samedi 21 septembre 2019

Trudeau « mecsplique » à une femme qu'il ne faut plus dire mankind (« humanité ») mais peoplekind (« personnité »)

Mise à jour du vendredi 9 février 2018

Butts et Trudeau, étudiants à McGill
Un des principaux conseillers de Justin Trudeau, Gerald Butts, a fait entendre que ceux qui ont ri de « peoplekind » seraient des nazis. Cette remarque n’est pas restée sans réponse de la part de certains journalistes, comme Piers Morgan, qui s’étaient moqué de ce néologisme frappé au coin de la rectitude lexicale la plus ridicule.

Gerald Michael Butts est le principal conseiller politique du Premier ministre Justin Trudeau. Depuis novembre 2015, il est le secrétaire principal du Premier ministre. De 2008 à 2012, il a été président et chef de la direction du World Wildlife Fund Canada, un organisme mondial de conservation de la faune. En 2014, le magazine Maclean’s a déclaré que Butts était le quatorzième Canadien le plus puissant. Il est diplômé (maîtrise) en littérature anglaise de l’Université McGill à Montréal. C’est à McGill qu’il a été présenté à Justin Trudeau par un ami commun.

L’hilarité générale provoquée par le commentaire ridicule de son patron suscita rapidement ce gazouillis de sa part :
La leçon à tirer de cette blague déformée par Infowars et d’autres amis nazis d’extrême droite de The Rebel, c’est qu’ils nous écoutent. Allez l’ #ÉquipeTrudeau.


Le célèbre journaliste britannique Piers Morgan qui avait osé se moquer du néologisme de Justin Trudeau n’a pas goûté ce tweet. Agacé de l’amalgame fort peu subtil que Butts fait entre les nazis et les détracteurs de Trudeau, il répondit :
a) Je ne suis pas nazi.
b) Ce n’était pas une blague.
c) Si vous êtes l’un des principaux conseillers de @JustinTrudeau, pas étonnant qu’il fasse autant de gaffes.


Piers Morgan a poursuivi en faisant remarquer que

« Le monde entier a ri de votre patron et de son #peoplekind absurdement politiquement correct qui suinte l'exhibitionnisme vertueux [le pharisaïsme]. Si vous décidez de traiter tous ceux qui ont ri de nazis, alors je vous suggère poliment que vous êtes un demeuré absolu. »


Piers Morgan finit par se demander « s’il ne manquait pas une case à Butts. Incroyable qu’un conseiller aussi proche de votre Premier ministre puisse lancer de telles âneries aussi dangereusement incendiaires en son nom. »

Mise à jour de ce mercredi 7 février

Justin Trudeau a affirmé avoir fait une « blague stupide », la semaine dernière, quand il a proposé en anglais l’utilisation du terme « peoplekind » plutôt que « mankind », des propos critiqués autant au Canada qu’à l’international.

« J’ai fait une blague stupide il y a quelques jours », a déclaré le Premier ministre du Canada, mercredi matin à son arrivée au caucus libéral.

Le député conservateur Gérard Deltell a jugé mercredi matin que Justin Trudeau a fait la bonne chose en s’excusant pour sa « blague niaiseuse », mais il doute de la sincérité du Premier ministre.

« Ça va dans la logique de M. Trudeau de neutraliser à peu près tout », a-t-il observé, rappelant que les libéraux ont fait changer les paroles de l’hymne national pour le rendre plus inclusif, un changement dénoncé par l’opposition officielle.

Billet originel

Lors d’une assemblée publique à l’Université MacEwan à Edmonton, vendredi dernier, le Premier ministre Justin Trudeau a interrompu une femme qui avait utilisé le mot « mankind » (« humanité »).

Il a alors mecspliqué [1] que « nous préférons le terme de “peoplekind” » (quelque chose comme « personnité ») puisque le terme « mankind » en anglais fait référence à l’homme (“man”).   

Justin Trudeau a expliqué que cela serait plus « inclusif », un peu comme vouloir remplacer « patrimoine » par « héritage culturel » (une idée de Québec solidaire) en français. Certaines féministes, encore plus radicales, préconisent « matrimoine ».

Notons que nous ne savons pas trop qui est « nous » dans cette remarque de Justin Trudeau. Aucun site gouvernemental canadien ne semble utiliser « peoplekind »... Alors qu’on trouve près de 10 000 occurrences de mankind sur ces mêmes sites... En fait, nous soupçonnons M. Trudeau d’avoir oublié que « humankind » ou « humanity » sont parfois proposés comme alternative non « genrée » en anglais par la fonction publique canadienne.

Remarquons enfin que la dame interrompue pour des raisons de correctivisme genré avait aussi utilisé le terme « d’amour maternel », mais Justin Trudeau ne l’a pas reprise ici (« people’s love » ?)

La remarque du Premier ministre adulé a été aussitôt applaudie de façon nourrie par salle y compris par la jeune femme qui avait laissé glisser le rétrograde « mankind ». La jeune femme en question, Aimee, est membre de l’Église de Dieu société de la mission mondiale, une église féministe controversée fondée en Corée du Sud. Cette église croit en Dieu le père et Dieu la mère.

La remarque de Trudeau a été nettement moins bien accueillie ailleurs, plusieurs commentateurs dans l’anglosphère ont vertement critiqué cette « rectitude linguistique » qui semble primer sur le fond chez Justin Trudeau. L’animateur britannique Piers Morgan a qualifié M. Trudeau d’« imbécile de première, côté rectitude politique ».



L’émission « Fox and Friends », qui serait suivie tous les matins par le président Trump, a consacré à cette « affaire » tout un segment, mardi matin. Les trois animateurs ont interviewé le professeur de psychologie de l’Université de Toronto, Jordan Peterson, connu pour sa volonté de ne pas plier devant les dictats et les modes de la « rectitude politique post-moderne et marxiste ». Le professeur Jordan Peterson a qualifié cette interruption d’assez typique et de pavlovienne : « Je crains que la pensée de Premier ministre ne soit capable de suivre que quelques pistes idéologiques très étroites. Nous en avons vu les prémices quand M. Trudeau a constitué son cabinet. Il tenait à ce que 50 % des postes reviennent à des femmes malgré le fait que seuls près de 22 % des députés sont des femmes. Il était plus facile pour lui d’utiliser ce critère que de sélectionner ses ministres en ne considérant que les compétences nécessaires. On a déjà vu pas mal de ce genre de comportements. Mais là on a affaire à un exemple extrême. Trudeau écoutait une femme qui voulait sérieusement discuter d’une question importante et il est intervenu pour faire une déclaration idéologique au milieu de ce dialogue. Cela trahit clairement, à mon sens, sa façon de penser. Mais je ne crois pas qu’il pense, son esprit fonctionne à l’idéologie. Et il en accepte le résultat sans se poser de questions. Et nous allons vraiment en payer le prix au Canada d’une manière insoupçonnée pour l’instant. »

Les réseaux sociaux se sont copieusement moqués du « peopleskind »,
ici Manhattan est rebaptisé « Peoplehattan »

Pour l’universitaire et chroniqueur québécois Mathieu Bock-Côté, « Immédiatement, ivre de vertu inclusive, [Trudeau] a corrigé la demoiselle en lui disant qu’elle devrait plutôt parler de “peoplekind”. Fiou ! Un terme “genré” venait d’être banni de l’assemblée, et on s’en doute, l’égalité entre les sexes s’est mieux portée. On lutte contre les discriminations un mot à la fois ! [...] Mais nous ne sommes pas ici simplement devant les lubies amusantes d’un Premier ministre qui confond la modernité et l’ouverture d’esprit avec l’adhésion à toutes les modes idéologiques. Ce qui se dévoile, c’est la tentation de plus en plus forte de soumettre le langage à une perpétuelle reconstruction idéologique. Quels sont les prochains mots que nous bannirons ? »

Comment parler anglais comme Justin Trudeau :
le Manitoba devient le Personnetoba

La CBC a interrogé un lexicographe et, apparemment, M. Trudeau ne serait pas le premier à utiliser le mot « peopleskind ». Même si le mot est très rare, le lexicographe ajoute « J’en ai trouvé une attestation assez tôt en 1988 dans un livre sur l’écriture non sexiste. Et ce livre citait en fait quelqu’un d’autre, disant : “Eh bien, évidemment, ce mot ne prendra jamais.” »

M. Trudeau doit amorcer mercredi une visite officielle aux États-Unis pour parler commerce, notamment pour mousser les dispositions d’égalité hommes-femmes que son gouvernement tente d’intégrer à un nouvel Accord de libre-échange nord-américain. Visiblement une priorité économique ! (Voir ce que Jordan Peterson pense de l’imposition gouvernementale de l’égalité de résultats entre les hommes et les femmes.)

La gouverneure générale, Julie Payette, doit accorder bientôt la sanction royale à un nouvel « Ô Canada » de genre neutre, afin qu’en anglais, « un vrai amour de la patrie » n’anime plus « tous tes fils », mais qu’il « nous anime tous »...






[1] « Mecspliquer », néologisme qui désigne le fait qu’un homme explique quelque chose de façon paternaliste à une femme (et l’interrompe ici de façon inopportune). Radio-Canada avec nos impôts fait la promotion de « pénispliquer » (En F [sic] rançais SVP : remplacer mansplaining par « pénispliquer »).

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jeudi 19 septembre 2019

Cégep de Granby organise la marche pour le climat à Granby



Le mouvement planétaire de la Marche pour le climat envahira aussi Granby, le 27 septembre en après-midi.

Selon Michel Bélanger, directeur des affaires étudiantes au Cégep de Granby et organisateur de la marche avec le Comité d’action et de concertation en environnement du cégep et le groupe Vert Tige, des milliers de personnes seraient attendues à cette manifestation qui veut forcer les dirigeants politiques « de l’urgence d’agir » face « aux changements climatiques ».

Selon ce militant, « Toutes les études vont dans la même direction », dit-il. La pollution aggrave le climat « et on ne peut pas, comme collège, se fermer les yeux ». « On veut que l’ensemble de la journée soit axé sur l’environnement », dit M. Bélanger, ajoutant que le directeur général du Cégep de Granby, Yvan O’Connor, « a été l’un des premiers à dire qu’on devrait faire quelque chose » ce jour-là.

M. Bélanger affirme que « Le milieu scolaire a comme mission de promouvoir la protection de l’environnement ». C’est pourquoi le cégep se joint aux manifestations dans plusieurs villes du Québec et en Occident. La controversée militante écologiste Greta Thunberg doit notamment participer à la marche qui aura lieu à Montréal.

Des activités sont aussi prévues en matinée au cégep, dont des ateliers portant sur la fabrication de produits de beauté maison et de sacs réutilisables, le zéro déchet ainsi qu’un « café philosophique » sur l’environnement.

Source : Voix de l’Est

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« L’école ne devrait pas transformer les élèves en militants »

Le scandale des études militantes sur les enfants des « familles homos »

Les études présentées à l’Assemblée nationale française dans le cadre de l’examen du projet de loi de bioéthique ont « toutes été conduites avec un objectif militant : montrer que tout va bien pour les enfants accueillis par un couple de même sexe ». Le 5 septembre dernier, le Dr Pierre Lévy-Soussan, directeur du Centre de consultation médico-psychologique filiation de Paris (COFI-CMP) et ancien membre du Conseil d’orientation de l’Agence de biomédecine, a alerté la Commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi de bioéthique, de ce constat, fait par plusieurs psychiatres de renom. L’objectif est clair : il vise à modifier la législation sur la PMA. Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avait estimé « pertinent » de « s’appuyer sur des recherches fiables sur l’impact de cette situation ». Or « aucune étude d’impact sur le projet n’a été conduite », s’est étonné le Dr Lévy-Soussan.

En novembre 2018 déjà, le Dr Sarah Bydlowski, pédopsychiatre et chercheur associé au laboratoire de psychopathologie de l’université René-Descartes avait déclaré devant la mission parlementaire : « Notre réticence n’est pas théorique ». Elle a ainsi affirmé au député Jean-Louis Touraine qui se référait aux « travaux menés en Grande-Bretagne, aux États-Unis ou en Belgique », qu’aucun de ces travaux, qu’elle connaissait « très bien », n’était fondé « sur des observations cliniques précises de l’enfant : tous sont fondés sur des autoquestionnaires ». Il s’agit bien d’une simple liste de questions posées aux parents, dont les réponses sont ensuite analysées. Une méthode « insuffisante » selon les professionnels, pour un sujet « aussi complexe que la filiation et l’équilibre psychique de l’enfant ».

En outre, ces études « se limitent au court terme et font l’impasse sur la vie psychique de l’enfant », a remarqué le Dr Christian Flavigy, psychiatre et auteur du Débat confisqué. « Demander aux filles de Marc-Olivier Fogiel si tout va bien ne suffit pas ». « Même si c’est encore un vrai tabou, a expliqué le Dr Lévy-Soussan lors de son audition, on se rend compte que c’est plus compliqué avec la PMA, en termes de filiation. L’existence d’un tiers complexifie les représentations. Dans les PMA actuelles, on voit les difficultés qu’ont les parents à se transformer en fils et fille. Modifier les paramètres de la PMA va donc forcément retentir sur l’enfant. » Selon lui, imposer à un enfant d’avoir « deux mères » est une « violence contre le réel ».

En 2006, le Dr Loren Marks a rapporté dans un ouvrage [1] la « surincidence, chez les enfants se trouvant dans ce contexte, de troubles dépressifs, de toxicomanie, de troubles anxieux, de troubles de la conduite, d’idées suicidaires, voire de tentatives de suicide ». Enfin, en 2012, Mark Regnerus, professeur de sociologie à l’université du Texas, a publié une étude dans Social Science Research, qui révèle que les résultats des études sur l’homoparentalité « sont tirés souvent d’échantillons de petite taille, ne permettant pas de généraliser les résultats à la population des familles homosexuelles dans son ensemble. » Ayant réalisé sa propre étude, auprès de 2 998 adultes de 18 à 39 ans, celle-ci aboutissait, entre les familles homoparentales et les autres, à des « différences notables dans de nombreux résultats, dont beaucoup sont manifestement suboptimaux (comme les études, les états dépressifs, la situation professionnelle ou la consommation de marijuana ». « L’affirmation empirique qu’il n’existe aucune différence particulière doit cesser », concluait-il.

Le 6 octobre prochain aura lieu un grand rassemblant des opposants au projet de loi. Interrogé sur cette manifestation, Monsieur Aupetit, l’archevêque de Paris a déclaré « nous ne nous mobilisons pas seulement pour l’immédiat, mais pour l’avenir ». « L’histoire montre que ce sont les résistants qui transforment le monde, la masse des moutons indifférents ou résignés ne change rien » a-t-il ajouté.

Sources :

[1] Pediatrics, vol 118, n° 5, novembre 2006.

Famille chrétienne, Jean-Marie Dumont (18/09/2019) — « PMA pour toutes » le scandale des études biaisées

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mercredi 18 septembre 2019

« L’école ne devrait pas transformer les élèves en militants »

L’école ne joue pas son rôle lorsqu’elle choisit de se rallier sous l’effet d’entraînement en faveur d’une cause, comme la Commission scolaire de Montréal l’a fait en décrétant une journée pédagogique le 27 septembre pour manifester contre le réchauffement climatique dans un Québec au climat en rien trop chaud, a estimé mercredi Mathieu Bock-Côté à l’émission « La Joute ».

Le chroniqueur insiste : « l’école devrait transmettre savoir, connaissance et culture, elle ne devrait pas transformer les élèves en militants ».

Selon lui, la CSDM ne fait pas preuve d’esprit critique en cédant à l’enthousiasme populaire envers la manifestation du 27 septembre pour le climat. « L’école ne devrait jamais faire de la politique au sujet de quelque idéologie que ce soit. Que ce soit l’environnement, le féminisme, l’indépendance du Québec, le fédéralisme, l’ouverture à l’autre, alléluia », poursuit-il.

Pour son collègue Stéphane Bédard, la CSDM ne donne pas dans la politique, mais permet plutôt aux parents, accompagnés de leurs enfants s’ils le souhaitent, d’être présents.

« Mathieu aurait raison si une commission scolaire avait décidé de prendre toute sa classe [...] et avait dit on s’en va tous dans la rue et chacun a sa pancarte. On n’est pas là », souligne-t-il.




Le PM absent

François Legault a indiqué mercredi qu’il ne serait pas dans la rue avec les manifestants le 27 septembre. Une erreur, dit Stéphane Bédard.

« Le fait pour lui de ne pas être là, ça le met sur la défensive pour rien. Son ministre sera là, alors il aurait dû y être, ça aurait été plus simple pour lui. »

Mathieu Bock-Côté, lui, croit plutôt que la place d’un Premier ministre n’est pas dans la rue, mais au sein du gouvernement.

« Si le Premier ministre devient un manifestant, il renonce à sa fonction, il renonce au pouvoir qu’il a conquis. Il devient un témoin parmi d’autres, un protestataire malheureux. La place d’un Premier ministre, c’est dans un gouvernement », tranche-t-il.



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dimanche 15 septembre 2019

De plus en plus de jeunes ne savent plus tenir un stylo

À force de manier tablettes tactiles et manettes de jeu, de plus en plus de jeunes ne savent plus tenir un stylo. Leur manque de force et de dextérité dans les doigts désespère les professeurs. Et nécessite une rééducation par des graphopédagogues. Un texte d’Ingrid Riocreux.


À l’heure où j’écris ces lignes, les vacances scolaires ne sont pas terminées et je prépare mes cours en essayant de concilier les exigences des nouveaux programmes (huit livres dans l’année) et la réalité des élèves que je vais trouver en face de moi : « Madame, il fait quinze lignes, le texte, ça fait beaucoup de écrit ! » Et si la lecture représente pour mes lycéens [15-18 ans] une activité fatigante dont la pratique demeure exclusivement associée à la contrainte scolaire, l’écriture ne leur est pas plus agréable. Dans l’établissement où j’enseigne, gros lycée de province qui draine un public représentatif de la « France périphérique » (ni la bourgeoisie urbaine ni la banlieue à problèmes), sur une classe de 35 élèves, dont deux ou trois sont diagnostiqués « dysgraphiques », en réalité, seuls cinq savent vraiment tenir un stylo.

vendredi 13 septembre 2019

Mythe : « seuls les enfants peuvent apprendre de nouvelles langues avec un haut degré de maîtrise »

Dans une conférence qu’il présentait la semaine passée au congrès de l’Acfas qui se déroulait au Palais des congrès de Montréal, un chercheur de l’École des sciences de la communication de l’Université McGill a déboulonné le soi-disant mythe selon lequel « seuls les enfants peuvent apprendre de nouvelles langues avec un haut degré de maîtrise », les adultes quant à eux n’y parviennent pas ou beaucoup plus difficilement, « car leur cerveau mature en a perdu la capacité ».

On croit depuis déjà plusieurs dizaines d’années qu’il existe une période critique, située avant la puberté, durant laquelle il serait beaucoup plus facile d’acquérir une langue et de la maîtriser parfaitement. Certains spécialistes pensent que la maturité qu’a atteinte le cerveau des adultes forcerait ceux-ci à faire appel à « des mécanismes neurocognitifs différents de ceux des enfants pour apprendre une nouvelle langue », a rappelé Karsten Steinhauer. D’autres croient plutôt que les adultes utilisent les mêmes mécanismes neurocognitifs, mais que « leur motivation » pour apprendre est moindre de celle des enfants. Enfin, d’autres chercheurs ont émis une troisième hypothèse « mitoyenne », selon laquelle un adulte utiliserait dans un premier temps des mécanismes neurocognitifs différents de ceux employés par les enfants, mais qu’au cours de l’apprentissage, ces mécanismes « convergeraient graduellement vers ceux sollicités par les enfants ».

Pour tester ces différentes hypothèses, Karsten Steinhauer a fait appel à la technique d’électroencéphalographie (EEG), qui en raison de sa grande précision temporelle correspond mieux à l’étude de « la parole, qui est rapide et dynamique ». Grâce à cette technique, il a enregistré les « potentiels évoqués cognitifs » (PÉc) - sur le scalp de trois groupes de sujets - des locuteurs anglophones, des adultes francophones apprenant l’anglais mais ayant acquis un niveau intermédiaire de cette langue seconde, ainsi que des francophones ayant atteint un niveau avancé de maîtrise de l’anglais - tandis qu’on leur faisait écouter des phrases anglaises et françaises correctes, puis rendues insensées par le changement d’un mot.

Karsten Steinhauer a ainsi remarqué que les PÉc enregistrés chez les adultes ayant atteint un niveau intermédiaire se rapprochaient de ceux observés chez les locuteurs anglophones ayant appris leur langue au début de leur vie. Chez les francophones qui étaient parvenus à un niveau avancé, les PÉc étaient similaires à ceux des anglophones. En d’autres termes, le cerveau de ces derniers se comportait désormais comme celui des locuteurs dont l’anglais était la langue maternelle ou avait été acquis dès le plus jeune âge. « La convergence était complète, a indiqué M. Steinhauer en conférence. Ces données vont donc à l’encontre de l’hypothèse selon laquelle il existerait une période critique pour l’apprentissage et elles soutiennent la troisième hypothèse. »

« Il n’est pas impossible de changer les connexions synaptiques dans le cerveau d’un adulte. On peut apprendre à conduire la voiture et à jouer au tennis à l’âge adulte, c’est similaire pour l’apprentissage d’une nouvelle langue », a-t-il ajouté.

Dans un second temps, Karsten Steinhauer a voulu savoir si la méthode employée pour acquérir une langue seconde pouvait influencer l’apprentissage à l’âge adulte et s’il favorisait la convergence qu’il avait observée dans son étude précédente. « Il est possible que le type d’exposition à la nouvelle langue influence le mécanisme d’apprentissage », a-t-il soulevé. Il a donc comparé l’apprentissage implicite dans un contexte d’immersion à un apprentissage explicite en salle de classe. Toujours en comparant les enregistrements EEG, il a constaté qu’au début, le groupe ayant suivi un enseignement explicite réussissait mieux que le groupe en immersion, mais pas pour très longtemps. Seul le groupe en immersion présentait au bout d’un certain temps des PÉc similaires à ceux enregistrés chez les individus dont il s’agissait de la langue maternelle. « L’immersion semble accélérer la convergence », a précisé le chercheur.

Source




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jeudi 12 septembre 2019

Ados qui ne sortent pas ensemble seraient plus heureux et moins déprimés

Contrairement à ce que les films et émissions de télévision nous présentent au sujet des adolescents à l’école, une nouvelle étude a révélé que les adolescents qui ne sortaient (flirtaient) pas seraient plus heureux, moins déprimés et plus aptes à faire face à diverses situations sociales.

L’équipe de recherche de l'Université de Georgie a découvert que les adolescents qui ne sortaient pas alors qu’ils étaient à l’école secondaire avaient de bonnes aptitudes sociales, un faible niveau de dépression et s’en sortaient généralement aussi bien, voire mieux, que leurs camarades de classe.

« La majorité des adolescents ont déjà vécu une expérience romantique entre 15 et 17 ans », explique la doctorante et auteur principale de l’étude, Brooke Douglas, dans un communiqué. « Cette fréquence élevée a conduit certains chercheurs à suggérer que la fréquentation pendant l’adolescence est un comportement normatif. Autrement dit, les adolescents qui ont une relation amoureuse sont donc considérés comme “dans les temps” dans leur développement psychologique », alors que ceux qui ne sortaient pas étaient en quelque sorte en retard.

« Est-ce que cela signifie que les adolescents qui n’ont pas rendez-vous avec l’autre sexe sont inadaptés d’une manière ou d’une autre ? Qu’ils sont des inadaptés sociaux ? Peu d’études ont examiné les caractéristiques des jeunes qui ne sortent pas pendant l’adolescence et nous avons décidé d’en apprendre davantage », poursuit Douglas.

Ainsi, afin de déterminer si cette hypothèse à la mode était correcte, Douglas et son équipe ont examiné un groupe de 594 élèves de 10e année [16 ans] qui n’avaient signalé aucune activité romantique pendant sept ans. Ils ont examiné les capacités émotionnelles et sociales de chaque élève, puis comparé ces informations à celles de leurs pairs qui sortaient souvent.

Les données recueillies utilisées dans le cadre de l’étude l'ont été auprès d’un groupe d'élèves du nord-est de la Georgie pendant les 7 années alors qu’ils passaient de la sixième (12 ans) à la douzième année scolaire (18 ans). La collecte des données a commencé en 2013. Chaque printemps, les élèves étaient interrogés sur leurs habitudes en matière de fréquentation, ainsi que sur un certain nombre d’autres facteurs émotionnels et sociaux tels que les relations positives avec les amis, la vie de famille, le comportement à l’école, les symptômes de dépression et les idées suicidaires. Les enseignants de chaque élève ont également été interrogés et interrogés sur les aptitudes sociales de l’enfant, ses caractéristiques de leadership et ses symptômes de dépression.

À contre-courant avec ce que nous serinent les feuilletons diffusés depuis des décennies, les auteurs de l’étude ont découvert que les élèves qui ne sortaient pas avaient des aptitudes interpersonnelles similaires, voire meilleures, que leurs camarades qui avaient de petits amis. En outre, bien que les notes autodéclarées de relation positive ne diffèrent pas d’un groupe à l’autre, les enseignants notaient bien mieux ces élèves sans relation amoureuse que leurs camarades en quête de romance sur le plan des compétences sociales et de leadership.

En ce qui concerne la dépression, les enseignants ont également classé les élèves qui ne sortaient pas comme moins déprimés. En outre, beaucoup moins d’élèves abstinents ont déclaré se sentir déprimés ou désespérés régulièrement que les élèves qui sortaient.

« En résumé, nous avons constaté que les étudiants qui ne sortaient pas se débrouillaient bien et suivaient simplement une trajectoire développementale différente et saine de celle de leurs camarades », explique la co-auteur de l’étude, Pamela Orpinas.

Douglas et son équipe estiment que les écoles devraient faire davantage pour rappeler aux élèves que le fait de ne pas sortir avec quelqu’un en couple est aussi sain et normal que de sortir en couple.

« En tant que professionnels de la santé publique, nous devrions plus souvent rappeler que les adolescents peuvent de choisir de sortir ou non avec quelqu’un », conclut Douglas.

Source : Journal of School Health.

mercredi 11 septembre 2019

Les jeux vidéos sont-ils nocifs pour les jeunes ?


Le « Audiard » est sa langue maternelle. C’est rare dans une profession qui d’habitude s’interdit les hyperboles et les antithèses mordantes. Le livre de Desmurget, c’est un peu « les cons, ça ose tout… y compris nous faire croire que les jeux vidéo sont bons pour la santé mentale de nos enfants ». Ce docteur en neurosciences, qui travaille avec l’INSERM et le CNRS sur la plasticité neuronale, ne renierait pas le récital des meilleures répliques des Tontons flingueurs. Et son état d’esprit est à peu près celui-là : « Moi, quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite, j’disperse, j’ventile. »

Pendant ses nuits d’insomnies, il a désossé des centaines d’études et de rapports scientifiques publiés dans le monde sur les jeux vidéo. Avec cette seule question à l’esprit : sont-ils bons pour le cerveau ? La réponse est NON. Ils créent de la dépendance, et tous les tests indiquent qu’ils nuisent aux performances scolaires. Pourtant, la moindre étude à la méthodologie incertaine qui esquisse l’idée contraire est immédiatement amplifiée « par les médias », qui préfèrent « le débat contradictoire » à la démonstration pédagogique d’une vérité établie par des méthodes rigoureuses.

[...] combien de temps a-t-il fallu pour convaincre que « le tabac nuit à la santé ». Quant aux jeux vidéo, on va dire que ceux qui les critiquent sont stipendiés par la société secrète des réacs antépathes, nostalgiques de la blouse grise et du boulier compteur. La messe (en latin) est dite. À cette peur de paraitre ringard s’ajoute la pression économique. Desmurget s’en prend par exemple à l’Académie des sciences, qui a choisi de ne pas décourager les fabricants de jeux interactifs (qui, en France, sont talentueux), en produisant un avis plutôt favorable.

Mais venons-en au fait. Quels sont les effets nocifs du jeu vidéo ? « L’effondrement des interactions langagières et de la concentration, le surpoids, l’irritabilité », résume Desmurget. Bien sûr, il n’est pas facile de résister à la déferlante. Pas simple d’interdire. On comprend une certaine indulgence parentale, une certaine lassitude professorale. Ils s’en remettent au fil de l’eau des modes numériques du moment, faute de signaux d’alerte suffisamment musclés. Les parents débordés ajouteront que « sans jeux vidéo, les enfants ne peuvent plus avoir d’amis ». Et effectivement, c’est un argument massue. Et de fil en aiguille, chacun trouve normal de donner un téléphone dit intelligent dès la cinquième [12 ans] ou la quatrième [13 ans], plutôt qu’un simple téléphone. C’est la génération écolo, nous dit-on. Vraiment ?

Et ce ne sont pas seulement les enfants ayant entre 2 et 5 ans qu’il faut impérativement éloigner de l’écran — point qui a fini par être entendu par une majorité de parents. Les préados et les ados aussi. « L’adolescence aussi est l’une des phases de plasticité neuronale les plus intenses », rappelle notre auteur. Desmurget ne propose d’ailleurs pas d’en bannir à tout jamais l’usage.

Mais il suggère pour les moins de 16 ans de le limiter à une heure par jour. Un enfant qui joue trop — donc plus d’une heure par jour, mais une demi-heure serait l’idéal-est un enfant qui risque d’avoir « le vocabulaire d’un berger allemand un peu éduqué », mais aussi de perdre sa capacité pulmonaire faute d’exercice physique, de se montrer insomniaque et irritable, car le monde, hélas, ne répond que rarement dans la microseconde à nos sollicitations. Tel cet enfant de 12 ans arrivant chez des amis à la campagne et s’exclamant « c’est nul ici, il n’y a pas de connexions ! ».

[...]

La technique, oui, Internet, oui. Mais la civilisation du joystick, bof. Alors, les États s’inquiètent-ils de tout ça ? Le seul qui le fasse est Taïwan. « Le gouvernement a prévu une amende de 1500 euros si on expose un enfant de moins de 2 ans à un écran, et l’amende vaut aussi pour tout adolescent qui joue plus d’une demi-heure. » Menace plutôt symbolique, mais qui a le mérite d’officialiser le danger que représente pour la jeunesse la dépendance numérique.

Mais Desmurget s’intéresse aussi au cas du numérique à vocation pédagogique. Car il n’y a pas de raison de penser que l’accès à l’informatique pour faire du codage ou pour regarder des cours dispensés par tel ou tel spécialiste d’une matière ne serait pas utile. Desmurget n’est pas contre. « Si vous me dites que désormais il n’y aura plus de manuels parce qu’ils seront tous dans la même tablette numérique, je signe tout de suite », nous dit — il. Mais il s’agit alors simplement d’un transfert de support, comme de lire un journal en ligne — même si cela induit aussi quelques microadaptations cognitives.

En revanche, si vous pensez que généraliser la diffusion de cours en ligne ouverts et massifs (CLOM), ces cours à distance dont raffolent les grandes universités américaines, peut répandre sur le monde l’instruction, vous faites erreur.

« C’est comme de regarder un opéra à la télé, vous perdez 70 % de l’intensité du message. » Desmurget estime que rien ne remplace le professeur et qu’un cours en ligne peut éventuellement marcher s’il est accompagné par des travaux dirigés avec un chargé de cours qui répond aux questions. Mais en général, avant et après le bac, ce n’est pas le cours magistral qui captive les élèves. Desmurget cite cette anecdote à l’université de Lyon-III : « La direction a été obligée d’interdire les iPad et portables, car pendant les heures de cours la bande passante de l’université était saturée, les élèves étant sur les réseaux sociaux, ou en train de regarder un film. » Desmurget a donc décidé de tordre le bâton dans l’autre sens pour le remettre droit. L’auteur du livre avait des parents libraires. Ça ex plique peut-être en partie sa colère. Il a aimé lire en rêvant, rêver en lisant.

Concluons : L’homme de la pampa, par fois rude, reste toujours courtois, mais la vérité nous oblige à dire : ces jeux vidéo commencent à nous les briser menu.



La fabrique du crétin digital
Les dangers des écrans pour nos enfants
de Michel Desmurget
paru le 29 août 2019
aux éditions du Seuil
à Paris,
432 pages,
ISBN-13 : 978-2021423310


Source : Le Figaro



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Multiculturalisme cache toujours l'hégémonie d'une culture ou d'une ethnie

On trouvera ci-dessous la recension d’Éric Zemmour de l’ouvrage
Le populisme en Europe centrale et orientale de Roman Krakovsky paru ce mois-ci.

Le populisme, voilà l’ennemi ! Le combat est sans frontières et sans répit. Les élites occidentales lui ont déclaré une guerre inexpiable. Chacun a sa cible privilégiée, son mode opératoire : les médias insultent Trump et Poutine ; les parlementaires ligotent Salvini et Johnson [et refusent de nouvelles élections...] ; les universitaires délégitiment Orban. Ce n’est pas un complot, mais une coalition. Un historien venu de sa Slovaquie natale, spécialiste de l’Europe centrale et orientale, maître de conférences à l’Université de Genève, préfacé par un sociologue français, émule de Bourdieu, publié par un éditeur parisien très bien-pensant, c’est la version rive gauche de « si tous les gars du monde voulaient se donner la main ». La thèse du livre est rebattue : le populisme fait le lit de la xénophobie, du racisme et des régimes dictatoriaux ; il est le nouvel avatar du combat réactionnaire contre le progressisme universaliste des Lumières ; il n’est pas éto1mant qu’il renaisse dans ces contrées d’Europe centrale et orientale qui n’ont jamais vraiment connu les délices de la démocratie libérale occidentale.

Pour bien montrer que ce populisme est le mal absolu, il s’agit de l’acoquiner avec tout ce que le XXe siècle a connu de barbaries totalitaires, fascisme, nazisme, et même communisme (ce qui est fort pour une idéologie marxiste, universaliste, pur produit des Lumières occidentales, qui a justement éradiqué les mouvements populistes, les premiers narodniki russes et tous leurs imitateurs est-européens ; mais à cœur vaillant, rien d’impossible !). Pour verrouiller intellectuellement l’opération, on utilise les travaux d’Ernesto Laclau, le penseur sud-américain concepteur du « populisme de gauche », qui explique qu’un peuple se construit en communauté politique en s’édifiant contre un ennemi désigné (élites, bourgeois, riches).

Mais ce constructivisme qui plaît tant à certaines élites de gauche s’autodétruit dès qu’il touche au réel, les « peuples » ayant le mauvais goût de lui préférer les réalités tangibles de l’ethnie, la religion, les mœurs, la culture, qui l’unifient en le distinguant de l’Autre qui refuse de les faire siennes. Depuis les dernières [élections] européennes, Jean-Luc Mélenchon comprend mieux : ce que je veux dire. [Le parti de Mélenchon qui se veut « populiste de gauche » a eu de mauvais résultats aux Européennes (6,31 %), alors que le Rassemblement national honni par les élites est arrivé en tête avec 23,31 %.]

C’est bien ce que reproche notre historien aux populismes de l’Est : hier comme aujourd’hui, ils accrochent la nation à une catégorie sociale particulière, paysans, ouvriers, chrétiens... Alors « l’universel disparaît de l’espace politique (...) l’identité est le socle de toute communauté politique », comme nous avait mis en garde sa statue du commandeur de préfacier.

Mais voilà, notre historien connaît son sujet ; ce qui s’avère très gênant pour lui, sa thèse, et ses amis français. Ces pays sont devenus des nations souveraines fort tard, après la Première Guerre mondiale. Elles ont émergé dans les ruines d’Empires multiculturels, austro-hongrois, tsariste, ou ottoman. Ces peuples savent que le « multiculturalisme,» cache toujours hégémonie, d’une ethnie et d’une culture : allemande, russe, ou islamique. Au sein des nouvelles nations nées en 1918, les « minorités nationales » rendaient impossible tout fonctionnement démocratique. La démocratie, c’est quand la minorité accepte sa défaite face à la majorité. Ce n’est pas possible quand la minorité est étrangère au peuple majoritaire. Notre auteur le reconnaît : « Plus l’hétérogénéité ethnique et culturelle freine le développement des communautés politiques, voire les met en danger, plus il est complexe d’envisager le “peuple” au sens de “corps politique” ».

Ces pays-là savent que le « multiculturalisme » c’est la guerre de tous contre tous, comme dans les am1ées 1930 et 1940. Il y a une issue, une seule, mais elle est terrible : « Entre 1944 et 1948, près de 31 millions de centre-est-européens doivent quitter leur pays, souvent dans des conditions dramatiques, contre 15,4 millions dans les cinq premières années de la guerre. Les minorités qui constituaient avant le conf1it parfois jusqu’au tiers de la population sont réduites de façon drastique ». Notre historien donne loyalement les chiffres, mais n’ose pas en tirer les leçons qui s’imposent : ce n’est qu’à partir du moment où ces pays ont établi une unité culturelle, qu’ils ont conquis d’abord la paix (en 1945) puis la liberté (en 1989).

C’est parce qu’ils ont cette histoire particulière que ces peuples de l’Est ont tout de suite réagi lors de la crise migratoire de 2015. Même notre historien est contraint de l’avouer mezza voce : « Le danger que représentent les minorités est ponctuellement fantasmé. Mais, dans la plupart des cas, les minorités mettent réellement en danger, parfois jusqu’à leur existence les communautés et les États ».

Ce qui sauve les pays de l’Est, c’est justement ce que notre auteur et l’intelligentsia occidentale leur reprochent : ne pas avoir été contaminé par l’esprit universaliste et individualiste des Lumières. Cela leur permet de développer des anticorps contre l’individualisme libéral qui désagrège les sociétés et l’islam qui envahit et conquiert ces terres désolées.

Notre historien est obligé de reconnaître que ces pays restent des démocraties ; mais en s’en prenant aux contre-pouvoirs que sont les médias et la justice, les régimes « illibéraux » attaquent selon lui le « cœur du système démocratique ». Et d’ajouter, tel Saint Jean Bouche d’or : « Le contrôle des médias et de la justice assure à ce dernier (Orban) une position hégémonique dans l’espace public et lui permet d’imposer ses valeurs et sa façon de penser comme les seules légitimes. » C’est exactement ce que font les « progressistes » dans nos pays !

Ce qu’il dénonce dans les mesures prises par Orban ou les dirigeants polonais (taxe hongroise de 25 % sur les dons par ONG promigrations, fin du financement public des études de genre, etc.) peut, à l’inverse, constituer une marche à suivre pour tous ceux qui veulent lutter contre la dictature des minorités et reprendre ainsi en mains leur destin national. « Ce qui se passe aujourd’hui en Europe centrale et orientale pourrait apparaître comme une forme d’anticipation du destin européen », s’émeut notre historien. Ce n’est pas charitable de nous bercer ainsi de faux espoirs...


Le populisme en Europe centrale et orientale
de Roman Krakovsky,
publié le 11 septembre 2019,
chez Fayard,
à Paris,
350 pages
ISBN-13 : 978-2213705965

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