dimanche 13 décembre 2015

Laïcité à géométrie variable — Écoliers ontariens chantent un chant musulman fondateur

Une vidéo montrant des écoliers ontariens qui interprètent un chant traditionnel musulman suscite de nombreux commentaires. Elle a été interprétée à l’École secondaire publique De La Salle à Ottawa le 3 décembre, enregistrée par un parent et mise en ligne sur YouTube le 11 décembre avec le titre « Bienvenue au Canada aux réfugiés syriens ».

Ce chant, vieux de plusieurs siècles, serait celui qu’entendit Mahomet « lorsqu’il trouva refuge à Médine ».




Rappelons que la Syrie est un État multiconfessionnel en partie chrétien et druze. Comment devrait se sentir un réfugié chrétien syrien accueilli par un chant musulman ?

Voici la traduction du premier couplet du chant (nachîd) :
La pleine lune s’est levée, de la colline des adieux.
La gratitude s’impose à nous,
Aussi longtemps qu’un prédicateur appellera à Dieu.
Ô toi qui a été envoyé parmi nous !
Tu es venu avec un commandement auquel nous obéirons.
Tu es venu et tu as fait honneur à notre cité.
Sois le bienvenu ! Ô toi le meilleur des prédicateurs !

Selon Souhail Ftouh, avocat au barreau de Tunis, et délégué de l’organisation « Avocats Sans Frontières » pour la Tunisie, le contexte de ce chant est très particulier :
Le choix de ce chant islamique n’est pas innocent.

[...]

Le fait que « Tala `el-badrou`alaynâa » (la pleine lune s’est levée) a été chanté en arabe par des enfants canadiens autochtones démontre que cette initiative a été minutieusement préparée en profitant de l’ignorance des organisateurs occidentaux de la symbolique de ce chant, qui s’inscrit dans le contexte spécifique des débuts de l’Islam.

Dans le texte qui accompagne la vidéo sur YouTube, il est prétendu que ce chant avait accueilli Mahomet comme réfugié à Yathrib (future Médine).

Le 23 juin 622, à Aqaba, sur les bords de la mer Rouge, les représentants de Yathrib (une ville préislamique à 400 kilomètres au nord de La Mecque) signent avec Mahomet un pacte officiel de soumission et acceptent d’accueillir les disciples mecquois, au total 70 personnes. Peu après, le prophète s’installe à Médine en compagnie de son compagnon de guerre Abou Bakr, pour fonder les bases du premier État islamique de l’histoire.

À la suite de l’installation du prophète, Yathrib prend le nom de Medinat an-Nabi (« la ville du Prophète ») — Médine en français. Mahomet aménage, sans attendre, un lieu de prière ou mosquée (en arabe masjid) en son centre.

Depuis une décision du premier calife, Omar, l’année de l’Hégire marque le début officiel de l’islam, la nouvelle religion dont Mahomet a jeté les bases. Le nom de cette religion et celui de ses fidèles viennent d’une expression arabe qui signifie : « soumission à Dieu ».

[...]

Il n’y a donc, en principe, aucune similitude entre l’arrivée des réfugiés syriens au Canada et l’arrivée d’un conquérant pour établir un Califat et une nouvelle religion à Médine.

Le choix de ce chant historique n’a aucune raison d’être dans le contexte canadien. Mais pour les auditeurs musulmans, en tout cas, ce chant évoque indiscutablement la soumission de celui qui accueille.

On apprend par ailleurs qu’il s’agit d’une adaptation de la chanson traditionnelle et que la nachîd a été arrangée par la compositrice canadienne Laura Hawley. « La chanson a été rebaptisée Alhamdoulillah » (Dieu merci en arabe), a déclaré le directeur de la chorale Robert Filion. La chorale l’a interprétée lors d’un festival appelé « Les Choralies à De La Salle ».

Filion a déclaré que la chanson était sa tentative de valoriser la diversité culturelle et l’inclusion et qu’elle n’avait pas été prévue à l’origine pour les réfugiés syriens. En quoi un chant musulman est-il « inclusif » pour les Syriens chrétiens ? Comment expliquer un chant religieux musulman à l'école quand on bannit la dimension religieuse de Noël parce que cela ne serait pas assez inclusif ? (Voir aussi l'abandon de la crèche sous le sapin à l'Hôpital d'Ottawa suite à des plaintes de « membres de communautés culturelles » non précisées).


2 commentaires:

Jea-Pierre R a dit…

« Dieu merci » en arabe... Soumission au message et au messager de Dieu...

Faut avouer que c’est peut-être facile à Ottawa mais nettement plus difficile à Paris de chanter « Alhamdoulillah» alors qu’on s'y fait tirer dessus.

Dingue. Le multiculturalisme nous tue.

Vive le roi Henri! a dit…

regardez comment les réfugiés (somaliens, également musulmans) s'intègrent bien aux États-Unis et en Suède :

* Minnesota is home to America's largest Somali community, 33,000 people. The unemployment rate for Somali Minnesotans in 2015 was triple the state average, 21 percent. As of 2014, about 5,950 of the state's Somali population received cash assistance; 17,000 receive food assistance as of 2014.

* A close study of Somali refugees by the government of Maine (home to the nation's second-largest Somali community) found that fewer than half of the working-age population had worked at any time in the five years from 2001 through 2006.

* The U.S. unemployment rate of 20+ percent still represents a huge improvement over rates in Europe. Only about 40 percent of working-age Somali men in Norway are employed. In the Swedish city of Malmo, home to one of the largest Somali communities in Europe, only 20 percent work.

* Somalis have so much difficulty finding work in the developed world because their skills badly mismatch local labor needs. Only about 18 percent of boys and 15 percent of girls attend even primary school in Somalia. UNICEF has given up trying to measure literacy rates.

http://www.theatlantic.com/politics/archive/2015/12/refugees/419976/