mardi 27 mai 2008

Allemagne — Voix dissonante à la gauche de la gauche en faveur du salaire parental


« Le vent de l’Histoire souffle dans nos voiles », déclarait ce week-end le chef de Die Linke (La Gauche), la gauche de la gauche allemande, Oskar Lafontaine après ses succès électoraux. Mais c’est bien plutôt le vent de la discorde qui semble dominer le premier congrès de ce parti regroupant déçus radicaux du parti socialiste (SPD) et ex-communistes.

Christa Müller, la compagne du dirigeant, a récemment publié (voir ci-contre) dans une maison d’édition catholique un livre intitulé Ton enfant te veut – la véritable liberté de choix grâce au salaire parental, y défendant notamment l’idée d’un bon salaire parental.

Mme Lafontaine a eu, tardivement, un enfant qui a aujourd’hui 10 ans. Ses positions sur les affaires familiales ont, peu à peu, radicalement changé. Devenue mère au foyer, elle affirme que « c’est dans les familles où le père et la mère travaillent à temps partiel ou dans celles où la mère reste à la maison que les enfants se sentent le mieux ». En tant que porte-parole de La Gauche pour les affaires familiales dans le Land de Sarre, elle a commencé à prendre position contre les crèches, soulignant que « l’encadrement de l’État » ne suffit pas à socialiser les jeunes, comme le montrent « les troubles de la jeunesse en France ». Mme Müller n'a sans doute pas entendu parler de l'interculturalisme québécois, recette miracle de l'État à appliquer obligatoirement dès le plus jeune âge...

Christa Müller a annoncé qu’elle prendra la parole en faveur d’une politique nataliste à un congrès de la très conservatrice « Union paneuropéenne » à Augsbourg. Inutile de dire que Die Linke dont elle est porte-parole de la section sarroise est furieuse. Christa Müller a été accusée de développer des thèses rétrogrades « dignes de l’Église catholique », et une pétition a été lancée contre la « prime aux fourneaux ». Les invectives que lui lancent ses camarades frôlent l’exclusion du parti. Tolérants comme on l’est à gauche, de proches collaborateurs de Lafontaine semblent envisager cette éventualité.

Dimanche avait lieu le Congrès de La Gauche, à Cottbus. Pas moins de 200 délégués et fédérations ont présenté une motion réaffirmant que « La Gauche veut des crèches pour tous » tout en condamnant tout discrédit qui serait porté sur cet instrument capital de socialisation et d’émancipation des femmes.

Ce fut le texte clé du congrès, il fut adopté à la quasi-unanimité, sous un tonnerre d’applaudissements. Non sans courage, Christa Müller est montée à la tribune pour plaider la liberté de choix. « J’ai toujours compris La Gauche comme étant un parti de liberté », a-t-elle tenté de dire sous les sifflets...

Un Québécois n’aurait pas été dépaysé.