vendredi 26 novembre 2021

Émeute anti-Chine aux îles Salomon, l'Australie envoie des troupes

Canberra envoie des troupes aux Îles Salomon. Il s’agit d’aider au maintien de la sécurité alors que des émeutes ont éclaté dans la capitale. Les manifestants remettent en cause la rupture de leur pays avec Taïwan au profit de la Chine.

C’est bien à la demande du gouvernement local que l’Australie déploie une force de maintien de la paix à Honiara, la capitale des Îles Salomon. Sur place, des émeutiers réclamaient la démission du Premier ministre et ont envahi le quartier chinois. Plusieurs bâtiments ont été incendiés.

Une intervention aux contours bordés

Le rôle des troupes australiennes est limité comme le détaille Scott Morrison, le Premier ministre australien : « Notre objectif ici est d’assurer la stabilité et la sécurité, de permettre aux processus constitutionnels normaux au sein des Îles Salomon de traiter les divers problèmes qui se sont posés et que cela se fasse dans un climat de paix, de stabilité et de sécurité. Ce n’est pas l’intention du gouvernement australien d’intervenir de quelque manière que ce soit dans les affaires intérieures des Îles Salomon, c’est à elles de les résoudre. »

L’Australie est déjà intervenue aux Salomon

Scott Morrisson a aussi rappelé les liens qui unissent les deux pays et les divers domaines d’action de l’Australie aux Salomon : « Lorsqu’elles ont besoin de notre aide, elles la recevront, que ce soit en rapport avec des catastrophes naturelles, lorsqu’elles ont besoin de notre aide ou en rapport avec le Covid, lorsqu’elles ont eu besoin de vaccins et autres soutiens dans le déploiement de leur programme de vaccination. Et malheureusement dans une situation comme celle-ci, quand il y a à nouveau des troubles civils, nous sommes là pour les aider car elles nous sont très chères, en tant que membres de notre famille du Pacifique. » Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des troupes de Canberra interviennent aux Salomon. Notamment lors d’émeutes mettant en cause la présence chinoise.

A l’origine des émeutes, la rupture avec Taïwan mal digérée dans l’île de Malaita

Cette fois de nombreux manifestants viennent de l’île de Malaita. Ils protestent contre la rupture des relations avec Taïwan en 2019 au profit de Pékin (qui considère Taïwan comme une province chinoise et exige la rupture des relations avec Taipei pour l’établissement de relations diplomatiques avec d’autres pays). En effet, beaucoup d’habitants de Malaita avaient de fortes relations avec Taipei. Des liens ont d’ailleurs été maintenus. Les Taïwanais, comme les Américains continuent d’envoyer des aides à Malaita.

Les autorités chinoises « préoccupées »

Le gouvernement chinois observe la situation avec beaucoup d’attention à en croire Zhao Lijian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Empire du Milieu : « Nous pensons que sous la direction du Premier ministre (Manasseh) Sogavare, le gouvernement des Îles Salomon peut rétablir l’ordre social et la stabilité dès que possible. Nous sommes sérieusement préoccupés par les attaques contre certains citoyens et institutions chinois, et avons demandé au gouvernement local de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité des citoyens et des institutions chinois là-bas. Nos relations se sont bien développées au cours des deux dernières années depuis l’établissement de relations diplomatiques avec une coopération fructueuse dans les domaines économique et commercial, les infrastructures, l’éducation, la santé et d’autres domaines, apportant des avantages tangibles et le bien-être aux peuples des deux pays. Toute tentative de saper le développement normal des relations sino-salomonaises est futile. »

Rivalité Pékin versus Canberra et Washington autour des Salomon

Pas un mot donc, semble-t-il, à Pékin, sur l’aide australienne au gouvernement d’Honiara. Il est vrai que paradoxalement, Canberra (comme Washington) voit d’un mauvais œil le développement de la présence chinoise aux Salomon, redoutant notamment à terme l’implantation d’une base militaire. Une inquiétude qui concerne d’autres pays du Pacifique.

Source : la 1 (Nouvelle-Calédonie)

La Chine enregistre son taux de natalité le plus bas depuis 1978 : elle allonge le congé de maternité

La Chine allonge le congé maternité pour stimuler la natalité

Plusieurs régions de Chine ont décidé d’accorder au moins 30 jours de congés maternité supplémentaires, afin d’encourager les naissances dans un pays confronté au vieillissement démographique et à la baisse du nombre d’actifs. Les autorités autorisent depuis cette année tous les Chinois à avoir trois enfants. Elles espèrent ainsi relancer le taux de natalité, qui s’est effondré l’an dernier à son plus bas niveau depuis plus de 40 ans. Le gouvernement municipal de Pékin a annoncé vendredi que les femmes pourront désormais prendre 158 jours de congé maternité -- soit 30 de plus qu’auparavant. Les autorités de Shanghai [Chang-haï], ville la plus peuplée du pays (25 millions d’habitants), ont annoncé des mesures similaires.

Dans la province côtière du Zhejiang [Tché-Kiang en notation française] (Est), les mères d’un second ou d’un troisième enfant bénéficieront d’un congé maternité de 188 jours, soit plus de 26 semaines, a indiqué l’agence de presse officielle Chine nouvelle. La législation nationale accorde un congé maternité minimum de 98 jours. Le sujet était très discuté vendredi sur les réseaux sociaux. Globalement saluée, l’initiative suscitait toutefois les réserves de certains internautes. « Le taux de chômage des femmes va être encore plus élevé », car les entreprises pourraient y réfléchir à deux fois avant de les embaucher, estimait ainsi un utilisateur du réseau social Weibo. D’autres internautes regrettaient que la longueur du congé paternité restât inchangée à Pékin (15 jours), Shanghai [Chang-haï] (10) et dans le Zhejiang [Tché-Kiang] (15).

« Les entreprises vont favoriser les hommes au détriment des femmes », jugeait ainsi un utilisateur de Weibo. Après plus de trois décennies de « politique de l’enfant unique », la Chine a assoupli ses règles en 2016, autorisant tous les Chinois à avoir un deuxième enfant, puis un troisième cette année. Mais les incitations des autorités semblent avoir peu d’effet sur les ménages, confrontés à la hausse du coût de la vie, de l’éducation et du logement. Le taux de natalité a ainsi fortement reculé l’an dernier, tombant à 8,52 naissances pour mille habitants. C’est le chiffre le plus bas depuis le début de la publication de l’annuaire statistique chinois en 1978. 

 


Billet originel du 23 novembre

Avec 8,5 naissances pour 1 000 personnes en 2020, la Chine voit son taux de natalité chuter au niveau le plus bas jamais enregistré depuis 1978. Durant toute cette période, ce chiffre n’était jamais tombé en dessous de 10, aussi le gouvernement chinois s’inquiète d’un déclin de la population.

Ce taux de natalité était de 9,5 pour 1000 au Québec en 2020 [le plus bas de son histoire], alors qu’il était encore de 9,9 en 2019. En France, ce taux était de 10,9 naissances pour 1000 habitants en 2020. Ce taux était encore de 14,8 naissances pour 1000 habitants en 1984 en France.

Selon les données publiées le week-end dernier par le Bureau national des statistiques, le taux naturel de croissance démographique du pays, comprenant les naissances et les décès, est lui aussi très bas, à 1,45, d’après le Guardian. Avec un taux de natalité en berne et une mortalité stable, la Chine s’oriente vers une potentielle crise démographique.

 


Famille chinoise. Quatre grands-parents, deux parents, un seul enfant ? L’indice de fécondité chinoise serait de 1,3 enfant par femme en 2020.

Régulation des naissances assouplie

L’analyse des experts montre que cette situation tient notamment au nombre relativement faible de femmes en âge de procréer en Chine, mais aussi au coût de la vie, aujourd’hui élevé. Récemment, la crise du coronavirus est également tenue pour responsable. Depuis quelques années, les autorités ont introduit une série de mesures destinées à enrayer voire inverser le phénomène.

La régulation des naissances a par exemple été assouplie. La Chine a progressivement abandonné la politique de l’enfant unique en 2016, autorisant les couples à avoir deux enfants dans un premier temps, puis trois à partir de mai 2021. À l’époque déjà, cette décision avait été prise après la publication du recensement décennal (2020), qui avait mis le vieillissement rapide de la population en évidence.

En parallèle, le gouvernement a également promis de faire son possible pour réduire les coûts liés à l’éducation et a imposé une période de réflexion obligatoire avant un divorce. Une mesure au succès tout relatif puisque, si les divorces ont effectivement été moins nombreux, les mariages ont suivi le même chemin, selon le Bureau national des statistiques.

Au total, 12 millions de bébés sont nés en Chine en 2020, soit une baisse de 18 % par rapport à l’année précédente. À l’autre bout de la pyramide des âges, la Chine comptait l’an dernier plus de 264 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, soit quatre fois la population totale de la France. Cette classe d’âge constitue désormais 18,7 % du total, soit une hausse de 5,44 points de pourcentage par rapport au recensement de 2010. À l’inverse, la population d’âge actif (15 à 59 ans) ne représente plus que 63,35 % du total, en repli de 6,79 points sur 10 ans.

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Au rythme actuel, de 128 millions en 2017, la population japonaise tombera à moins de 53 millions de personnes à la fin du siècle.

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Chine

Même écartée, la « politique de l’enfant unique » aura pour effet, à long terme, de réduire à 732 millions la population chinoise après un sommet à 1,4 milliard d’habitants.

Brésil

Avec un taux de fécondité qui s’est effondré à 1,7 enfant par femme comparativement à 6,3 en 1960, la population brésilienne pourrait glisser de 211 millions à 164 millions d’ici la fin du siècle.

Nigéria

Le problème est inverse : la population nigériane va plus que tripler d’ici 2100, atteignant 791 millions d’habitants. 

 

Sources : agences, The Lancet, INSEE.

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jeudi 25 novembre 2021

Florilège Jordan Peterson (en français)

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Bibliothécaires choisissent livres non en fonction de leur qualité ou popularité, mais en fonction de leur prisme racialiste

L’édition jeunesse d’ici ne répond pas aux besoins des bibliothèques scolaires. « Je veux, j’ai besoin de plus de livres jeunesse avec des personnages asiatiques, noirs ou arabes », analyse la bibliothécaire au Centre de services scolaire des Mille-Îles Lyne Rajotte. L’édition jeunesse québécoise fait des avancées vers la diversité, et n’assouvit pas encore la faim des bibliothèques scolaires. « La littérature ne représente pas les visages qu’on voit dans nos écoles. » Trop blanc encore, le livre jeunesse d’ici ?
 
[Que le livre soit bon ou non, s'il est diversitaire on l'achète avec vos impôts]

Pour répondre aux besoins des 72 bibliothèques qu’elle gère, la bibliothécaire Lyne Rajotte a décidé il y a quatre ans « d’acheter 100 % des livres jeunesse où un enfant de la diversité apparaît. Ce livre-là, on l’acquiert, bon ou pas. On rentre 100 % de ce qui est non blanc en nouveautés dans nos bibliothèques. Et on a un budget plus grand encore que ce qu’on trouve sur le marché. On n’arrive jamais à vider notre enveloppe ».

Y a-t-il là un marché que l’édition québécoise ne saisit pas ? Ce désir d’augmentation de la diversité raciale en littérature jeunesse québécoise serait du moins partagé par l’ensemble des établissements du Québec, selon la présidente de l’Association pour la promotion des services documentaires scolaires (APSDS), Ariane Grenier.

Pourtant, plusieurs éditeurs disent partager aussi ce désir. Une vingtaine d’entre eux signait une lettre il y a un an, reconnaissant « le déséquilibre entre ce qui a été publié et la représentativité réelle de la société québécoise ». Un comité pour la diversité culturelle a aussi été mis en place à l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) il y a un an.


Illustration de Ravy Puth, issue du livre « Comment transformer une banane en vélo : une fable écologique » de l’« autrice » Jerry Dougherty.

L’objectif de ce comité est triple, explique Marc-André Audet, éditeur des Malins. « Améliorer la diversité dans nos histoires, dans nos écuries d’auteurs, dans nos équipes. » M. Audet confirme qu’en « bibliothèques présentement, il y a assurément plus de demande que d’offre. C’est tant mieux pour les auteurs racisés du Québec, dont les voix ne sont pas entendues assez présentement. Il y a un rattrapage à faire ».

L’éditeur poursuit : « Quand on regarde la couleur de nos romans et couvertures, des auteurs, des équipes, que ça ne ressemble pas assez à la couleur des gens qu’on croise dans les rues du Québec. » Entre les pages non plus : Rachel DeRoy-Ringuette avait réalisé en 2016, pour l’Université de Montréal, une étude sur la diversité en littérature jeunesse québécoise. Sur 200 titres pour les 0-11 ans qu’elle avait étudiés, 18 % contenaient des personnages de la diversité culturelle. De ceux-là, seuls 8 % d’entre eux avaient réellement un rôle « actif ».

Pourtant, en 2018, une étude du Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec indiquait qu’alors, « les élèves issus de l’immigration (de première et deuxième générations) constituent globalement plus du quart des élèves au Québec (27 %), et plus de 50 % de ceux des écoles montréalaises ».

Profil de l'immigrant au Québec en 2019 : très peu d'Européens, certains eux-mêmes issus de l'immigration en Europe

Et cinq ans plus tard, la diversité dans les livres jeunesse ? « Mon feeling [sic, sentiment], sans données, précise celle qui enseigne aux futurs enseignants, c’est qu’il y a eu une évolution. Mes observations laissent supposer qu’il y a plus de personnages issus de la diversité aujourd’hui. »

Les stéréotypes, qu’elle notait fort présents en 2016, ont-ils cédé leur place ? « Ce qu’on voyait à l’époque, c’est que les personnages issus de la diversité étaient souvent à l’arrière-scène. »

Apprendre par le pareil

« J’ai l’impression qu’il y a plus de personnages de la diversité à l’avant-plan maintenant, avance Mme DeRoy-Ringuette. Mais est-ce qu’on offre à ces personnages de vivre aussi des choses ordinaires ? Ou s’ils se retrouvent toujours dans l’exotisation, ou la ségrégation, le racisme, ou des thèmes propres à leur seule diversité ? Ce serait important de le savoir. »

C’est que la diversité, explique encore Mme DeRoy-Ringuette, est un outil dans l’apprentissage de la lecture. La spécialiste s’appuie sur l’analyse critique du multiculturalisme en littérature jeunesse faite par Bothelo et Rudman en 2009. « Ils y disent, résume la spécialiste, qu’il y a des textes-miroirs, où tu te reconnais. Des textes-portes qui t’amènent à agir pour une justice sociale. Et des textes-fenêtres où tu observes l’autre. »

Pour le lecteur tout débutant, « c’est important de se reconnaître, et de reconnaître l’autre », car la distance peut faire obstacle à la compréhension. « Le problème, s’il y a beaucoup de personnages blancs, c’est que les enfants issus de la diversité ne se reconnaissent pas, et se trouvent toujours dans une observation. »

Maudits bleuets

Chantal Lalonde, vice-présidente aux éditions Scholastic Canada, qui ont pris un tournant marqué vers la diversité il y a plus d’une décennie, renchérit. « Il faut que les enfants se reconnaissent dans ce qu’ils lisent. Petites, quand on lisait nos Comtesse de Ségur, on était à des milles de ce qui s’y passait. Je me rappelle très bien ne pas comprendre ce que je lisais, et que les bleuets y étaient des myrtilles, et que je ne savais pas si c’était un fruit ou une fleur… »

Cette reconnaissance directe qui aide l’apprentissage explique peut-être pourquoi les éditeurs scolaires ont une longueur d’avance en intégration de la diversité dans leurs contenus, selon plusieurs spécialistes. Les manuels, créés pour répondre à des objectifs pédagogiques, doivent aussi remplir les critères du ministère de l’Éducation, souligne Ariane Régnier de l’APSDS.

Les manuels scolaires doivent ainsi être exempts de discrimination et de stéréotypes. Les personnages doivent y entretenir des rapports égalitaires avec les autres et être présentés généralement en interaction. Et « les personnes qui présentent des caractéristiques différentes de celles de la majorité doivent y être bien représentées ».

« Les éditeurs littéraires n’ont pas à passer par ce processus », rappelle Mme Régnier. « Le désir de refléter davantage notre clientèle, nos élèves est présent depuis longtemps », indique Lyne Rajotte. « On était prêts en bibliothèque bien avant que les maisons d’édition et les auteurs se mettent à inclure de la diversité dans leurs livres. Mais c’est un mouvement : on ne bouge pas tous en même temps, mais on bouge tous dans la même direction. »

L’éditeur Marc-André Audet le croit aussi : « Les choses sont appelées à changer, on le voit avec le succès des Michel Jean et Isabelle Picard, et des auteurs des Premières Nations. J’espère qu’on va se mettre à recevoir plus de manuscrits d’auteurs racisés. Probablement qu’il y a plein de gens qui n’ont jamais envisagé la possibilité d’être publiés en français au Québec, et qui ne savent pas qu’on aimerait les lire. »

Pour le comité sur la diversité culturelle de l’Association nationale des éditeurs de livres,

le président Rodney Saint-Éloi (ci-contre), de Mémoire d’encrier, écrivait : « Il nous faut, dans le monde de l’édition comme dans la société, engager la conversation pour sortir de l’entre-soi. Il faut commencer à s’interroger. Amener des questions. Des questions pour dire la totalité de nos émotions. La totalité de nos êtres. La totalité de nos imaginaires. La totalité de nos histoires. Que serait la société si on s’acharnait à laisser de côté l’histoire et la culture des Premières Nations et l’histoire des personnes issues de l’immigration ? »

Source : Le Devoir


mercredi 24 novembre 2021

États-Unis — Regain de popularité des écoles privées catholiques

La fréquentation des écoles catholiques était en baisse depuis des années aux États-Unis.

Le nombre d’élèves inscrits était passé d’un sommet de 5,2 millions au début des années 1960 à environ 1,6 million l’année dernière. Mais cet automne, les diocèses de tout le pays voient leurs inscriptions augmenter. L’Association nationale pour l’éducation catholique continue de recueillir et d’analyser les dernières données, mais ses chiffres préliminaires montrent des augmentations dans la plupart des diocèses.

Le diocèse de Brooklyn-Queens à New York, l’un des plus grands du pays, a connu une augmentation pour la première fois depuis une décennie ou plus. Près de 60 % de ses écoles connaissent une croissance, souvent de 10 %. Partnership Schools, un réseau d’écoles catholiques à New York et à Cleveland, a enregistré une augmentation de 16 %. Le diocèse de Springfield, dans le Massachusetts, est en hausse de 13 %. Le diocèse d’Arlington, qui comprend la banlieue de Washington, DC, a augmenté de 6 %. L’archidiocèse de Baltimore, le plus ancien du comté, a connu une augmentation similaire. L’archidiocèse de Chicago, qui comprend certaines banlieues, a connu une augmentation de 5 %. Les inscriptions ont augmenté de près de 4 % dans les écoles élémentaires catholiques de l’archidiocèse de Philadelphie.

Pourquoi les écoles catholiques se développent-elles soudainement ? L’automne dernier, de nombreux réseaux scolaires publics, sous la pression de syndicats craintifs de la Covid-19, ont retardé leur réouverture et n’offraient pas d’apprentissage en classe à temps plein. Lorsque les écoles catholiques ont rouvert, la plupart ont offert un apprentissage en personne. Cela a plu aux familles peu satisfaites de l’apprentissage à distance — de nombreux nouveaux élèves sont des enfants dont les parents ne peuvent pas travailler à domicile. La plupart des écoles catholiques disposaient de beaucoup d’espace leur permettant d’assurer une bonne distanciation sociale : ces salles de classe vides, nées du déclin de fréquentation ces dernières années, se sont avérées très utiles.

Les familles ont pris note, y compris les non-catholiques. En 1970, seuls 2,7 % de la population scolaire des écoles catholiques étaient non catholiques. L’année dernière, la proportion avoisinant les 20 %. Dans certains diocèses, il approchait les deux sur cinq. Kathleen Porter-Magee, surintendante des écoles de Partnership Schools, déclare que les enfants de ses écoles de Cleveland sont presque tous non catholiques : « Nous aimons citer feu le cardinal Hickey de l’archidiocèse de Washington qui a dit : “Nous éduquons nos communautés, pas parce qu’elles sont catholiques, mais parce que nous le sommes”. »

Les surintendants catholiques et les directeurs du recrutement sont un peu dépassés par cette augmentation. Mary Pat Donoghue de la Conférence des évêques catholiques d’Amérique espère que cela permettra de stabiliser la population scolaire. Le père Joe Corpora de l’Université de Notre-Dame met en garde : « Nous n’aurons plus jamais une autre chance comme celle-ci. » Certains diocèses et écoles travaillent sur des plans de rétention et de commercialisation, une première pour beaucoup.

Les écoles catholiques ne sont pas bon marché. Les frais de scolarité s’élèvent en moyenne à 4 800 $ par an pour les écoles élémentaires et le secondaire coûte plus de 11 000 $. Historiquement, les paroissiens aidaient à compenser les frais de scolarité avec ce qu’ils mettaient lors de la collecte dominicale. Mais moins de gens vont à l’église, ce flux de financement s’est donc tari. Les nombreux scandales d’abus sexuels ont également nui aux inscriptions. Les écoles à charte, qui partagent certains des attributs des écoles catholiques (uniformes, discipline, valeurs communautaires) ont également éloigné les futurs élèves des écoles catholiques. Il est difficile de rivaliser avec des écoles gratuites. Le marché scolaire est en effet fortement déséquilibré par les subventions gouvernementales.

Selon The Economist, malgré ces coûts supplémentaires, de nombreuses familles sont prêtes à payer et lorsque les écoles publiques ont rétabli l’apprentissage en personne, les parents n’ont pas renvoyé leurs enfants à l’école publique. 

Voir aussi

Virginie — Victoire surprise d'un républicain en faveur du droit de regard des parents dans l'éducation de leurs enfants 

États-Unis — Viol d’une élève dans les toilettes pour filles, sodomisée par un élève trans, couvert par des autorités scolaires (m à j) 

Covid — Floride se félicite d'avoir gardé les écoles ouvertes

Les jeunes attirés par la droite, parce qu’ils rejettent le wokisme, le correctivisme politique et le pharisianisme

Insister sur Pythagore et π perpétuerait le « privilège immérité » des Blancs

Pendant le Grand Réveil woke, l'écart des résultats en maths et en lecture entre les élèves noirs et blancs a cru de 20 %  

New York reporte encore la rentrée en personne dans les écoles publiques 

Profs américains s'opposent à l'ouverture des écoles malgré les leçons européennes

Patriarcat blanc : plus grande proportion de femmes racisées fréquentent désormais l'université que les jeunes hommes blancs

États-Unis — Pas de réduction de l’écart scolaire en maths et lecture entre les groupes ethniques

États-Unis — Suppression de classes « avancées » au nom de l’« équité » (trop de blancs et d’Asiatiques y sont inscrits)

États-Unis — district scolaire exclut élèves asiatiques des personnes de couleur et les classe avec les Blancs  

Ministère de la Justice accuse Yale de discrimination raciale contre blancs et asiatiques (14 août 2020) [Depuis l’Administration Biden a abandonné les poursuites au nom de l’« équité » 

L'opinion sur l'utilisation des bloqueurs de puberté aux États-Unis est en train de changer

États-Unis — 34% des étudiants blancs ont menti sur leur race pour être admis ou bénéficier d'aides 

Ministre de l'Éducation de Biden incapable de dire que les parents sont les premiers intéressés dans l'éducation de leurs enfants 

États-Unis — Les Démocrates exagèrent nettement plus les effets de la Covid-19 que les Républicains 

Élèves de 10 ans ne doivent pas révèler à leurs parents les questions posées en matière d'identification de genre 

« "Connais-toi toi-même", ce proverbe africain », selon le plus grand syndicat d'enseignants américain

Un nouveau sondage suggère que le soutien pour l'idéologie transgenre est en déclin   

Brèves en éducation de l'Empire

États-Unis — Des profs lancent une université afin de lutter contre l’idéologie woke dans l’enseignement supérieur  

Wikipédia et les GAFAM : parti pris et désinformation sur le « grand remplacement »

Le Livre Noir a publié une vidéo micro-trottoir où ses journalistes ont demandé à des personnes issues de l’immigration ce qu’il pensait du « Grand remplacement ». « Le Grand Remplacement » des populations par l’immigration est ce concept théorisé par l’essayiste Renaud Camus depuis 2010 fait aujourd’hui florès dans le milieu politique.

 

lundi 22 novembre 2021

Dernières nouvelles sur la Covid-19

  • Alberta : « La pandémie de COVID-19 a retardé le diagnostic de nombreuses [tumeurs] pédiatriques, parfois avec des résultats dévastateurs... On a laissé les tumeurs se développer beaucoup plus longtemps en raison de retards de diagnostic. » Il faudrait plutôt dire : la gestion de la pandémie et notamment les confinements ont retardé le diagnostic des tumeurs pédiatriques.

  • Le risque de développer le syndrome coronarien aigu (SCA) a considérablement augmenté chez les patients après avoir reçu les vaccins COVID-19 à ARNm, selon un rapport présenté aux sessions scientifiques 2021 de l’American Heart Association (AHA). « l’ARNm [vaccins] augmente considérablement l’inflammation de l’endothélium et l’infiltration de lymphocytes T du muscle cardiaque et peut expliquer les observations d’une thrombose accrue, de cardiomyopathie et d’autres événements vasculaires après la vaccination ».

  • Fabrique du consentement au sujet de la vaccination des enfants ?

  • Le variant delta semble avoir disparu au Japon. À la mi-août, le Japon a connu un pic d’infections au Covid-19, enregistrant plus de 23 000 nouveaux cas par jour. L’archipel nippon a une population de 126 millions d’habitants. Ces jours-ci, le nombre de cas n’est que d’environ 170, les décès attribués à la maladie restant le plus souvent sous la dizaine ce mois-ci. Certains mentionnent le haut taux de vaccination au Japon [77%] (environ celui du Canada [76%] ou de la Corée [79 %]), mais la Corée, elle, connaît une recrudescence du nombre de cas infectés. Ituro Inoue, généticien à l’Institut national de génétique, estime que le Japon a eu la chance de voir la souche Delta éliminer principalement d’autres variantes du virus SARS-CoV-2 avant de disparaître elle-même. Selon ses explications parues dans le Japan Times, le virus aurait tellement muté qu’il aurait accumulé les mutations délétères pour sa survie. Il sera donc ainsi éteint. Pour d’autres, l’autorisation d’utiliser l’ivermectine à partir du 13 août 2021 aurait joué un rôle important dans cette chute rapide des infections.

  • Selon le statisticien Mathew Crawford sur la foi des données officielles britanniques, les chiffres sur l’excès de mortalité ne montrent aucun avantage lié à la vaccination Covid-19. Résumé de son article détaillé. Crawford a pris les données officielles. Dont voici un graphique,

    Cependant, il est bien connu que la cohorte vaccinée a un profil d'âge plus élevé que la cohorte non vaccinée. Autrement dit, les jeunes sont moins vaccinés que les personnes très âgées. Et quand les jeunes ont été vaccinés, il l'ont été plus tard. Aussi faut-il s'attendre à voir une plus grande mortalité toutes causes confondues dans le groupe le plus vieux. Les données brutes donnent une illusion due à l'agrégation de données souvent appelée paradoxe de Simpson.

    Pour éviter ce piège, Crawford a considéré l’âge des personnes vaccinées et non vaccinés pour déterminer la mortalité escomptée pour ces deux cohortes étant donnée la distribution de leurs âges respectifs. Le statisticien a ensuite tracé les données réelles de mortalité toutes causes confondues de 2021 par rapport aux données de mortalité toutes causes attendues. Comme on peut le voir, la cohorte vaccinée, en raison d’un âge généralement plus avancé, devrait connaître une mortalité toutes causes plus élevée. (Les teintes plus claires sont les données projetées, des teintes plus foncées les données observées. Le rouge est pour les vaccinés, le bleu pour les non-vaccinés. Le trait bleu foncé représente donc les décès hebdomadaires observés pour les non-vaccinés.) 


    À la vue de ce graphique, il est difficile de déterminer quelle cohorte a subi le plus de surmortalité au cours des mois de la mi-2021 ! Aussi, Crawford a-t-il calculé la surmortalité de chaque cohorte pour chaque semaine (couleurs pâles), ainsi que de manière cumulative (couleurs foncées). Il obtient alors ce graphique : 

     

    Les tendances cumulatives s’entrecroisent, et il semble raisonnable de rejeter toute différence comme du bruit statistique. Mais lorsque l’on calcule le petit bénéfice global observé à la fin de la période de 28 semaines pour le groupe vacciné, cela ne représente que 5 décès par million de doses.

    Crawford ajoute qu'il continue de penser qu'il existe une surmortalité parmi le groupe vacciné mais qu'elle n'est pas visibles pour les données fournies (mi-2021), car ces décès se seraient produits « en masse » au début du programme de vaccination du Royaume-Uni (début 2021) chez les personnes âgées. Pour lui, « Il semble certain que ces vaccins tuent plus de personnes qu'ils n'en sauvent. » 

     


 

Semaine du 12 au 21 novembre

Le Parti conservateur du Québec veut moins d’immigrants

Le Parti conservateur du Québec compte diminuer les seuils d’immigration. Alors que le chef Éric Duhaime refusait de s’engager sur cette voie — préférant ajuster les seuils en fonction des besoins du marché —, les membres ont amendé une proposition, dimanche, afin que le Québec accueille moins de nouveaux arrivants.

À l’école La Voie, à Côte-des-Neiges

Un membre voulait initialement diminuer le nombre d’immigrants de 50 %. Éric Duhaime a plaidé que de chiffrer la baisse du nombre d’immigrants serait « une erreur stratégique ». Après l’intervention du chef, une proposition sans pourcentage a été adoptée. La nouvelle mouture indique que le PCQ « diminuera les seuils d’immigration en fonction de l’efficacité des mesures qui auront été implantées pour contribuer durablement au développement économique du Québec ».

Plusieurs adhérents du parti ont critiqué la Coalition avenir Québec d’avoir renié sa promesse en la matière, et ont dit que leur formation ne devait pas commettre la même erreur. Alors que le Québec vit une importante pénurie de main-d’œuvre, le PCQ estime que l’immigration ne constitue pas une solution efficace pour régler ce problème.

Prendre en compte la capacité d’assimilation

Le cahier de proposition indique que « la minorité culturelle québécoise ne cesse de décliner, dans un contexte canadien à forte majorité anglophone où prédomine le multiculturalisme ». Le parti veut donc sélectionner les immigrants en fonction de leur « compatibilité civilisationnelle ».

La connaissance du français sera aussi un critère de sélection. Le PCQ veut contrôler le programme de regroupement familial et entend rapatrier, à long terme, tous les pouvoirs en matière d’immigration.

En ouverture des discussions sur ce thème, le président de la Commission politique du parti, André Valiquette, a voulu clarifier les choses. « Je voudrais dire aux gauchistes que nos propositions n’ont rien à voir avec le racisme », a-t-il lancé, ajoutant que « tous sont bienvenus au Québec pour s’assimiler, mais ça ne veut pas dire que toutes les civilisations et toutes les cultures s’assimilent facilement ».

Pandémie, CHSLD et médias traditionnels subventionnés

L’ancien chef du parti, Adrien Pouliot, a fait un discours dans lequel il a critiqué la gestion de la pandémie par le gouvernement. « Le Québec a pratiquement euthanasié 6000 aînés dans nos CHSLD par grossière incompétence », a-t-il lancé.

Adrien Pouliot a aussi critiqué les « médias traditionnels » disant qu’il avait fait un travail « pas mal ordinaire » durant la pandémie. Il en a profité pour lancer un appel aux membres « Il est temps de réfléchir à mettre en place un média alternatif qui va être crédible, professionnel, accessible, et qui va être là pour faire le contrepoids aux médias traditionnels qui mangent dans la main de leurs maîtres. »

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Très forte augmentation des élèves allophones à Montréal (2017) 

Ottawa accepte de plus en plus d’« étudiants » anglophones au Québec, de moins en moins de francophones 

Pénurie de la main-d’œuvre et immigration — attention aux sophismes 

Les cégeps anglophones sont devenus des cégeps allophones 

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Organismes subventionnés pro-immigration sanctionnés par Québec pour pratiques frauduleuses (m à j)

L’immigration, le remède imaginaire  

L’immigration essentielle pour combler le manque de travailleurs au Québec… Vraiment ?

Institut Fraser : L’immigration massive nuit au bien-être des Canadiens en général ; les politiques d’immigration doivent être revues (étude de 264 pages) 

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Un Québec de plus en plus divers, est-ce vraiment une bonne chose ?  

Controversé projet scolaire sur l’immigration à une école secondaire de Karoumaska  

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La démographie, c’est le destin (le débat, vidéo)  

Canada — Faire passer l’immigration de 300 000 personnes par an à un million 

L’initiative du Siècle (dont un des cofondateurs est Dominic Barton, actuellement ambassadeur du Canada en Chine populaire). En anglais uniquement.

Implosion démographique : y remédier en renouant avec des valeurs qui privilégient descendance et transmission 

Les Canadiens français deviendraient minoritaires au Québec en 2042 (long billet, graphiques)

Hollywood victime de la nouvelle guerre froide chinoise

Pékin n’accepte plus qu’au compte-goutte les productions américaines. Un casse-tête financier pour ces studios anglo-saxons.

Lentement, mais sûrement, la Chine s’applique à effacer Hollywood du générique. L’industrie cinématographique n’est pas un secteur économique comme les autres. Dans un environnement de tensions croissantes entre Pékin et Washington, elle tient lieu de champ de bataille stratégique. C’est une arène, où les deux superpuissances s’affrontent sur le terrain de l’influence culturelle.

Le 9 novembre dernier, le Bureau chinois du film (国家电影局) a justement rendu public son 14e « plan quinquennal » pour le développement de sa filière cinématographique. Objectif ? Faire de la Chine, à l’horizon 2035, « une puissance culturelle forte », dont les films constitueraient le bras armé. Si Pékin y encourage à « ouvrir les marchés étrangers » en étant présent dans les grands festivals de films internationaux tels Cannes, la priorité est surtout donnée à son marché intérieur, un formidable vivier de près de 1 milliard et demi de consommateurs. Au cours des cinq prochaines années, le pays étendra ainsi son parc à 100 000 salles de cinéma, soit un quart de plus qu’aujourd’hui. À titre de comparaison, les États-Unis en totalisent actuellement 40 000 et la forte poussée de la consommation des films en diffusion continue à la demande incite plutôt à réduire la voilure…

À mesure qu’il augmente la taille de son marché cinématographique, Pékin en verrouille l’accès. Une décennie plus tôt, le box-office chinois était dominé par les superproductions hollywoodiennes, Parc Jurassique, Avengers, Aquaman… Plus question désormais qu’ils s’y taillent la part du lion. De nouvelles mesures doivent entrer en vigueur afin que les films nationaux s’adjugent l’essentiel des recettes annuelles de cinéma. En 2019, la production locale avait déjà atteint 64 % des recettes et même 84 % l’an dernier, d’après les chiffres fournis par le service de billetterie Maoyan.

Bascule historique 

Pour occuper le terrain et gagner des parts de marché, reste à renforcer la production locale. « Chinawood » devra être capable de produire au moins dix superproductions majeures par an « à la fois populaires et acclamées par la critique », en plus d’une cinquantaine de locomotives, des longs-métrages très rentables.

En réalité, le « fabriqué en Chine » a déjà le vent en poupe auprès du public local. Trois des cinq films les plus rentables au monde cette année sont des superproductions chinoises. D’après les chiffres du site spécialisé Box Office Mojo, La Bataille du lac Changjin a engrangé 882 millions de dollars de recettes, devant Salut, maman! avec 822 millions. Mieux que la franchise Fast and Furious 9, avec 721 millions de dollars. Mieux, également, que le dernier James Bond et ses 710 millions de dollars. Sur la cinquième marche du podium, la production chinoise Détective quartier chinois 3 a récolté 686 millions.

Les salles obscures sont tenues de projeter, deux fois par semaine, aux meilleurs créneaux horaires, des films patriotiques à la gloire du Parti communiste chinois Dans cette guerre froide cinématographique, la Chine rêve de prendre l’avantage sur Hollywood. L’an dernier, à la faveur de la crise sanitaire, elle a inscrit son nom tout en haut de l’affiche : le pays est devenu le premier marché mondial du septième art, laissant le second rôle aux États-Unis. Une bascule historique. 2020, il est vrai, était atypique. L’empire du Milieu a remporté la joute financière, mais ce fut, en quelque sorte, faute de combattants : les salles de cinéma américaines sont restées longtemps fermées et la production de films « fabriqués aux États-Unis » s’est retrouvée à l’arrêt complet durant des mois. Pékin a profité de ce moment de faiblesse pour lancer les grandes manœuvres. Maintenant qu’elle a détrôné les États-Unis, la Chine compte bien conserver sa couronne et ne retient plus ses coups.

En avril, le Bureau chinois du film et le Service de propagande du Comité central du Parti communiste chinois ont tiré une première salve. Les deux organismes ont exigé que les cinémas privilégient, jusqu’à la fin de l’année, les films locaux. Et pas n’importe lesquels. Les salles obscures sont tenues de projeter, deux fois par semaine, aux meilleurs créneaux horaires, des films patriotiques à la gloire du Parti communiste chinois (PCC), dont le centenaire a été célébré début juillet.

Lien de cause à effet ? En 2021, le nombre de films américains diffusés dans le pays est en chute libre. Autour d’une vingtaine. Loin du quota officiel de 34 longs-métrages des É.-U. pourtant autorisés en Chine chaque année… Plus loin encore des 52 films yankees sortis en 2019 — en incluant les coproductions sino-américaines, qui permettent de contourner les quotas — et des 63 longs-métrages diffusés en 2018…

Lorsque les films hollywoodiens obtiennent néanmoins le feu vert, Pékin s’arrange souvent pour qu’ils ne soient pas mis en avant durant les périodes de forte affluence, comme le Nouvel An lunaire. Manière de laisser le champ libre aux productions nationales.

Vu des collines de Hollywood, la Grande Muraille n’a jamais semblé aussi haute à franchir. Ceux qui salivaient à l’idée de transformer ce marché gigantesque en un lucratif relais de croissance voient leurs espérances rapetisser sous les coups de boutoir du président Xi Jinping et de sa politique ultranationaliste.

Au point que les studios américains se retrouvent avec une migraine carabinée. Ce n’est pas Disney qui dira le contraire. La plus grande entreprise de divertissement au monde a récemment produit deux gros films, Mulan puis Shang-Chi et La Légende des dix anneaux, conçus notamment pour séduire le marché chinois. Le premier, un nouvelle version du dessin animé, est inspiré d’une ancienne légende de l’empire du Milieu. Ce long-métrage, qui a coûté 200 millions de dollars à produire, a bien été autorisé à sortir en Chine. Mais il a été immédiatement torpillé par la critique au motif d’avoir mal adapté à l’écran ce célèbre conte issu du folklore local. Sans parler des appels au boycottage du film en Occident, car des scènes avaient été tournées dans la région du Xinjiang (Turkestan chinois), où Pékin est accusé de violations des droits des Ouïghours.

La seconde mégaproduction, Shang-Chi et La Légende des dix anneaux est le tout premier film de super-héros Marvel à présenter un acteur asiatique dans le rôle principal en plus d’une distribution majoritairement asiatique. Un super-héros chinois, pour éviter Les Fourches caudines de la censure et s’ouvrir en grand les portes du premier marché au monde ? Disney s’en frottait déjà les mains. Raté. Lancée le 3 septembre aux États-Unis et à l’international, la superproduction n’a toujours pas de date de sortie prévue en Chine. Peut-être que les commentaires de la vedette du film, Simu Liu, qualifiant la Chine de pays du « tiers-monde », y sont pour quelque chose. Tenus en 2017, ces propos peu élogieux avaient opportunément refait surface sur les réseaux sociaux chinois en septembre…

Le four organisé de Croisière dans la jungle

Quand la Chine ne met pas son veto, c’est le public qui boude. Mi-novembre, Croisière dans la jungle (Jungle Cruise à Paris), le film d’aventures incarné par les vedettes Dwayne Johnson et Emilie Blunt, a récolté pour son premier week-end en Chine la somme dérisoire de 3,3 millions de dollars. Un fiasco au regard des 200 millions de dollars investis par Disney dans la production de cette superproduction. Pékin, il faut le dire, n’a pas vraiment aidé le film à percer. Il a donné son feu vert plus de trois mois après sa sortie en salle et en continu sur Disney+ aux États-Unis. Entre-temps, le piratage était passé par là.

Bref, Hollywood se retrouve dans une impasse. Au moment où la dépendance des studios américains à l’égard du marché chinois est la plus forte, Pékin ferme le robinet, pour des raisons réglementaires ou des questions de censure. Ces dernières années, en effet, les majors ont fait fructifier leur modèle en concentrant de plus en plus leurs investissements dans quelques grandes franchises. Impossible à présent de les faire prospérer sans les salles chinoises. L’empire du Milieu, qui pourrait cette année encore décrocher le titre de premier marché mondial du septième art, est devenu incontournable quand les films sont autorisés et projetés. La preuve : le neuvième opus de Rapides et Dangereux (Fast and Furious), par exemple, y a engrangé plus d’argent (204 millions de dollars) qu’aux États-Unis (173 millions de dollars). Dans le cas de Godzilla c. Kong, c’est même quasiment deux fois plus : 189 millions en Chine contre 100 millions outre-Atlantique. Tout l’inverse des superproductions chinoises. La Bataille du lac Changjin, numéro 1 des recettes cinématographiques mondiales, a réalisé l’intégralité de son chiffre d’affaires sur son marché intérieur…

En réussissant à gripper la machine hollywoodienne, Pékin remporte une manche. « Si j’étais un investisseur, je serais très préoccupé par une stratégie qui dépendrait de l’accès au marché chinois et des bonnes grâces des régulateurs chinois du cinéma », expliquait récemment au Financial Times Aynne Kokas, auteur de Hollywood made in China et professeur d’études à l’université de Virginie. De son point de vue, produire des films à gros budgets en prévision d’une sortie sur le marché chinois, mais sans la garantie qu’ils y soient projetés serait… « financièrement irresponsable ».

Bannis du marché chinois, les super-héros survivront-ils longtemps ? Venom, Veuve noire (Black Widow), avec Scarlett Johansson, ou encore Eternals, le dernier Marvel, n’ont pas obtenu leur passeport. Compliqué, dans ces conditions, d’atteindre et de dépasser le milliard de dollars de recettes au box-office mondial, comme au temps des Avengers. Sauf exception, les super-héros hollywoodiens n’ont donc pas fini de broyer du noir.

Source : Le Figaro (avec corrections)

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