lundi 7 janvier 2013

La Russie rend obligatoire l’enseignement religieux dans les écoles

Cette année, tous les élèves de quatrième année (10-11 ans) en Russie doivent suivre un cours de religion. Contrairement au Québec qui prétend valoriser la diversité, mais impose un seul programme à tous, les élèves russes ont le choix entre six options : le christianisme orthodoxe, l'islam, le judaïsme, le bouddhisme, la morale laïque ou les religions du monde. La plupart des Russes se considèrent comme des chrétiens orthodoxes, mais la majorité des parents n'ont pas choisi cette classe pour leurs enfants.

Les élèves de quatrième année dans la classe de « Bases de la culture orthodoxe » discutent aujourd'hui de concepts sérieux. « Dieu est le créateur », explique l’institutrice. « Que faut-il entendre par là ? Qu’est-ce que ça veut dire ? »

Une fillette répond : « Il a créé le monde entier. »

La classe appelée « Bases de la morale laïque » est populaire parmi les élèves
Ici un cours sur le temple de Jérusalem, centre spirituel du peuple hébreu

L'enseignante utilise des manuels scolaires tout neufs et du matériel audiovisuel préparé par le ministère de l'Éducation.

Cette petite salle de classe à Saint-Pétersbourg est l'un des fruits d'une bataille de plus de 20 ans menée par l'Église orthodoxe russe pour réintroduire l'éducation religieuse dans toutes les écoles de Russie. Le porte-parole de l’Église orthodoxe, Vsevolod Tchapline affirme que ce fut vraiment une tâche très difficile.

« Nous avons eu des discussions eu commodes et très émotionnelles avec certains bureaucrates » de déclarer Tchapline. « Certains membres de la bureaucratie pédagogique sont encore très soviétiques d'esprit. »

En fin de compte, selon Tchapline, l'Église orthodoxe est satisfaite du résultat. « Je pense que les enfants et leurs parents comprennent qu'une telle éducation apporte un supplément de morale dans la vie de l'enfant et de la famille, il apporte une meilleure compréhension de ce qui fait la différence entre un musulman, un juif, un chrétien et un non-croyant », précise Tchapline.

Mais le nouveau programme n'est pas nécessairement ce que l'église escomptait. Les analystes disent que l'Église a dû accepter un compromis avec la bureaucratie d'État russe profondément laïque. L'Église avait tout d'abord insisté pour que ne soient offerts que des cours de religion orthodoxe russe.

Alors que, selon les sondages, entre 70 et 80 pour cent des Russes se considèrent comme des croyants orthodoxes, beaucoup sont clairement mal à l'aise de voir un programme de religion présentée par l’État dans les écoles laïques du pays. Au niveau national, seul un tiers des parents ont choisi de faire suivre le programme sur l'orthodoxie par leurs enfants.

Manuel du cours de religion orthodoxe

Nathalie Saprouga, mère d’écolier qui se dit une fervente orthodoxe, soutient que la religion n'a pas sa place dans les écoles publiques.

« Nous pensons que la religion est vraiment une affaire privée et que l’éducation religieuse devrait commencer en famille et continuer à l'église », explique Mme Saprouga. « C'est pourquoi nous avons choisi ce cours de morale laïque qui vise à aider nos enfants à développer des qualités telles que l'honnêteté, la bonté et de la justice. » (Au passage, on ne sait pas trop quelles valeurs le Cours d’éthique et de culture religieuse québécoise veut et peut inculquer si ce n’est la « tolérance » et le « dialogue »…)

Lors de ce cours de « bases de morale laïque », la classe discute d’Abraham et son importance pour les juifs et les musulmans. (C’est un grand classique de la tolérance superficielle, mais Ibrahim est en fait assez différent d’Abraham, voir ici.) La classe est le plus populaire des six choix, tant au niveau national que dans cette école.

Pour l’institutrice Nathalie Savinova, le programme laïc est très populaire parce qu'il va au-delà de la religion. Elle dit que les parents veulent que leurs enfants soient des personnes morales, mais ils ne se sentent pas confiants dans leur capacité à leur enseigner cette morale à la maison.

L’option la plus populaire après morale laïque est le cours orthodoxe, viendrait ensuite le cours qui présente un survol des religions du monde. En plus de ces trois options, on peut également donner des cours de base sur l'islam, le judaïsme et le bouddhisme. Selon le commentateur politique Constantin von Eggert, l'Église orthodoxe russe n’a peut-être pas obtenu ce qu'elle espérait, mais il salue les efforts de l'Église orthodoxe pour se rendre plus « pertinente » dans le monde d'aujourd'hui.

« Notre hiérarchie ne peut simplement pas penser que parce que nous sommes en théorie un pays majoritairement orthodoxe, ils peuvent se reposer sur leurs lauriers », de déclarer von Eggert.

En tant qu'église nationale, l'orthodoxie russe n'a jamais eu à rivaliser avec les autres religions, poursuit von Eggert. Jusqu'à présent. Il dit que la lutte pour les cœurs et les esprits renforceront l'Église. Toutefois, les parents russes préfèrent enseigner eux-mêmes la religion à leurs enfants, et cela ne fera probablement pas à l’aide d’un cours dans les écoles publiques.

Le président russe Vladimir Poutine a signé une nouvelle Loi sur l’éducation qui rend obligatoires ces classes de religion (à six options) dans toutes les écoles de Russie.

Sources (The Word & Moscow Times)

Voir aussi

Russie — Succès mitigés des cours de religion chrétienne, fort succès des cours de religion musulmane

Russie — Retour de l’enseignement religieux dans les écoles

Regard sur l'Est.

Aucun commentaire: