lundi 3 mai 2010

Écoles californiennes — de mal en pis

L'administration Obama essaie de susciter de l'enthousiasme autour d’une nouvelle proposition qui viserait à remplacer un ensemble de normes d’éducation publique locales disparates par des normes fédérales unifiées.

Pour le magazine The Economist de Londres, le président Obama devrait cependant considérer un récit édifiant. Dans les années 1990, la Californie a également mis en place un ensemble de normes rigoureuses.

« Nous pensions que ces normes étaient les plus strictes », du même niveau que celles du Massachusetts et de l'Indiana, a déclaré Mike Petrilli de l'Institut Thomas B. Fordham, un cercle de pensée de Washington.

Mais il ne suffit pas d’établir des normes. En Californie, ces normes ne se sont jamais traduites dans une amélioration des résultats. Les écoles californiennes sont, à quelques exceptions près, lamentables selon The Economist. En outre, la crise financière de l'État est sur le point d’empirer la situation.

État lamentable des écoles publiques

C’est ainsi que les écoliers californiens de 8e année (14 ans) se sont classés 46e en mathématiques aux États-Unis l’an dernier. Seuls les écoliers de l'Alabama, du Mississippi et du District de Columbia ont fait pire. À l’exception de ces trois États, la Californie est également l’État qui envoie proportionnellement le moins de diplômés du secondaire à l’université.

Parmi les près de 1000 districts scolaires californiens, le Los Angeles Unified, le deuxième par sa taille dans le pays, fait l'objet d'une enquête par l'Office fédéral pour les droits civils afin de savoir si on y éduque correctement les élèves qui maîtrisent mal ou pas du tout l’anglais.

Rôle délétère d’un syndicat puissant

Eli Broad, un philanthrope de Los Angeles qui essaie de réformer l’enseignement en Californie blâme une série dysfonctionnements notamment « des conseils scolaires élus composés de m’as-tu-vu et les syndicats » et le fait que le syndicat des enseignants de l'État est à la fois le plus puissant et le plus « plus rétrograde » des États-Unis. Ce syndicat, la California Teachers Association (CTA), est le plus grand groupe de pression de l’État : il a dépensé quelque 210 millions de dollars lors de la dernière décennie – plus que tout autre groupe – pour influer sur la politique californienne.

La CTA a utilisé son argent pour tuer dans l’oeuf presque toutes les tentatives de réformes qui auraient pu transformer ces normes en réalité. Elle a contribué à défaire plusieurs référendums d’initiative populaire qui auraient, notamment, mis en place un système de bons scolaires en Californie et modifié la période d’essai des enseignants. Ce syndicat s’est assuré que l'État mette en place « des tests de sélection des enseignants ridiculement faciles » selon les paroles de M.Petrilli, le plus grand donateur au Parti démocratique de Californie.

Financement

Un autre facteur est l'argent. Bien que les dépenses scolaires représentent la plus grande partie du budget californien. La Californie se classait 46e aux États en termes de dépenses par élève. Les finances désastreuses de l’État et la crise récente se sont traduites par une chute de 11 % du financement par élève au cours des deux derniers exercices financiers. Cet exercice budgétaire, les districts scolaires ont été en mesure d'utiliser les fonds fédéraux du programme de relance pour atténuer les effets de cette baise. Mais ces fonds se tariront en juillet quand commencera la nouvelle année budgétaire.

Impact de l’immigration ignoré

En 2009, les étudiants asiatiques composaient 9 % de la population scolaire californienne. Plus de 75 % de ces étudiants ont eu des résultats qui les plaçaient dans les deux catégories les plus hautes (« compétent » et « avancé ») en mathématiques et en anglais. Seuls 25 % de ces étudiants échouaient.

Les élèves noirs constituent 7 % de la population scolaire californienne en 2009, seuls 35 % d'entre eux réussissaient en mathématiques et en anglais.

Quant aux élèves hispaniques qui représentent 50 % des écoliers californiens, leur taux de réussite est de 32 %. Il est vrai que le taux de réussite des hispaniques a légèrement augmenté ces deux dernières années. En 2003, par exemple, 81 % des élèves hispaniques échouaient encore aux tests de mathématiques et d’anglais. Mais on peut légitimement se demander si l’augmentation rapide du nombre d’hispaniques dans les écoles californiennes (environ 1 % par an depuis 1990) n’explique pas le déclin rapide des résultats des écoles californiennes pendant cette période et non pas uniquement un manque de financement et une certaine sclérose de la part des syndicats comme semble l’indiquer The Economist.





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