Le texte ci-dessous est de Joseph Facal dans le Journal de Québec, il résume un article de Jonathan Kay.
Mais rappelons d’abord le contexte. La pandémie a été une période difficile pour les universités canadiennes, car l’adoption des salles de classe virtuelles a amené certaines familles à se demander si le modèle d’éducation traditionnel dans des universités de briques et de mortier en valait le prix.
De nombreuses facultés canadiennes dépendent financièrement des étudiants étrangers, source de revenus remise en question par la gestion draconnienne de la COVID.
En avril, l’Université Laurentienne en Ontario s’est déclarée insolvable. En conséquence, elle a supprimé des dizaines de programmes et a licencié une centaine de professeurs — chose inédite.
Et pourtant, aucune de ces questions n’était inscrite à l’ordre du jour de la réunion du 27 octobre d’Universités Canada dont nous parlent Joseph Facal et Jonathan Kay ci-dessous. En vérité, l’Université Laurentienne ne mérite même pas une mention dans l’ordre du jour. Et la seule référence substantielle à la pandémie de COVID consiste en un aparté selon lequel « les femmes ont été touchées de manière disproportionnée pendant la pandémie ». Comme on le verra ci-dessous, au lieu de cela, tous les principaux points d’action de l’ordre du jour sont consacrés à la très connoté et très woke « justice sociale ».
Le 27 octobre dernier, 53 hauts dirigeants des universités canadiennes se sont discrètement réunis à Ottawa.
Les universités québécoises qui font partie d’Universités Canada. |
Ont-ils discuté de leurs difficultés financières, des priorités de la recherche scientifique, de l’avenir des cours en ligne, de la quête de l’excellence, de partenariats internationaux, etc. ?
Orwellien
Pas du tout. Leurs discussions furent centrées sur une série de documents dont Jonathan Kay a obtenu copie.
Il y est proposé d’écarter pour de bon la non-prise en compte de la race, associée à un déni coupable, pour y substituer l’obligation pour chaque bureaucrate universitaire de réfléchir à son « identité ethno-raciale », à ses « biais raciaux » et à sa trajectoire privilégiée en comparaison de ceux qui vivent une « marginalisation liée à leur race ».
Il y est lourdement question de « fragilité blanche », d’instructions sur l’utilisation ou non de certains mots et phrases, etc.
La pièce de résistance est cependant le plan d’action proposé, truffé de schémas, graphiques, questionnaires, etc., dont nous montrons un mini-échantillon.
Les efforts antiracistes sont classés en quatre catégories, allant de « l’introspection affirmative » à la reconfiguration de « l’architecture sociale ».
Les dirigeants doivent se classer dans un schéma en 15 points construit autour des « axes de privilège, domination et oppression ».
La « diversité » se saisit à quatre niveaux, allant de « l’analyse » au « changement organisationnel » en passant par la « conceptualisation de la sécurité culturelle ».
On se croirait dans un séminaire de MBA.
L’idéologie se concrétise en cibles, outils, questionnaires, tâches, rôles, responsabilités, indicateurs de performance, etc.
Il faut terminer d’installer, dit le rapport, des cadres seniors chargés d’appliquer des politiques antiracistes sur tous les campus, et des « champions juniors de l’antiracisme » récompensés à coup de promotions, de hausses de salaires et de bonis.
Un conseiller en équité dûment formé devrait être impliqué dans chaque décision d’embauche.
Tous les candidats pour un poste devront remplir un questionnaire sur l’antiracisme, le sujet devra être abordé dans toutes les entrevues, et l’ardeur de leur antiracisme devra être priorisée lorsque plusieurs candidats seront dans la même « zone d’excellence ».
Nous sommes très loin de quelques étudiants « crinqués » [furieux, enragé, furax] par un mot ou de professeurs militants qui veulent écarter un collègue.
C’est un véritable rouleau compresseur, un plan d’action visant une reconfiguration complète, orwellienne, de type soviétique, des institutions, pilotée d’en haut, qui veut s’étendre sur des années et s’appliquer à toutes les dimensions du milieu universitaire canadien.
Flics
Bref, l’idéologie woke est de plus en plus bureaucratisée, logée tout en haut de la hiérarchie du pouvoir universitaire, traduite en politiques quotidiennes visant à imposer cette nouvelle orthodoxie, en plus de servir d’autoroute pour des carrières de policier de la pensée.
L’auteure du document est Arig Al Shaibah, vice-présidente associée à l’Équité et à l’Inclusion à l’Université McMaster, dont les revenus en 2020 étaient de 249 000 $.
Pour en savoir plus, allez sur le site quillette.com et lisez « Anti-Racism as Office-Politics Power Play: A Canadian Academic Case Study ».
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