mercredi 17 septembre 2025

Québec — les naissances des francophones s’affaissent, celles des anglophones sont stables

Alors que l'anglais comme seule langue d'usage demeure stable, voire augmente légèrement, le nombre de naissances des francophones s’affaisse rapidement ces dernières années.

 
Dans le graphique suivant, nous avons réparti les bilingues et trilingues de sorte que ceux qui, par exemple, disent utiliser le français et une autre langue différente que l'anglais soit comptés comme « français langue d'usage». Les bilingues ou trilingues qui connaissent le français et l'anglais sont répartis à égalité entre le "français langue d'usage" et "anglais langue d'usage".


L'Institut de la statistique du Québec (ISQ) a publié aujourd'hui, le 17 septembre 2025, un tableau actualisé sur les naissances au Québec, ventilées par la langue d'usage de la mère (généralement correspondant à la langue maternelle de l'enfant). Ce document, accessible via le lien permanent statistique.quebec.ca/fr/produit/tableau/4982, couvre la période de 1977 à 2024 et met en lumière l'évolution linguistique de la natalité dans la province. 

Les données pour 2024 sont provisoires (marquées par un "p"), et les catégories incluent le français, l'anglais, des combinaisons bilingues ou multilingues, l'autre langue, et les cas non déclarés. 

Le tableau classe les naissances selon sept catégories principales :
  • Français : Langue unique d'usage.
  • Anglais : Langue unique d'usage.
  • Français et anglais : Combinaison bilingue.
  • Français et autre : Français combiné à une autre langue.
  • Anglais et autre : Anglais combiné à une autre langue.
  • Français, anglais et autre : Trilinguisme ou plus.
  • Autre : Langues non francophones ou anglophones (ex. : allophones).
  • Non déclarée : Cas où la langue n'est pas précisée.
  • Total : Nombre total de naissances par année.

Jusqu'en 1997, les déclarations multiples (sauf français et anglais) étaient regroupées dans "Autre", ce qui limite les comparaisons précises pour les catégories bilingues ou multilingues avant cette date.

Évolution des naissances totales.


Le nombre total de naissances au Québec a connu une baisse marquée sur la période :

Pic en 1979 : 99 893 naissances, reflétant une natalité relativement élevée dans les années 1970-1980, mais toutefois déjà bien en bas du taux de remplacement des générations.

Déclin progressif : De 97 266 en 1977 à un minimum de 72 010 en 2000, avec une légère reprise dans les années 2000 (jusqu'à 88 918 en 2011), avant une nouvelle descente plus forte.

Années récentes : 88 867 en 2013, puis une chute continue à 77 894 en 2023 et 77 400 en 2024 (provisoire), soit une diminution de 0,7 % par rapport à 2023 (77 894). Cette tendance s'inscrit dans un contexte démographique plus large, avec un indice synthétique de fécondité à un creux historique de 1,33 enfant par femme en 2024, contre le minimum précédent de 1,36 en 1987. L'âge moyen à la maternité est passé à 31,4 ans en 2024, avec 30,0 ans pour le premier enfant.

Tendances par langue d'usage

Dominance mais baisse constante du français : Cette catégorie représente historiquement plus de 80 % des naissances, mais elle diminue progressivement. De 79 788 en 1977 (82 % du total), elle tombe à 66 691 en 1996 (78 %), puis à 52 072 en 2024 (67 %). La baisse s'accélère après 2013, passant de 66 750 (75 %) à 52 072 (67 %).

Anglais stable : Autour de 8 000-9 000 naissances par an (environ 9-11 % du total). De 9 695 en 1977 à 9 055 en 2024, avec une légère augmentation récente (de 8 641 en 2023 à 9 055 en 2024).

Combinaisons bilingues/multilingues : Limitées avant 1998 (données non disponibles ou regroupées dans "Autre"). Depuis, elles augmentent : "Français et anglais" de 1 067 en 1998 à 1 498 en 2024 ; "Français et autre" de 707 à 1 220 ; "Anglais et autre" de 525 à 644 ; et "Français, anglais et autre" de 152 à 434. Ces catégories représentent environ 3-4 % du total en 2024.

Autre langue en hausse : Augmente de 4 278 en 1977 à 6 842 en 2024 (environ 9 % du total), reflétant une diversification linguistique due à l'immigration.

Non déclarée : Diminue globalement, de 3 481 en 1977 à 5 635 en 2024 (7 % du total), mais avec des fluctuations (pic à 5 440 en 2006).

Interprétation et contexte

Ce tableau illustre la prédominance persistante du français dans la natalité québécoise, malgré une érosion constante due à la baisse démographique globale et à l'augmentation des naissances issues de l'immigration (catégorie "Autre"). La part du français est passée d'environ 82 % en 1977 à 67 % en 2024, tandis que l'anglais reste stable autour de 10-11 %, et les langues allophones gagnent du terrain. Ces données s'inscrivent dans le Bilan démographique du Québec 2024, qui note un accroissement naturel négatif (-1 400 personnes en 2024, avec 77 400 naissances contre 78 800 décès), et une population totale estimée à 9,11 millions au 1er janvier 2025. Les naissances multiples (3 % en 2024) et l'âge croissant des mères contribuent à cette dynamique.

Chute de la natalité québécoise : l'impact du lieu de naissance des parents (1980-2024)

Dans un déclin démographique qui paraît implacable, le Québec a vu ses naissances s'effondrer de 97 491 en 1980 à 77 400 en 2024 (provisoires). 

La proportion de bébés nés au Québec de deux parents originaires du Canada s'effondre de 86,6 % (84 440 naissances) en 1980 à 62,3 % (48 587) en 2023, et tombe à environ 60 % (46 440) en 2024, marquant une érosion historique de la filiation locale. 

Les naissances de parents mixtes (un né au Canada, un né hors Canada) grimpent de 5,3 % (5 208) en 1980 à 39,8 % (30 813) en 2024, tandis que celles de deux parents nés hors Canada explosent de 7,3 % (7 101) à 26,9 % (20 792) en 2024, reflétant une forte diversification ethnique par l'immigration et, par conséquent, une dilution rapide et croissante des Québécois pure laine. En 2024, 66,7 % des nouveau-nés ont au moins un parent né hors Canada – contre 21 % en 2000 et 13 % en 1980 –, un basculement démographique sans précédent qui accentue la vulnérabilité de la natalité provinciale, avec 37 % des bébés ayant au moins un parent né hors Canada. Les cas non déclarés restent marginaux (0,8 %). 

Voir aussi
 

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