lundi 2 juin 2014

Écoles juives orthodoxes prêtes à négocier, demandent de la souplesse de la part du Monopole

Les écoles juives en 5 dates selon Le Devoir :

2005 : Pierre Reid, ministre de l’Éducation, décide de faire passer le financement des écoles juives de 60 % à 100 %, soit à la hauteur de celles du réseau public, avant de reculer ;

2008 : Le nouveau cours Éthique et culture religieuse devient obligatoire, mais les écoles juives refusent [avec raison] de l’enseigner ;

2009 : Michelle Courchesne, ministre de l’Éducation, signe une entente avec six écoles juives récalcitrantes, envisageant de leur permettre d’enseigner le dimanche [C'était interdit pour les juifs ?] ;

2012 : La ministre Courchesne augmente la subvention annuelle aux écoles qui enfreignent toujours la loi sur l’enseignement privé ;

2014 : La plupart des écoles juives visées par l’entente de 2009 détiennent toujours un permis et reçoivent encore des subventions, malgré les irrégularités qui persisteraient.

Prête à négocier, mais donnant-donnant

La communauté hassidique se dit prête à « négocier » de nouveau avec le gouvernement pour se conformer aux lois sur l’enseignement, mais certains points, comme l’enseignement de la science et des religions, seront intouchables.

Québec peut mettre des balises, mais il ne peut pas les « forcer » à faire quelque chose qui va à l’encontre des croyances de ces communautés, a déclaré au Devoir en entrevue téléphonique Alex Werzberger, le porte-parole de la Coalition d’organisations hassidiques d’Outremont (COHO). « Il y a toujours des choses sur lesquelles certaines écoles ne négocieront pas », ajoute-t-il.

Selon lui, certaines matières obligatoires du programme gouvernemental ne seront jamais enseignées dans les écoles juives, « point final » affirme-t-il, très catégorique. Exit le cours Éthique et culture religieuse ainsi que les cours de biologie et de sciences. « On ne veut pas enseigner la théorie de l’évolution. À un enfant à qui on a dit toute sa vie que c’est Dieu qui avait créé la Terre, on ne va pas soudainement lui dire le contraire. »

Sur d’autres sujets, comme veiller à ce que tous les enseignants embauchés aient des brevets, il se dit prêt à « mettre de l’eau dans [leur] vin ». Même si cela devait signifier — car aucun hassidim ne va probablement à l'université québécoise pour obtenir un diplôme en éducation — que tous les enseignants seraient des gens qui ne partagent pas la vision du monde hassidique et introduisent le doute dans l'esprit des enfants ?

« Ça doit se faire des deux côtés, réitère-t-il. Dans une négociation, il faut qu’il y ait des concessions mutuelles. On a l’impression que le gouvernement demande sans cesse qu'on cède, cède, cède. » Il ne s’étonne pas non plus que le sujet refasse surface périodiquement dans les médias. « Au Québec, quand on parle de religion, les gens deviennent nerveux », déplore-t-il.

Tolérance envers les seuls juifs ?

Certains lecteurs pourraient s'offusquer de cette complaisance envers les seuls juifs hassidiques.

Comme le fait remarquer aujourd'hui Joseph Facal dans le Journal de Montréal, les gouvernements québécois successifs ne savent pas trop quoi faire avec des communautés « tissées serrées » et sûres de leur bon droit comme celles-ci.  Même supprimer les subventions ne les fera sans doute pas plier, les écoles deviendraient clandestines et encore moins sujettes à inspection.

Mais les écoles hassidiques ne sont pas les seules communautés à résister de la sorte à la mise au pas des écoles privées par le Monopole de l'Éducation du Québec. Nous connaissons deux écoles confessionnelles chrétiennes (l'une avec permis, l'autre sans) qui font de même : elles font le dos rond et rusent. Pour bénéficier de cette liberté, les parents doivent être convaincus que leur programme, leurs méthodes et leurs enseignants sont meilleurs que ceux que le Monopole veut leur imposer et ces mêmes parents doivent être prêts à de nombreux sacrifices financiers.

Il y a également le cas, bien sûr, de Loyola. Mais c'est une exception : quelle école est prête à affronter de la sorte pendant des années le Monopole de l'Éducation et d'aller jusqu'en Cour suprême sans être sûre de gagner alors que la demande de Loyola est bien raisonnable à nos yeux et à ceux d'Yves Boisvert de La Presse ? Plusieurs écoles privées préfèrent faire le dos rond sachant que le temps jouent pour elles étant donnée leur démographie florissante. D'autres, enfin, s'installent à quelques encablures du Québec, outre-Outaouais, et jouissent de nettement plus de libertés.


Voir aussi

Écoles conservatrices juives contre le cours d’ECR

« Un cours qui viole la liberté de conscience des hassidim »

Juifs et catholiques contre la directive qui interdit les allusions et explications religieuses dans les garderies






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1 commentaire:

Bernard Babar a dit…

L'article de Facal (vous pointiez vers le site payant) :

Avez-vous déjà vu un politicien avouer sa totale incapacité à régler un problème qui relève de sa sphère de responsabilité ?

Non, bien sûr, il se dira en réflexion, créera un comité de travail ou dira que les progrès sont plus lents que ce qu’il souhaiterait.

Avant de le blâmer, dites-vous que, s’il confessait son impuissance, ses adversaires politiques se feraient du capital sur son dos, même si, à sa place, ils ne feraient guère mieux. Les médias titreraient : «Le ministre X avoue son impuissance». Il passerait pour un incompétent.

La vérité est pourtant qu’il y a bel et bien des problèmes insolubles ou, si vous préférez, pour lesquels il n’y a pas de solution vraiment satisfaisante. Il n’y a que les gérants d’estrade pour refuser de voir cela.

Prenez les cinq écoles juives ultra-orthodoxes subventionnées qui sont dans la mire du ministère de l’Éducation : matières obligatoires, heures d’enseignement, langue d’usage, bulletins, manuels scolaires, rien n’est conforme aux normes.

Leurs manquements sont criants et de longue date. En 2009, elles s’étaient engagées à s’amender. Elles avaient même obtenu, en échange, la permission de donner des cours le dimanche pour des motifs religieux. Elles n’ont pas tenu parole.

Je vous entends d’ici : qu’on coupe leurs subventions ! Peut-être, mais elles entreront alors dans la clandestinité. On risque même de perdre la trace des enfants.

Fermons les écoles ! Cela revient au même : ces gens utiliseront des locaux anonymes et cachés.

Retirons leurs permis ! Si vous renouvelez leurs permis, vous avalisez leur mépris de nos lois. Si vous ne les renouvelez pas, je l’ai dit plus haut : elles continueront dans l’illégalité et la clandestinité.

Retirer les enfants de force ? Pensez-y sérieusement un instant. De toute façon, ces enfants ont pris trop de retard académique pour être insérés dans un parcours régulier et vivent dans un monde trop à part.

Tolérer la situation ? C’est ce que l’on fait depuis longtemps, ce qui revient à admettre implicitement que nous ne sommes pas tous égaux devant la loi.

Reprendre les pourparlers ? Vous ne comprenez pas : pour eux, nous ne sommes pas des interlocuteurs sérieux, car seule la parole divine fait autorité.

La vérité est qu’il n’y a pas grand-chose à faire contre ces gens, à la fois placides et fanatiques, qui rejettent radicalement notre société qu’ils jugent dangereuse et malfaisante.

Croyez-moi, les juifs modérés sont encore plus agacés que vous et moi. Beaucoup de ces ultra-orthodoxes ne reconnaissent même pas la légitimité de l’État d’Israël puisqu’il n’a pas été créé par le Messie lui-même.

Remarquez, à la différence des musulmans radicalisés, donc des islamistes, les juifs ultra-orthodoxes d’ici veulent essentiellement qu’on leur foute la paix et n’aspirent pas à convertir la planète entière par tous les moyens, y compris la violence.

Bref, avant de blâmer les autorités ou vous moquer de leur malaise, vous feriez quoi ?