jeudi 13 septembre 2007

Ce qu'on nous concocte comme « école laïque »

Reportage de Radio Canada (ou, en cas de difficultés techniques, le même reportage mais avec publicité) sur ce qu'on nous concocte comme école laïque au Québec...

Ou comment préparer les professeurs au nouveau programme obligatoire d'éthique et culture religieuse, leur proposer des argumentaires pour répondre aux craintes des parents, les aider à limiter les demandes d'accommodements religieux. Bref, comment imposer à tous, mêmes aux parents récalcitrants, la laïcité telle que la comprend le Ministère de l'Éducation.

Soulignons les propos de Rachida Azdouz, psychologue à l'Université de Montréal, quand elle déclare (à partir de 8 minutes 17 secondes) :
« des parents arc-boutés sur leur pratique religieuse – on appréciera la neutralité laïque dans la description – ne sont pas disposés à permettre à leur enfant de mieux cohabiter avec les autres, car ils transmettent à leur enfant que leur croyance est la seule, l’unique et la meilleure. Et c’est là qu’intervient l’école et le rôle des intervenants scolaires c'est d'apprendre à cet enfant de composer avec des enfants qui ont d’autres croyances religieuses et dire qu’elle est tout aussi légitime que la leur ou, des enfants qui n’ont pas de croyances religieuses et que cette position-là est tout aussi légitime que la leur. »
D’une part, il est faux que des parents ou des enfants qui croient vraiment en leur religion – ceux qui croient qu’elle est la meilleure et l’unique – ne peuvent cohabiter avec d’autres enfants : le respect n’implique pas que l’on pense que l’autre puisse avoir raison. C'est plus facile, mais pas obligatoire. D’autre part, quel nom donner à l’intervention de l’école préconisée par Mme Azdouz si ce n’est le relativisme moral ? Car enfin que signifie dire que toutes les autres religions ou même l’athéisme sont légitimes, si ce n’est que tout se vaut ?

Autres déclarations révélatrices : celles du théologien (!) Jacques Racine qui participe à la laïcisation des écoles. Il rappelle que pour Québec la réussite des élèves ne doit pas être que scolaire (10:55) car
« les textes ministériels les plus récents nous rappellent que c’est de la réussite éducative dont il est question, et que cette réussite éducative signifie que l’école est responsable de faire en sorte que chaque élève puisse réussir sa vie et non seulement réussir ses examens. »
Bref, il s'agit de transmettre des valeurs morales communes à tous les élèves québécois, même si cela empiète sur les prérogatives des parents dont on ne demandera d'ailleurs pas vraiment l'avis. Car le gouvernement se soucie-t-il encore de ces géniteurs un peu gênants ? Alain Touraine remarquait déjà que « [l]es parents n'ont pas démissionné, ils ont été licenciés. »

Ces déclarations rejoignent celles de l’ancien ministre de l'Éducation Fournier qui déclarait en novembre 2006 à l’Assemblée nationale de Québec, lors du débat sur les écoles que Québec avait déclarées illégales, que la raison pour laquelle il ne fallait « pas perdre » les enfants de ces écoles était qu’il fallait s’assurer que ces enfants partagent les valeurs de la société québécoise : « il est important pour [ces enfants] de faire partie de la société, de connaître l'ensemble des valeurs de cette société-là et de les partager avec tout le monde. » Pardon ? De partager les valeurs québécoises qu'ils ne connaîtraient pas sans l'étude du programme officiel ? Mais cela implique donc bien la substitution de valeurs culturelles et morales par l'État ! Comme si les valeurs actuelles de ces enfants et de leurs parents posaient un problème aujourd'hui et devaient être changées...

1 commentaire:

Ian Marquette a dit…

Vous dites "C'est plus facile, mais pas obligatoire. D’autre part, quel nom donner à l’intervention de l’école préconisée par Mme Azdouz si ce n’est le relativisme religieux ? Car enfin que signifie dire que toutes les autres religions ou même l’athéisme sont légitimes, si ce n’est que tout se vaut ?"

En fait, dans la mesure ou les religions, sectes, mouvements quelconques ... etc ont des croyances basées sur des témoignages mystiques. Je vois pas alors pourquoi l'école ou toutes autres institutions d'enseignement dont l'objectif est de transmettre des connaissances pourrait discuter d'une autre façon les différents discours religieux que ce qui est envisager dans ce cours.
Pour ce qui est de sa necessité à mon sens un petit cours d'épistémologie et de logique aurait été mieux.


Je crois que l'on ne peut pas faire le mélange des genres ...

foi, croyance, fait, opinion, vérité, réalité, raison, ...

sont des concepts très différents.

Je vois pas ce que cela apporte de donner un discours confus aux enfants en prétendant que tous ces concepts sont les mêmes.

À mon sens s'il doit y avoir un lieu ou un moment pour transmettre des croyances ... il devrait être différent de celui ou l'on transmet des connaissances.


Vous me parliez de donnez aux enfants la limites d'une théorie obtenu par la méthode scientifique. Ce qui à mon sens doit effectivement être fait.

J'aurais une question pour vous.

Pouvez-vous me dire quand allez vous donnez les limites d'une croyance obtenu par un témoignage mystique ...


Pourquoi demander beaucoup de rigueur dans un cas et ne pas exiger la même dans l'autre ?