Une nouvelle étude, parue le 21 septembre 2015, indique que le système de garderies « universel » du Québec a des effets négatifs sur les enfants.
L’étude longitudinale a été effectuée par trois universitaires chevronnés : Michael Baker (Université de Toronto), Jonathan Gruber (Massachusetts Institute of Technology), Kevin Milligan (Université de Colombie-Britannique). Elle utilise quatre ensembles différents de données fiables, y compris des données de Statistique Canada. Leurs conclusions corroborent celles d’une recherche précédente qui tendait à démontrer que le système de garderies universel pourrait être néfaste pour le développement affectif des enfants.
Voici les cinq points essentiels à retenir de cette nouvelle étude :
1. Augmentation des comportements négatifs
Les enfants qui participent au programme de garderies du Québec étaient « en moins bonne santé, moins satisfaits de la vie et connaissaient un taux de criminalité plus important plus tard dans la vie. » Les auteurs écrivent que « L’impact négatif du programme de Québec sur les résultats non cognitifs des jeunes enfants semble perdurer et augmenter alors qu’ils atteignent l’âge scolaire. » (p. 21)
Qu’est-ce que les chercheurs entendent par « résultats non cognitifs » ? Ils parlent du comportement. Pour l’évaluer, ils ont mesuré des traits comme l’agression, l’hyperactivité et l’anxiété.
Ces résultats confirment une étude longitudinale antérieure soumise à l’examen d’autres scientifiques.
Notons que les filles ne sont pas affectées de la manière que les garçons. « Nous avons observé un impact nettement plus important dans le domaine de l’hyperactivité et de l’agressivité pour les garçons », écrivent les auteurs. Il y a pire : « les évaluations indiquent des impacts absolus plus importants pour les garçons pour ce qui est du taux de criminalité ».
Pour les filles, écrivent les auteurs, « l’effet le plus important porte sur le comportement prosocial qui s’aggrave de 22 pour cent d’un écart-type » (p. 28) on assiste donc à une baisse de l’empathie.
« À la maison, je m’ennuie ! À la garderie, je suis content ! » Affiche soviétique des années 30 |
2. Moindre santé et qualité de vie
Non seulement les comportements négatifs augmentent, mais selon les déclarations des participants à l’étude leur santé et leur qualité de vie seraient également moindres par rapport à ce que déclarent les enfants qui n’ont pas été exposés au programme. Les auteurs notent que « [d]ans l’ensemble, ces résultats indiquent fortement une baisse dans le domaine de santé et de la qualité de vie parmi les jeunes plus âgés exposés au programme de garderies du Québec. » (p. 24)
3. Aucune amélioration dans les résultats scolaires
« Globalement, il n’y a pas de preuves solides que la politique familiale du Québec a eu un impact durable sur le développement cognitif des enfants. » (p. 23)
On fait souvent croire qu’un apprentissage précoce en garderie améliore les résultats scolaires. Toutefois, même là où on a noté une légère amélioration, celle-ci s’estompe assez vite. Cela demeure également vrai pour les programmes de garderie et de maternelle à temps plein.
4. Les interventions ciblées auprès d’enfants ne peuvent pas être reproduites dans des programmes universels
Perry Preschool est une étude menée dans les années 1960 aux États-Unis. Il s’agissait d’un programme coûteux, à une petite échelle qui ciblait des enfants défavorisés et leurs mères. Cette étude indiquait que ces enfants avaient bénéficié des efforts intensifs consentis, y compris auprès des parents.
Les programmes universels n’ont pas les mêmes effets. Par la nature même de ces programmes, la plupart des enfants concernés ne sont pas désavantagés. Il n’y a pas d’intervention auprès de la famille. Comme le coût du programme universel constitue un obstacle, sa qualité est médiocre.
Dès 2010, Kevin Milligan, l’un des auteurs de cette étude sur les garderies du Québec, insistait sur ce point en citant le Prix Nobel d’économie James Heckman :
« [Heckman] a écrit très clairement que les bénéfices d’une intervention [ciblé] auprès des sujets à risque sont bien établis... Mais il stipule très, très, très clairement qu’il n’est pas favorable à des programmes universels. »
Un autre chercheur, le Dr Jay Belsky, a déclaré : « on est passé de la preuve établie que certaines interventions peuvent être bénéfiques, à long terme, à des déclarations selon lesquelles toutes les interventions sont bénéfiques et ne présentent aucun inconvénient. »
Selon l’étude : « l’universalité des garderies ne semble pas présenter d’avantages à court terme alors que les études sur les effets à long terme ont des conclusions contradictoires » (p. 8)
5. La recherche sur l’attachement fournit la clé, mais on l’ignore
Les docteurs Gabor Maté et Gordon Neufeld ont cosigné un ouvrage important Retrouver son rôle de parent dont le titre anglais est plus explicite : Accrochez-vous à vos enfants : Pourquoi les parents doivent être plus importants pour leurs enfants que leurs congénères.
L’ouvrage décrit à quoi ressemble un bon attachement entre parent et enfant. Pour ces auteurs, la carence d’attachement entre les parents et leurs enfants est malheureusement devenue aujourd’hui la norme.
L’attachement aux congénères (aux pairs) se produit, selon Neufeld et Maté, quand de petits enfants sont placés au sein de grands groupes d’autres petits enfants. Ceux-ci commencent alors à considérer les autres enfants, plutôt que des adultes attentionnés et mûrs, comme leurs modèles. Sans surprise, les résultats laissent fort à désirer.
L’attachement, selon le Dr Gordon Neufeld, se résume à « établir des liens émotionnels forts et riches avec ceux qui vous élèvent ». C’est un concept qui se développe organiquement au cours des premières années de la vie.
Limite inique au choix des parents pourtant plébiscité par 70 %
La politique actuelle au Québec est injuste, elle consiste à massivement subventionner les « bonnes mères » qui abandonnent leur enfant en bas âge à des tiers et à ne rien offrir aux parents « rétrogrades » qui gardent eux-mêmes leurs enfants à la maison. Des taxes élevées (pour payer ces « généreux programmes » de garderie) et moins de choix de qualité pour les parents et leurs enfants.
Pourtant, une étude d’août 2013 indiquait que, pour 70 % des Québécois, le meilleur endroit pour un enfant de moins de six ans était la maison avec un parent. Cette nouvelle étude apporte de l’eau au moulin des parents qui voudraient avoir plus de choix en matière d’éducation à la petite enfance sans devoir payer un prix exorbitant pour leur choix considéré comme rétrograde par d’aucuns.
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