lundi 28 juillet 2008

« Le monde moderne est plein d'anciennes vertus chrétiennes devenues folles. »

Gilbert Keith Chesterton

Université de Californie : pas de mention à Dieu dans vos écoles si vous voulez que vos diplômés soient admis

L’Université de Californie, un des réseaux universitaires publics de Californie répartis dans 10 villes avec une clientèle de 190 000 étudiants, a adopté une politique l’an dernier qui stipule que les écoles qui utilisent les manuels de sciences, d’histoire et de littérature des grands éditeurs chrétiens ne verront plus leurs diplômés acceptés sur présentation de dossier. En cause : l’inclusion dans ces manuels d’une perspective chrétienne.

Robert Tyler qui représente l’école chrétienne Calvary Chapel et cinq étudiants dans l’affaire qui les oppose à l’Université de Californie a déclaré que la politique discriminatoire de l’université équivaut à un ultimatum : « Si vous voulez que vos cours privés soient reconnus et que vos diplômés puissent être admis dans le réseau universitaire public, vous devez adopter une perspective laïque dans vos écoles. »

« Les écoles chrétiennes devront décider : enseigner en adoptant une perspective chrétienne et priver leurs élèves de la possibilité d’étudier dans une université publique ou adopter une perspective laïque pour qu’ils puissent poursuivre leurs études dans les universités subventionnées de l’État » a-t-il expliqué.

« Ceci revient à dire que l’Université de Californie doit approuver à l’avance les matières enseignées dans nos écoles secondaires » d’ajouter Tyler. « C’est scandaleux, car les représentants de l’Université nous ont déclaré qu’il s’agisse de l’anglais, de l’histoire ou de la science, l’addition d’une perspective chrétienne rend ces cours inacceptables ».

Conditions d’admission dans le réseau universitaire public

Les règles d’admission de l’Université de Californie permettent aux étudiants résidant en Californie d’être reçus s’ils réussissent à se classer parmi les 2 ou 3 pour cent supérieurs à des examens d’aptitude normalisés ou s’ils ont réussi le programme de base des classes préparatoires approuvées.

Selon le dossier présenté par les écoles chrétiennes lors du procès qu’elles intentent actuellement contre l’Université de Californie, plus de 90 pour cent des étudiants du réseau universitaire public ont été admis en réussissant les classes préparatoires.

Enlevez les versets bibliques au début de chaque chapitre et ça ira

Les règles contestées en justice indiquent, toutefois, que les classes préparatoires qui utilisent des manuels qui mentionnent Dieu ou la Bible n’entrent pas en ligne de compte, ce qui revient à rendre l’éducation laïque obligatoire pour avoir être admis.

Les représentants de l’Université de Californie ont rejeté les manuels des principaux éditeurs chrétiens, Bob Jones University Press et A Beka Books, parce qu’ils complémentaient le matériel de base d’un point de vue chrétien.

Burt Carney, dirigeant auprès d’Association of Christian Schools International, a déclaré — à l’issue d’une rencontre avec les employés du réseau universitaire — qu’on lui avait dit qu’aucun fait relié à la physique ne posait de difficulté dans les manuels de physique de BJU Press qui ont cependant été désapprouvés.

En effet, un rapport de l’ASCI précise que les représentants de l’Université auraient confirmé « que, si les versets bibliques au début de chaque chapitre étaient supprimés des manuels, ceux-ci seraient probablement approuvés… » C'est ce que rapporte également Naomi Schaefer Riley dans le Wall Street Journal : « Barbara Sawrey, un professeur de chimie à l'Université de Californie à San Diego qui a conseillé l'université dans ce dossier, a affirmé à Burt Carney [...] que l'utilisation des versets bibliques à elle seule justifiait le refus d'approbation du manuel. »

Alors que les perspectives juives, musulmanes, hindoues sont admises…

« Et cette même université nous parle de liberté d’enseignement » de dire Carney. « C’est très discriminatoire. Ils n’interdisent pas les manuels à thème musulman, hindou ou juif, uniquement ceux à thème chrétien. »

Selon les documents de la poursuite, l’université publique a accepté un ensemble de manuels avec des sensibilités et perspectives différentes – mais pas ceux ayant une perspective chrétienne.

Parmi les manuels acceptés, on retrouve « La Civilisation occidentale : une expérience juive » et « Questions en histoire africaine », par contre « L’influence du christianisme sur l’histoire américaine » a été refusé. « Les rôles féminins en littérature », « Le genre, la sexualité et l’identité en littérature » et « Littérature de la dissidence » ont été approuvés alors que « Christianisme et moralité dans la littérature » ne l’a pas été.

Le manuel « Christianisme et moralité dans la littérature » comprend des extraits de Mark Twain, Stephen Crane et Nathaniel Hawthorne ; l'Université de Californie l'a cependant rejeté car, selon elle, « il ne présente pas cette matière de façon objective ». À quoi ressemble donc un cours objectif ? L'Université de Californie a accepté les manuels « Perspectives féminines en littérature » et « Expériences ethniques en littérature » qui eux sont utilisés dans les écoles publiques de Californie.

Encore plus frappant, « Intro au bouddhisme », « Introduction à la pensée juive », « Études féminines et féministes » et « Études sur la raza [hispanique] » sont des cours facultatifs approuvés tandis que « Providence spéciale : le gouvernement américain » n’a été approuvé ni comme cours d’instruction civique, ni comme cours facultatif.

Le dossier du greffe déposé par les associations chrétiennes résume leurs griefs : « En d’autres mots, les universités publiques californiennes approuvent couramment des programmes qui ajoutent des perspectives non chrétiennes, féministes, ethniques, politiques ou multiculturelles ou qui se concentrent sur une religion comme le judaïsme ou le bouddhisme, mais elles désapprouvent les programmes qui y incorporent une dimension conservatrice chrétienne. »

Emprise grandissante de l’Université d’État sur les programmes scolaires

Ce même dossier accuse « les facultés de l’Université de Californie d’exercer de manière méthodique et menaçante une emprise grandissante sur les écoles secondaires en Californie en imposant de plus en plus de conditions aux diplômés des écoles privées s’ils veulent être admis à l’Université de Californie (et, dans les faits, également à [l’autre réseau public de] l’Université d’État de Californie). Sans aucun mandat dans ce sens, l’Université de Californie est passée de l’établissement des règles d’admission à l’établissement des sensibilités philosophiques ou religieuses qui peuvent être enseignées dans les classes des écoles secondaires et à l’approbation ou non des manuels qui peuvent y être utilisés avec comme conséquence que certains élèves ne seront pas admis à l’Université de Californie alors qu’ils ont les mêmes résultats scolaires que ceux qui y seront admis. »

L’ACSI, avec l’aide d'Advocates for Faith and Freedom, un bureau d’avocats sans but lucratif voué à la protection des libertés religieuses devant les tribunaux, prétend que les règles discriminatoires d’admission de l’Université de Californie sont anticonstitutionnelles pour plusieurs raisons, parmi lesquelles une intrusion illicite du gouvernement dans les affaires de l’Église.

Le dossier de l’ASCI déposé au greffe affirme que « Le fait que l’Université et l’État inspectent les manuels et l’enseignement des écoles chrétiennes pour en supprimer une sensibilité ou perspective religieuse particulière que l’État désapprouve alors que les résultats des élèves qui utilisent ces manuels aux tests standardisés n'en pâtissent pas constitue une intrusion dans le domaine religieux. »

« Chaque enseignant adopte un point de vue » a déclaré Tyler à WorldNet. « Nous avons tous une sensibilité et enseigner une matière d’une perspective laïque, c’est aussi adopter un point de vue. »

« Selon nous, le gouvernement doit demeurer neutre quant à la perspective adoptée dans les manuels scolaires. »