samedi 17 septembre 2011

Trop de règlements pour les garderies ?




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Montréal — Signe des temps

En y mettant les formes, j'ai fait remarquer à la nouvelle propriétaire asiatique du dépanneur près de chez moi : « You will have to learn French. » Elle m'a répondu tout sourire : « Sorry, no time ! »

Denise Bombardier, Le Devoir, 17/IX/2011


Voilà sans doute pourquoi le gouvernement libéral et l'ADQ désirent enseigner plus et plus tôt l'anglais aux jeunes francophones. Même si cette précocité à petite dose est de peu d'effet dans la maîtrise d'une langue étrangère « source d'un extraordinaire ferment culturel » qui « concrétis[e] le rêve espérantiste » comme disait l'ancien Premier ministre nationaliste Bernard Landry. Évidemment, comme le fait remarquer cette commerçante, les élèves ne disposent pas d'un temps infini, plus de temps à l'anglais, plus tôt, cela signifie sacrifier d'autres matières enseignées en français (voir les liens ci-dessous).

Ces cours d'anglais permettent aux jeunes francophones, même des régions éloignés, d'améliorer leur bulletin : c'est ainsi que les jeunes francophones d'Abitibi réussissent nettement mieux leurs examens d'anglais que de français. Excellent donc.

Mais les jeunes Montréalais francophones (déjà minoritaires dans leur tranche d'âge) ont-ils vraiment besoin d'être plus bilingues, plus tôt ? Comment le français s'imposera-t-il dans les cours de récréation, chez les commerçants du coin si tous les francophones sont bilingues et qu'on leur répète dès la prime enfance qu'il est excellent d'être « ouvert » sur ce plan ?

Si l'ignorance n'est pas une force contrairement à ce que disait George Orwell — bien que parfois... —, elle est certainement le symptôme d'une force : nul besoin d'apprendre une langue locale sans guère d'importance et dont tous les locuteurs natifs (et clients potentiels) sont formés à parler la langue dominante. En outre, on leur intime de ne plus rejeter l'anglais au Québec, car ce serait mesquin, l'anglais serait une composante originale qui enrichit le Québec, s'en détourner serait criminel même selon Gérard Bouchard. Son frère, le nationaliste et ancien Premier ministre Lucien, se félicitait d'ailleurs en anglais de cet accueil fait à l'anglais au Québec même chez les nationalistes francophones :  « it's becoming hard to find a bilingual francophone nationalist who doesn't welcome opportunities to practice his or her English. » Il semble que ces nationalistes auront à l'avenir de plus en plus d'occasions de se réjouir de pratiquer leur anglais à Montréal.


Voir aussi

Anglicisation de Laval : le mythe des enfants de la Loi 101 ?

Québec — Premier cycle du secondaire, moins de temps pour le français

Écoles lavalloises — vague d'immigration, pauvreté et tensions raciales 

Legault sur l'immigration et les lois linguistiques en éducation : timide surplace ?

Élèves de l'école publique à Montréal : le français perd du terrain depuis 1998 tandis que l'anglais demeure stable

L'enseignement du français délaissé par le gouvernement du Québec, plus d'anglais imposé à tous

Quatre cents heures d'anglais de plus, centaine d'heures de français de moins ?

79 % des Québécois — et 90 % des Québécois francophones — estiment que la loi 101 est une nécessité au Québec

Rappel : l'ADQ [avant dérive] en 2008 préconisait de « remettre l'apprentissage du français au premier plan »

Lacunes importantes en français chez les étudiants des cégeps et des universités

Faible fécondité qui stagne, immigration massive : le Grand Montréal s'anglicise rapidement




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)