samedi 29 septembre 2018

Zemmour (vidéos) : gouvernement des juges, concordances entre hier et aujourd'hui, Napoléon, Algérie, sentiments dans la politique

Soirée avec Éric Zemmour à l’occasion de la sortie de son livre « Destin français » tenue le mardi 25 septembre 2018 à Versailles au théâtre Montansier. La salle était comble.



Début de la transcription

[Applaudissements]

— Je tiens à vous rassurer, contrairement à l’ensemble des journalistes qui vous reçoivent sur leurs plateaux de radios ou télévisions depuis la sortie de votre livre, je ne vais pas vous psychanalyser. On se souvient de Rachida Dati il y a quelques années vous recommandant d’aller vous soigner et j’ai entendu Caroline Mécary la semaine dernière affirmer que votre obsession identitaire confinait à la névrose. Éric Zemmour ce sera ma première question est ce qu’on ne déplace pas aujourd’hui le terrain des idées et de la politique sur le champ psychiatrique et pourquoi ?

Zemmour. — Ce n’est pas d’aujourd’hui, ça fait plusieurs années. Déjà quand j’ai sorti le Suicide français, si vous vous souvenez bien, j’avais exactement les mêmes réflexions : j’avais des névroses des obsessions je devrais me faire psychanalyser, psychiatriser, je ne m’aimais pas, j’aimais qu’on me haïsse, voyez.

C’est assez simple à comprendre : c’est une vieille technique. Les plus anciens d’ici s’en souviendront. C’était la technique de Brejnev dans les années 60 : les dissidents soviétiques n’étaient plus comme au temps de Staline exécutés ou envoyés au goulag, mais ils étaient envoyés en asile psychiatrique. C’est simple : il n’y a pas d’opposition idéologique politique au camp du bien, il ne peut y avoir que des maladies psychiatriques si on s’oppose au bien ça ne peut être que parce qu’on est malade. Tout ça est assez logique et ils ont repris cette technique-là et, voilà j’y ai droit, j’ai droit régulièrement quoi. Il suffit de s’habituer je réponds à chaque fois ça. C’est une routine presque…

— Merci en tout cas d’être là et d’ailleurs évidemment aujourd’hui ils ne peuvent plus vous envoyer au goulag donc ils cherchent à condamner évidemment votre liberté d’expression. Donc nous venons d’apprendre aujourd’hui que vous aviez été décommandé sur le plateau de Laurent Ruquier semaine prochaine [le mois prochain], mais alors justement la condamnation de votre liberté d’expression par le tribunal médiatique de la pensée aujourd’hui, de la pensée unique aujourd’hui, est-ce qu’elle n’est pas symptomatique comme vous le décrivez très bien de votre livre de la tyrannie des juges dans l’histoire ?

Zemmour. — Alors effectivement j’y tenais beaucoup à faire ce chapitre de la correspondance étonnante, vous me l’accorderez, entre ce qui s’est passé au XVIIIe siècle dans la guerre entre les ce qu’on appelait à l’époque les parlements -- qui étaient les juges en fait -- et la monarchie et ce qui se passe depuis à peu près une vingtaine ou une trentaine d’années avec nos juges à nous. Je trouvais ça assez fascinant de montrer à quel point les mêmes méthodes, les mêmes ambitions, les mêmes naïvetés aussi, la même faiblesse du pouvoir politique en place que ce soit sous Louis XV ou sous la République aujourd’hui face à la montée en puissance des juges. Je cite à la fin de la fin du chapitre consacré donc à ce sujet-là un mot de Mitterrand qui était président de la République pour quelques semaines encore, c’était un de ces derniers conseils des ministres. Il y avait le gouvernement Balladur, il y avait tous les ministres de droite et Mitterrand dit. Il était mourant il allait mourir d’ailleurs six mois plus tard et il dit : « Méfiez-vous des juges, ils ont tué la monarchie ils tueront la République ».

Et, effectivement, quand je creuse cette histoire au XVIIIe siècle, on voit bien comment les juges ont tué la monarchie : tout simplement en empêchant la monarchie de se réformer comme elle le désirait et de répondre aux attentes de la population. Et le grand paradoxe français, c’est que les juges ont bloqué la machine monarchique, en la faisant passer pour tyrannique, sous les acclamations de la population qui, par ailleurs, reprochait à la monarchie de ne pas faire ce qu’elle attendait. Quand la monarchie voulait réformer les impôts, voulait réformer, voyez, dans le sens plus égalitaire moins inégalitaire, les juges bloquaient avec des arguments incroyables, mais vous allez voir le rapport avec aujourd’hui. Ils sortaient des chartes de Childebert du temps des rois fainéants en disant : « Mais, c’est la matrice de la monarchie ! » pour bloquer évidemment ce qui les dérangeait dans leurs privilèges dans leurs avantages économiques et sociaux.

De la même façon aujourd’hui -- vous voyez où je veux en venir -- les juges invoquent la Déclaration des droits de l’homme de 1789, la déclaration de 1948 en exploitant n’importe quel article. Vous prenez n’importe quel article de la Déclaration des droits de l’homme et vous l’interprétez comme vous voulez puisque c’était une déclaration qui était politique. Ceux qui l’ont écrite, les constituants qui l’ont adoptée, n’avaient aucunement l’intention de la mettre dans la hiérarchie des normes. Ça ne devait pas être au-dessus de la loi. C’était un texte philosophique. Les juges s’en emparent, pour au nom des droits de l’homme, pour imposer leur idéologie. Ils avaient fait exactement ça sous la monarchie et on voit bien le parallélisme des formes est très redoutable.

Alors bon, je raconte un peu la fin de l’histoire : pour la monarchie, Louis XV en a eu marre, il a fini par taper du poing sur la table, son ministre de la justice Maupeou a expédié tous les parlementaires en province, il a établi la justice telle qu’on la connaît aujourd’hui ou presque. En tout cas une justice gratuite, égalitaire, vous voyez, alors que vous souvenez on payait des épices, ils étaient complètement corrompus, ils avaient le droit de juger des affaires où ils étaient partie prenante en fait c’était un truc incroyable, mais Voltaire a tout dit là-dessus. Malheureusement, Louis XVI aussitôt arrivé au pouvoir [en 1774] a ramené, a rappelé, les parlements. Maupeou lui a écrit une lettre dans laquelle il lui dit « j’ai fait gagner à Sa Majesté une guerre de trois siècles, libre à lui de la perdre » et en privé il dit « il est foutu ». Effectivement, quinze ans plus tard, il passait sous la guillotine.


Interview d’Éric Zemmour qui nous parle de son nouveau livre « Destin français » ainsi que sur l’actualité : CGT pro-immigration, gouvernement des juges, censure sur le « service public » « racisme anti blanc », LCI, 28-09-2018

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Une vidéo EXCEPTIONNELLE.

J'ai pris conscience avec cette vidéo que les format courts des talks show, genre les Terriens de Thierry Ardisson, ou les entrevues télévisées ou radiophoniques empêchent la réflexion et l'argumentation profonde, sont polémiques et caricaturaux, et biaisent non seulement tous les sujets abordés mais aussi la réalité des personnes qui s'expriment. Seuls les formats longs comme cette présentation d'une heure et demie, permettent de voir à qui on a affaire, et de comprendre les positions et les motivations des uns et des autres.

De ce point de vue, cette vidéo permet de prendre conscience qu'Éric Zemmour n'est pas du tout la personne négative, rance, idiote, et ringarde, que les bobos, le système médiatique, et les idiots incultes, le croient mais au contraire un homme d'une immense culture historique qui, grâce à elle, a pu développer une hauteur de vue lui conférant une vision dépassionnée et lucide des événements de l'Histoire et du devenir et du destin de la France.

Vous voulez savoir qui est vraiment Éric Zemmour ? Regardez cette vidéo !