mercredi 20 août 2025

Québec — Explosion du chômage chez les jeunes hommes, plus particulièrement les diplômés de l’université

Le chômage des jeunes a bondi au Québec ces dernières années. C’est notamment le cas de ceux qui ont un diplôme universitaire, et particulièrement les hommes, constate une étude, qui s’inquiète du signal que cela peut leur envoyer sur l’importance de la persévérance scolaire.

Le taux de chômage des jeunes femmes de 22 à 26 ans avec un diplôme universitaire (baccalauréat [licence en Europe] ou plus) est passé de 3 % en 2023 à une moyenne de 6,6 % durant les six premiers mois de l’année en cours, indique une étude de l’Institut du Québec (IdQ) dévoilée mercredi. Cette augmentation se révèle bien inférieure toutefois à celle observée chez leurs homologues masculins, pour qui cette proportion a bondi de 4,6 % à 11,4 % durant la même période, dépassant même la moyenne de l’ensemble des jeunes hommes (9,9 %), y compris ceux sans diplôme.


Ce phénomène découle du contexte économique, mais aussi des particularités du marché du travail québécois, expliquent les auteurs de l’étude. Le ralentissement économique freine l’embauche de nouveaux travailleurs, et la hausse de l’immigration temporaire intensifie la concurrence pour les postes disponibles. Mais si le taux de chômage des jeunes hommes universitaires est 1,7 fois plus élevé que celui des femmes du même profil, c’est que près de la moitié des emplois quand même créés ces dernières années l’ont été en santé et en éducation, deux secteurs [publics...] comptant plus de 70 % de femmes et où les proportions de travailleurs détenant au moins un baccalauréat [licence] sont fortes, à raison de 35 % en santé et de 65 % en éducation.

Cette tendance favorisant les femmes n’est pas près de s’éteindre, observe l’IdQ. Le vieillissement de la population promet notamment encore de beaux jours pour l’emploi dans le secteur de la santé et de l’assistance sociale [mais pas nécessairement l'enseignement étant donné l'effondrement des naissances, voir Chine — L'année dernière, il y avait 12 millions d'élèves de maternelle de moins qu'en 2021]. D’autant plus que le bassin de travailleurs disponibles devrait, au même moment, croître cinq fois moins vite.

Certains secteurs où les hommes sont surreprésentés devraient aussi finir par profiter de la conjoncture à long terme. C’est le cas notamment de celui de construction, qui sera stimulé par les chantiers de modernisation des infrastructures, de construction de nouveaux logements et de la transition énergétique. Seulement [et donc ?], il s’agit aussi de secteurs où la plupart des emplois ne requièrent pas de diplôme universitaire.

Dans ce contexte, les jeunes hommes pourraient se demander pourquoi ils investiraient « temps et argent dans des études qui ne semblent plus offrir les bénéfices promis », souligne l’IdQ.

« Ce calcul de court terme explique en partie pourquoi les hommes sont déjà 25 % moins nombreux que les femmes à détenir un diplôme universitaire, alors qu’en 1990, c’étaient eux qui dépassaient les femmes de 26 % », note Emna Braham, présidente-directrice générale de l’IdQ. La proportion d’hommes de 25 à 54 ans ayant un diplôme universitaire a, en effet, doublé, de 15 % à 33 %, en l’espace de 35 ans, alors que celle des femmes a quadruplé, de 11 % à 44 %.

Cela viendrait s’ajouter au problème de décrochage scolaire chez les plus jeunes, particulièrement préoccupant chez les garçons.

Bien qu’il diminue depuis quelques années, entre autres parce que la pénurie de main-d’œuvre incite les employeurs à payer plus leurs employés moins qualifiés, l’écart de salaire entre un diplômé universitaire et un diplômé de niveau secondaire est ainsi de 25 % en début de carrière pour les hommes et de 35 % pour les femmes. Cet avantage croît avec le temps pour s’élever à 62 % pour les hommes et à 60 % pour les femmes à mi-carrière (45-59 ans) [peut-être vrai parce que le nombre de diplômés dans ces cohortes plus âgées étaient nettement plus faible...]

« Non seulement les études universitaires permettent de gravir les échelons et d’accéder plus facilement aux promotions, dit Emna Braham, mais elles facilitent aussi l’adaptation aux transformations de l’économie, engendrées notamment par l’évolution extrêmement rapide des nouvelles technologies. »

Source : Le Devoir
 
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