dix fois plus cher au mètre carré que la moyenne des prix dans la même ville. Ces logements, peu importe leur manque de cuisine ou de toilettes, ne servent qu’à « prouver » la résidence des parents.

Cela permet de conserver les privilèges de la fortune. Et cela convient parfaitement aux meilleures écoles, puisque cela renforce encore leur statut. Celles qui sont capables d’attirer les enfants nés dans les familles les plus riches ou aux meilleures relations – ainsi que les plus doués – sont en mesure de recruter les meilleurs enseignants, et – grâce aux cotisations et autres dons des parents – de s’offrir du matériel et des locaux dernier cri. L’État ferme les yeux sur ces inégalités criantes entre les écoles qu’il administre. Ce que de nombreux parents chinois prisent le plus ce sont les relations que ces écoles permettent de tisser. Les réseaux d’anciens élèves des meilleures écoles publiques chinoises ouvrent aussi bien les portes que ceux des écoles privées britanniques.

Les élèves les plus doués bénéficient d’un avantage ; d’où la concurrence effrénée à laquelle se livrent les parents pour placer leurs enfants dans les meilleurs jardins d’enfants (garderies) afin de préparer leur progéniture aux examens d’entrée à l’école primaire (fréquents, même s’ils ne sont pas officiellement autorisés). Mais les ruses parentales sont toujours cruciales. Les autorités de Pékin disent qu’elles veulent uniformiser les règles du jeu : elles encouragent les écoles chics de l’État à partager leurs installations avec celles qui sont moins bien dotées et à ouvrir des annexes dans d’autres quartiers pour en faciliter l’accès.

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