mercredi 28 novembre 2007

Au tour des écoles juives du Québec de regimber

L'opposition au nouveau cours obligatoire d'éthique et de culture religieuse semble maintenant devoir s'étendre à plusieurs secteurs de la communauté juive.

La Canadian Jewish Agency rapporte en effet que les écoles hassidiques et orthodoxes juives ont de sérieuses réserves au sujet du nouveau programme d'éthique de culture religieuse qui devrait être enseigné dans toutes les écoles du Québec dès la prochaine année scolaire.
« Les écoles conventionnelles juives se demandent également comment elles vont enseigner un cours qui oblige chaque enfant à acquérir une connaissance de base sur les religions qui feraient partie du patrimoine québécois : le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme et la spiritualité autochtone. On présentera également quelques religions ou croyances plus récentes au Québec comme l'islam, le bouddhisme, l'hindouisme et l'athéisme, ceux qui ne professent aucune religion.

Le programme devra être donné tant dans les écoles publiques que privées, qu'elles soient subventionnées ou non, de la première année du primaire à la dernière année du secondaire.

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« Cela cause une réelle préoccupation » de dire Meyer Feig, directeur du Conseil orthodoxe juif pour les relations communautaires. « Tout dépend jusqu'où le programme ira. Nous ne sommes pas contre l'enseignement de la tolérance et du respect; nous le faisons déjà, mais explorer d'autres religions pose des difficultés. »

Le rabbin Yosef Minkowitz, directeur de l'académie Beth Rivkah, une école d'inspiration loubavitch a déclaré : « Il est prématuré pour nous d'émettre des commentaires avant que nous n'ayons étudié la chose plus en profondeur. Nous examinons actuellement ce dossier avec grand soin. »

En privé, les dirigeants hassidiques déclarent que le cours, tel que décrit par le ministère de l'Éducation, ne peut tout simplement pas être donné dans leurs écoles et certainement pas aux plus jeunes élèves.

Charley Lévy, directeur exécutif de l'Association des externats juifs (AJDS), a déclaré qu'il comptait bientôt se réunir avec les représentants des écoles hassidiques et des autres écoles orthodoxes « afin de décider de ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire. » Certaines de ces écoles ne font pas partie de l'AJDS.

M. Lévy a précisé qu'il serait possible de modifier le programme afin qu'il convienne à n'importe quelle école juive, mais « ce n'est pas un programme évident », a-t-il admis.

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Dans un rapport présenté devant la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, le Congrès juif canadien (Québec), a suggéré que le cours d'éthique et de culture religieuse ne soit donné qu'au secondaire. Les parents, ajoutait-il, veulent que leurs enfants aient une base suffisamment solide dans leur propre religion avant d'être exposés à d'autres croyances. »
Rappelons que, dans un esprit de conciliation, la ministre de l'Éducation, Mme Courchesne, avait annoncé récemment, dans les termes du Devoir, vouloir serrer la vis dans le dossier des écoles juives religieuses privées qui n'appliquaient pas tous les aspects du programme gouvernemental obligatoire.

Laics ou sectaires ? Attaques des socialistes français contre l'école libre

Hier, le PS défendait une proposition de loi visant à abroger un article de la loi de 2004 sur la décentralisation imposant aux communes une participation aux frais pour les élèves scolarisés dans une école privée hors de leur commune de résidence. Elle a été rejetée.

Christian Vanneste a réagi à l’ambiance délétère des discussions :
J’ai pu constater la présence de plusieurs députés socialistes du Nord, et c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pu entendre deux élus socialistes du Nord s’attaquer une fois de plus à l’enseignement libre, alors que celui-ci est particulièrement présent dans notre département et accueille les élèves sans la moindre restriction sociale. Dans une ville populaire comme Tourcoing, on sait que les établissements privés reçoivent près de la moitié des élèves au niveau primaire, et près des 2/3 dans les collèges. Or, j’ai pu entendre dans la bouche des élus de l’opposition que l’enseignement privé devait demeurer marginal et qu’il était hors de question qu’il bénéficie de moyens identiques à ceux de l’enseignement public.

Rarement, des interventions ont à ce point présenté une image caricaturale : cela était le retour de la laicité de combat, avec pour Monsieur Bataille, qui manifestement ne doit pas beaucoup connaître le fonctionnement de l’enseignement catholique sous contrat, l’idée que l’existence de l’enseignement libre et sa défense, étaient du « bushisme à la française », avec pour conséquence l’interdiction d’enseigner Darwin à l’école !

[Or les écoles privées sous contrat en France doivent en fait enseigner le programme du Ministère. Voir Subordination de l'enseignement « libre ».]

Rarement la mauvaise foi a été à ce point étalée par des intervenants. Il leur parait scandaleux en effet que l’aide à l’enseignement privé puisse permettre l’exercice réel de la liberté du choix de l’enseignement, car ce serait selon eux, accorder un privilège aux écoles privées.

Il faut s’accrocher pour comprendre le raisonnement : donner la même chose, c’est donner plus ! J’ai du à plusieurs reprises leur rappeler que cela ne concerne que le fonctionnement et que les établissements privés et les parents qui leur confient leurs enfants sont pénalisés, puisqu’ils ont à leur charge au niveau primaire l’ensemble des dépenses d’investissement.

Cela constitue une très large économie au profit des communes qui n’ont à intervenir que dans l’entretien et la construction des bâtiments de leurs écoles publiques. C’est notamment le cas dans la ville de Tourcoing.

Une fois de plus, en panne d’idée(s), le regard tourné vers le rétroviseur et les débats du XIXe siècle, les socialistes ont démontré que leur conception de la laicité était celle de la guerre scolaire et non de la tolérance, que leur conception de l’égalité consistait à favoriser les uns au détriment des autres, et que leur conception de la liberté tendait à imposer une école au détriment d’une autre.

A plusieurs reprises, j’ai entendu les orateurs socialistes préciser que l’école publique était l’école de la République. En tant qu’enseignant d’une école catholique sous-contrat, et époux d’un proviseur de l’enseignement public, j’affirme hautement que nous avons l’un et l’autre travaillé pour le service public de l’Éducation nationale, c’est-à-dire pour l’école de la République dans laquelle il n’y a pas de place pour le sectarisme.