vendredi 5 février 2021

Covid-19 : baisse radicale des cas en Inde depuis plusieurs mois malgré levée des restrictions

Le nombre de nouvelles contaminations en Inde atteint environ 10 000 par jour, ce qui est très peu rapporté à la population indienne de 1,35 milliard d’habitants. Plus de 20 % de la population indienne et près de la moitié des habitants de la Nouvelle-Delhi présentent désormais des anticorps à la Covid-19.

Des élèves lors de la prière d’assemblée après la réouverture des écoles après dix mois de fermeture en raison de l’épidémie de Covid-19, à Hyderabad (État du Télangana), le 1er février 2021.

La situation sanitaire dans le sous-continent s’est très nettement améliorée depuis plusieurs semaines. Alors que, en septembre 2020, l’Inde avait enregistré un record mondial d’infections, avec plus de 100 000 cas quotidiens, le pays ne comptait plus que 8 600 nouveaux cas lundi 1er février, le chiffre le plus bas depuis huit mois, et 11 000 mercredi 3 février, ce qui est très peu pour le deuxième pays le plus peuplé de la planète, avec 1,3 milliard d’habitants. Quatorze États n’ont déclaré aucun mort du Covid-19 au cours des vingt-quatre dernières heures. Le Kérala reste en revanche un fort foyer épidémique.

Cette amélioration intervient alors que dans la plupart des régions, les restrictions imposées au début de l’épidémie ont été levées progressivement dès l’été pour tenter de relancer l’activité économique, très affectée par le confinement national décidé par le Premier ministre, Narendra Modi, le 24 mars 2020, durant deux mois. La vie a repris très vite son cours, avec des rues et des marchés bondés, de grands rassemblements religieux. Quelques interdits ont été maintenus, comme les liaisons aériennes internationales et les écoles restées fermées pendant une année.

Depuis quelques jours, les établissements scolaires accueillent de nouveau les élèves, sauf à Bombay et au Maharachtra, la région la plus touchée par l’épidémie.

Pas de rebond malgré les fêtes

À la Nouvelle-Delhi, qui avait connu un fort rebond en novembre au moment de Divali, la fête annuelle des hindous, et de l’arrivée de la pollution hivernale, le nombre de nouveaux cas quotidiens est tombé en dessous de 200 et les immenses rassemblements de paysans du Pendjab et de l’Haryana, aux portes de New Delhi, depuis plus de deux mois, qui laissaient craindre le pire, n’ont pas entraîné de rebond. Plusieurs dizaines de milliers d’hommes, pour beaucoup âgés, sont entassés dans des conditions précaires, sans aucune protection contre le virus, ni masque ni gel hydroalcoolique et encore moins de distanciation, pour protester contre les réformes agraires du gouvernement. Ils ont souffert du froid, mais ont été épargnés par le Covid-19.

Plus de 20 % de la population a contracté le virus

Selon la troisième enquête sérologique menée par le Conseil indien de la recherche médicale, plus d’un cinquième de la population adulte de l’Inde a été infecté par Covid-19 à la mi-décembre. Les données publiées sur la séroprévalence chez les personnes âgées de 10 à 18 ans étaient de 25,3 %. 

Les données publiées reflètent la prévalence des anticorps, preuve qu’une personne a contracté la Covid-19. La troisième enquête a révélé une augmentation significative de la prévalence chez les adultes pour passer de 7,1 % lors de la deuxième enquête en août à 21,4 % pour l’ensemble de la population indienne. 

Lors de la première enquête menée en avril, seul 0,7 % de prévalence avait été détectée.

La troisième enquête s’est déroulée du 17 décembre au 8 janvier dans les mêmes 700 villages de 70 districts de 21 États où les premier et deuxième cycles ont été menés en avril et août. Parmi les travailleurs de la santé, la séroprévalence était de 25,7 %, avec 26,6 % parmi les médecins et les infirmières. Le gouvernement a souligné qu’une grande partie de la population est toujours vulnérable et qu’il ne faut pas baisser la garde, car l’immunité collective ne peut être présumée avoir été atteinte. Les autorités ont ajouté qu’il fallait adopter un comportement approprié face à la Covid. Actuellement, le nombre total de cas actifs en Inde est tombé à 160 000. Au cours des trois dernières semaines, 47 districts à travers le pays n’ont signalé aucun nouveau cas, 251 n’ont déploré aucun décès pendant cette période. L’enquête a porté sur 28 589 personnes âgées de plus de 10 ans et 7 171 travailleurs de la santé. La prévalence dans les bidonvilles était la plus élevée avec 31,7 %, suivie de 26,2 % dans les autres zones urbaines et de 19,1 % dans les zones rurales. La prévalence était légèrement plus élevée chez les femmes à 22,7 %, contre 20,3 % chez les hommes.

La majorité des habitants de Delhi déjà exposés au virus

À la Nouvelle Dehli, en Inde, les habitants semblent avoir développé une immunité collective au Covid-19. Dans les rues de la ville, le tumulte de la foule a fait son retour : les contaminations ont diminué de 80 % en cinq mois. Dans cet hôpital de la capitale, les lits Covid se vident de jour en jour. Au plus fort de l’épidémie, 550 malades ont été accueillis en même temps, et ils ne sont plus que 16. Une salle de soins intensifs est désormais vide.

Ce constat est surprenant alors que le pays, surpeuplé, a du mal à appliquer les gestes barrières. Une chercheuse a mené une vaste enquête sérologique dans la capitale pour tenter de comprendre ce phénomène. « Ce qu’on a observé, c’est que 56 % des personnes présentaient des anticorps dans leur sang, ça veut dire que plus de 50 % de la population a déjà été exposée au virus, dans une certaine mesure nous sommes immunisés au virus », explique le docteur Pragya Sharma.

Traitement, y compris des asymptomatiques

 
La lutte contre la Covid 19 s’accompagne d’un bras important thérapeutique. Des traitements à base de zinc, d’ivermectine ou d’hydroxychloroquine sont distribués à la population, y compris aux asymptomatiques.
C’est dans ce contexte que l’administrateur de Lucknow (ville du Nord de l’Inde avec 3,5 millions d’habitants) va mettre en place des kiosques pour la distribution de comprimés d’ivermectine L’ivermectine, un médicament vermifuge, peut être utilisé comme médicament de soutien pour les patients Covid-19 isolés à domicile et leurs contacts, selon les médecins.

L’administration du district de Lucknow installera environ 40 kiosques à travers la ville pour assurer la distribution gratuite de comprimés d’ivermectine chez les patients asymptomatiques de Covid-19. Les responsables ont déclaré que les kiosques seraient installés à l’aéroport, aux gares routières de la ville, aux gares ferroviaires, etc.

Vaccins : 300 millions de doses du Spoutnik V

L’Inde produira environ 300 millions de doses de vaccins russes contre le coronavirus Spoutnik V en 2021, aurait déclaré un responsable russe, près de trois fois le nombre précédemment annoncé. En effet, des accords de licence dans ce sens ont été signés avec davantage de fabricants indiens.

La Russie a vendu 100 millions de doses de vaccin à l’Inde, qui faisait également partie des pays qui ont accepté de produire du Spoutnik V sur son territoire.

La Russie teste déjà les premiers échantillons de Spoutnik V qui ont été produits en Inde, a annoncé récemment l’ambassade russe à New Delhi sur Twitter.

« En Inde, nous avons des accords avec quatre grands fabricants », a déclaré Dmitriev, le directeur du Fonds d’investissement direct russe (RDIF) à Rossiya 24 TV, selon l’agence de presse TASS.

Sources : Le Monde, France Télévisions, Hindustan Times, Reuters, Times of India


jeudi 4 février 2021

Le taux de natalité du Québec devrait atteindre son niveau le plus bas historique en 2020

Les chiffres des naissances lors des onze premiers mois de l’année 2020 sont désormais disponibles ce jeudi 4 février. Ils confirment la contraction au niveau des naissances et des mariages et l’augmentation de la mortalité (dont les chiffres sont eux disponibles pour toute l'année de 2020).

En novembre 2020, il est donc né 6 250 enfants au Québec par rapport à 6 750 en 2019 (-7 %) et à 7 441 en 2012 (-16 %).

Si l’on s’en tient aux chiffres des 11 premiers mois (75 500 naissances) et que l’on calcule le taux de natalité (le nombre de naissances par an pour 1000 habitants), on obtient un taux de natalité prévisionnel de 9,61 pour 2020. Chiffre qui risque de baisser encore si la tendance se maintient. Il devrait probablement naître 2500 enfants en moins en 2020 par rapport en 2019.

À 9,61 enfants pour 1000 habitants, ce chiffre dépasse le précédent taux de natalité le plus bas (9,7 en 2002 peu après que la prime à la naissance avait été supprimée pour être remplacée par la mise sur pied bien plus coûteuse du réseau de garderies moins nataliste et donc plus acceptable pour les féministes). Le Québec devrait donc atteindre en 2020 son taux de natalité le plus bas historique.

On notera que la Suède a également publié les chiffres des naissances pour les 11 premiers mois de 2020. Il y est né 105 034 enfants de janvier à fin novembre 2020, alors qu'en 2019 ce nombre était de 106 447. La chute pour les 11 premiers mois de 2020 par rapport à ceux de 2019 en Suède est donc de 1,3 %, à comparer à une baisse de 2,5 % pour le Québec.



Billet originel du 12 janvier

Les chiffres des naissances lors des dix premiers mois de l’année 2020 sont désormais disponibles ce mercredi (avec un certain retard). Ils confirment la contraction au niveau des naissances et des mariages et l’augmentation de la mortalité (dont les chiffres sont eux disponibles pour les 11 premiers mois de 2020).

En octobre 2020, il est donc né 6.700 enfants au Québec par rapport à 7.150 en 2019 (-6,3 %) et à 7.832 en 2012 (-14,5 %). 

Quant aux mariages en octobre 2010, ils sont passés de 2.150 en 2019 à 1.250 2020. Les 2e et 3e trimestres avaient connu des baisses encore plus importantes. En effet, alors qu’au deuxième trimestre 2019 5.200 mariages avaient été célébrés seuls 1.600 l’avaient été en 2020, pour le troisième trimestre les chiffres étaient de 10.800 noces pour 2019 et 4.750 pour 2020.

Si l’on s’en tient aux chiffres des 10 premiers mois et que l’on calcule le taux de natalité (le nombre de naissances pour 1000 habitants), on obtient un taux de natalité prévisionnel de 9,69 pour 2020. Chiffre qui risque de baisser encore si la tendance se maintient. 

À 9,69 enfants pour 1000 habitants, ce chiffre dépasse le précédent taux de natalité le plus bas (9,7 en 2002 peu après que la prime à la naissance avait été supprimée pour être remplacée par la mise sur pied bien plus coûteuse du réseau de garderies moins nataliste et donc plus acceptable pour les féministes). Le Québec devrait donc atteindre en 2020 son taux de natalité le plus bas historique.

 


Billet originel du 2 décembre

L’Institut de la statistique du Québec a publié le nombre de naissances pour les 9 premiers mois de 2020. Rapportés à la population du Québec, ils sont les chiffres les plus bas au niveau de l’histoire du Québec.

Le nombre des naissances en 2020 (révisables, mais globalement corrects) est donc de :

  • 20 100 pour le premier trimestre,
  • 20 750 pour le deuxième,
  • 21 700 pour le troisième.

Quand on compare ces chiffres (toujours révisables) avec ceux de l’année passée :

  • 19 500 pour le premier trimestre,
  • 21 150 pour le deuxième,
  • 22 900 pour le troisième,

on note que la baisse se concentre sur les deuxième et troisième trimestres. Tout porte à croire que cette baisse se confirmera au dernier trimestre. En effet, le nombre de mariages est également en très forte baisse au Québec (8600 pour les 9 premiers mois de 2020, comparés à 18 200 pour les mêmes mois en 2019). En outre, si l’on se fie aux chiffres européens, la baisse des projets de mariage en 2020 s’accompagne de la baisse de projets d’avoir un enfant pour cette même année. Voir La population italienne passe sous les 60 millions, la gestion de la pandémie aggrave ce déclin.

Si l’on s’en tient aux chiffres des 9 premiers mois et que l’on calcule un taux de natalité (le nombre de naissances pour 1000 habitants), on obtient un taux de natalité prévisionnel de 9,73 pour 2020. Chiffre qui risque de baisser si la tendance se maintient. À 9,73 enfants pour 1000 habitants, ce chiffre rejoint le précédent taux de natalité le plus bas (9,7 en 2002 peu après que la prime à la naissance avait été supprimée pour être remplacée par la mise sur pied bien plus coûteuse du réseau de garderies moins nataliste et donc plus acceptable pour les féministes). Le Québec devrait donc atteindre en 2020 un nouveau nadir démographique.

L’indice de fécondité (le nombre d’enfants par femme) devrait probablement passer sous les 1,5 enfant/femme en 2020 pour l’ensemble de la population québécoise. Le nombre d’enfants par femme pour les francophones de naissance est habituellement légèrement plus bas (-0,1) que cet indice global pour le Québec. En effet, les Amérindiens et certaines communautés ethniques immigrées ont un indice de fécondité supérieur à la moyenne.

Le graphique ci-dessous présente le taux de natalité (en ‰) depuis 1971.

La Chine voudrait que l'école virilise les garçons

Voici quelque temps que le gouvernement chinois a fait part de son inquiétude quant au fait que les modèles masculins les plus populaires du pays ne sont plus des figures athlétiques fortes comme les « héros de l’armée ». Même le président Xi Jinping (Hsi Tsin-p’ing), un passionné de football (soccer) bien connu, cherche depuis longtemps à former davantage de vedettes dans le sport.

Ainsi, la semaine dernière, le ministère de l’Éducation a publié un avis dont le titre ne laissait aucun doute sur son objectif.

La proposition visant à empêcher la « féminisation des adolescents de sexe masculin » a appelé les écoles à réformer complètement leurs programmes d’éducation physique et à renforcer leur recrutement d’enseignants dans cette discipline.

Le texte conseille de recruter des athlètes retraités et des personnes issues de milieux sportifs — et de « développer vigoureusement » des sports particuliers comme le football et d’« accorder plus d’attention à la culture de la masculinité des élèves ».

C’est une impulsion décisive dans un pays où les médias ne promeuvent que des vedettes « socialement responsables », d’une propreté irréprochable.

En mai dernier déjà, un délégué du principal organe consultatif chinois, Si Zefu (Sseu Tsö-fou), a déclaré que beaucoup de jeunes hommes chinois étaient devenus « faibles, timides et complexés ».

Il existe une tendance chez les jeunes hommes chinois à la « féminisation », a-t-il affirmé, qui « mettrait inévitablement en danger la survie et le développement de la nation chinoise » à moins qu’elle ne soit « efficacement gérée ».

Si Zefu (Sseu Tsö-fou) a notamment mis en cause l’environnement familial, la plupart des garçons chinois étant élevés par leur mère ou leur grand-mère. Il a également noté que l’attrait croissant de certaines célébrités masculines dans la variété signifiait que de nombreux enfants « ne voulaient plus être des “héros de l’armée” ».

Aussi a-t-il suggéré que les écoles devraient jouer un plus grand rôle pour garantir aux jeunes Chinois une éducation équilibrée.

Il est à noter que le football est spécifiquement inclus dans la proposition du Ministère de l’Éducation.

Des groupes comme TF Boys sont extrêmement populaires, mais les médias demandent s’ils sont de bons modèles virils
 
Cela ne devrait pas surprendre. Le président Xi (Hsi) a précédemment évoqué ses espoirs que le pays devienne une « superpuissance mondiale du football » d’ici 2050.

Mais les tentatives répétées pour essayer d’améliorer le niveau du football chinois ont échoué et ont été ridiculisées comme une tâche apparemment impossible. Ce fut la réponse de Marcello Lippi, entraîneur de l’Italie championne de la Coupe de monde de football en 2006, quand il démissionna il y a deux ans de son poste d’entraîneur de l’équipe nationale de football de Chine.

Pendant ce temps, le gouvernement a entrepris ces derniers mois d’introduire et de promouvoir de nouveaux modèles pour les jeunes Chinois.

En ce qui concerne les femmes, la pandémie de Covid-19 a été une bonne occasion de démontrer le rôle important des femmes en tant que travailleuses sociales et médicales de première ligne.

Et les réalisations de la Chine dans l’espace l’année dernière ont été une excellente occasion de promouvoir des personnalités comme Zhou Chengyu (Tcheou Tch’eng-yu), devenue une sensation virale comme la plus jeune commandante de l’espace, à l’âge de 24 ans.

Mais comme Si Zefu (Sseu Tsö-fou) l’a laissé entendre l’année dernière, pour les jeunes Chinois, l’attrait de l’armée, de la police ou des pompiers forts et intrépides s’étiole.

Le phénomène des « petites viandes fraîches » (小鲜肉, jeunes garçons efféminés) continue d’être un succès avéré, mais les jeunes célébrités masculines font l’objet d’une surveillance accrue et ont du mal à s’écarter du jeune propre sur soi et bien sous tous rapports.



Sources : BBC, Ministère de l’Éducation chinois, Commission du développement et de la réforme.


Luc Ferry : la « pensée 68 » était globalement favorable à la pédophilie

Pour le philosophe Luc Ferry, dans les pages du Figaro de Paris, an a oublié que la « pensée 68 » était globalement favorable à la pédérastie, qu’elle approuvait les délires de René Schérer et Guy Hocquenghem qui publient, en 1976, Co-ire.

Je comprends bien que les anciens soixante-huitards tentent aujourd’hui de dédouaner Mai 68 des dérives incestueuses et pédophiles dont l’actualité de ces derniers jours est hélas remplie. Reste que la vérité historique oblige à dire que c’est bien malgré tout dans le sillage du joyeux mois de mai et avec la bénédiction des autorités philosophiques les plus représentatives du gauchisme culturel de l’époque, que la pédophilie reçut les lettres de noblesse qu’elle avait perdues depuis Platon.

Quand paraissent au milieu des années 1970, dans Libération [page de Libé prônant la pédophilie avec image très crue] et dans Le Monde, des pétitions faisant l’éloge de la pédérastie, signées par des intellectuels comme Foucault, Sartre, Beauvoir, Deleuze, Barthes ou Chatelet, refuser d’y adhérer c’était prendre le risque de s’exclure du club des « vrais intellectuels », c’est-à-dire des intellectuels de gauche, « forcément de gauche », castristes, maoïstes, trotskistes ou, au minimum, communistes. On a oublié que la « pensée 68 » était globalement favorable à la pédérastie, qu’elle approuvait les délires de René Schérer et Guy Hocquenghem qui publient, en 1976, Co-ire (en latin : « aller ensemble » ou « se joindre », « coït » en est la troisième personne du singulier…), un ouvrage agrémenté d’une pléiade de photos d’enfants nus qui faisait l’éloge du « rapt » : l’enfant n’étant pas la propriété privée des parents (petite référence à Marx), tout adulte a le droit, et même de devoir, ainsi plaidaient-ils, de l’enlever pour éveiller cette sexualité que la bourgeoisie occulte. [Le même duo publia aussi L’Éloge du métis.]

Couverture de Co-ire.

Schérer expliquait comment l’éducation bourgeoise sombrait dans la « perversité » qui consiste à ne faire aucune place à la pédérastie Schérer, l’un des fondateurs de l’université de Vincennes, soutenu bien entendu par Deleuze, Châtelet, Lyotard, Foucault, Badiou et consorts, bref, par ce que la « pensée 68 » comptait alors de plus tapageur, expliquait comment l’éducation bourgeoise en vigueur dans nos établissements scolaires sombrait dans la « perversité » qui consiste à ne faire aucune place à la pédérastie : « Nous posons en principe, écrivait-il, que la relation pédagogique est essentiellement perverse, non parce qu’elle s’accompagnerait des rapports pédérastiques entre maîtres et élèves, mais précisément parce qu’elle les dénie et les exclut. » Oui, vous avez bien lu : la perversion consiste à exclure la pédérastie dans l’éducation tant scolaire que familiale !

On objectera que la pédophilie sévit dans tous les milieux et on aura raison, à ceci près que je ne connais aucune idéologie qui en fasse l’apologie en dehors de celle-là.

Aussi étrange que cela nous paraisse aujourd’hui, dans ce milieu et à cette époque, on pensait comme ça, de sorte qu’il fut pendant longtemps plus risqué d’y critiquer la pédophilie que d’en faire l’apologie. Ces prestigieux professeurs s’étaient emparés des thèses de Freud sur la sexualité infantile pour en tirer la conclusion absurde qu’il était du devoir des adultes de l’éveiller. Comme il était en outre « interdit d’interdire », il n’y avait plus à se gêner.

Aujourd’hui, les derniers signataires [vivants] de ces pétitions reconnaissent que « c’était une connerie ». Soit. Mais quand j’ai publié La Pensée 68 avec Alain Renaut en 1985, un livre qui critiquait les soubassements philosophiques de ces appels délirants à la transgression tous azimuts, ils étaient, eux ou leurs proches, les premiers à nous insulter. Pendant près d’un an, je n’ai pas pu faire une conférence en public, pas même à l’École normale rue d’Ulm où je dirigeais pourtant un centre de recherche sur l’idéalisme allemand, parce que des disciples de Foucault nous attendaient, non pas avec des excuses, mais avec des battes de base-ball !

Au début des années 1980 encore, quand je publiais un livre sur l’idée républicaine et soutenais l’héritage du général de Gaulle face à mes « amis » soixante-huitards qui le traitaient à longueur de journée de « fasciste », je passais pour le roi des blaireaux. On m’expliquait que je n’avais rien compris, que je passais à côté du formidable mouvement d’émancipation inspiré par les idées de Castro, Mao ou Trotski. C’est pour répondre à cette gauche arrogante alors au pouvoir, tellement fière de ses réseaux et de ses positions sociales, tellement sûre d’être du bon côté et d’incarner la conscience morale, que je me suis résolu à écrire La Pensée 68.

Pascal assurait qu’il y a toujours une part de vérité, fût-elle infime, dans les opinions même les plus fausses. Tout n’était sans doute pas à rejeter dans l’héritage de Mai, en quoi j’admire ceux qui, comme Camille Kouchner, sans renier ce que certains idéaux d’émancipation pouvaient avoir de séduisant, ont aujourd’hui le courage de briser le silence à l’endroit exact où il devait l’être.

Voir aussi

La gauche intellectuelle progressiste et la pédophilie, retour sur une histoire trouble

Canada — La pédophilie  : une orientation sexuelle comme l’hétérosexualité pour des experts

Juger la vie privée de Simone de Beauvoir  (Elle a eu une relation avec une élève de 15 ans qui lui aurait valu son congédiement du lycée Molière à la fin des années 30. On relate aussi ses relations amoureuses avec des jeunes femmes qui étaient aussi ses étudiantes, qu’elle « rabattait » ensuite vers son compagnon Jean-Paul Sartre. En 2008, la Britannique Carole Seymour-Jones, auteure du livre A Dangerous Liaison, décrivait le comportement de Beauvoir comme un « abus d’enfant » se rapprochant de la « pédophilie ». En 2015, dans Simone de Beauvoir et les femmes, Marie-Jo Bonnet qualifiait de « contrat pervers » le modus operandi entre Beauvoir et Sartre. Le blogueur du Journal de Montréal Normand Lester accuse quant à lui Beauvoir d’être une « prédatrice sexuelle ».)

La révolution sexuelle des années 60, la pédophilie et les prêtres modernes

Le pape Benoît XVI : révolution sexuelle, relativisme moral, absence de Dieu et rejet de la Tradition à l’origine de la crise des abus sexuels

Famille, autorité, limites, nation : la Désintégration tranquille

Allemagne — Garçons orphelins sous la tutelle de pédophiles

Grande-Bretagne — 83 suspects de pédophilie… dans le football

L’affaire Bruce/Brenda/David Reimer c. la théorie du genre

France — Des animateurs et professeurs soupçonnés de pédophilie mutés et non suspendus

Pédophilie — Un rapport sur l’affaire Jimmy Savile révèle que la hiérarchie (de la BBC) savait

Pédophilie en Grande-Bretagne : que fait la hiérarchie ?

Pédophilie — Autre scandale dissimulé par la hiérarchie ?

Complicité de la hiérarchie de l’institution pour dissimuler de nombreux cas de pédophilie

États-Unis — Pédophilie dans une école primaire

Canada — La pédophilie : une orientation sexuelle comme l’hétérosexualité pour des experts

Scouts Canada s’excuse des cas de pédophilie qui auraient pu survenir

Pédophilie dans l’enseignement

États-Unis — pédophilie et sévices sexuels dans les écoles américaines

École laïque et républicaine — Enseignants pédophiles, on n’en parle que depuis récemment

Deux poids, deux mesures ? (artistes pédophiles excusés par des journaleux)

Mark Steyn : Penn State’s institutional wickedness (avec des détails scandaleux)

France — Enseignant condamné pour pédophilie autorisé à enseigner par sa hiérarchie

Révélations de pédophilie sur Claude Jutra : le milieu du cinéma québécois serait sous le choc

En milieu sportif, les garçons deux fois plus harcelés sexuellement que les filles
 

 

mardi 2 février 2021

Les grandes orientations d'Éric Duhaime en matière d’éducation

Éric Duhaime se présente à la présidence du Parti conservateur du Québec, voici ses grandes orientations en matière d’éducation :

  • Implanter un système de bon d’études au primaire et au secondaire au Québec (Conforme à la résolution 42 du programme du PCQ)
  • Exiger que les cégeps et universités aient un respect scrupuleux de la liberté d’expression sur leurs campus.
  • Exiger que les écoles primaires et secondaires mettent résolument l’accent sur les apprentissages de base et que les élèves ne soient pas soumis dans les classes à de la propagande idéologique.
  • Pour l’abolition du cours éthique et culture religieuse.
  • Pour des écoles primaires et secondaires publiques autonomes.
  • Pour contrer le décrochage scolaire, favoriser au maximum les écoles à vocation particulière (ce qui sera d’autant plus facile que ces écoles seront autonomes) ainsi que les programmes de sport-étude, art-étude, codage-étude, etc.
  • Je chargerai mon comité de réévaluer notre politique prônant l’abolition de la formation préuniversitaire dans les cégeps (contraire à la Résolution 44 du programme du PCQ)
  • Contre le projet d’agrandissement du Cégep Dawson.
  • Pour la liberté des étudiants de l’enseignement supérieur d’adhérer ou non à une association étudiante. (conforme à la Résolution 46 du programme du PCQ).
  • Le droit de grève des étudiants n’existe pas : un étudiant n’a aucunement le droit d’empêcher un autre étudiant d’assister à ses cours.
  • Pour l’augmentation de la qualité de l’enseignement des langues, maternelles et secondes, à tous les niveaux d’apprentissage. Un élève diplômé d’une école secondaire québécoise devrait avoir une excellente maîtrise du français (même s’il a étudié dans une école anglophone), être bilingue français-anglais et être en processus d’apprentissage d’une troisième langue. ​

Ce carnet approuve plusieurs de ces propositions comme le système de chèque scolaire ou l’insistance sur les matières de base et non la propagande idéologique, la bonne connaissance du français, certaines mesures perdront assez vite de leur pertinence (c’est ainsi qu’appeler à l’abolition ECR est de peu de conséquences alors que le Monopole de l’Éducation du Québec a indiqué que ce programme devrait prochainement être remplacé par un autre cours dont on peut craindre qu’il reste idéologique), nous ne sommes pas non plus d’accord que tous les jeunes francophones doivent devenir bilingues (enfin, cela dépend du niveau de compétence demandé) et nous ne voyons rien pour libérer les programmes scolaires et laisser plus de choix pédagogique aux écoles et aux parents, libérer le recrutement des enseignants ou l’instruction à la maison (la DPJ s’implique de plus en plus dans ce dossier, il s’agit souvent d’une arme de pression de la part du ministère de l’Éducation). 

La fin du monopole scolaire n’est pas proche (les écoles privées ne peuvent choisir leur programme par exemple, voir la saga Loyola et le cours ECR), même avec Éric Duhaime, bien que ses propositions doivent globalement être saluées.


lundi 1 février 2021

Covid-19 : étude affirme que confinement et fermeture des commerces ont peu d'utilité une fois mesures plus douces prises

Scène de rue de Montréal confinée 


 

 

 

C’est un véritable pavé dans la mare. Alors que les gouvernements, sous la pression de certaines voix du monde médical et médiatique, réfléchissent à l’opportunité de nouvelles mesures restrictives, une étude, parue le 5 janvier dans « European Journal of Clinical Investigation », une revue scientifique de notoriété moyenne, est en train d’enflammer les réseaux sociaux — sinon dans le grand public, du moins dans la petite communauté des épidémiologistes, virologues et autres experts de la pandémie.

Ce qui lui donne tout son poids, c’est qu’elle est signée du Pr John Ioannidis, un ponte de l’épidémiologie à Stanford, dont les travaux font autorité (il est même l’un des scientifiques les plus cités au monde).

Or, que suggère l’étude qu’il vient de faire paraître ? Que le confinement et la fermeture des entreprises et commerces n’apportent rien de plus, en termes de baisse du nombre de cas de contaminations, que les simples mesures barrières du type port du masque, lavage des mains et distanciation sociale.

L’étude souligne que le confinement et la fermeture des lieux culturels, bars et restaurants n’ont été d’aucune utilité significative. Il n’aurait pas eu d’impacts sur le nombre de cas de contaminations et cela pourrait même être l’inverse. L’effet escompté par le confinement n’est pas là, selon cette étude, comme le révèlent les chiffres analysés par l’équipe de John Ioannidis.

Le confinement a favorisé les contaminations à l’intérieur des foyers.

Pour arriver à ces conclusions, l’équipe de John Ioannidis a mis en place un protocole. Parmi les 10 pays analysés par l’équipe : la France. Les scientifiques ont mis le nombre de contaminations dans l’hexagone — à partir du moment où le confinement a été déclaré — et les entreprises fermées, en face de celles de pays où le confinement n’a pas été prononcé. Comme cela a été le cas en Suède ou en Corée du Sud. Le résultat est sans appel. L’effet des mesures restrictives n’a presque pas apporté d’avantages en termes de contaminations.

Au contraire, même. Selon les chiffres collectés et analysés par John Ioannidis et son équipe, les deux confinements qu’a connus la France (17 mars-11 mai, 30 octobre-15 décembre), en favorisant les contaminations à l’intérieur d’un même foyer, n’auraient fait qu’aggraver un peu plus le bilan de l’épidémie — sans parler des innombrables effets collatéraux (économiques et sanitaires) de ces mises sous cloche. Des conclusions qui ne font évidemment pas consensus, très tant s’en faut, mais qui n’en constituent pas moins une pièce supplémentaire à verser au dossier.

En revanche, ce qui est certain, c’est que le confinement coûte très cher à l’économie française. Selon Capital qui se fait l’écho de l’AFP, un confinement d’un mois amputerait le produit intérieur brut d’environ un point (1 %). Ce serait 20 milliards que la France perdrait en l’espace de quatre semaines de restrictions strictes, avec la fermeture des entreprises.

« Des réductions similaires de la croissance des cas [de Covid-19] peuvent être obtenues avec des interventions moins restrictives » que le confinement, conclut l’étude.

Qui est John IOANNIDIS ?

C’est un professeur de Stanford, il est comme je vous le disais une sorte de terreur du monde de la science ; il avait déjà lancé un gros pavé dans la mare il y a presque 10 ans en publiant dans la revue PLOS Medecine un article qui s’intitulait « Pourquoi la plupart des découvertes publiées sont fausses ». Article consulté depuis plus d’un million de fois.

Il reprend aujourd’hui une partie de ces arguments pour attaquer de front le système de publication de la recherche scientifique — vous savez, ce système régi par la règle tacite dont je vous ai déjà parlé ici « publish or perish », publier ou périr, qui entraîne les chercheurs dans une surenchère de publications s’ils veulent obtenir reconnaissance, promotion et crédits pour leur laboratoire.

Que dit John IOANNIDIS ? Il dénombre déjà, entre 1996 et 2011 plus de 25 millions d’études publiées ; à comparer au très faible nombre d’avancées scientifiques concrètes et matérielles qui sont, elles, beaucoup moins fréquentes…

Et il explique que, dans cette course à la publication, eh bien de très nombreuses études sont tout simplement fausses : qu’il s’agisse de « faux positifs », c’est-à-dire de résultats biaisés par le protocole de recherche, de résultats impossibles à reproduire, d’échantillons de tests trop petits, donc pas significatifs, voire carrément de malhonnêteté intellectuelle.

Selon lui, dans son secteur de recherche, la biomédecine, jusqu’à 85 % des investissements faits dans ce secteur le sont à pure perte, soit un total de plus de 200 milliards de dollars jetés par la fenêtre.

Il dénonce, également, la technique dite « du salami », qui consiste à découper une seule recherche en plusieurs « tranches », et à proposer chacune de ces tranches à plusieurs revues, de façons à pouvoir attester de plusieurs publications, alors qu’il n’y a qu’une seule étude.

Le tout, à cause de ce système, ce cercle vicieux qui fait que les chercheurs sont poussés à la publication par leur laboratoire, par les investisseurs, dans un secteur dominé par la cooptation, le népotisme et le sexisme… bref, vous voyez, il n’y va pas de main molle comme disait ma grand-mère auvergnate.

Mais ce qui est intéressant, c’est que IOANNIDIS ne se contente pas de critiquer le système. Il propose plusieurs pistes pour le réformer. Un système assez radical, un barème qui attribuerait des points — positifs pour les études qui ont pu être reproduites ou qui se sont traduites par des avancées concrètes, négatifs pour les autres. Et c’est ce barème qui présiderait à l’attribution, ou non, d’avancement de carrière et de postes prestigieux.

Source : France Culture

À ce sujet lire : Comment publier un article scientifique en 2020

Liens connexes 

Pour des virologues toulousains, le couvre-feu à 18 heures censé freiner la propagation du COVID, a eu l'effet inverse. Un couvre-feu à 18 heures contre-productif. C’est ce que révèlent  les chercheurs du laboratoire de virologie du CHU Toulouse. Selon eux, sur l’aire urbaine toulousaine, «le couvre-feu a eu l’effet inverse, il y a eu une augmentation du nombre de personnes testées positives ».

Covid — Baisse de cas malgré les Fêtes et les vacanciers dans le Sud (plateau dès avant couvre-feu) 

Suède — l’effet des écoles restées ouvertes pendant la pandémie sur la santé sur les élèves et les enseignants

Bobard — Selon le Wall Street Journal la Suède abandonne son modèle et met désormais en place des restrictions obligatoires

Comparaison les taux d'hospitalisations par million d'habitants entre la Floride (peu de restrictions) et la Californie et New York (fortes restrictions)


 

 

L'UdeM cherche à ouvrir ses portes à plus d'étudiants noirs en médecine


MONTRÉAL — L’Université de Montréal (UdeM) veut plus d’étudiants noirs en médecine dans ses salles de classe.

L’objectif ultime est de contribuer à ce que le corps médical représente bien la population, certes, mais aussi d’offrir de meilleurs soins aux diverses communautés noires, espèrent les instigateurs des travaux de recherche et d’un grand forum citoyen qui doivent apporter des pistes de solution pour changer les choses — une première au Québec, disent-ils.

À l’origine de ces initiatives se trouve un constat : seuls de 1,5 % à 3 % des étudiants en médecine sont noirs. [Comment l’U de M sait-elle qui est noir par opposition à métis, hispanique, etc. ?]

Est-ce que parce qu’ils sont peu nombreux au Québec ? Le Dr Jean-Michel Leduc rejette cette hypothèse : les jeunes noirs de 15 à 24 ans, — le groupe dont font partie ceux qui sont généralement à l’âge de déposer une demande d’admission à l’université — représentent 8,4 % de la population à Montréal, signale celui qui est professeur et chercheur au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie.

« C’est la minorité visible la plus sous-représentée, dit le médecin qui est aussi responsable du comité équité et diversité au programme de médecine de l’UdeM. C’est le plus frappant ».

« Quand j’étais en première année de médecine, nous n’étions que six sur 300 », renchérit Nadège Zanre, une étudiante noire qui est actuellement résidante en obstétrique.

« Ça m’a un peu choquée », ajoute la Québécoise originaire du Burkina Faso, qui étudie à l’UdeM.

L’alternative est simple : soit ils ne sont pas nombreux à poser leur candidature, ou s’ils le font, ils ne sont pas retenus.

Pourquoi ? La réponse n’est pas simple [on pourrait croire cependant qu’il est simple de connaître la proportion de candidats noirs retenus et si c’est leurs résultats qui les excluent ou si ce n’est pas le cas, alors si c’est plus compliqué], d’où les travaux lancés par l’UdeM, à l’instar de ceux qu’elle a déjà réalisés pour les étudiants autochtones. L’institution d’enseignement organise aussi un forum le 14 avril — en collaboration avec l’Association médicale des personnes de race noire du Québec (AMPRNQ) — auquel s’est jointe l’Université McGill. Son but est de déterminer les contours des pistes de solution et de formuler des recommandations pour un plan d’action.

C’est la base, estime Édouard Kouassi, le président de l’AMPRNQ, aussi membre du comité équité et diversité de la Faculté de médecine.

« Il faut une volonté politique clairement exprimée, dit-il, et des politiques en place pour encourager cette représentativité ». Car là où il y en a une, « ça marche ». Un tel projet existe à l’Université de Toronto et a connu un succès « flamboyant », opine M. Leduc.

« C’est une question de responsabilité sociale importante pour nous de former des gens représentatifs de la population », ajoute ce dernier.

D’autres facultés vont participer au Forum, pharmacie, sciences infirmières, optométrie, etc. Discussions et partage de connaissances sont au rendez-vous.

« C’est une très belle initiative », juge M. Kouassi, surtout que les communautés ont été impliquées dès le départ.

Solutions à examiner

En médecine, le Dr Leduc reconnaît que la fameuse « cote R » joue encore un grand rôle dans la sélection des étudiants, et que celle-ci est le « reflet d’un parcours qui peut avoir été semé d’embûches », et qui reflète souvent le statut socio-économique des étudiants. Historiquement, les facultés de médecine étaient remplies d’étudiants blancs, bien nantis. [Comprendre les blancs issus de milieux défavorisés sont eux aussi sous-représentés… Que va faire l’école de médecine pour mieux les représenter ? Un plan d’action, car c’est choquant, etc. ?] Car lorsque l’on regarde les autres outils de sélection, dit-il, comme l’entrevue ou les tests de jugement, « on ne remarque pas de différence ».

Si la capacité d’apprentissage est essentielle pour les études ardues de médecine, d’autres qualités sont aussi requises, comme la capacité d’écoute, la résilience, l’empathie, énumère-t-il.

Les solutions pourraient être de diversifier les outils de sélection, d’accompagner les candidats dès qu’ils postulent ou d’avoir plus de diversité dans les comités d’admission et d’entrevues.

Nadège Zanre se souvient de cette journée : dans la salle d’attente, elle était la seule candidate noire pour son entrevue d’admission. Et ses intervieweurs étaient tous blancs. Elle n’a pas perçu de biais chez eux, mais s’est « sentie à part ».

Le curriculum pourrait aussi être examiné, pour qu’il soit exempt de préjugés, mais aussi afin qu’il reflète bien la réalité des personnes noires.

Les maladies de peau ne se présentent pas de la même façon chez les personnes noires que chez les blancs — elles sont d’ailleurs sous-diagnostiquées chez elles. Et certaines pathologies touchent davantage les personnes noires, comme la drépanocytose, fait valoir M. Kouassi. Il faut que les médecins soient bien au fait de ces différences. Et puis, une diversité d’étudiants va amener une diversité des connaissances qui sont partagées en classe, ce qui va bénéficier à tous ces futurs médecins.

Mme Zanre parle de ses patientes, dont une qui l’a particulièrement marquée : la femme d’origine haïtienne, sur le point d’accoucher, a éclaté en sanglots en lui confiant que cela la rassurait « d’avoir une personne comme elle » dans la salle.

« Je ne sais pas pourquoi ça l’a apaisée, mais je sais que ça l’a fait. Pour cette raison-là, je me suis dit qu’il est vraiment important qu’il y ait des Noirs en médecine ».

Pour qu’au moins la population québécoise soit représentée dans ses médecins et que le traitement des patients soit complet, explique-t-elle.


dimanche 31 janvier 2021

La fin du mandat présidentiel de Donald Trump rappelle le déclin de la République romaine

De David Engels sur le site de Valeurs Actuelles :

La fin du mandat présidentiel de Donald Trump rappelle le déclin de la République romaine, au Ier siècle avant Jésus-Christ, estime l’historien et essayiste belge.

Cicéron (debout) dénonce Catilina (assis, isolé) du parti des populares au Sénat
 
Déjà au début de la présidence de Trump, j’avais comparé son mandat aux dernières années de la République romaine, quand des tribuns de la plèbe tels que Catilina ou Clodius s’étaient rebellés contre l’oligarchie sénatoriale romaine (et ses liens étroits avec l’élite financière), dans un mélange de démagogie, de réformisme et de véritable préoccupation sociale — et échouèrent lamentablement. La fin de la présidence de Trump confirme cette hypothèse. La terreur des émeutes de Black Lives Matter, la chaotique prise d’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, et le contrôle total que son adversaire vient d’obtenir sur toutes les institutions de la République rappellent de manière dramatique ces affrontements sanglants entre Clodius, l’enfant terrible du patriciat romain, et son adversaire Milon, dont la terreur fut systématiquement promue par l’oligarchie sénatoriale afin d’éliminer Clodius et ses partisans.

De Rome à Washington

Certes, le populiste Clodius, contrairement à Trump, était loin de poursuivre un programme culturel conservateur et l’optimas [les optimates étaient le parti de l’établissement, de l’élite en place] Milon n’aurait probablement jamais tourné en dérision sa propre histoire culturelle comme le fait la cancel culture. Mais les parallèles morphologiques entre hier et aujourd’hui restent stupéfiants : l’érosion des antagonismes idéologiques entre les partis traditionnels par la formation de cartels ; l’exclusion systématique et donc la radicalisation politique de toute opposition interne ; l’incapacité d’un système caractérisé par une polarisation sociale inouïe à se réformer par lui-même ; et enfin l’instrumentalisation politique de la rue — et ce précisément non seulement par les populistes, mais aussi par les partis établis, qu’il s’agisse des voyous de Milon ou de l’antifa.

Mais ce qui est encore plus éclairant, c’est la conséquence politique ultime de la brève aventure populiste romaine, à savoir la volonté croissante d’une élite politique menacée de réaliser exactement ce dont elle accuse ses adversaires : l’instrumentalisation de l’état d’urgence. Ainsi, l’assassinat de Clodius, en 52 avant Jésus-Christ, fut suivi par la nomination de Pompée comme consul unique, fait inédit dans l’histoire de Rome, car négligeant un élément central de la séparation des pouvoirs et anticipant l’Empire. Pompée, bien qu’il ait secrètement alimenté le conflit entre Clodius et Milon, se présente comme un « médiateur » impartial entre populares et optimates ; mais sous prétexte de combattre les « fauteurs de troubles » par des forces de police spéciales et des tribunaux extraordinaires, il se débarrasse rapidement de ses propres adversaires. Et il faut s’attendre à ce que Joe Biden, lui aussi, sache tirer bon parti de ces sinistres listes des « trumpistes » compilées par ses supporters, tout comme il est à supposer qu’en Europe également, nous assisterons bientôt à une répression politique croissante du populisme conservateur.

Le cadavre de Publius Clodius Pulcher (mort en -52) retrouvé sur la via Appia à Rome

 Un flou idéologique salvateur ?

Cependant, quiconque croit que la victoire imminente de l’établissement politique sera définitive se trompe : les « déplorables » américains ainsi que les « gilets jaunes » français ou les « Wutbürger » allemands continueront à représenter un puissant capital politique précisément en raison de leur flou idéologique ; capital qui sera facilement accessible à tous ceux qui auront compris que la lutte politique de l’avenir ne sera plus décidée par des élections et des institutions, mais, tout comme dans la Rome républicaine tardive, par le charisme, le contrôle de l’opinion publique, le pouvoir financier et la pression de la rue. Dans la Rome antique, le bref calme imposé par Pompée fut rapidement suivi par la révolte de César, qui, en 49, entraîna le début de plus de vingt ans de guerre civile ouverte ou larvée, jusqu’à ce que les antagonistes fatigués se soumettent finalement au compromis impérial d’Auguste. D’où viendra le César européen ?

Liens connexes

Pro renovatione occidentis 

Michel Houellebecq : le suicide de l'Occident résultat de deux déclins, l'un démographique, l'autre religieux

Dans Le Déclin, à travers une étude comparative simple et factuelle, Davis Engels fait le récit de la situation, troublante de ressemblances, vécue par la République romaine tardive. De la question de la citoyenneté et des flux migratoires à celle de l'art ou des frontières, cette époque antique apparaît stupéfiante d'actualité et de modernité. 

 

Le martyre actuel des chrétiens d'Orient

Ce vendredi 29 janvier, l’AED (Aide à l’Eglise en détresse) a organisé à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre en huis clos la « Nuit des témoins » pour rendre hommage aux chrétiens persécutés dans le monde.

Le père Charbel Eid Rizkallah, moine maronite et coordinateur de l’AED au Moyen-Orient, revient sur la terrible situation des chrétiens d’Orient en Syrie et en Irak.


Radio-Canada renvoie dos-à-dos histoire factuelle « blanche » et tradition orale indienne

Radio-Canada (vos impôts à l’œuvre) s’est sentie obligée d’écrire un article pour défendre la théorie récente selon laquelle Montréal serait un territoire agnier non concédé. Défense, car elle met sur un même pied les prétentions des Agniers et les études des historiens « blancs », en présentant d’abord la tradition orale des Mohawks. (Agnier est le nom français des Kanien'kehá:ka, littéralement les Gens du Silex, Mohawk étant leur nom en anglais.)

Denis Coderre et Valérie Plante avaient déjà pris position en 2017 en déclarant que la métropole était un territoire autochtone, voire Mohawk, non cédé. La calamiteuse Valérie Plante avait fait la promotion de l’agnier en 2019 quand elle a fait rebaptiser la rue Amherst du nom d’Atateken (frères et sœurs, fraternité en agnier). Choix pour le moins étonnant : les odonymes inspirés de noms communs devraient être en français au Québec. Ce nom commun étranger a été préféré à Pontiac (chef indien ennemi d’Amherst) dont le nom a été souvent suggéré pour remplacer celui d’Amherst. Ajoutons que des Mohawks étaient les alliés d’Amherst contre les Français lors de la conquête de Montréal en 1760…

Plus récemment, cette prétention à une occupation de Montréal par les Agniers a refait surface lors du dévoilement du nouveau logo, fraîchement accueilli, de l’Impact de Montréal.  Justin Kingsley, ancien homme de confiance de Paul Martin, ancien premier ministre libéral du Canada et homme fort de Power, a voulu réinventer l’image de l’Impact de Montréal. La fleur de lys a donc été réduite à un discret signe de ponctuation. Le bleu et tout ce qui faisait le symbole du Québec et de Montréal ont reçu le traitement « diversitaire » : la dominante bleue du logo est devenue le noir, le blanc a été remplacé par le gris. Dans ce même esprit, le club a fait un court métrage mettant la ville en vedette « dans les trois langues présentes lors de sa fondation », soit d’abord l’agnier (mohawk), puis l’anglais et enfin le français. Voir ci-dessous.

 

« Les trois langues présentes lors de sa fondation ». Cette phrase nous paraît incompréhensible. À la fondation de Montréal, en 1642, il n’y a pas de Mohawk présent sur l’île. Pas plus que d’Anglais. Si l’on veut parler des gens dans la région, il faudrait inclure le néerlandais dans la vidéo. En effet, les Européens les plus proches de Montréal par voie fluviale étaient les Néerlandais (souvent francophones d’ailleurs, des Wallons) de la Nouvelle-Néerlande (ou Nouvelle-Belgique). Ils se trouvaient au bout de l’axe de pénétration de la rivière Hudson, du lac Champlain et de la rivière Richelieu. Les Mohawks furent d’ailleurs en contact régulier avec les Hollandais. Les Anglais de la Nouvelle-Angleterre (Boston) n’avaient pas un accès aussi direct à la région de Montréal. La Nouvelle-Néerlande capitule en 1664 devant les attaques des Britanniques.

 


C’est dans ce contexte que l’ancien ministre Joseph Facal a écrit un texte intitulé « Montréal n’a jamais été un territoire mohawk ». Nous en reproduisons un extrait ci-dessous :

C’est simple : il n’y a pas un seul historien sérieux qui soutient cette idée d’une présence mohawk sur l’île de Montréal lors de la fondation de la ville.

Cette ritournelle est celle de militants.

Paul Chomedey de Maisonneuve fonde Montréal en 1642.

Quels autochtones habitent sur l’île à ce moment ? Aucun, bien que certains y venaient pour chasser… mais pas les Mohawks.

Des autochtones avaient-ils déjà vécu sur l’île ? Oui, puisque Jacques Cartier, environ un siècle avant, en parle.

Mais c’étaient des Iroquoïens.

Que s’est-il passé entre Cartier et Maisonneuve qui expliquerait leur disparition de l’île ? Les historiens ont des hypothèses, mais aucune certitude.

Les Mohawks d’aujourd’hui disent que ces Iroquoïens sont leurs ancêtres, mais ces Iroquoïens ne parlaient pas la même langue. Hmm. . .

Où sont les Mohawks pendant ce temps ?

Ils sont chez eux, dans le nord de ce qui allait devenir l’État de New York [en Nouvelle-Néerlande/Nouvelle-Belgique], là où se trouve aujourd’hui la ville d’Albany [alors Fort-Orange].

Ils font la guerre à d’autres nations amérindiennes pour garder leur monopole sur la traite des fourrures avec les Hollandais, arrivés à New York [la Nouvelle-Amsterdam, Manhattan a été acheté par un Wallon protestant, Pierre Minuit] bien avant les Britanniques.

Pendant ces guerres livrées aux Mohicans, aux Algonquins, aux Attikameks, aux Innus, ils feront certes des incursions ici, mais rentrent chez eux après.

Forcément, quelques-uns étaient capturés. Ils devenaient des esclaves ou, s’ils étaient enfants, pouvaient être « adoptés » par des parents d’une autre nation.

Parmi eux, plusieurs furent convertis au christianisme par les missionnaires.

Ce sont des missionnaires venus de France qui fondent Kahnawake en 1667 et Kanesatake en 1705, bien après la fondation de Montréal.

Akwesasne ne voit pas le jour avant 1750.

Arrive ensuite la guerre d’Indépendance des États-Unis, qui commence en 1775 et se termine en 1783.

Les Mohawks choisissent le mauvais camp : celui de la Grande-Bretagne.

Après la victoire des Américains, leur position devient très inconfortable.

Ils quittent carrément le territoire. Beaucoup vendent leurs terres et viennent s’installer ici.

Montréal existe alors depuis plus d’un siècle. [140 ans]

Bref, les Mohawks du Québec d’aujourd’hui sont les descendants de ces Mohawks venus d’ailleurs, chassés par les guerres entre autochtones et entre Blancs.

La société de diffusion gouvernementale a donc cru devoir opposer à cette version, celle des Agniers : « Des points de vue opposés sur Montréal en tant que territoire mohawk ». Dans le titre comme dans l’article, Radio-Canada présente les deux points de vue comme égaux, aucun ne serait vrai ni erroné.

Radio-Canada affirme en introduction que « Selon lui [Joseph Facal], “il n’y a pas un seul historien sérieux qui soutient cette idée d’une présence mohawk sur l’île de Montréal lors de la fondation de la ville”. » 
 
L’article radio-canadien présente d’abord les prétentions des Agniers :
La réponse du Conseil Mohawk de Kahnawake [MCK en anglais] ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué de presse, il explique que cet article « ne réussit qu’à donner aux lecteurs du journal un faux sens de l’histoire qui vise, tout simplement, à discréditer une fois de plus notre peuple et notre histoire ». Encore une fois, le MCK affirme que « la région de Montréal a longtemps été le territoire des Kanien'kehá:ka et le restera, que certains écrivains veuillent l’accepter ou non ».

On suppose que ces « certains écrivains » désigne tous les historiens qui s’appuient sur des faits et qui réfutent les prétentions agnières.

L’article de la SRC se poursuit :

En entrevue, le chef Ross Montour de Kahnawake a détaillé la position mohawk qui se base selon lui sur des « faits et non pas des opinions ». Il rappelle d’entrée de jeu que son peuple était sur le territoire bien avant l’arrivée des Européens.

En effet, les Mohawks expliquent que leurs ancêtres, qui ont un moment vécu à Montréal, l’ont ensuite quittée, avant d’y revenir. Leur arrivée dans les missions catholiques était finalement un retour au bercail, ce que documente leur tradition orale.

Nous n’avons pas compris la raison du « En effet » placé par l’auteur de la SRC. Car quel est donc ce fait qui prouve que le territoire était occupé par les Mohawks ou leur appartenait quand les Français s’y sont installés ? La tradition orale…? C’est cela le fait probant ? Mais la tradition orale ne peut pas être une preuve en soi, sinon il faudrait croire à toutes les légendes et mythes. Cette histoire orale ne peut au mieux qu'indiquer des pistes possibles, éclairer des interpétations qui doivent être étayées par des preuves plus probantes.

Le Chef Montour sort alors la grosse artillerie (critiquer les prétentions mohawks c’est être raciste) :

Les propos de M. Facal sont l’une des premières manifestations de racisme systémique.

Chef Ross Montour

Et la fameuse « théorie iroquoise » sur laquelle s’appuie M. Facal est fondée sur de minces preuves archéologiques, d’après le chef Montour.

Le chef poursuit :

Par ailleurs, il estime que les Européens ont écrit l’histoire en se basant sur « leur propre ethnocentrisme » et qu’elle a été utilisée pour justifier leur présence sur ces terres.

On peut facilement retourner cet argument cousu de fils blancs : les Agniers utilisent leur « tradition orale » (qui remonte à quand, au fait ?) pour justifier leurs revendications territoriales.

Le grand chef Simon de Kanesatake (Oka) déclare :

Les Mohawks de l’État de New York ont conquis les Iroquois du Saint-Laurent et les ont absorbés. Si c’est le cas, nous sommes des descendants des Iroquois, donc nous avons le droit de revendiquer les terres qu’ils occupaient.

Cet argument est très intéressant : il légitime la propriété par le droit de conquête et le métissage avec les peuples conquis, à moins que ce soit la communauté de race (avant le métissage) des conquérants (Mohawks) et des vaincus (Iroquoiens). Mais les Français ont conquis (dans la vision des Mohawks) Montréal et se sont métissés avec les rares occupants des environs. Ils peuvent donc légitimement revendiquer Montréal ? Ou cela ne peut-il jamais s’appliquer à des Blancs ? Des Amérindiens qui conquièrent, massacrent et assimilent des peuples amérindiens, pas de problème; des Européens alliés à des Amérindiens qui conquièrent et assimilent des Amérindiens très mal. Ce ne serait pas cela le racialisme ?

L’article se poursuit par des historiens qui confirment les affirmations de Joseph Facal :

Pour ce qui est des occupations ancestrales, la revendication mohawk sur l’île de Montréal est fausse. On ne peut pas faire le lien entre les Mohawks de Kahnawake et les Iroquois d’Hochelaga.

Serge Bouchard, anthropologue

Il rappelle qu’à l’arrivée de Jacques Cartier sur le continent, deux nations iroquoïennes occupaient le territoire. « Malheureusement, Jacques Cartier n’a pas noté l’ethnonyme de ces peuples. »

M. Bouchard explique que deux appellations pour les populations autochtones ont été retenues à l’arrivée des Européens : les Canadiens iroquoïens et, à Montréal, les habitants du pays d’Hochelaga.

Cette théorie est partagée par l’historien de l’UQAM Alain Beaulieu qui souligne que, même si l’article de M. Facal peut sembler polémique, il n’en reste pas moins qu’il n’y a pas de preuve d’une présence mohawk à proprement parler à Montréal avant l’arrivée de Jacques Cartier.

« La création de villages mohawks dans la vallée du Saint-Laurent date d’après 1667, soit environ un demi-siècle après l’installation des Français. Avant, personne n’occupait Montréal de manière permanente », dit-il.

L’article du diffuseur gouvernemental se termine avec un brin de chantage émotionnel (ne pas accepter les demandes mohawks c’est être contre la réconciliation) et les propos vagues d'un historien prudent et conciliant qui ne veut pas se prononcer sur «les revendications» autochtones. De quelles revendications parle-t-il ? Des agnières ? Autour de Montréal ? Pas celles fondées sur une prétendue présence mohawk sur l’île de Montréal en tout cas.

Pour le MCK, soutenir la thèse de M. Facal remet en cause le travail de réconciliation entamé entre Autochtones et allochtones, et nie la responsabilité de la population québécoise quant à la dépossession du territoire mohawk.

[…]

Il insiste : « Je ne prends pas position contre les revendications autochtones. Je laisse les tribunaux trancher. À ce sujet, je pense qu’il faudrait d’ailleurs travailler sur les critères de la jurisprudence en ce qui a trait aux revendications territoriales ».

Mais voilà, on a la nette impression qu’il fallait finir l’article sur un ex-æquo et laisser croire aux lecteurs de cette plateforme massivement subventionnée que deux thèses d’égales valeurs s’affrontent, que les prétentions mohawks sur Montréal sont légitimes en faisant dire à un historien que les revendications autochtones ne doivent pas être rejetées, mais sans dire lesquelles. Ex-æquo historique pour déplacer la discussion sur le terrain émotif : remettre en cause les prétentions des Mohawk, c’est vouloir envenimer les choses, « remet[tre] en cause le travail de réconciliation ». C'est très vilain. Le début du racisme systémique, même.

Bref, si M. Joseph Facal n’a pas tort sur les faits historiques, ces faits sont de peu d’importance puisque issus de la science « blanche » et que M. Facal est une personne irresponsable qui attise les tensions.

Voir aussi

« La blanchité multiraciale » : comment les wokes expliquent que des non blancs votent pour Trump

La théorie de la « fragilité blanche » (une nouvelle ordalie de l’eau utilisée pour découvrir les sorcières)