Ses membres fondateurs entendent lutter contre la censure dans les facultés américaines.
« Nous ne pouvons pas attendre des universités qu’elles se réparent elles-mêmes. Alors, nous en créons une nouvelle » ; « Le système de l’enseignement supérieur est cassé » ; « Une université dédiée à la liberté de penser »… Aux États-Unis, un groupe de chercheurs, d’enseignants et de militants ont décidé de lancer leur propre université. Une manière de lutter contre une idéologie qui, selon eux, gangrène l’enseignement supérieur et même les plus prestigieuses institutions : celle qui impose la « censure » et empêche « la liberté de penser ».
Notons qu’il existe déjà d’autres universités « antiwoke » aux États-Unis, telles que Hillsdale (1400 étudiants), l’Université Brigham Young ou celle de Cedarville. Il existe même un palmarès des universités les plus conservatrices aux États-Unis. Cette nouvelle université semble plutôt se positionner au centre, sera libérale, voire progressiste à l’ancienne, mais résolument anti-woke.
Ainsi, l’établissement sera baptisé « l’Université d’Austin » et se situera dans l’état du Texas. Il ne dispense pas de diplômes pour l’instant, précisent ses fondateurs. Mais un enseignement sera organisé dès l’été prochain dans le cadre d’un programme baptisé « Forbidden Courses » (« les cours interdits », littéralement), est-il indiqué sur le site web de la faculté. Il sera proposé « aux meilleurs étudiants d’autres établissements » qui pourront ainsi assister à « une discussion animée autour des questions les plus provocatrices et menant souvent à une forme de censure ou d’autocensure dans la plupart des universités ». Selon le président de cette toute nouvelle université, Pano Kanelos, cet enseignement réunira des professeurs de tous les bords politiques afin « d’aider les étudiants à forger leurs propres opinions et idées », précise-t-il au New York Times.
« L’Université d’Austin est une université d’arts libéraux qui se consacre à la liberté de la recherche, la liberté de conscience et la discussion civilisée », lit-on encore sur le site. « Afin de garantir ces principes, l’université est farouchement indépendante tant financièrement, intellectuellement que politiquement. » Privée et pas encore accréditée, l’université d’Austin entend développer plusieurs masters en entrepreneuriat et leadership dès l’automne 2022 puis, un an plus tard, un master en politiques, histoire, éducation et service public.
« L’université n’est plus le lieu où la curiosité prospère »
Les futurs étudiants suivront des cours en présentiel (séminaires, conférences, sessions d’études en effectifs réduits). En classe, « chaque opinion sera écoutée » et « devra être appuyée par des faits ». À l’automne 2024 sera lancé un premier cycle universitaire, ouvert aux étudiants qui viennent de sortir du lycée. Au cours des deux premières années, les étudiants « suivront un cursus en lettres, en sciences sociales et humaines. »
Pano Kanelos, indique au New York Times que l’idée a surgi après plusieurs échanges, notamment avec Bari Weiss. Cette journaliste s’est fait connaître pour avoir quitté le prestigieux journal américain après avoir été harcelée. La raison ? Elle ne pensait pas « comme il faut », indique-t-elle. Parmi les membres fondateurs se trouve Peter Boghossian, professeur de philosophie qui a démissionné de son poste à l’université de Portland après avoir été lui aussi harcelé. Au Figaro Étudiant, il témoignait : « L’université n’est plus le lieu où la curiosité intellectuelle prospère, c’est désormais le lieu où elle meurt. »
Enfin, qu’en est-il du financement d’un tel projet ? « Nous avons réuni l’argent nécessaire pour lancer l’université. Mais nous sommes en train de rassembler 250 millions de dollars, ce qui nous permettra de devenir une université polyvalente », est-il indiqué sur le site de l’établissement. De plus, ses membres fondateurs indiquent développer un « nouveau modèle financier » qui leur permettra de « diminuer les frais de scolarité en évitant de dépenser excessivement dans l’administration ». La majorité des ressources, est-il précisé sur le site, seront investies dans le programme académique de l’établissement. « J’aimerais que le coût de la scolarité soit en dessous de 30 000 dollars par année », confie Pano Kanelos au New York Times.
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