Les Électrons libres ont publié un article qui dresse un constat alarmant : la France, autrefois modèle européen de natalité, voit s’effondrer son avantage démographique à cause du démantèlement progressif de sa politique familiale universelle. Ce « sabotage » met en péril non seulement les familles, mais aussi les fondements économiques et sociaux du pays.
1. Un hiver démographique mondial et françaisPrès des deux tiers de la population mondiale vivent désormais dans des pays où la fécondité est inférieure au seuil de renouvellement des générations.
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En Chine, les naissances ont chuté de 40 % entre 2010 et 2024, et la population pourrait diminuer de 200 millions d’habitants d’ici 2054.
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En Europe, la natalité s’effondre : en 2024, l’Union européenne a enregistré moins de naissances que les États-Unis, malgré 120 millions d’habitants supplémentaires.
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En France, 663 000 bébés seulement sont nés en 2024, soit une baisse de 21,5 % depuis 2010, et un taux de fécondité de 1,62 enfant par femme, bien en dessous des 2,1 nécessaires au renouvellement.
Cette chute annonce un déséquilibre durable : moins d’actifs pour financer les retraites, une croissance ralentie par le manque de jeunes, et un affaiblissement du dynamisme innovant du pays.
2. Les nouvelles mesures de 2025 : le coup de grâce
Depuis le 1er septembre 2025, les familles françaises subissent deux réformes majeures qui aggravent leurs charges :
a) Hausse des tarifs de crèches
Le tarif horaire maximum a bondi de 4,33 € à 5,26 €, soit +42 % en deux ans et +74 % depuis 2018 — une hausse quatre fois supérieure à l’inflation.
Une famille parisienne à deux revenus élevés paie désormais 10 100 € par an, contre 7 100 € en 2023.
Ces hausses, décidées sans débat parlementaire par le conseil d’administration non élu de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), touchent directement les classes moyennes et moyennes supérieures, celles qui hésitent à avoir un deuxième ou troisième enfant.
b) Réforme du Complément de libre choix du mode de garde (CMG)
L’aide devient dégressive selon les revenus et peut disparaître totalement pour les foyers aisés. Le minimum garanti de 203 € est supprimé, tout comme les majorations pour parents isolés ou handicapés.
Résultat : 43 % des familles sont perdantes, avec une perte moyenne de 32 € par mois, parfois bien plus dans les grandes villes.
3. Une décennie de démantèlement idéologique (2013–2025)
Ces réformes s’inscrivent dans une suite de mesures qui, depuis dix ans, ont sapé les fondements du modèle pro-nataliste français :
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2013-2014 : abaissement du plafond du quotient familial (de 2 334 € à 1 500 €), gel des allocations de naissance et modulation selon les revenus.
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2015 : rupture historique — fin de l’universalité des allocations familiales, désormais divisées selon les revenus, et réduction du congé parental indemnisé.
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2024-2025 : explosion des coûts de garde et réforme du CMG.
En dix ans, les familles biactives ont subi une hausse d’impôts, une réduction d’aides et une inflation du coût de garde, alors même qu’elles assurent la relève démographique.
L’auteur y voit un basculement idéologique majeur : la solidarité horizontale de 1945 (entre familles et non-familles) a été remplacée par une solidarité verticale (des riches vers les pauvres), transformant la politique familiale en outil de redistribution, et non plus de natalité.
4. Un modèle qui avait pourtant prouvé son efficacité
Selon le démographe Lyman Stone (Institute for Family Studies, 2025), les politiques natalistes françaises ont durablement augmenté la fécondité de 0,1 à 0,2 enfant par femme depuis l’après-guerre — un effet apparemment modeste, mais colossal à long terme.
Sans ces politiques, la France compterait 5 à 10 millions d’habitants de moins.
L’auteur souligne que des effets marginaux constants produisent des effets massifs sur plusieurs générations, à condition que les politiques soient maintenues.
5. Trois réformes pour éviter la déroute démographique
Face à l’urgence, l'article propose un retour aux principes fondateurs de 1945 :
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Rétablir l’universalité des allocations familiales, sans condition de ressources.
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Porter le plafond du quotient familial à 3 000 € par demi-part pour corriger la pénalisation fiscale des familles.
Soumettre la CNAF au contrôle du Parlement, afin que les décisions structurantes soient débattues démocratiquement.
Conclusion
L’article dénonce une politique à courte vue, sacrifiant la natalité sur l’autel de l’égalitarisme et des économies budgétaires.
En s’éloignant du modèle qui fit sa force, la France hypothèque son avenir économique, social et démographique.
Chaque enfant non né, écrit en substance l’auteur, représente un actif, un innovateur et un citoyen de moins pour demain.
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