Ils sont entre 1 et 5 % des élèves scolarisés dans les pays occidentaux et leur maladie est encore en tabou en France. Cette nouvelle pathologie, appelée phobie scolaire, montre que le moule unique de l’éducation nationale, dans sa réalité concrète, ne convient pas à tous les enfants et même qu’il en rend malade un nombre significatif et, apparemment, croissant. Dès lors, pour les parents, le parcours du combattant commence, car il faut trouver, dans l’urgence, un nouveau mode d’instruction pour leur enfant : hors contrat [sans subventions gouvernementales, avec plus de liberté pédagogique qu'au Québec], école à la maison avec ou sans cours par correspondance, année à l’étranger, etc. Une mère décrit cette maladie trop peu connue dans un livre témoignage. C’est l’un des premiers sur la phobie scolaire.
Dans le livre Le jour où je n'ai pas pu aller au collège, Anne-Marie Rocco, journaliste au magazine Challenges, et sa fille Justine Touchard, étudiante, racontent leur combat face à la phobie scolaire, un mal méconnu qui touche de nombreux élèves décrocheurs. Entretien avec Anne-Marie Rocco.
Pourquoi votre fille a-t-elle cessé un jour de se rendre au collège (12-15 ans) ?
Ce n'est pas une décision rationnelle. En 2007, au début de sa classe de 3e [14 ans], Justine n'arrivait tout simplement plus à aller au collège. Elle dormait très mal, fondait régulièrement en larmes et partait chaque matin avec la boule au ventre. Début octobre, c'est devenu insurmontable. Plusieurs paramètres se sont superposés : Justine avait eu quelques mésaventures avec des camarades qui se moquaient d'elle et puis la pression scolaire était trop importante. A mon niveau, je me souviens notamment de la réunion parents-professeurs du début d'année : le proviseur et les professeurs ont présenté le brevet comme un objectif majeur. Ils en parlaient comme d'un doctorat, en créant un stress inutile. Comme ma fille manquait de confiance en elle, elle a craqué et s'est retrouvée dans une situation de blocage à la fin du premier trimestre.
Comment a réagi l'équipe éducative ?
Sur le moment, elle a été assez compréhensive. L'établissement, un collège privé sous contrat, se rendait compte du mal-être de Justine et était disposé à ce qu'elle reste quelques jours à la maison. Mais pas trop longtemps, à cause du brevet... [Examens facultatifs à la fin de la 3e, secondaire IV.] Son professeur principal, très à l'écoute, a fait en sorte que Justine soit tenue informée quotidiennement par ses camarades des travaux effectués en classe. Problème : au bout de quelques semaines, Justine ne voulait toujours pas retourner en cours et le collège a commencé à s'impatienter.
Nous avons donc dû faire un choix et nous avons coupé les ponts avec ce collège. J'ai cherché des établissements différents, des pédagogies alternatives... Et je dois dire qu'entre les « boîtes à bac » hors contrat [qui prépare principalement au bac français/D.E.C. québécois] et les établissements calqués sur le modèle de l'Éducation nationale, c'est le désert. Justine a donc terminé son année avec le CNED, avant de décrocher le brevet en candidat libre. Au bout de deux ans de cours par correspondance et après une psychothérapie, elle a consenti à retourner dans un lycée public à taille humaine, au sein d'une classe littéraire en sous-effectif. Justine a eu des moments difficiles, mais son retour en classe s'est fait en douceur. Aujourd'hui, elle prépare un BTS en communication. Elle va mieux, mais ses problèmes ne sont pas encore réglés.
N'est-ce pas un effet de mode de parler de « phobie scolaire » ? Que sait-on de cette pathologie ?
Le phénomène, qui recouvre plusieurs types de pathologies, reste encore flou. Mais ce n'est pas un effet de mode ! Notre livre le prouve : il est le premier et le seul témoignage personnel. Il existe un autre ouvrage sur le sujet, coécrit par deux femmes médecins de l'hôpital Robert Debré, beaucoup plus médical. Par ailleurs, je considère que je fais partie des parents très bien informés et je n'avais jamais entendu parler de phobie scolaire avant qu'un psychiatre n'emploie l'expression pour qualifier la situation de Justine. J'ai alors compris que nous n'étions pas seuls : beaucoup d'autres familles sont confrontées au phénomène.
[...]
Le jour où je n'ai pas pu aller au collège
par Anne-Marie Rocco et Justine Touchard
aux éditions Flammarion
paru le 28 août 2013
à Paris
319 pages
ISBN-13: 978-2081295926
Sources : VousNousIls et Liberté scolaire
Dans le livre Le jour où je n'ai pas pu aller au collège, Anne-Marie Rocco, journaliste au magazine Challenges, et sa fille Justine Touchard, étudiante, racontent leur combat face à la phobie scolaire, un mal méconnu qui touche de nombreux élèves décrocheurs. Entretien avec Anne-Marie Rocco.
Pourquoi votre fille a-t-elle cessé un jour de se rendre au collège (12-15 ans) ?
Ce n'est pas une décision rationnelle. En 2007, au début de sa classe de 3e [14 ans], Justine n'arrivait tout simplement plus à aller au collège. Elle dormait très mal, fondait régulièrement en larmes et partait chaque matin avec la boule au ventre. Début octobre, c'est devenu insurmontable. Plusieurs paramètres se sont superposés : Justine avait eu quelques mésaventures avec des camarades qui se moquaient d'elle et puis la pression scolaire était trop importante. A mon niveau, je me souviens notamment de la réunion parents-professeurs du début d'année : le proviseur et les professeurs ont présenté le brevet comme un objectif majeur. Ils en parlaient comme d'un doctorat, en créant un stress inutile. Comme ma fille manquait de confiance en elle, elle a craqué et s'est retrouvée dans une situation de blocage à la fin du premier trimestre.
Comment a réagi l'équipe éducative ?
Sur le moment, elle a été assez compréhensive. L'établissement, un collège privé sous contrat, se rendait compte du mal-être de Justine et était disposé à ce qu'elle reste quelques jours à la maison. Mais pas trop longtemps, à cause du brevet... [Examens facultatifs à la fin de la 3e, secondaire IV.] Son professeur principal, très à l'écoute, a fait en sorte que Justine soit tenue informée quotidiennement par ses camarades des travaux effectués en classe. Problème : au bout de quelques semaines, Justine ne voulait toujours pas retourner en cours et le collège a commencé à s'impatienter.
Nous avons donc dû faire un choix et nous avons coupé les ponts avec ce collège. J'ai cherché des établissements différents, des pédagogies alternatives... Et je dois dire qu'entre les « boîtes à bac » hors contrat [qui prépare principalement au bac français/D.E.C. québécois] et les établissements calqués sur le modèle de l'Éducation nationale, c'est le désert. Justine a donc terminé son année avec le CNED, avant de décrocher le brevet en candidat libre. Au bout de deux ans de cours par correspondance et après une psychothérapie, elle a consenti à retourner dans un lycée public à taille humaine, au sein d'une classe littéraire en sous-effectif. Justine a eu des moments difficiles, mais son retour en classe s'est fait en douceur. Aujourd'hui, elle prépare un BTS en communication. Elle va mieux, mais ses problèmes ne sont pas encore réglés.
N'est-ce pas un effet de mode de parler de « phobie scolaire » ? Que sait-on de cette pathologie ?
Le phénomène, qui recouvre plusieurs types de pathologies, reste encore flou. Mais ce n'est pas un effet de mode ! Notre livre le prouve : il est le premier et le seul témoignage personnel. Il existe un autre ouvrage sur le sujet, coécrit par deux femmes médecins de l'hôpital Robert Debré, beaucoup plus médical. Par ailleurs, je considère que je fais partie des parents très bien informés et je n'avais jamais entendu parler de phobie scolaire avant qu'un psychiatre n'emploie l'expression pour qualifier la situation de Justine. J'ai alors compris que nous n'étions pas seuls : beaucoup d'autres familles sont confrontées au phénomène.
[...]
Le jour où je n'ai pas pu aller au collège
par Anne-Marie Rocco et Justine Touchard
aux éditions Flammarion
paru le 28 août 2013
à Paris
319 pages
ISBN-13: 978-2081295926
Sources : VousNousIls et Liberté scolaire
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