samedi 5 août 2023

Trudeau a fermé la porte de Roxham pour ouvrir grand la fenêtre des aéroports en assouplissant les règles

Malgré la fermeture du chemin Roxham à la fin mars 2023, un nouveau record de demandeurs d’asile se profile. Les centres d’hébergement sont toujours pleins, y compris au Québec. Il s’agit d’un détournement du droit d’asile pour en faire une filière d’immigration parmi d’autres, facilitée par le gouvernement immigrationniste au pouvoir.

Radio-Canada a interrogé Marie-Ève Boulanger : « Mes équipes travaillent fort, très fort. Elles n’ont pas eu droit à une pause avec la fermeture du chemin Roxham. » La coordonnatrice du Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA) ne le dit pas en ces termes, mais elle est débordée. Tout comme l’ensemble des organismes d’aide aux demandeurs d’asile.

Pour eux, la fermeture du chemin Roxham n’a rien changé. « On fait face à des volumes importants » de personnes arrivant toujours au Québec, précise Marie-Ève Boulanger. Et les chiffres confirment leurs impressions.
 

Des dizaines de demandeurs d’asile arrivent chaque jour à l’aéroport international Trudeau à Montréal.

Quatre mois après la décision prise par Justin Trudeau et Joe Biden de revoir l’Entente sur les tiers pays sûrs à la suite d’une forte pression du gouvernement du Québec, le nombre total de demandeurs d’asile arrivant au pays est sensiblement le même.

En juin, le nombre de demandeurs d’asile frôle la barre des 11 000 dans l’ensemble du Canada. Un chiffre qui dépasse même les niveaux constatés en début d’année, avant le changement des règles à la frontière.

Si le rythme actuel se maintient, le Canada pourrait même battre les records de l’an passé, alors que les passages au chemin Roxham monopolisaient les discours politiques.
 
Ottawa a discrètement allégé les critères pour obtenir un visa

La fermeture du chemin Roxham a néanmoins eu un effet important. La manière d’arriver au Canada pour demander l’asile a grandement évolué.

À moins de rare exception, il n’est plus possible depuis la fin du mois de mars de faire une demande d’asile hors d’un poste de douane.

Les aéroports de Montréal et de Toronto sont désormais devenus les principaux points d’entrée au pays des demandeurs d’asile. Le nombre de demandes d’asile dans ces aéroports a triplé depuis le début de l’année.

La plupart de ces personnes arriveraient maintenant au Canada avec un visa touristique valide plusieurs mois. Certains font leur demande d’asile directement dans les aéroports, d’autres dans un bureau d’Immigration Canada.

Comme l’a révélé Radio-Canada au début de l’été, Ottawa a discrètement allégé les critères pour obtenir un tel visa. Le gouvernement fédéral a revu à la baisse certaines exigences, comme celle de prouver un retour dans son pays d’origine.

À l’heure actuelle, ces nouvelles mesures ont entraîné une hausse des demandes d’asile de personnes provenant principalement d’Afrique de l’Ouest, notamment du Sénégal, du Cameroun et de la République démocratique du Congo.

Réfugié venu pour jouer dans l’équipe de foot' de Montréal
 
C’est le cas de Pascal, un Camerounais d’une vingtaine d’années qui vient d’arriver à Montréal avec un but précis.

« J’ai choisi Montréal, car j’aimerais jouer avec le CF Montréal », lâche-t-il, tout sourire, devant un centre d’hébergement réservé aux demandeurs d’asile, en faisant référence au club de soccer professionnel de la métropole.

À ses côtés, Ibrahima, un demandeur d’asile gambien, remercie le Canada. « C’est le meilleur endroit que j’ai vu. Ça n’a pas été difficile d’obtenir un visa. J’ai postulé et je l’ai eu après quelques jours. »
 
À l’hôtel, ajoute-t-il, « les gens viennent de Gambie, d’Ouganda, d’Algérie, du Sénégal ».

Ottawa assure avoir conscience de cette situation et prétend que cela serait dû à « la crise mondiale de la migration ».

« Le Canada connaît, à l’instar de nombreux pays, une augmentation du nombre de demandeurs d’asile », admet un porte-parole d’Immigration Canada, qui voit d’un bon œil l’arrivée de ces personnes par voie aérienne.


 
Les coûts liés à l’accueil de ces touristes

Le nouveau centre d’hébergement des demandeurs d’asile est situé à proximité du métro Sauvé, dans le nord de Montréal.
 
Cette nouvelle réalité arrive au moment où Québec ouvre un tout nouveau centre d’hébergement destiné aux demandeurs d’asile. Ces derniers peuvent y rester un mois, jusqu’à l’arrivée de leur premier chèque d’aide sociale.

Situé à proximité du métro Sauvé, dans le nord de Montréal, ce bâtiment a coûté près de 50 millions de dollars au gouvernement provincial, qui a conclu un contrat de 10 ans.

« C’était indispensable, clame Marie-Ève Boulanger, coordonnatrice du PRAIDA, responsable de ce centre. C’est la première fois qu’on a la chance de concevoir un site de A à Z, selon nos besoins et les besoins des usagers. »

Tout a été prévu sur place pour accompagner les demandeurs d’asile, qui bénéficient de 700 lits répartis sur quatre étages, de bureaux, d’une salle à manger ou encore de formations pour trouver un logement ou un emploi.

« On a des gens qui arrivent des quatre coins de la planète avec des codes qui diffèrent complètement, explique Alexis Jobin-Théberge, conseiller au PRAIDA. Montréal vit actuellement une crise du logement et les demandeurs d’asile font souvent face à la discrimination ou à des abus. On tente de les informer correctement. »
 
 
Le problème, c’est que la capacité d’accueil du PRAIDA — qui a également une entente avec les YMCA du Québec pour la gestion d’une autre résidence — reste la même.

Ces quelques centaines de nouveaux lits remplacent en réalité ceux loués depuis plusieurs années dans un hôtel du centre-ville de Montréal.

« On a 1150 lits dans nos deux sites d’hébergement et c’est ce qu’on est en mesure d’offrir dans la situation actuelle », estime Marie-Ève Boulanger.

Répartition des chambres réservées par Ottawa

    Québec : 794 chambres dans 10 hôtels
    Ontario : 2737 chambres dans 17 hôtels et 50 chambres dans une résidence
    Total au Canada : 3911 chambres

Face à cette situation, Ottawa vient à nouveau de réserver une série d’hébergements, comme au plus fort de la crise au chemin Roxham. À ce jour, 35 hôtels et résidences ont été réquisitionnés par le gouvernement fédéral dans l’ensemble du pays, pour un total de 3911 chambres.

Au cours du mois de juillet, le gouvernement Trudeau a également annoncé une aide de 97 millions pour la Ville de Toronto.

De son côté, Ottawa promet de « collaborer avec ses homologues provinciaux pour veiller à ce que les pressions liées à l’asile ne submergent pas les ressources provinciales et municipales ».

Voir aussi
 
 

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