mardi 8 août 2023

Alcuin ou la renaissance carolingienne et la création des écoles

L’historien Christophe Dickès propose, sur la chaîne Storia Voce, une émission consacrée à la découverte d’Alcuin, grande figure de l’érudition européenne, qui domina la période si riche de la Renaissance carolingienne, en tant que proche conseiller et ami de Charlemagne.

Originaire d’Angleterre, il parcourut l’Europe, d’Aix-la-Chapelle à Rome en passant par Tours ou Francfort.

On lui doit notamment la diffusion de l’écriture caroline, exceptionnelle par sa modernité et sa lisibilité. Ce personnage méconnu est pourtant essentiel puisqu’il fut à l’origine de la fameuse décision de l’empereur de créer des écoles.


Alcuin naquit vers 730 dans le Yorkshire, de parents nobles et riches. Alcuin fut éduqué dans l’école cathédrale d’York, une des plus renommées de l’époque, sous la direction de Egbert puis de Elbert, un disciple de Bède le Vénérable. Il devint maître de l’école en 778.

En 781, à 49 ans, Alcuin effectua un voyage à Rome. De passage à Parme, Alcuin rencontra Charlemagne et accepta son invitation à Aix-la-Chapelle, où le roi rassemblait les plus grands savants de son temps. À la tête de l’école palatine, la plus grande école de l’Empire carolingien, Alcuin devint le professeur et conseiller de Charlemagne, et de ses fils. Charlemagne donna à Alcuin la charge des abbayes de Ferrières-en-Gâtinais, de Saint-Loup de Troyes, et de Saint-Josse en Ponthieu. Sous l’égide d’Alcuin, de grands centres culturels s’organisèrent autour des monastères et des cathédrales. Il introduisit les méthodes d’enseignement anglo-saxonnes dans les écoles franques, systématisa le curriculum scolaire, et encouragea l’étude des arts libéraux. Simple diacre, Alcuin fut chargé de l’éducation de jeunes nobles destinés aux plus hautes fonctions de l’Église et de l’État.

Alcuin présente son élève Rabanus Maurus à saint Martin de Tours (mort quatre siècles plus tôt !), miniature extraite d’un manuscrit romain du IXe siècle

Inventeur de l’école ?

Le but de l’empire est d’instaurer ici-bas la paix et la concorde, et de conduire le peuple au salut dans l’au-delà. Pour cela, il faut un clergé instruit. Cet objectif est inscrit dans le capitulaire fameux de l’Admonition générale (789).

Il y est dit au chapitre 72 que les ministres de Dieu (les prêtres) doivent se signaler par leurs bonnes mœurs et doivent également instruire les garçons les mieux disposés pour les préparer à la carrière ecclésiastique.

C’est de là que vient la réputation faite à Charlemagne d’avoir « inventé l’école », selon une formule populaire.


Sacré Charlemagne, « inventeur » de l’école dans la musique populaire

Alcuin lui-même enseigne les arts libéraux à la cour d’Aix-la-Chapelle. Parmi ses élèves figurent les enfants des dignitaires, mais aussi les dignitaires eux-mêmes, les prélats et le souverain lui-même.

Alcuin et ses principaux collaborateurs, d’origine barbare, ont appris le latin classique comme une langue morte. C’est ce latin qu’ils vont remettre en vogue comme langue de l’administration civile et de l’église, au détriment du latin abâtardi pratiqué autour d’eux par les descendants des Gallo-Romains. Ainsi, c’est en latin classique que sont écrits les textes officiels, les capitulaires, destinés à être lus par des clercs et des gens instruits.

Le peuple lui-même ne comprend rien au latin de cuisine des clercs ordinaires et encore moins au latin classique de la scola palatina, aussi Alcuin a-t-il le souci de l’instruire dans sa langue usuelle. C’est ce que recommandera le concile de Tours, en 813, neuf ans après sa mort.

Paradoxalement, le retour du latin classique comme langue de l’administration va donc s’accompagner en parallèle du développement des langues vernaculaires (en particulier le roman et le tudesque/thiois à l’origine du français et de l’allemand actuels).

Infatigable réformateur, le moine écrit au cours de sa longue vie pas moins de 80 ouvrages et 350 lettres, avec le souci constant de la correction des mœurs et de l’émendation des textes [émendation est le synonyme savant de correction, en droit on dit qu’on émende un jugement pour le modifier]...

Replié à l’abbaye de Saint-Martin de Tours, il développe un atelier de copistes qui va devenir le plus important d’Occident. Il va notamment produire plus de cinquante exemplaires de la Bible enrichis de ses propres commentaires.

C’est cette Bible, dans la traduction latine de Saint Jérôme, corrigée par Alcuin (la Vulgate), qui sera choisie par le concile de Trente, au XVIe siècle, comme la référence officielle de l’Église catholique. Le travail des copistes carolingiens, à Tours et ailleurs, va permettre par ailleurs de conserver ou récupérer 150 œuvres originales issues de la culture latine classique (sur un total de 700 titres connus).

Les copistes d’Alcuin, à Aix-la-Chapelle comme à Tours, abandonnent l’écriture à la romaine, devenue illisible, et adoptent une nouvelle écriture standardisée sous forme de petits caractères ronds, en prenant soin de séparer les mots, ce qu’on ne faisait pas auparavant.

Cette nouvelle écriture, pratique et claire, sans doute mise au point à l’abbaye de Corbie, en Picardie, va être adoptée par les imprimeurs dès le XVe siècle, de préférence à toute autre et notamment l’écriture gothique qui l’avait remplacée un temps au Moyen-Âge. Elle sera baptisée « minuscule caroline » en 1838, en hommage à Charlemagne.

La même invention technique d’une minuscule lisible expliquera l’essor de l’immense travail de copies des œuvres de l’Antiquité à Constantinople (début du IXe siècle) comme le mentionne Sylvain Gouguenheim dans La Gloire des Grecs. L’usage de la minuscule grecque, comme sa cousine latine, permit un important gain de place, économisant le parchemin, et de temps, la rédaction devenant plus rapide ; elle favorisa ainsi la production et la diffusion des livres. Elle rendit également la lecture plus claire, les mots étant désormais séparés.

Comme leurs prédécesseurs mérovingiens, ils écrivent de préférence sur du parchemin (peau non tannée d’agneau ou de veau). Ils se détournent du papyrus, d’une part parce que ce produit d’origine orientale se fait rare en Occident depuis que les Arabes ont envahi le bassin méditerranéen, d’autre part parce qu’il est difficile à conserver, relier et enluminer.

Ainsi, grâce à l’action d’Alcuin, on peut parler de « renaissance carolingienne », une expression inventée par le médiéviste Jean-Jacques Ampère (fils du physicien André Ampère).


LatinGrec
Onciale (jusqu’au IXe siècle)
Codex Bezae

Codex Sinaiticus

Minuscule (caroline) à partir du IXe siècle

Minuscule (grecque) à partir du IXe siècle
Extrait de la Vulgate, évangile de Saint-Luc, 15, manuscrit carolingien produit à Tour entre 820 et 830
Extrait de la Guerre du Péloponnèse de Thucydide, manuscrit du Xe siècle conservé à Florence


Les Pays nordiques veulent limiter la place de l’anglais à l’université

De nombreux citoyens du Danemark, de la Finlande, des Pays-Bas, de la Norvège et de la Suède parlent couramment l’anglais et impressionnent souvent les touristes par leur maîtrise de la langue. Toutefois, cette aptitude a également suscité des controverses, car les universités sont devenues d’excellentes institutions internationales proposant des cours dispensés principalement, voire entièrement, en anglais.

Certains citoyens des Pays-Bas et des pays nordiques s’interrogent sur la place qui sera dévolue à leur langue nationale si leurs universités phares dispensent de moins en moins de cours dans cette langue. Les linguistes parlent de « perte de domaine ». La langue ne disparaît pas, puisque de nouvelles générations d’enfants continuent d’être élevées dans cette langue, mais les locuteurs l’utilisent dans moins de contextes éducatifs.

En juin, Robbert Dijkgraaf, ministre de l’Éducation des Pays-Bas, a annoncé qu’au moins deux tiers de l’enseignement dans les programmes de premier cycle devraient être dispensés en néerlandais. Les dirigeants des universités ont mal pris cette décision. Le directeur de l’université technologique d’Eindhoven a déclaré que « pour un certain nombre de cours, nous ne pouvons même pas trouver de professeurs qui parlent néerlandais », citant l’exemple de l’intelligence artificielle. (Le gouvernement néerlandais est tombé par la suite, laissant la politique dans les limbes.)
 
On craint qu’une langue comme le néerlandais, si elle est négligée dans les contextes éducatifs, finisse par manquer du vocabulaire nécessaire pour les sujets les plus pointus. Les personnes discutant de ces sujets devront agrémenter leur néerlandais de mots anglais, jusqu’à ce que cette façon de parler devienne si encombrante qu’ils passeront entièrement à l’anglais. Cela risque de laisser l’impression que le néerlandais est en quelque sorte indigne, ce qui alimente un cercle vicieux.

Les préoccupations linguistiques ont été renforcées par les problèmes économiques. Les universités européennes sont largement ou entièrement financées par l’État. Dans certains pays, les étudiants étrangers exercent une pression sur des ressources rares telles que le logement. (Quelque 120 000 étudiants vivent aux Pays-Bas, l’un des pays les plus densément peuplés d’Europe). Dans d’autres pays, comme le Danemark, ils peuvent même recevoir des bourses pour couvrir leurs frais de subsistance. Si les étudiants terminent leur cursus sans jamais avoir appris la langue locale, ils risquent de partir au lieu de rester et de contribuer à l’économie. Pourquoi les pays devraient-ils subventionner ces diplômes sans aucun bénéfice pour le pays d’accueil ?
 
La cause réside en partie dans les efforts nécessaires pour attirer des enseignants et des étudiants de qualité [selon les classements très discutables des universités] — et pourrait être une conséquence involontaire de ces efforts. Michele Gazzola, de l’université d’Ulster à Belfast, note que les classements mondiaux des universités, tels que celui réalisé par le Times Higher Education, prennent en compte le nombre d’étudiants et d’enseignants internationaux dans le cadre de leur évaluation. Cela incite les universités à tenter de les attirer afin de progresser dans les classements et, par conséquent, à proposer toujours plus de cours en anglais. [À ce sujet : « Les classements évaluent très peu la qualité de l'enseignement » de déclarer Matthieu Gillabert, professeur d'histoire à l'Université de Fribourg dans Que valent les classement des universités ?]

Comme les Pays-Bas, le Danemark a suscité la controverse. En 2021, dans le but de stimuler l’apprentissage du danois à l’université, le gouvernement a limité le nombre de places dans les cours dispensés uniquement en anglais. Cette année, il semble qu’il ait encore changé d’avis, en augmentant le nombre de places dans les programmes de maîtrise en anglais. Janus Mortensen, de l’université de Copenhague, explique que la récente politique linguistique de son établissement prévoit que les enseignants titulaires devront « contribuer » à l’enseignement en danois dans un délai de six ans. L’université doit mettre à disposition du temps et des cours — les professeurs ne sont pas censés apprendre la langue pendant leur temps libre — mais on ne sait pas exactement ce qu’il adviendra de ceux qui ne respecteront pas ce délai.

L’université d’Oslo prescrit également un « parallélisme linguistique ». Le norvégien doit être la principale langue d’enseignement, l’anglais étant utilisé « lorsque c’est approprié ou nécessaire » ; tous les étudiants et enseignants doivent se voir proposer des cours d’apprentissage du norvégien ; les résumés des publications doivent être rédigés dans les deux langues ; l’université doit donner la priorité au développement de la terminologie technique en norvégien, et ainsi de suite. C’est le genre de politique que l’on peut attendre de riches et raisonnables Scandinaves. Elle est aussi potentiellement redondante, coûteuse et vague. Qui, par exemple, décidera quand l’anglais est « approprié » ?
 
Dans le passé, la résistance à l’anglais s’est surtout manifestée en France, qui n’appréciait pas la primauté de l’anglophone (et le déclin de la domination du français). Il s’agissait d’une simple question de concurrence entre les langues. Aujourd’hui, certains des pays les plus libéraux et les plus polyglottes du monde commencent à s’inquiéter de la domination de l’anglais. C’est une conséquence de leur succès. Si tous les habitants peuvent passer d’une langue à l’autre, la nature à somme nulle de la concurrence est réduite, mais elle n’est pas éliminée. Les Européens du Nord apprennent que leurs langues ont aussi besoin d’être entretenues. 

Source : The Economist

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4 août 1701 — Signature de la Grande paix de Montréal (m à j)


Ce traité met fin à plusieurs décennies de conflits opposant les Iroquois aux Français et à leurs alliés autochtones. Les Français de Nouvelle France, alliés des Hurons entre autres, se heurtent durant tous les premiers temps de la colonie à l’hostilité des Iroquois. À la fin du XVIIe siècle, des délégations de nombreuses nations amérindiennes arrivent à Montréal à l’été 1701. Le 4 août, la Grande paix de Montréal est signée. Tous s’engagent à favoriser le dialogue au conflit, et surtout les Iroquois garantissent leur neutralité en cas de conflit entre Français et Anglais.



Trente nations, dont les Iroquois des cinq nations envoient au total 1 300 délégués pour signer la paix avec les Français à Montréal : avec la promesse de rester neutre dans d’éventuelles guerres entre Anglais et Français. Les représentants de chacune des nations apposent la marque de leur tribu au bas du traité, le plus souvent un animal. Les nations s’engagent aussi à vivre en paix entre elles. En cas de conflit, c’est le Gouverneur général de la Nouvelle-France qui servira d’intermédiaire et d’arbitre. Un grand banquet achève cette cérémonie.

À compter de la signature du traité, le commerce et les expéditions de découvertes peuvent reprendre en toute quiétude. Le sieur de Cadillac quitte Montréal pour aller fonder dans la région des Grands Lacs le poste de traite du Détroit, promis à un bel avenir, tandis que les missionnaires jésuites reprennent leurs missions spirituelles dans les « pays d’en haut ».

Au niveau diplomatique, la paix de Montréal apparaît comme un fait unique dans toute l’histoire de l’Amérique. Détail étonnant, celui-ci est toujours valide et reconnu comme tel par les communautés amérindiennes.

À l’inverse de la politique espagnole marquée par l’asservissement des indigènes et dénoncée par les auteurs de l’époque comme Las Casas, les Français choisirent en Nouvelle-France de privilégier les alliances et un modus vivendi globalement respectueux des différents peuples. Certes, les conflits furent nombreux et sanglants avec les nations amérindiennes et ils ne cessèrent pas après 1701, mais jamais ils ne s’inscrivirent dans les dérives de la politique espagnole ou anglaise.

De fait, de tous les colonisateurs d’Amérique, seuls les Français n’ont ni exterminé les autochtones ni tenté de les réduire en esclavage ou de les repousser dans des réserves. On pourrait même arguer que la fonction « officielle » d’évangélisation des autochtones conférée à la Nouvelle-France constitue de la part des Français une admission tacite d’égalité entre les « blancs » et les autochtones, en les considérant « dignes » d’être évangélisés. Il ne faut toutefois pas oublier que l’économie ou la sécurité de la Nouvelle-France dépendait d’une bonne entente avec les autochtones, les Français n’étant tout simplement pas assez nombreux pour se passer de ces précieux alliés.

Copie du traité de paix de 1701



(Le document original du traité de paix de 1701 est conservé aux Archives nationales d’outre-mer.)
Pictogrammes des nations signataires : 
  1. Ouentsiouan représente la nation iroquoise des Onontagués et signe un échassier. 
  2. Pour les Tsonnontouan, c’est Tourengouenon qui appose la signature de la tortue. 
  3. Pour les Onneeiouts, la signature représente une fourche au milieu de laquelle se trouve une pierre. 
  4. Chez les Goyogouins (« peuple de la grande pipe »), le dessin d’une pipe va de soi ! 
  5. La marque de Kondiaronk, dit le Rat [un rat musqué], figure sur le traité de 1701. Un autre chef huron a pu apposer cette marque au nom de ce grand chef, mort deux jours avant la signature du traité. 
  6. L’ours, la signature du chef Kinongé, dit le Brochet, pour les Outaouais du Sable. 
  7. La marque des Abénaquis de l’Acadie, par le chef Mescouadoué. 
  8. L’ours, la marque des Outaouais Sinagos. 
  9. Pour les Gens du Sault, l’ours également, signature apposée par Haronhiateka. 
  10. La signature du chef des Gens de la Montagne est un chevreuil. 
  11. Le chef Kileouiskingié signe d’un poisson pour les Outaouais Kiskarons. 
  12. La fourche représente le lieu où vivent les Outaouais de la Fourche, à la confluence de trois rivières. 
  13. Représentés par Onanguicé, chef pouteouatami, les Mississagués [nation ojibwée] signent d’un oiseau-tonnerre. 
  14. Les Amikoués apposent la marque du castor. 
  15. Pour les Sauteux [Ojibwés], le chef Ouabangué appose la marque d’une grue. 
  16. Chez les Algonquins, on trouve deux signatures : un échassier ou une grue et, à côté, un être humain. 
  17. Une perche surmontée d’un scalp sert de signature pour le village des Pangichéas [Piankashaws]. 
  18. La marque de Chichicatalo, chef très respecté chez les Miamis, regroupe deux symboles, dont une grue. 
  19. La marque du chef Outilirine pourrait représenter les Cris. En langue crie, le suffixe — irin signifie « homme ». 
  20. Représentés par Onanguicé, les Koueras Koueatenons [groupe illinois] signent d’un arc et d’une flèche. 
  21. La marque du village des Peorias [nation illinoise] est une tortue à longue queue. 
  22. L’emblème des Tapouaroas [groupe illinois]. 
  23. L’emblème des Monisgouenars [nation illinoise], établi à la rivière des Moines. 
  24. Le village des Marouas [groupe illinois], signe d’une grenouille. 
  25. Pour les Pouteouatamis, la marque d’un chicot et trois racines. 
  26. Pour les Kaskaskias [nation illinoise], une plume encochée. 
  27. La marque du village des Ouiatanons [nation miamie] est une carrière. 
  28. L’esturgeon est la marque des Sakis [Sauks]. 
  29. Chez les Outagamis, ou Renards, la signature est celle du… renard. 
  30. L’oiseau-tonnerre représente le symbole clanique des Puants. 
  31. La marque des Malominis [Folles Avoines] est celle d’un oiseau-tonnerre tenant une tige de folle avoine. 
  32. Le chevalier de Callière, Brochart de Champigny, et autres. 

[Notes tirées de La Grande Paix, Chronique d’une saga diplomatique, par Alain Beaulieu et Roland paru à Montréal, Éditions Libre Expression, 2001, p. 109-111.]


La régression démographique dans l’indifférence générale

Article sur la situation en France : France — Le nombre de naissances a encore baissé de 7 % au premier semestre

Aucune réaction au Québec aussi, RIEN : Québec — janvier-mai 2023, baisse de 5,3 % des naissances p/r à 2022, plus de décès que de naissances

Il existe une exception éclatante parmi les pays  occidentaux : Israël (2,9 enfants/femme), nous en reparlerons.

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lundi 7 août 2023

Lettonie — Ayant échoué aux tests linguistiques de letton imposés, 6 000 ressortissants russes devraient quitter le pays

La Lettonie, pays balte dont la population est de 1,9 million, affirme que près de 6 000 personnes ont refusé de passer le test linguistique imposé l'année dernière.

Le gouvernement de Riga enverra le mois prochain des avis officiels à près de 6 000 ressortissants russes, les informant qu'ils ont 90 jours pour quitter le pays, a confirmé vendredi un parlementaire letton.

"Ils sont entre 5 000 et 6 000. Ce sont des personnes qui n'ont manifesté aucune volonté, ni de passer l'examen, ni d'obtenir un permis de séjour temporaire. Ils sont silencieux", a déclaré Ingmars Lidaka, chef de la commission parlementaire sur la citoyenneté et la migration, à la chaîne publique lituanienne LRT.

Le ministère letton de l'intérieur a confirmé que les avis étaient en cours de préparation et qu'ils seraient envoyés en septembre à "environ 6 000" destinataires, selon l'agence de presse Elta.

L'année dernière, après l'escalade des hostilités en Ukraine, Riga a imposé aux ressortissants russes qui souhaitent résider en Lettonie de passer et de réussir un test de langue lettone. Les Russes ethniques représentent environ un quart des 1,8 million d'habitants de l'État balte et se sont vu refuser la citoyenneté lettone depuis que Riga a déclaré son indépendance de l'Union soviétique en 1991.

En août dernier, le président de l'époque, Egils Levits, a déclaré que les Russes ethniques soupçonnés de déloyauté envers la Lettonie devaient être "isolés de la société", en invoquant le conflit ukrainien. Toutefois, en 2021, M. Levits a ouvertement parlé d'un plan visant à promouvoir le "lettonisme" dans la langue et la culture afin de le rendre dominant d'ici à 2030.

En septembre dernier, une centaine d'activistes ont protesté à Riga contre le projet de loi sur l'égalité des chances. 
 
Russes âgées en classe de letton

Ces ressortissants russes de Lettonie sont issus des immigrants de l'ère soviétique qui se sont installés en Lettonie après la Deuxième guerre mondiale et qui ont choisi de ne pas demander la citoyenneté lorsque l'occasion leur en a été donnée après 1991. 

Si la plupart des russophones ont choisi de se faire naturaliser et de devenir citoyens lettons, les autres ont opté pour la citoyenneté de la Fédération de Russie. Il ne s'agissait pas seulement d'une question de sentiment : ceux qui possèdent un passeport russe peuvent voyager sans visa pour rendre visite à leurs proches de l'autre côté de la frontière très proche et peuvent toucher leur retraite à 55 ans (pour les femmes, qui constituent la majorité de ce groupe) alors que l'âge de la retraite en Lettonie est de 64 ans. Tant en Russie qu'en Lettonie l'âge de la retraite augmentera.

Avant mars 2022, la majeure partie de la société lettone était satisfaite de ces choix. Il était encore possible de mener une vie monolingue en russe dans une banlieue de Riga et même de voter pour Poutine aux élections présidentielles russes.  

Des changements dans la coalition gouvernementale sont à l'ordre du jour depuis le mois de mai, et les promoteurs de ces mesures linguistiques issus de la droite nationaliste pourraient se retrouver dans l'opposition avant le 1er septembre. Sans eux, les partis de centre-droit restants pourraient chercher une solution, car ces mesures considérés comme inutiles et iniques apporte de l'eau au moulin des politiciens russophones de Lettonie (25% de la population), plus particulièrement à Riga, et aux nationalistes russes de Russie.
 
Démographie

La Lettonie comptait 1 986 096 habitants au 1er janvier 2015, dont environ 60 % de Lettons, une forte minorité russe (25 %) et plusieurs autres minorités (15 %). Comme celle de la plupart des pays de l'Europe du Nord membres de l'ex-Union soviétique30,31, la population de la Lettonie est en déclin depuis le début des années 1990.

Entre le début des années 2000 et 2021, la population de Lettonie a chuté de 13 %. Il n'est pas rare de trouver dans le pays des villages déserts, des quartiers abandonnés, des écoles vides… 

Selon la CIA, la population actuelle de la Lettonie serait de 1,822 million d'habitants.

En 2023, le PIB de la Lettonie devrait croître de 1,4 %, freiné par une forte inflation à 17 % pesant sur la consommation privée et un retard dans les programmes d’investissement public. Le taux de chômage est de 6,9 %.


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Les Russes de Lettonie passent un test linguistique pour éviter d'être expulsés

Lettonie — Vers l’élimination de l’enseignement en russe en 2025

Moldavie — 88 % des réfugiés ukrainiens choisissent le russe comme langue d’enseignement, 6 % l’ukrainien 

dimanche 6 août 2023

Le Premier ministre du Canada est dans l'équipe Barbie et souhaite une énième fois un joyeux défilé LGBTQ2SAI+

Deux gazouillis successifs de Justin Trudeau:

Ce n'est pas un compte parodique. (À côté de Justin Trudeau, son fils Xavier.)


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Barbie, un film de propagande néoféministe et misandre ?

Sondage — Justin Trudeau, pire Premier ministre canadien des 55 dernières années

Trudeau a fermé la porte de Roxham pour ouvrir grand la fenêtre des aéroports en assouplissant discrètement les règles d'obtention des visas de « touriste » : le nombre de « réfugiés » n'a pas baissé.

Trudeau « mecsplique » à une femme qu’il ne faut plus dire mankind (« humanité ») mais peoplekind (« personnité »)

Trudeau au show travelo

Trudeau : les non-vaccinés assis à côté de vaccinés mettent ces derniers en danger

Le révérend père Trudeau sermonne Meloni sur « les droits des 2ELGBTQI+ » lors du G7 au Japon

Soixante-huit églises incendiées ou vandalisées, timide réaction du PM Trudeau qui organise un sommet sur l’islamophobie (m à j)

Révisionnisme et désinformation — Trudeau réécrit l’histoire de sa politique vaccinale (début 2023)

Sondages : Seuls 16 % des Canadiens voteraient pour Trudeau sur la base de ses actions des deux dernières semaines (février 2022)

Justin « La Science » s’accroche inexplicablement à l’obligation vaccinale pour voyager au Canada (m à j)

Complotisme — Pour Trudeau, si les musulmans s’opposent à l’agenda LGBTQ, c’est la faute à la droite américaine (m à j)

La campagne centralisatrice de Justin Trudeau

Bloomberg: les salaires canadiens stagnent en raison de l’immigration de masse alors que l’inflation grimpe fort (m à j)

Crise du logement : le tabou des seuils d’immigration trop élevés 

« Malgré » une forte immigration, le niveau de vie au Canada est à la traîne : rapport de la TD

Immigration de masse : le Canada connaît la plus forte croissance démographique du G7

Canada — programme de financement du logement fondé sur la race

Nouveau passeport — Le Canada, ce pays sans culture, sans passé et sans histoire

Trudeau : « est-ce qu’on tolère les gens » farouchement opposés à se faire vaccinés anti-Covid ? 

Immigration et niveau de vie ne riment pas 

Trudeau : le 8 mars, « nous » célébrons les « personnes de diverses identités de genre »

Étude — L’immigration de masse aurait appauvri les Canadiens (PIB/habitant)

Le virage totalitaire de Trudeau : et si Trudeau cherchait l’escalade, les débordements ?

Les Pays-Bas veulent décourager les étudiants internationaux d'y étudier

Destination de choix pour de nombreux étrangers, au premier rang desquels se placent les jeunes Allemands, les Pays-Bas réfléchissent à des mesures pour limiter le nombre des étudiants internationaux dans leurs universités. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel analyse la situation.

L’université d’Utrecht


Les Pays-Bas sont la première destination des jeunes Allemands désireux d’étudier à l’étranger. Ils sont près de 25 000 à y être inscrits à l’université (contre environ 3 000 Français), principalement attirés par des diplômes internationaux et en anglais, et des cursus axés sur le monde contemporain. Selon Der Spiegel, qui cite l’agence néerlandaise de statistiques CBS, « de plus en plus de jeunes étrangers décident d’étudier aux Pays-Bas : alors que 28 % des étudiants de première année étaient internationaux en 2015, leur part dans les universités était déjà de 40 % selon les derniers chiffres de l’automne 2021 ».

Les universités ont d’ailleurs tout fait pour attirer les étudiants internationaux. Certains y voient la volonté de combler une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, d’autres l’appât du gain, car les établissements reçoivent des aides de l’État proportionnelles au nombre d’étudiants étrangers.

Le ministre de l’Éducation prépare une loi pour l’automne 2023

Quoi qu’il en soit, cette situation pourrait bientôt changer. En effet, note l’hebdomadaire allemand, « au cours des derniers mois, le débat s’est vraiment accéléré — car le ministre de l’Éducation néerlandais, Robbert Dijkgraaf, s’est impliqué. En avril, il expliquait dans une lettre au Parlement comment il souhaitait “piloter” l’internationalisation des universités à l’avenir. Car, dans de nombreux endroits, “la capacité d’absorption a été atteinte”. » Force est de constater que les « amphis sont surpeuplés et les conférenciers débordés », sans parler du marché immobilier saturé.

Dans l’ouest du pays notamment, à Amsterdam, mais aussi dans les petites villes universitaires comme Utrecht, il est devenu quasiment impossible pour les étudiants de se loger. Le Spiegel a même constaté que sur le groupe Facebook « Kamer in Utrecht » (« une chambre à Utrecht »), presque toutes les annonces stipulent : « Néerlandais uniquement », « PAS D’INTERNATIONAUX », « pas d’international, désolé ». Certains étudiants étrangers se retrouvent obligés de loger dans des campings ou dans des résidences étudiantes privées aussi coûteuses qu’insalubres.

Le ministre de l’Éducation envisage d’imposer le néerlandais comme langue d’enseignement au moins en licence, sauf si le cursus le justifie. L’accès à des cursus en anglais pourrait également être restreint par des tests de niveau à l’entrée. Il est aussi question d’obliger les étudiants internationaux à apprendre le néerlandais. Une loi en ce sens sera en préparation à l’automne 2023. On verra alors, prévient le Spiegel, « si le rêve européen [en anglais…], que les jeunes en particulier vivent déjà, est en danger ».


Source : Le Courrier Expat et Der Spiegel

samedi 5 août 2023

Trudeau a fermé la porte de Roxham pour ouvrir grand la fenêtre des aéroports en assouplissant les règles

Malgré la fermeture du chemin Roxham à la fin mars 2023, un nouveau record de demandeurs d’asile se profile. Les centres d’hébergement sont toujours pleins, y compris au Québec. Il s’agit d’un détournement du droit d’asile pour en faire une filière d’immigration parmi d’autres, facilitée par le gouvernement immigrationniste au pouvoir.

Radio-Canada a interrogé Marie-Ève Boulanger : « Mes équipes travaillent fort, très fort. Elles n’ont pas eu droit à une pause avec la fermeture du chemin Roxham. » La coordonnatrice du Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) ne le dit pas en ces termes, mais elle est débordée. Tout comme l’ensemble des organismes d’aide aux demandeurs d’asile.

Pour eux, la fermeture du chemin Roxham n’a rien changé. « On fait face à des volumes importants » de personnes arrivant toujours au Québec, précise Marie-Ève Boulanger. Et les chiffres confirment leurs impressions.
 

Des dizaines de demandeurs d’asile arrivent chaque jour à l’aéroport international Trudeau à Montréal.

Quatre mois après la décision prise par Justin Trudeau et Joe Biden de revoir l’Entente sur les tiers pays sûrs à la suite d’une forte pression du gouvernement du Québec, le nombre total de demandeurs d’asile arrivant au pays est sensiblement le même.

En juin, le nombre de demandeurs d’asile frôle la barre des 11 000 dans l’ensemble du Canada. Un chiffre qui dépasse même les niveaux constatés en début d’année, avant le changement des règles à la frontière.

Si le rythme actuel se maintient, le Canada pourrait même battre les records de l’an passé, alors que les passages au chemin Roxham monopolisaient les discours politiques.
 
Ottawa a discrètement allégé les critères pour obtenir un visa

La fermeture du chemin Roxham a néanmoins eu un effet important. La manière d’arriver au Canada pour demander l’asile a grandement évolué.

À moins de rare exception, il n’est plus possible depuis la fin du mois de mars de faire une demande d’asile hors d’un poste de douane.

Les aéroports de Montréal et de Toronto sont désormais devenus les principaux points d’entrée au pays des demandeurs d’asile. Le nombre de demandes d’asile dans ces aéroports a triplé depuis le début de l’année.

La plupart de ces personnes arriveraient maintenant au Canada avec un visa touristique valide plusieurs mois. Certains font leur demande d’asile directement dans les aéroports, d’autres dans un bureau d’Immigration Canada.

Comme l’a révélé Radio-Canada au début de l’été, Ottawa a discrètement allégé les critères pour obtenir un tel visa. Le gouvernement fédéral a revu à la baisse certaines exigences, comme celle de prouver un retour dans son pays d’origine.

À l’heure actuelle, ces nouvelles mesures ont entraîné une hausse des demandes d’asile de personnes provenant principalement d’Afrique de l’Ouest, notamment du Sénégal, du Cameroun et de la République démocratique du Congo.

Réfugié venu pour jouer dans l’équipe de foot' de Montréal
 
C’est le cas de Pascal, un Camerounais d’une vingtaine d’années qui vient d’arriver à Montréal avec un but précis.

« J’ai choisi Montréal, car j’aimerais jouer avec le CF Montréal », lâche-t-il, tout sourire, devant un centre d’hébergement réservé aux demandeurs d’asile, en faisant référence au club de soccer professionnel de la métropole.

À ses côtés, Ibrahima, un demandeur d’asile gambien, remercie le Canada. « C’est le meilleur endroit que j’ai vu. Ça n’a pas été difficile d’obtenir un visa. J’ai postulé et je l’ai eu après quelques jours. »
 
À l’hôtel, ajoute-t-il, « les gens viennent de Gambie, d’Ouganda, d’Algérie, du Sénégal ».

Ottawa assure avoir conscience de cette situation et prétend que cela serait dû à « la crise mondiale de la migration ».

« Le Canada connaît, à l’instar de nombreux pays, une augmentation du nombre de demandeurs d’asile », admet un porte-parole d’Immigration Canada, qui voit d’un bon œil l’arrivée de ces personnes par voie aérienne.


 
Les coûts liés à l’accueil de ces touristes

Le nouveau centre d’hébergement des demandeurs d’asile est situé à proximité du métro Sauvé, dans le nord de Montréal.
 
Cette nouvelle réalité arrive au moment où Québec ouvre un tout nouveau centre d’hébergement destiné aux demandeurs d’asile. Ces derniers peuvent y rester un mois, jusqu’à l’arrivée de leur premier chèque d’aide sociale.

Situé à proximité du métro Sauvé, dans le nord de Montréal, ce bâtiment a coûté près de 50 millions de dollars au gouvernement provincial, qui a conclu un contrat de 10 ans.

« C’était indispensable, clame Marie-Ève Boulanger, coordonnatrice du PRAIDA, responsable de ce centre. C’est la première fois qu’on a la chance de concevoir un site de A à Z, selon nos besoins et les besoins des usagers. »

Tout a été prévu sur place pour accompagner les demandeurs d’asile, qui bénéficient de 700 lits répartis sur quatre étages, de bureaux, d’une salle à manger ou encore de formations pour trouver un logement ou un emploi.

« On a des gens qui arrivent des quatre coins de la planète avec des codes qui diffèrent complètement, explique Alexis Jobin-Théberge, conseiller au PRAIDA. Montréal vit actuellement une crise du logement et les demandeurs d’asile font souvent face à la discrimination ou à des abus. On tente de les informer correctement. »
 
 
Le problème, c’est que la capacité d’accueil du PRAIDA — qui a également une entente avec les YMCA du Québec pour la gestion d’une autre résidence — reste la même.

Ces quelques centaines de nouveaux lits remplacent en réalité ceux loués depuis plusieurs années dans un hôtel du centre-ville de Montréal.

« On a 1150 lits dans nos deux sites d’hébergement et c’est ce qu’on est en mesure d’offrir dans la situation actuelle », estime Marie-Ève Boulanger.

Répartition des chambres réservées par Ottawa

    Québec : 794 chambres dans 10 hôtels
    Ontario : 2737 chambres dans 17 hôtels et 50 chambres dans une résidence
    Total au Canada : 3911 chambres

Face à cette situation, Ottawa vient à nouveau de réserver une série d’hébergements, comme au plus fort de la crise au chemin Roxham. À ce jour, 35 hôtels et résidences ont été réquisitionnés par le gouvernement fédéral dans l’ensemble du pays, pour un total de 3911 chambres.

Au cours du mois de juillet, le gouvernement Trudeau a également annoncé une aide de 97 millions pour la Ville de Toronto.

De son côté, Ottawa promet de « collaborer avec ses homologues provinciaux pour veiller à ce que les pressions liées à l’asile ne submergent pas les ressources provinciales et municipales ».

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Au Canada, un « proviseur » se suicide après un séminaire sur l’antiracisme

Nous en avions déjà parlé dans Comment un honnête homme, directeur d'école, fut broyé par l’antiracisme délirant. Voici comment le Figaro de Paris relate cette triste histoire. 

 

Richard Bilkszto, un proviseur de l’académie [directeur d'école du conseil scolaire] de Toronto, s’est suicidé après avoir porté plainte pour harcèlement contre une formatrice à l’antiracisme, qui l’aurait accusé d’être un suprémaciste blanc.

L’académie [conseil scolaire] de Toronto a été endeuillée au début du mois de juillet par le suicide d’un proviseur âgé de 60 ans, Richard Bilkszto, d’après la radio publique canadienne CBC News. L’homme avait porté plainte quelques mois plus tôt contre un organisme privé de formation professionnelle qui propose des séminaires sur l’antiracisme : le KOJO Institute, fondé et dirigé par Kike Ojo-Thompson, une ex-enseignante devenue une militante antiraciste très médiatique.

Selon l’avocat de Richard Bilkszto, son suicide serait directement lié à un incident survenu lors d’un séminaire au printemps 2021 auquel le proviseur avait assisté. Kike Ojo-Thompson l’avait accusé d’être un suprémaciste blanc, une remarque qui aurait profondément déstabilisé ce fonctionnaire connu pour sa longue carrière dans l’enseignement ainsi que son engagement associatif contre le racisme. Le gouvernement canadien a annoncé l’ouverture d’une enquête sur le KOJO Institute.

Cet organisme qui propose des formations contre les discriminations et le racisme est l’un des nombreux établissements privés qui proposent désormais des formations de ce genre aux entreprises ou aux administrations. Richard Bilkszto a participé à l’un des séminaires en ligne proposés par le KOJO Institute, qui est partenaire de l’académie de Toronto, alors qu’il était proviseur remplaçant - il venait de prendre sa retraite après 24 ans dans l’éducation canadienne. Selon la plainte déposée par l’enseignant et relayée dans la presse canadienne, au cours du séminaire, la formatrice Kike Ojo-Thompson aurait insisté sur l’idée qu’il existe un racisme structurel présent au Canada - une thèse défendue par les adeptes de la «théorie critique de la race», ce courant d’idées postcolonial qui dénonce le racisme inconscient des institutions occidentales.

Selon le Daily Mail , Kike Ojo-Thompson aurait notamment affirmé que le Canada était un pays «plus raciste encore que les États-Unis» car il n’a «jamais rendu de comptes sur son passé raciste envers les Noirs». Richard Bilkszto serait alors intervenu pour exprimer son désaccord avec les propos de la formatrice (une femme noire), qui se serait agacée en répondant immédiatement : «Nous sommes ici pour parler du racisme contre les Noirs, mais vous, malgré votre blanchité, vous pensez que vous pouvez me dire la façon dont les choses se passent pour les Noirs dans ce pays ?».

La plainte du proviseur, déposée plusieurs mois après l’altercation, mentionne ensuite que celui-ci aurait voulu amorcer une désescalade avec son interlocutrice, mais un des autres participants au séminaire lui aurait alors dit que ses propos étaient «graves». La semaine suivante, lors de la seconde session du séminaire, Kike Ojo-Thompson est revenue sur l’incident en expliquant que l’intervention de Richard Bilkszto «constitu(ait) un exemple concret de résistance, en soutien au suprémacisme blanc».

Un proviseur engagé contre le racisme

Ces altercations auraient alors empêché Richard Bilkszto de poursuivre correctement son travail, et l’auraient plongé dans un état d’anxiété émotionnelle à cause duquel il a été placé en arrêt maladie. Les accusations portées contre lui étaient d’autant plus difficiles à recevoir que l’homme était connu pour avoir participé à des programmes inclusifs dans l’enseignement public, et était membre fondateur d’une association antiraciste, la Foundation Against Intolerance & Racism (FAIR). De son côté, le KOJO Institute, qui a publié un communiqué présentant ses condoléances à la famille de Richard Bilkszto, nie sa version des faits et estime n’avoir aucune responsabilité dans les événements psychologiques qui l’ont poussé à se suicider.

Néanmoins l’académie de Toronto et le ministre canadien de l’Éducation ont annoncé qu’ils prenaient au sérieux les accusations de Richard Bilkszto contre le KOJO Institute. Le ministre Stephen Lecce les a jugées «sérieuses et perturbantes», et a annoncé l’ouverture d’une enquête administrative, tout en indiquant que ses services devront mieux contrôler à l’avenir les formations professionnelles dispensées aux enseignants «afin qu’un tel incident ne se reproduise plus».

Le Journal de Montréal précise qu’avant le suicide du proviseur, le conseil scolaire avait refusé de prendre au sérieux les difficultés rencontrées par Richard Bilkszto suite à ce séminaire, et avait fini par annuler son contrat de travail. Enfin, selon le Daily Mail, le suicide du proviseur a poussé de nombreux enseignants canadiens à appeler l’avocat de Richard Bilkszto pour lui faire part de faits similaires qu’ils ont vécus au cours de formations ou de campagnes de sensibilisation contre le racisme.


La confiance des Américains dans l'enseignement supérieur atteint un niveau historiquement bas

Selon un sondage Gallup, seuls 36 % des Américains ont « beaucoup » ou « énormément » confiance dans l’enseignement supérieur, ce qui représente une baisse d’environ 20 points de pourcentage par rapport à la situation d’il y a huit ans.
 

La confiance des Américains dans l’enseignement supérieur dans son ensemble a chuté ces dernières années, mais il existe des différences entre les différents groupes démographiques dans l’opinion qu’ils ont de ce secteur.

Le sondage, réalisé en juin, a révélé que seulement 36 % des Américains ont « beaucoup » ou « énormément » confiance dans l’enseignement supérieur, soit 20 points de moins qu’il y a huit ans. Des mesures antérieures de la confiance du public dans les collèges et universités du pays ont révélé des niveaux significativement plus élevés en 2015 (57 %) et en 2018 (48 %).

Les chercheurs et les experts en politique de l’éducation estiment que les administrateurs des collèges et des universités et les autres responsables de l’enseignement supérieur devraient prendre note de cette forte baisse, d’autant plus qu’elle est restée élevée dans tous les principaux sous-groupes des personnes interrogées.

Toutefois, les experts ont également noté que les données de l’enquête sont conformes à d’autres mesures du déclin général de la confiance du public dans les institutions dans leur ensemble.