mardi 18 février 2025

Enseigner la médecine en anglais au Québec ou comment payer deux fois plus cher pour un médecin

La pénurie de médecins au Québec est un problème sérieux dont la solution semble toujours nous échapper. Selon Yves Dugré, ex-président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec, il manquerait 1000 médecins spécialistes au Québec. On observe le même scénario chez les omnipraticiens, où la pénurie est évaluée entre 800 et 1000 à travers le Québec.
 
La formation d’un médecin peut être grossièrement divisée en deux phases. La première, le diplôme de doctorat en médecine (le MD) est commune à tous les médecins. Des quotas stricts sont imposés aux universités quant au nombre d’étudiants québécois, canadiens et étrangers qui peuvent être admis annuellement dans chacune des facultés. Le tableau 2 montre la répartition des places d’études dans les facultés de médecine du Québec

La deuxième phase, qu’on peut considérer comme la spécialisation du médecin, «le post-MD», est d’une durée variable et peut avoir lieu dans une université autre que celle qui a décerné le diplôme MD. La proportion de places d’études pour les résidents hors-Québec n’est pas réglementée au post-MD.
 
Donc, dès l’obtention de leur doctorat (le MD), certains étudiants iront poursuivre leurs études ailleurs qu’au Québec. 
 

Rappelons que McGill forme ses étudiants en anglais et que la proportion d’étudiants étrangers au MD est relativement faible (sous la barre des 15%) et que, par conséquent, l’exode mcgillois après le MD est largement imputable aux étudiants québécois.  

Afin de compenser pour cet exode, l’université McGill doit recruter massivement dans le Canada anglais et à l’étranger des médecins qui viendront compléter leur post-MD au sein du MUHC. Nous verrons plus bas que ceux-ci n’ont pas tendance à s’installer au Québec une fois leurs études terminées.

Afin de compenser pour cet exode, l’université McGill doit recruter massivement dans le Canada anglais et à l’étranger des médecins qui viendront compléter leur post-MD au sein du MUHC. Nous verrons plus bas que ceux-ci n’ont pas tendance à s’installer au Québec une fois leurs études terminées.

Départs après la formation post-MD

Une fois leur spécialisation complétée, les nouveaux médecins doivent décider de leur lieu de pratique. Ont-ils plus tendance à s’installer au Québec à la fin de leur spécialisation? 

Alors que le taux d’exode des universités de langue française oscille entre 5 et 15%, celui de McGill avoisine encore les 50%. Lorsqu’on compare le taux d’exode après 2 et 5 ans, on constate que les médecins qui quittent, principalement pour l’Ontario et les États-Unis, ont peu tendance à revenir pratiquer au Québec.

 
En chiffres absolus, on voit que 550 étudiants de l’université McGill ont quitté le Québec sur dix ans, ce qui représente plus de 63% de tous les départs. Une seule université (celle qui forme des médecins en anglais) est donc responsable de près des deux tiers de l’exode des médecins au Québec.
 
La formation d’un médecin coûte au bas mot plus de 150 000$ aux contribuables québécois. Pourtant, loin d’y voir un problème, le doyen de la faculté de médecine de McGill, M. Abraham Fuks, se félicitait récemment du fait que McGill était en mesure de former des étudiants francophones exceptionnels qui désiraient faire carrière aux États-Unis et ainsi faciliter leur transition.
 
 Cette tendance à l’exode des diplômés en médecine de McGill est aussi présente dans des domaines connexes; des programmes de formation en physique médicale ont été créés au CHUQ (Hôtel-Dieu de Québec) et au CHUM (Université de Montréal). La raison invoquée? Une pénurie actuelle et future de spécialistes diplômés en physique médicale capables d’œuvrer en milieu hospitalier. Les physiciens médicaux, pour la plupart, travaillent dans les centres de radio-oncologie à calculer les doses de radiation nécessaires pour traiter les tumeurs cancéreuses. Le taux de rétention de diplômés du programme de McGill ne dépassant pas les 30%, le gouvernement du Québec a été forcé de créer au CHUQ et au CHUM des programmes en langue française pour fournir les hôpitaux en personnel qualifié.


Il est temps de se questionner sur la place que doit occuper la faculté de médecine de McGill au Québec. Avec une si piètre performance, devrait-on continuer de lui allouer entre 20 et 25% des quotas au diplôme MD alors que l’Université de Montréal, avec 1,5 fois plus de quotas, forme 4 fois plus de médecins qui pratiquent au Québec? Est-il normal d’investir massivement dans les hôpitaux du MUHC (McGill University Health Centre) où seront formés environ 30% des stagiaires post-MD Québécois, dont plus de la moitié quitteront le Québec? Est-il logique de construire deux méga-hôpitaux, un pour McGill et un pour Montréal, et ainsi séparer les fonds en deux parts égales? Le Québec est-il si riche qu’il doit bénévolement former des médecins pour l’Ontario et les États-Unis?
 
Source : L'Action nationale
 

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