mercredi 12 décembre 2007

La ministre sort d’une réunion du cabinet pour vanter le progrès et l'intelligence des enfants plus malins que leurs parents

À l’annonce de la demande de M. Mario Dumont que le gouvernement revienne sur sa décision impopulaire d'imposer le nouveau cours obligatoire d’éthique et de culture religieuse à tous les élèves du Québec à la rentrée de septembre 2008, la ministre du monopole de l’Éducation, Michèle Courchesne, est sortie précipitamment d’une réunion du cabinet. Elle a ensuite réitéré que le cours obligatoire donnerait une place prépondérante à la religion chrétienne et que, selon elle, il ne s’agirait pas d’un cours d’instruction religieuse.

Mme Courchesne aurait ensuite déclaré selon la Gazette de Montréal : « Nos enfants sont intelligents, ils comprennent souvent plus que nous. » Cette flatterie destinée à faire baisser la garde des parents est cousue de fil blanc. Elle n’est fondée sur rien et elle confond allègrement intelligence et instruction. Or, l’acquisition d’une tradition culturelle, d’une foi n’est en rien du ressort de « l’intelligence » censée supérieure des enfants. En outre, cette déclaration ne peut que laisser pantois ceux qui pensent que c’est aux parents de décider de la maturité de leurs enfants et non à un ministère.

La ministre a poursuivi en prétendant que M. Dumont était totalement déconnecté de la réalité et surtout celle de Montréal. Attaque quelque peu mesquine difficile à prouver et surtout qui n’explique pas en quoi les parents ne devraient plus avoir le choix de l’instruction religieuse donnée à leurs enfants !

Mme Courchesne a alors ressorti l’argument usé jusqu’à la corde selon lequel « Si nous nous comprenons mieux, nous pourrons alors plus facilement vivre dans l’harmonie au Québec. » C’est le genre d'affligeantes platitudes qui ont fait tant de dégâts au Québec :
  1. Le Québec abrite dès aujourd’hui de nombreuses communautés et elles s’entendent relativement bien, sans avoir pourtant pu bénéficier des munificences pédagogiques relativistes que le monopole de l’Éducation veut imposer à tous les enfants ou même sans qu'elles comprennent réellement les croyances des autres communautés.
  2. Et puis ce cours désire faire « comprendre les religions et les croyances » des autres petits québécois, Mais les sources de tension au Québec ne sont pas principalement religieuses (pour l'instant)  : elles sont linguistiques et ethniques (les Haïtiens sont chrétiens et pourtant leur « intégration » soulève des difficultés. (Le monopole nous prépare-t-il un nouveau cours ?) Il en va de même dans les cours d’école : les gros, les intellos, les gringalets, les richards, les mal habillés, les efféminés, les rouquins ne sont pas martyrisés à cause de leur religion. Quel cours obligatoire ici ?
  3. Enfin, il n’est pas certain que ce cours conçu dans un esprit naïf, mais généreux (« l’enfer est pavé de bonnes intentions »), aura même l’effet escompté et saura rendre plus harmonieux les rapports entre Québécois. À moins, peut-être, qu’il n’impose une morale relativiste commune de substitution aux croyances diverses des Québécois d’aujourd’hui ? Bien évidemment, les auteurs du programme s’en défendent. Notons qu’il faut bien parler de relativisme, car comme le déclarait Mme la professeure Azdouz au sujet de ce cours : « le rôle des intervenants scolaires c'est d'apprendre à [l’] enfant de composer avec des enfants qui ont d’autres croyances religieuses et dire qu’elle est tout aussi légitime que la leur ou, des enfants qui n’ont pas de croyances religieuses et que cette position-là est tout aussi légitime que la leur. » Tout se vaut donc. Et si ce relativisme avait comme conséquence l’effet inverse voulu : tout se vaut, Dieu n’existe pas (l’athéisme vaut la croyance religieuse) et si Dieu n’existe pas qu’est-ce qui peut me servir de boussole morale sauf mon intérêt personnel ? Pourquoi ne serais-je pas raciste si viscéralement je n’aime pas les gens d’autres ethnies ? Pour faire plaisir au prof ? Par peur de la réprobation des autres élèves soumis au même cours ? Est-ce que ce n’est pas déjà le message appris en France depuis des années ? A-t-il empêché les violences dans les banlieues ? Bien sûr que non.
Mme Courchesne conclut son attaque contre M. Dumont par une saillie typique « Il est très négatif, il cherche à effrayer les parents par cette nouveauté. » Tactique usée jusqu’à la corde au Québec pour faire accepter toutes les modes et les expériences les plus douteuses : il faut innover, et ne pas avoir peur du neuf, tous ceux qui sont prudents sont de frileux rétrogrades, des réactionnaires qui lorsqu'ils s'expriment agissent sur les instincts les plus bas et les plus vils, alors que le retour en arrière est impossible, car la glorieuse marche en avant est irréversible. Nous avons trop entendu cette rengaine vide et vaine.

Jugeons l'arbre du progrès forcé à ses fruits. Voyons où ces valeurs modernes, dont on nous a rabâché les oreilles pendant plus de trente ans au Québec, nous ont menés au niveau social : un taux de natalité désastreux, un lent déclin du fait français, un taux de suicide parmi les plus hauts au monde, des stérilisations volontaires records, quarante pour cent d'utilisation occasionnelle de drogues au secondaire, des exploits sexuels précoces parfois dès le primaire (et Mme Courchesne de dire sans rire que les enfants comprennent nettement mieux que les adultes !), etc. Ah, les valeurs mortifères mais si modernes du Québec toujours à la pointe du progrès !

Non, toute nouveauté n’est pas bonne, Mme Courchesne ! Non, l’imposition n’est pas une valeur en soi, Mme la ministre ! La liberté, le choix et la prudence sont en revanche des valeurs qu’il faut cultiver avec plus d’assiduité au Québec.

Les évêques du Québec réitèrent qu'ils n'ont toujours pas approuvé le cours d'éthique et de culture religieuse

Contrairement à ce que plusieurs partisans du cours d'éthique et de culture religieuse clament, notamment M. le professeur Louis Rousseau, l'Assemblée des évêques catholiques du Québec n'a pas pris position sur le cours d'éthique et de culture religieuse.

C'est en substance ce qu'a déclaré l'archevêque de Montréal, Mgr Jean-Claude Turcotte, lors de son passage ce mercredi 12 décembre 2007 devant la commission Bouchard-Taylor à Montréal.

« Ça part d'une idée généreuse, mais on attend de voir le contenu. Or le contenu ne nous a été révélé qu'à la toute fin de juin » et, depuis, « on n'a pas eu le temps » de l'examiner, a-t-il fait valoir, alors qu'il était interrogé après la comparution de l'Assemblée devant la Commission Bouchard-Taylor, à Montréal.

« Nous, entre nous, nous voulons avoir le temps d'y réfléchir, de le discuter à fond. Je ne connais pas personnellement très bien ce programme-là. »

L'Assemblée des évêques du Québec devrait se pencher sur ce cours obligatoire imposé par Québec en mars 2008.

L'opposition officielle demande le retrait du cours d'éthique et de culture religieuse

Le chef de l'opposition officielle, M. Mario Dumont, accompagné du porte-parole de l'ADQ en matière d'éducation, M. François Desrochers, a exigé un moratoire sur le cours éthique et culture religieuse au niveau primaire. Le chef adéquiste s'inquiète du contenu de ce cours qui pourrait créer de la confusion chez les élèves.

« Le nouveau cours ne donne aucune prépondérance claire à l'héritage religieux du Québec, qui est partie intégrante de notre identité en tant que Québécois. On sème la confusion chez les enfants lorsque l'on nie la prépondérance de la fête de Noël ou de Pâques. Je demande donc un moratoire sur la mise en place de ce cours au primaire afin que la ministre de l'Éducation revoie son contenu pour qu'il reflète la réalité québécoise et l'importance de l'héritage religieux du Québec. »

M. Dumont reproche au nouveau cours d'éthique et culture religieuse de banaliser l'héritage culturel religieux des Québécois, en le considérant d'égale valeur, sans plus, à ceux des différentes communautés issues des autres coins de la planète.

Ce cours, qui formerait « des jeunes sans repères et sans racines », reflète en tous points, selon lui, la vision de l'ancien premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, une vision multiculturelle « où la réalité québécoise, c'est juste un petit légume de plus dans une grosse soupe », égale aux autres.

Or, l'école québécoise doit donner une prédominance claire au patrimoine religieux et culturel du Québec, a-t-il fait valoir, en conférence de presse, mercredi.

Les enfants ne doivent pas être des cobayes, a-t-il poursuivi, précisément à l'âge où se forge l'identité et au cours duquel on acquiert nos schèmes de valeurs.

M. Dumont propose que les comités de parents et les conseils d'établissements du réseau scolaire doivent être consultés pour déterminer le contenu d'un futur cours de culture religieuse.

S'il faut saluer la volonté M. Dumont de vouloir écouter la population, majoritairement en faveur du choix dans ce dossier, plutôt que de toujours suivre les mêmes « experts » cooptés, ne serait-il pas plus simple de proposer le libre choix du cours de morale et de religion à chaque établissement sans même songer à un cours identique imposé d'en haut par le monopole à toutes les écoles, même si la majorité des québécois y étaient en faveur ? La démocratie n'est-elle pas d'autant plus grande qu'elle respecte le choix des minorités et permet la diversité des choix ?