- 00:44 : Présentation de Créer son école
- 02:48 : École libre, indépendante, hors contrat ?
- 04:20 : Historique de l’école privée
- 07:10 : Le cas du lycée Averroès
- 09:30 : Les Français sont attachés au privé
- 11:08 : Le séparatisme islamiste passe-t-il par l’école ?
- 15:00 : Hors contrat, hors contrôle ?
- 18:05 : Revoir les relations entre le public et le privé
- 21:40 : L’interdiction de l’école à la maison (IEF)
- 25:20 : Le succès trompeur du privé sous contrat
- 28:40 : L’éducation, domaine régalien ?
- 30:30 : Comment nos élites font sécession par l’école
- 38:50 : L’ascenseur social bloqué
- 41:01 : Peut-on réformer l’Éducation nationale ?
- 49:05 : La scolarisation à 3 ans et IEF
- 55:01 : La place des parents d’élèves
- 1:01:31 : Faire payer l’école publique ?
- 1:03:45 : Les élèves perturbateurs
- 1:12:20 : 15 ans pour tout changer
- 1:14:40 : L’autonomie des établissements
Carnet voué à la promotion d'une véritable liberté scolaire au Québec, pour une diversité de programmes, pour une plus grande concurrence dans l'enseignement.
vendredi 23 février 2024
Anne Coffinier et la défense de la liberté scolaire
Le Nigéria a connu en 2023 l'année la plus sanglante en matière d'attaques islamistes contre les chrétiens
Rapport : 8000 chrétiens nigérians assassinés au cours de la pire année en matière d’attaques islamistes
YAOUNDÉ, Cameroun —Le Nigéria a connu l’année dernière l’année la plus sanglante en matière d’attaques islamistes contre les chrétiens, selon un nouveau rapport.
Plus de 8 000 chrétiens ont été tués en 2023, a déclaré la Société internationale pour les libertés civiles et l’état de droit (Intersociety).
Le rapport publié le mercredi des Cendres donne des détails poignants sur les meurtres, les enlèvements et les disparitions forcées de populations majoritairement chrétiennes dans plusieurs régions du Nigéria.
« Les forces combinées des djihadistes islamiques protégés par le gouvernement et des forces de sécurité du pays (NSFc) sont directement et indirectement responsables de l’assassinat à la hache en 2023 de pas moins de 8 222 chrétiens sans défense — couvrant une période de 13 mois ou de janvier (2023) à janvier (2024) », indique le rapport, signé entre autres par le directeur d’Intersociety, Emeka Umeaglalasi.
Les meurtres ont été perpétrés par diverses factions, notamment les bergers peuls djihadistes responsables d’au moins 5 100 décès de chrétiens, Boko Haram et ses alliés avec 500 décès, les bandits peuls djihadistes avec 1 600 décès et les forces de sécurité « inspirées par l’islam » avec 1 000 décès de chrétiens.
Le rapport indique que les tueries de janvier 2023 à janvier 2024 ont été « les plus meurtrières de ces dernières années » et accuse le gouvernement nigérian et les forces de sécurité d’avoir échoué à « se montrer à la hauteur de la situation ».
Mais les meurtres perpétrés au cours de l’année écoulée s’inscrivent dans le cadre d’une guerre de longue date contre les chrétiens, qui remonte à 2009, lorsque Boko Haram a entamé sa campagne meurtrière dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
« Le Nigéria est devenu le deuxième pays génocidaire le plus meurtrier au monde, avec plus de 150 000 civils sans défense tués pour des motifs religieux depuis 2009 », indique le rapport.
Il indique qu’environ 100 000 chrétiens figurent parmi les 150 000 personnes tuées, tandis que les musulmans modérés représentent environ 46 000 personnes et les membres d’autres religions représentent les 4 000 civils sans défense restants.
Le rapport indique que le nombre de morts au Nigéria n’est surpassé que par celui de la Syrie, qui est plongée dans une guerre civile dévastatrice depuis 2011, avec 306 000 civils tués sur environ 21,5 millions de citoyens.
Selon le rapport, le meurtre systématique des chrétiens au Nigéria s’apparente à un « génocide silencieux », soulignant l’absence de couverture médiatique et l’indifférence de la communauté internationale.
Le rapport indique également que les meurtres et les actes de violence horribles et atroces commis à l’encontre de personnes ou de groupes et de leurs biens sur la base de facteurs ethniques et religieux ont entraîné la destruction de dizaines de milliers de maisons de civils, de plus de 18 500 lieux de culte chrétiens, de 1 000 sanctuaires religieux et de 2 500 centres d’éducation chrétienne/traditionnelle. Au cours de la même période, plus de 59 000 kilomètres carrés de terres appartenant à des chrétiens et à des non-musulmans ont été accaparés et leurs habitants déplacés et expulsés.
Le rapport cite des sources nationales et internationales pour affirmer que le groupe Boko Haram et ses affiliés sont responsables de l’enlèvement et de la disparition d’au moins 22 500 chrétiens, pour la plupart non armés, entre 2009 et 2014, période au cours de laquelle ils ont également démoli ou incendié 13 000 églises et 1 500 écoles chrétiennes, et contraint plus de 1,3 million d’autres à partir pour éviter d’être tués ou contraints de se convertir à l’islam.
« Entre 2016 et 2023, soit sur une période de huit ans, plus de 30 000 civils sans défense ont été enlevés par des djihadistes islamiques et, selon certains, par des forces de sécurité “d’inspiration islamique” au Nigéria », indique le rapport.
Selon l’Alliance internationale contre le génocide, le Nigéria figure sur la liste des quatorze génocides en cours dans le monde.
Umeagbalasi a déclaré à Crux que le gouvernement de Muhammadu Buhari (2015-2023) et même le gouvernement de Bola Tinubu — qui est entré en fonction en 2023 — ainsi que les forces de sécurité nigérianes ont été complices de l’assassinat de chrétiens au Nigéria.
« Ce gouvernement n’est pas différent du gouvernement Buhari », a-t-il déclaré.
Le rapport insiste sur ce point avec encore plus de force.
« Le plus choquant dans tout cela, c’est que les bergers peuls djihadistes opèrent librement et sans contestation, en toute impunité et avec un abandon insouciant ; les forces de sécurité nigérianes (NSF), largement accusées d’être “d’inspiration islamique”, ferment les yeux ou regardent de l’autre côté, sauf lorsqu’il s’agit de protéger les vaches peules et leurs bergers ; ou d’arrêter les membres des communautés victimes et leurs dirigeants, en les qualifiant de “bandits” », indique le rapport.
Selon M. Emeka, un « génocide silencieux » est en cours au Nigéria.
« Si l’on examine la définition du génocide, on s’aperçoit qu’un génocide est déjà en cours au Nigéria : Un génocide anti-chrétien », a-t-il déclaré à Crux.
jeudi 22 février 2024
Le mythe d'Ada Lovelace, « première programmeuse »
Comme eux, Ada est qualifiée de « mathématicienne ». Pourtant, rien ne prouve qu’elle ait produit des avancées en mathématiques. Elle n’a publié aucun article mathématique. Il n’existe pas non plus de manuscrits d’elle contenant quoi que ce soit de nouveau sur le plan mathématique. Quelle est donc la source de sa réputation ?
Dans les années 1820, Babbage avait inventé, puis partiellement construit, une calculatrice mécanique, la « machine à différences », permettant d’établir des tables numériques précises. Lorsque ce projet, financé par le gouvernement, a échoué en raison de sa complexité mécanique — il a alors épuisé des subventions de 17 000 livres sterling —, il a rapidement opté pour un « moteur analytique » essentiellement théorique.
![]() |
La première machine analytique de Babbage fonctionnelle ne fut réalisée qu’au XXe siècle. Ada Lovelace est morte en 1852. |
Sur le papier, le nouvel appareil présentait tous les éléments fonctionnels d’un ordinateur moderne, mais il utilisait des composants métalliques mobiles plutôt que de l’électronique : roues dentées, pignons, broches et autres (il n’a jamais été entièrement construit sous cette forme mécanique). Des cartes perforées, reprises des métiers à tisser Jacquard, auraient permis de le programmer et de charger ou de sortir des données en actionnant des leviers. Des expressions algébriques, telles que l’addition, la soustraction, la multiplication et la division, auraient pu être calculées. Le déplacement des cartes devait permettre de créer des boucles récursives.
Sur le papier, le nouvel appareil présentait tous les éléments fonctionnels d’un ordinateur moderne, mais il utilisait des composants métalliques mobiles plutôt que de l’électronique : roues dentées, pignons, broches et autres (il n’a jamais été entièrement construit sous cette forme mécanique). Des cartes perforées, reprises des métiers à tisser Jacquard, auraient permis de le programmer et de charger ou de sortir des données en actionnant des leviers. Des expressions algébriques, telles que l’addition, la soustraction, la multiplication et la division, auraient pu être calculées. Le déplacement des cartes devait permettre de créer des boucles récursives.
Le problème, c’est que Babbage s’est empressé de proposer de nouvelles extensions et améliorations de sa conception, mais a négligé d’expliquer le fonctionnement de l’appareil. Lors d’une visite à Turin (Italie) en 1840, il obtient le soutien de Louis-Frédéric Ménabréa, un ingénieur savoyard, francophone donc, qui deviendra plus tard Premier ministre d’Italie et poursuivra Garibaldi en 1868, après que l’insurgé a été défait par les Français à Mentana (en Italie centrale). Ménabréa rédigea les conférences privées de Babbage et son article succinct et méticuleux, écrit en français et publié en 1842 à Genève, couvrait toutes les idées clés. La programmation à l’aide d’un logiciel sur cartes y est clairement expliquée. On y retrouve les idées qui seront au fondement du calcul électromécanique puis électronique du XXe siècle (il nomme le « moulin », le processeur actuel et le « magasin » désigne ce que nous appelons la mémoire).
Ada a agrémenté ses notes copieuses d’une imagination enthousiaste, convaincue que la machine pouvait calculer n’importe quelle fonction de n’importe quel type. Selon elle, le moteur « tisse des motifs algébriques tout comme le métier Jacquard tisse des fleurs et des feuilles ». Elle n’ajoutait aucune idée personnelle à ses notes au-delà de ces fioritures verbales, et les exemples travaillés n’étaient que des versions plus détaillées de ceux de Ménabréa.
La machine analytique étant conçue pour exécuter des programmes, le premier programmeur fut Babbage lui-même. Ménabréa avait également décrit sa programmation. Ada a travaillé sur la description anglaise : elle n’a inventé aucun élément de la machine analytique ou de sa programmation.
Je confirme que les preuves manuscrites montrent clairement que Babbage a écrit des « programmes » pour son moteur analytique en 1836-7, c’est-à-dire 6-7 ans avant la publication de l’article de Lovelace en 1843. Il existe environ 24 de ces « programmes » et ils présentent les mêmes caractéristiques que le célèbre « programme » de Lovelace.Doron Swade, historien de l’informatique, cité dans l’article Ada Lovelace : Original and Visionary, but No Programmer.
Tout d’abord, il souhaitait faire appel à Ada, comme il l’avait fait pour Ménabréa, afin de promouvoir et de soutenir ses idées, en les soumettant à une discussion plus large de la part de personnes compétentes. Sa célébrité en tant que fille de Lord Byron ne suffisant pas, il la présente comme une « mathématicienne ». Dans une lettre adressée à Ada, il l’a même qualifiée d’« enchanteresse des nombres », une flatterie certainement délibérée.
Secundo, et c’est étroitement lié, Babbage voulait impliquer Ada dans un différend de longue date avec le gouvernement britannique qui, en 1842, avait finalement trouvé le courage de renoncer au financement de son moteur à différences, longtemps resté en suspens. Elle était prête à maintenir dans ses notes la fiction absurde selon laquelle les deux moteurs étaient en quelque sorte des idées sans rapport, de sorte que le second (théorique) n’impliquait en rien la négligence du premier (concret). Entre-temps, elle a distribué sa traduction annotée de l’article de Ménabréa, accompagnée de lettres vantant ses propres compétences mathématiques.
Tous les programmes cités dans ses notes, sauf un, avaient été préparés par Babbage entre trois et sept ans auparavant. L’exception a été préparée par Babbage pour elle, bien qu’elle ait détecté un « pépin » dans le programme. Non seulement rien ne prouve qu’Ada ait jamais préparé un programme pour la machine analytique, mais sa correspondance avec Babbage montre qu’elle n’avait pas les connaissances nécessaires pour le faire.Allan G. Bromley, dans son article de 1990 Difference and Analytical Engines
![]() |
France Culture (radio publique de qualité...) n’a aucune hésitation |
Après cela, nous n’avons plus aucune trace substantielle d’Ada dans le monde de l’informatique sur papier ou des « mathématiques » en général. Elle s’est intéressée à d’autres domaines, notamment à un projet ruineux de paris sur les chevaux, dans lequel le rôle de Babbage est nébuleux. Il est vain de spéculer sur ce qui aurait pu se passer si elle n’était pas morte d’un cancer à l’âge de 36 ans. Les aspirations ne sont pas des réalisations.
La flatterie intéressée de Babbage ne résiste pas à un examen approfondi. Si l’on prétend qu’Ada était une mathématicienne, il faut montrer ses travaux.
Dorothy Stein en 1985 a été la première personne à écrire une biographie complète d’Ada, avec une formation mathématique et informatique suffisante pour évaluer de manière fiable sa contribution. Stein est plus que toute autre personne responsable de la destruction de nombreux mythes concernant la vie d’Ada et de la réévaluation historique du talent et des réalisations d’Ada. Stein a soutenu que la compréhension mathématique d’Ada était, contrairement à l’opinion populaire, toujours quelque peu ténue. Par exemple, l’évaluation par Stein des lettres d’Ada à De Morgan sur le calcul entre juillet 1840 et décembre 1842 — juste avant qu’elle ne commence à travailler sur la traduction de Menabrea — est que, bien que « … elles montrent qu’Ada [était] une étudiante enthousiaste, active et aventureuse… elles ne lui permettent pas de dépasser les premières étapes du calcul différentiel et intégral ». Stein met également en doute la compréhension par Ada des « opérations mécaniques et logiques du moteur analytique, au début de l’année 1843… » Les lettres d’Ada montrent qu’elle n’a pas suivi les derniers avancements depuis un certain temps. Elle a dû apprendre beaucoup de l’article de Ménabréa et de ses conversations avec Babbage lors de la rédaction des Notes.Contrairement à ce que prétendit Babbage (plus de 20 ans plus tard), il ne semble pas qu’il s’agisse d’un « sujet qu’elle connaissait si intimement » lorsqu’elle a commencé son travail. Les affirmations de Lovelace sur la capacité de la machine à faire de l’algèbre sont plus intéressantes. Dès 1836, Babbage avait pensé que l’algèbre pouvait être mécanisée, mais il n’en avait jamais précisé les modalités. Quels que soient ses projets, Stein insiste sur le fait que la version de la machine analytique décrite dans les notes de Lovelace n’était pas capable de traiter des problèmes algébriques. Néanmoins, Lovelace a écrit que « la machine analytique tisse des motifs algébriques tout comme le métier à tisser Jacquard tisse des fleurs et des feuilles ». La raison pour laquelle Babbage a fait une telle déclaration est assez évidente : il espérait que l’article de Lovelace aiderait à convaincre le gouvernement de renouveler le soutien financier à son entreprise informatique. La raison pour laquelle Lovelace a fait une telle déclaration est différente. Soit Babbage l’avait convaincue que c’était vrai, et elle n’en savait pas plus, soit elle faisait consciemment dans l’hyperbole pour gagner le soutien de Babbage. Quoi qu’il en soit, ce n’est certainement pas bon pour la réputation d’Ada en tant que génie prémonitoire de l’informatique.Inquiète de voir les divers « mythes » de Lovelace prendre rapidement le pas sur les documents sur lesquels ils étaient fondés, une enseignante en informatique nommée Betty Alexandra Toole publia en 1992 un recueil de centaines de lettres de Lovelace, datant de son enfance jusqu’à quelques semaines avant sa mort. Parmi les correspondants figurent tous les personnages importants de la vie de Lovelace : sa mère, son mari, ses enfants, De Morgan, Babbage, Somerville, Greig et bien d’autres encore. En outre, Toole a « commenté » les lettres dans une introduction de 20 pages et dans de fréquents paragraphes d’interprétation intercalés tout au long du livre. Bien que ce volume soit de loin le plus grand recueil de lettres de Lovelace jamais publié, il souffre de deux inconvénients relativement graves. Tout d’abord, il ne contient que des lettres de Lovelace, mais pas de réponses à ses lettres. Il est donc difficile de savoir quelles ont été les réactions de ses correspondants aux affirmations les plus inhabituelles de Lovelace, qu’elles soient prémonitoires ou simplement bizarres. Deuxièmement, Mme Toole a décidé de ne pas publier la correspondance mathématique de Lovelace, car, selon elle, elle « représente ce qu’elle ne savait pas, et non ce qu’elle savait ». « Elle n’écrivait à ses professeurs que lorsqu’elle avait un problème ». Malheureusement, ce que Lovelace ne savait pas est une question très intéressante, car la réponse nous donnerait une meilleure idée de la façon d’interpréter ce qu’elle a écrit dans les Notes.
mercredi 21 février 2024
« Le monopole d’État sur l’éducation n’est pas dans l’esprit des Lumières »
Ancien professeur à l’ESCP et maître de conférences à HEC, Philippe Nemo est l’auteur de Pourquoi ont-ils tué Jules Ferry ? (Grasset) et du Chaos pédagogique (Albin Michel). Il revient ici sur la longue histoire des combats pour la libéralisation de l'école. Philippe Nemo, ci-dessus, a traduit et préfacé l’année dernière le livre important du philosophe Enzo Di Nuoscio, Pourquoi les humanités sauveront la démocratie (Éditions PUF).
— De quoi l’affaire Stanislas est-elle révélatrice ?
— La campagne menée contre Stanislas, visiblement concertée, est un déchaînement de haine contre le christianisme, la bourgeoisie, l’excellence, la liberté. Je suis assez âgé pour avoir été témoin de cent autres éruptions du même genre, qui sont retombées ensuite du fait de leur inconsistance. L’épisode ne m’inquiète donc pas. Mais il est une occasion de reposer le problème des structures de l’éducation en France. Nous savons, grâce à Mediapart, que l’Inspection générale chargée d’enquêter sur Stanislas a écrit qu’elle « ne confirme pas les faits d’homophobie, de sexisme et d’autoritarisme mis en avant par les articles de presse », tout en ajoutant que « la culture de l’établissement, “l’esprit Stan”, peut favoriser de telles dérives ». Voilà donc que l’État voit d’un mauvais œil, non des contraventions réelles à des règles juridiques, mais des intentions supputées. Il sonde les cœurs et les reins, comme jadis l’Inquisition. L’école Stanislas sent le fagot. on voit que, dans cette affaire, les plus « catholiques » ne sont pas ceux qu’on croit. En tout cas, cet exemple où l’État s’en prend directement à l’esprit (le mot est écrit) montre bien qu’il prétend exercer un pouvoir spirituel, être une Église.
— Qu’entendez-vous par « pouvoir spirituel » ?
— C’est la faculté de discerner le vrai du faux, le bien du mal, le beau du laid. L’État ne peut prétendre à aucun titre détenir un tel pouvoir, pressé qu’il est par des responsabilités pratiques urgentes, qui l’empêchent de cultiver pour lui-même ces idéaux de l’esprit. C’est là l’office de pouvoirs spirituels détachés, jadis l’Église, aujourd’hui encore en partie les Églises, mais aussi les scientifiques, les intellectuels, les artistes, la presse, les think tanks, en fait toute la société civile. Or en France, du fait du monopole qu’il exerce sur l’école, l’État détient ce pouvoir spirituel simultanément à son pouvoir temporel. Il prétend dire ce qu’il faut enseigner et comment l’enseigner. Par la voix des inspecteurs généraux, il énonce que ne pas vouloir enseigner la sexualité à Stanislas de la manière souhaitée par l’idéologie LGBTQ+ est « mal », que c’est une « dérive ». Qu’est fini le temps où on accusait les éducateurs d’attenter aux bonnes mœurs, qu’en notre temps il faut condamner ceux qui refusent d’y attenter. Cette confusion des pouvoirs spirituel et temporel est le propre des sociétés totalitaires. Au contraire, dans toutes les démocraties libérales, les deux pouvoirs sont séparés.
—Pourquoi en va-t-il autrement en France ?
— C’est un héritage de notre histoire récente. Le monopole de l’État sur l’éducation n’est nullement un « droit régalien » ancien. Il a été établi par Napoléon en 1806. Auparavant, l’éducation était faite ou contrôlée par l’Église. La Révolution a été partagée à ce sujet : seuls les Jacobins voulaient une éducation monopolistique d’État. Quand la Terreur prit fin, la Constitution de l’an III affirma la liberté d’enseignement, conforme aux idées des Lumières. Les hommes des Lumières avaient promu la liberté de resont cherche scientifique et l’esprit critique ; ils n’avaient certes pas combattu le dogmatisme de l’Église pour applaudir à la mise en place d’un nouveau dogmatisme d’État. Tout ce qui était libéral en France au XIXe siècle contesta donc le monopole napoléonien, qui fut aboli par trois lois, celle de Guizot (1833) libérant le primaire, la fameuse loi Falloux (1850) le secondaire, la loi Dupanloup-Laboulaye (1875) le supérieur (d’où la création des universités catholiques de Paris, Lille, Lyon, Angers, Toulouse). Mais, quand les républicains obtinrent le pouvoir complet en 1879, ils voulurent réutiliser et durcir le monopole napoléonien parce que c’était un outil bien commode pour terrasser l’Église. Cependant, Jules Ferry vit très bien qu’il y avait un grave danger à placer pouvoirs spirituel et temporel dans les mêmes mains. Il crut résoudre le problème en instituant des conseils, des commissions, des jurys « souverains » qui proposeraient des programmes et nommeraient les professeurs. Il crut ainsi pouvoir scinder le pouvoir d’État en deux pouvoirs, l’un gouvernemental, l’autre scientifique, chargés respectivement de l’intendance et des choses de l’esprit.
Donc, tout était pour le mieux ? Hélas non, car des forces partisanes s’emparèrent très vite de l’enseignement public. Elles étaient animées, depuis leurs origines, par un profond mouvement néomillénariste, très proche, dans sa structure, de la religion judéo-chrétienne qu’elles combattaient. Elles avaient donc un dogme. Peu de temps après, quand elles devinrent marxistes, leur philosophie de l’histoire les persuada qu’elles savaient très bien ce que le vrai et le faux, le bien et le mal et qu’elles n’avaient pas à attendre ces connaissances d’une pratique modeste, progressive, collective et critique de la science. Dès lors, le pluralisme disparut de l’Éducation nationale. L’État républicain, qui s’était attribué un monopole scolaire déjà contestable en lui-même, se laissa déposséder de ce monopole par lesdites forces partisanes. Et ce sont elles, non l’État démocratique, qui persécutent aujourd’hui les écoles privées sous contrat et hors contrat coupables de ne pas partager leur idéologie.
— Comment pourrait-on séparer à nouveau les pouvoirs spirituel et temporel dans l’éducation ?
En développant le pluralisme scolaire. Je crois qu’on peut poser les principes suivants. D’une part, l’école doit être libre, si l’on veut échapper à la tyrannie des nouveaux Torquemada. Mais, d’autre part, elle ne doit pas être abandonnée au pur marché, car il y a des motifs impérieux pour que l’éducation, qui profite à toute la société, soit financée et contrôlée en partie par la puissance publique. Or il existe un moyen bien simple de concilier ces deux exigences : c’est de découpler financement et prestation. On peut parfaitement avoir un financement collectif de l’éducation, ou du moins de l’éducation générale de base, et une prestation du service éducatif par une pluralité d’acteurs libres et concurrentiels. Cette formule peut se décliner de différentes façons. On peut financer les familles par des « bons » (vouchers) éducatifs apportés ensuite aux établissements qu’elles choisissent. On peut aussi, et cela est sans doute plus réaliste, financer des établissements qui, dès lors qu’ils satisfont à un certain cahier des charges, auront le droit de définir eux-mêmes leur pédagogie et leurs programmes, c’est-à-dire leur « esprit ». C’est ce qui se fait déjà en partie en France, bien imparfaitement, avec les contrats d’association : l’État finance des établissements privés tout en reconnaissant leur « caractère propre ». Ce principe peut et doit être généralisé.
Source : Le Figaro Magazine
Le Figaro Magazine
Histoire — Un papyrus carbonisé d’Herculanum partiellement déchiffré
![]() |
Un des rouleaux carbonisés |
Trois chercheurs ont remporté lundi un prix de 700 000 dollars pour avoir réussi à déchiffrer grâce à l’intelligence artificielle une petite partie de rouleaux manuscrits vieux de près de 2000 ans et gravement endommagés par l’éruption du Vésuve en 79 après J.C.
Les papyrus d’Herculanum consistent en quelque 800 rouleaux, selon les organisateurs du concours, carbonisés lors de cette éruption qui a enseveli Pompéi et Herculanum.
Ressemblant à des bûches calcinées et conservés à l’Institut de France à Paris et à la Bibliothèque nationale à Naples, les rouleaux s’effritent et sont facilement endommagés lorsque l’on tente de les dérouler.
Le concours, nommé « Vesuvius Challenge » a été créé par Brent Seales, un chercheur en informatique à l’université du Kentucky aux Etats-Unis, et Nat Friedman, fondateur de la plateforme Github, détenue désormais par Microsoft.
Les organisateurs avaient réalisé au préalable des scans de quatre rouleaux et offraient une récompense totale d’un million de dollars pour qui déchiffrerait au moins 85% de quatre passages de 140 caractères.
Le trio récompensé par le « Vesuvius Challenge » est composé de Youssef Nader, un doctorant à Berlin, Luke Farritor, un étudiant et stagiaire de SpaceX originaire du Nebraska aux Etats-Unis, et Julian Schilliger, un étudiant suisse en robotique.
Ils ont notamment utilisé l’intelligence artificielle pour distinguer l’encre du papyrus et ont déterminé la nature des caractères grecs en détectant les répétitions.
Grâce à cette technique, Luke Farritor avait déchiffré le premier mot d’un passage, le mot grec pour violet.
Unissant leurs efforts, ils ont désormais déchiffré environ 5% d’un rouleau, selon les organisateurs. Selon Nat Friedman, son auteur serait « probablement le philosophe épicurien Philodemus », écrivant « à propos de nourriture, de musique, et de comment profiter des plaisirs de la vie ».
Certains historiens estiment que ces documents ont appartenu un temps à Lucius Calpurnius Piso Caesoninus, père de Calpurnia, l’une des épouses de Jules César. La « villa des papyrus », où ont été retrouvés au 18e siècle les rouleaux, est toujours en majorité enfouie et pourrait contenir plusieurs milliers d’autres manuscrits.
« Certains de ces textes pourraient complètement réécrire l’histoire de périodes clés du monde antique », a estimé Robert Fowler, chercheur en études classiques et président de la Herculaneum Society, auprès du magazine Bloomberg Businessweek.
Le déchiffrage de ces textes pourrait en effet représenter une percée majeure: selon un inventaire de l’université de Californie à Irvine, seuls 3 à 5% des textes de grec ancien auraient survécu jusqu’à l’ère moderne.
En octobre 2023, dans le cadre d'un concours international, le Vesuvius Challenge, auquel participent plus de 1 200 équipes, des experts en informatique ayant mis au point un programme d'intelligence artificielle pour repérer les traces d'encre ont réussi à faire apparaître dans un rouleau carbonisé quatre colonnes de texte et à déchiffrer le mot πορφυρας. On peut dès lors envisager de rapides progrès dans le déchiffrage des quelque 500 rouleaux encore jamais ouverts.
![]() |
Le mot πορφύρας à la deuxième ligne (c'est le mot grec pour pourpre d'où porphyre) |
Le 5 février 2024, le site du "Vesuvius Challenge" annonce les trois gagnants du grand prix 2023. Travaillant en équipe, Youssef Nader, Luke Farritor et Julian Schilliger ont réussi à récupérer 4 passages de 140 caractères chacun, avec au moins 85% des caractères déchiffrables. Leur contribution contenait également 11 colonnes supplémentaires, pour plus de 2000 caractères au total.
Les papyrologues de ce projet avaient pu à cette date lire 5% du premier rouleau. Ils ont pu affirmer qu'il contient un texte inédit de l'Antiquité. Il s'agit fort probablement d'un texte de Philodème de Gadara, de l'école épicurienne, dont on pense qu'il était le philosophe résident de la villa et travaillait dans la petite bibliothèque où ont été trouvés les rouleaux. L'auteur pourrait aussi être Métrodore de Scepsis ou Démétrios Lacon. Le sujet général du texte est le plaisir. Dans ces deux extraits de deux colonnes consécutives du rouleau, l'auteur se demande si et comment la disponibilité des biens, tels que la nourriture, peut affecter le plaisir qu'ils procurent.
Le projet annonce dans la foulée son nouveau concours 2024, dont le but est de déchiffrer 90% des quatre rouleaux déjà scannés par leurs soins, et ainsi de poser les bases nécessaires au déchiffrement de l'ensemble des 800 rouleaux. Le problème principal étant la segmentation - le processus initial consistant à "séparer" les feuilles sur la numérisation en 3D du papyrus - qui reste pour le moment une étape principalement manuelle et donc très couteuse. À environ 100$ le centimètre carré, il en coûterait plusieurs centaines de millions voire des milliards de dollars pour déchiffrer tous les rouleaux. La mise au point du processus d'auto-segmentation sera donc primordiale pour la suite de ce projet.
Un couple affirme que l'Indiana leur a retiré leur fils parce qu'ils refusaient d'utiliser les pronoms qu'il préférait
Mary et Jeremy Cox ont refusé d’accepter l’identité féminine autoproclamée de leur fils en 2019, préférant suivre une thérapie pour traiter ce qu’ils considéraient comme des problèmes de santé mentale sous-jacents.
En 2021, le gouvernement de l’Indiana a commencé à enquêter sur la famille Cox après avoir appris qu’elle refusait d’appeler son fils par l’identité qu’il avait choisie. Les autorités ont ensuite retiré leur fils de leur foyer et l’ont placé dans un autre foyer qui « reconnaissait » les convictions transgenres de l’enfant.
Le gouvernement de l’État a ensuite abandonné les accusations de maltraitance à l’encontre du couple, tout en soutenant que le « désaccord sur l’identité de genre » était pénible pour l’enfant et contribuait à un trouble de l’alimentation permanent. Des décisions judiciaires ultérieures ont confirmé la décision de ne pas confier la garde de l’enfant aux Cox.
Jeudi dernier, le Becket Fund for Religious Liberty a annoncé que Mary et Jeremy Cox avaient déposé une requête auprès de la Cour suprême, demandant à cette dernière de « tenir l’État pour responsable de son refus de leur confier la garde de leur enfant ».
« C’est ce que tous les parents craignent. Nous aimons notre fils et nous voulions nous occuper de lui, mais l’État de l’Indiana nous a privés de cette possibilité en le retirant de notre foyer et en nous interdisant de lui parler de son sexe », ont déclaré les parents dans le communiqué.
Dans leur requête, les requérants notent que l’Indiana « a jugé les parents aptes, mais a tout de même retiré l’enfant en raison d’un différend idéologique ».
« Bien que l’Indiana ait estimé que toutes les allégations d’abus et de négligence étaient sans fondement, il a refusé de renvoyer [l’enfant] chez lui, substituant le jugement de l’État à celui de parents reconnus aptes », peut-on lire dans la requête.
« Si cela peut se produire dans l’Indiana, cela peut se produire n’importe où », a déclaré Lori Windham, vice-présidente et avocate principale de Becket, dans le communiqué de presse de l’association. « Arracher un enfant à des parents aimants en raison de leurs croyances religieuses, qui sont partagées par des millions d’Américains, est un outrage à la loi, aux droits parentaux et à la décence humaine élémentaire. »
« Si la Cour suprême ne se saisit pas de cette affaire, combien de fois cela arrivera-t-il à d’autres familles ? » L’association a qualifié le litige d’« importance nationale », soutenant que les actions de l’Indiana sont en conflit avec les précédents de la Cour suprême en matière de liberté d’expression et de liberté religieuse.
« Dans ce contexte difficile, où la vie de vrais enfants et de vraies familles est en jeu, la Cour devrait faire droit à cette requête et confirmer ses précédents sur le droit des parents en bonne santé à la garde de leurs enfants », indique le document.
Nouvelle étude : la dysphorie de genre chez les ados ne les expose pas en soi à un risque plus élevé de suicide
Publiée dans le British Medical Journal (BMJ), l’étude examine les données d’une cohorte d’adolescents finlandais orientés vers des services spécialisés dans l’identité de genre (le « groupe orienté ») entre 1996 et 2019, et compare leurs taux de mortalité toutes causes confondues et de suicide à ceux d’un groupe témoin. Bien que les taux de suicide dans le groupe orienté étudié soient plus élevés que dans le groupe de contrôle, la différence n’est pas importante : 0,3 % contre 0,1 %. Et surtout, cette différence disparaissait lorsque les deux groupes étaient contrôlés pour les problèmes de santé mentale suffisamment graves pour nécessiter l’aide d’un spécialiste en psychiatrie.
En d’autres termes, si l’identité transgenre semble être associée à un risque élevé de suicide, le lien n’est pas très fort. Qui plus est, le lien de causalité n’est peut-être pas celui qu’affirment les activistes.
L’association entre la dysphorie de genre et la maladie mentale est bien documentée par les prestataires de « soins d’affirmation du genre » et les groupes de défense des transgenres, ainsi que par la recherche en psychologie clinique. Mais une affirmation moins bien étayée, fondée sur cette association, est que ces difficultés sont causées non pas par le fait d’être transgenre, mais par la stigmatisation politique et sociale qui y est associée. On veut nous faire croire que la dysphorie de genre n’est pas en soi un problème de santé mentale. Ce qui causerait les problèmes de santé mentale chez les jeunes transgenres — jusqu’au suicide — serait le rejet par le monde entier de leur identité et du cadre métaphysique de « l’identité de genre » en tant que telle.
C’est là l’origine de l’affirmation maintes fois répétée dans les médias sociaux selon laquelle quiconque émet des doutes sur l’identité transgenre, même de façon modérée, est complice d’un « génocide transgenre ». L’affirmation selon laquelle la remise en question ou la non-acceptation de l’identité de genre (l’invalidation dans le jargon) des jeunes transgenres les pousse à se suicider est également à l’origine de la question rhétorique couramment utilisée pour intimider les parents afin qu’ils consentent à une transition sociale et médicale pour leur progéniture dont le genre est confondu : « Préférez-vous avoir une fille vivante ou un fils mort ? »
Elle est à l’origine de l’interdiction de la « thérapie de conversion trans » déjà en vigueur dans plusieurs pays comme le Canada et promise par le parti travailliste en Angleterre. Ces mesures interdisent aux thérapeutes d’examiner avec leurs clients s’il existe un lien entre leur dysphorie de genre et, par exemple, un traumatisme de la vie ou d’autres problèmes de santé mentale. En effet, si la cause de la détresse et du suicide des personnes transgenres est qu’elles ne sont pas acceptées pour ce qu’elles sont, tout thérapeute qui cherche à explorer les liens entre la dysphorie de genre et d’autres problèmes biographiques ou psychiatriques est complice de ce type de non-acceptation et, par conséquent, n’aide pas son client, mais lui fait du tort.
Mais comme l’indique l’étude : « La dysphorie de genre clinique ne semble pas être un facteur prédictif de la mortalité toutes causes confondues ou de la mortalité par suicide lorsque les antécédents de traitement psychiatrique sont pris en compte ». Ce qui prédit le risque dans cette population, c’est plutôt la « morbidité psychiatrique ». Et contrairement à ce qu’affirment les activistes, la transition ne contribue en rien à la réduire : « Le changement de sexe médical n’a pas d’impact sur le risque de suicide. »
Personne ne veut être complice du fait de pousser un jeune sur cette voie. C’est pourquoi la suggestion que remettre en question les croyances d’une personne en matière de genre peut entraîner le suicide constitue un argument émotionnel de taille. Mais si l’étude finlandaise est correcte, tout cet édifice rhétorique, législatif et médical semble reposer sur du sable. Si le risque élevé de suicide chez les jeunes transgenres disparaît lorsque l’on contrôle les autres difficultés psychiatriques, cela suggère fortement que les jeunes transgenres ne sont pas plus à risque en raison de la transphobie ou de l’invalidation, mais en raison du fait bien documenté que la dysphorie de genre a tendance à se produire chez les personnes qui sont perturbées et malheureuses de manière plus générale.
Il devrait en découler que la façon de gérer le risque de suicide chez les jeunes qui se disent trans n’est pas « d’affirmer » leur identité de genre et de les soumettre à des interventions médicales, mais de surveiller et de traiter les comorbidités psychiatriques. En fin de compte, les revendications de l’idéologie du genre sont moins scientifiques que métaphysiques. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que les preuves scientifiques qui contredisent les prescriptions de l’idéologie du genre aient beaucoup d’impact sur les défenseurs des transgenres. Même si le fait de « suivre la science » ferait une réelle différence dans le risque de suicide chez les jeunes dysphoriques de genre.
Voir aussi
Démystifier les mythes diversitaires sur le sexe et l'identité de genre
Suicide : déclin mondial mais augmentation chez les blancs américains
Grande-Bretagne — enfants autistes poussés à s'identifier comme transgenres ?
mardi 20 février 2024
Québec — Doublement de la population qui travaille principalement en anglais en 12 ans
Québec :
- « la population travaillant principalement en anglais serait donc passée de 653 918 en 2011 à 922 044 en 2023, soit une augmentation d’environ 41 % ».
- En 2021, 33,4 % de l’immigration temporaire était incapable de soutenir une conversation en français, soit 60 635 personnes de 15 ans et plus.
- De 2021 à 2023, la population non permanente qui ne connaissait pas le français aurait pratiquement triplé.
- La population totale qui ne connaît pas le français aurait crû d’environ 52 % depuis 2011.
- La proportion de la population québécoise incapable de soutenir une conversation en français aurait atteint environ 7,2 % en 2023, comparativement à 5,6 % en 2016.
lundi 19 février 2024
Le « lait humain », aussi bon que le lait maternel ?
La lettre où ces indications apparaissent a été envoyée au nom du directeur général de l’établissement en réponse à la plainte d’un groupe militant concernant les politiques de l’établissement en matière d’égalité des sexes, rapporte le Daily Mail.
Selon le directeur médical, « il existe des preuves claires et sans équivoque que le lait humain est un aliment idéal pour les nourrissons », faisant ainsi référence à la fois au lait maternel et à la « lactation induite » chez des hommes qui se disent femmes. Il défend également le terme de « lait humain » « censé être neutre » et qui « n’est pas sexiste ».
Des études scientifiques ?
Pour étayer son propos, le directeur mentionne une étude scientifique de cinq mois réalisée en 2022. Cette recherche a mesuré « les concentrations de testostérone dans le lait des nourrissons » et n’a identifié « aucun effet secondaire observable chez les bébés » nourris par des hommes qui se disent femmes transgenres.
Contrairement à ces affirmations, des experts déplorent que le manque d’études empêche de tirer des conclusions sur d’éventuels effets secondaires de la lactation induite. « Il y a eu très peu de publications et la grande majorité d’entre elles n’ont pas examiné ce qui se trouve dans le lait lui-même. »
Des nourrissons « cobayes » ?
« Les bébés ne peuvent pas servir de cobayes pour le choix de vie de quelqu’un », dénonce la députée travailliste Rosie Duffield. En outre, elle estime que « l’utilisation par le NHS Trust du terme “lait humain” pour désigner le lait des mères et des femmes transgenres risque d’effacer les femmes ».
Le University Hospitals Sussex Trust est membre du programme « Diversity Champions » de Stonewall. Il a admis que sa politique découlait des conseils d’« organisations externes », mais a refusé de préciser lesquelles (cf. Des militants trans dans un groupe de travail de la HAS ?).
En 2018 déjà, des doses massives et très peu de lait
En 2018 déjà, six ans de traitement féminisant et 3 mois d’hormones à haute dose avaient permis à un homme qui se dit femme (une femme transgenre dans le jargon) d’allaiter six semaines le bébé de sa compagne.
« Ce cas montre que, dans certaines circonstances, une lactation modeste, mais fonctionnelle peut concerner les femmes transgenres », affirment les auteurs d’une étude parue dans le dernier numéro de la revue Transgender Health [1]. La « femme » — née homme — a pris un traitement à base d’estradiol et de progestérone pendant les trois derniers mois de grossesse, couplé à la dompéridone, qui augmente la quantité de lait, et à un usage intensif du tire-lait pour stimuler. La montée de lait n’a permis d’allaiter exclusivement le bébé que pendant six semaines, les biberons ont alors pallié l’insuffisance.
« Il faut vraiment qu’elle ait pris de grosses doses pour avoir des montées de lait », s’étonnait la Dr Sandrine Brambilla, endocrinologue à Paris, « prendre des hormones en si grosse quantité est loin d’être anodin ».
Si l’enfant a grandi normalement et est en bonne santé, les chercheurs ajoutent tout de même qu’il faudrait faire une étude pour vérifier les apports nutritifs d’un lait « maternel » obtenu avec de tels traitements.
Dompéridone interdite aux États-Unis
La dompéridone est interdite aux États-Unis en raison des problèmes cardiaques qu’elle pourrait provoquer.
Le NHS le propose parfois aux femmes qui allaitent et qui ont du mal à produire du lait, à condition que ni la mère ni le bébé n’aient de problèmes cardiaques, et avec des instructions claires pour signaler tout changement dans le comportement du bébé.
En outre, on ne sait pas du tout ce que contient le « lait » d’un homme qui se dit femme transgenre. Étant donné que ces hommes sont susceptibles de prendre d’autres médicaments sur ordonnance dans le cadre de leur transition, tels que des anti-androgènes pour réduire leur production de testostérone, ainsi que des estrogènes et de la progestérone pour les aider à donner une apparence moins « masculine », les critiques affirment que le lait est potentiellement dangereux pour un nouveau-né, ou qu’il devrait à tout le moins faire l’objet de tests rigoureux.
Les féministes marmonnent qu’il y a encore deux poids deux mesures de la part de l’establishment médical — après tout, on dit aux femmes d’éviter l’aspirine pendant l’allaitement et de s’abstenir même de boire un verre de vin, car personne ne sait quelle quantité de produit passe dans le lait.
Les accusations de transphobie étouffent le débat et la recherche
« Nous ne disposons tout simplement pas d’études », a déclaré au Daily Mail la professeur Jenny Gamble, spécialiste des sages-femmes à l’université de Coventry.
En fin de compte, nous devons déplacer le centre de la question et nous demander pourquoi cette pratique a lieu en premier lieu. Quels sont les avantages pour le bébé ou la mère biologique ?
Cependant, à l’instar d’une grande partie du débat sur les questions transgenres, il est plus difficile qu’il n’y paraît de soulever ces questions. Pourtant, comme les personnes qui émettent des doutes sur le fait que des hommes se faisant appeler femmes transgenres induisent la lactation sont immédiatement accusées de transphobie, il est presque impossible de trouver des experts disposés à s’exprimer sur la question.
Plusieurs d’entre eux ont déclaré au Daily Mail : « Je ne peux pas associer mon nom à cette affaire, cela pourrait me coûter mon inscription ».
De nombreux professionnels de l’allaitement ont déjà été menacés de mesures disciplinaires ou éjectés de groupes de médias sociaux pour avoir exprimé leurs préoccupations.
Un grand nombre d’entre eux appartiennent à des groupes WhatsApp ou Facebook secrets, mais ne peuvent pas exprimer publiquement leur point de vue. « Si je suis expulsée de mon organisation, ce sont finalement les mères et leurs bébés qui en pâtiront », m’a dit l’une d’entre elles. Pour l’instant, je dois donc garder le silence.
Le lait maternel, une substance vivante
Ce que de nombreux experts disent en privé semble toutefois tout à fait incontestable pour la plupart d’entre nous : le lait maternel féminin est une substance biologique miraculeuse dont les propriétés ne peuvent être reproduites par l’équivalent masculin.
Après tout, le lait maternel est une substance « vivante » qui s’adapte aux besoins du bébé avec une précision remarquable.
Beaucoup d’entre nous connaissent le colostrum, « l’or liquide » produit dans les premiers jours de l’allaitement. Il contient des anticorps, des antioxydants, des vitamines et des nutriments en quantités bien plus importantes que le lait maternel.
La production de colostrum n’a jamais été observée chez les hommes.
Environ trois jours après la naissance, le lait de la femme « monte », mais change constamment pendant environ deux semaines, jusqu’à ce qu’il s’établisse en tant que lait maternel mature.
Ensuite, il continue à se modifier, souvent de manière très subtile, en fonction des besoins du bébé.
Si le bébé tète pendant une courte période, il reçoit un lait plus aqueux et désaltérant, connu sous le nom de premier lait. S’il continue à téter, il recevra du lait de fin de tétée, plus riche et plus calorique.
Le lait maternel évolue également au fur et à mesure que le bébé grandit, s’adaptant parfaitement à son âge et à son développement. Le lait des prématurés est spécifiquement plus riche en graisses, en calories et en protéines, tandis que le lait des bébés plus âgés est plus abondant en substances qui renforcent l’immunité.
En fait, nous découvrons constamment des façons étonnantes dont ce liquide remarquable sert le nouveau-né.
Lorsqu’une mère embrasse son bébé, par exemple, elle prélève des agents pathogènes sur son visage, qui se déplacent ensuite vers son système lymphatique et provoquent la création d’anticorps, que le bébé reçoit par l’intermédiaire de son lait.
On pense également qu’il existe une boucle de rétroaction complexe entre la salive du bébé et le mamelon de la mère, qui « informe » le sein des besoins du bébé en matière de santé, provoquant à nouveau une augmentation des anticorps en cas de virus, par exemple.
Le lait produit par les femmes est une usine à système immunitaire en temps réel. Rien ne prouve que la lactation induite chez les hommes puisse avoir l’un ou l’autre de ces effets.
Pénurie de moyens pour aider les femmes à allaiter, détournés par la cause trans ?
Bien entendu, il n’est pas toujours facile pour les nouvelles mères d’allaiter. Pourtant, l’aide du NHS et des organisations indépendantes est déjà très limitée, et de nombreux professionnels me disent qu’ils sont déconcertés et exaspérés par les ressources consacrées à la promotion de l’idée que les hommes essaient d’allaiter alors que tant de femmes luttent pour trouver un soutien adéquat. L’association La Leche League, qui milite pour l’allaitement, consacre par exemple un long espace à cette question sur son site web.
« Environ 85 % des mères commencent à allaiter au Royaume-Uni, mais ce chiffre chute d’environ 50 % au cours des six premières semaines, et neuf sur dix disent qu’elles ne voulaient pas arrêter, mais qu’elles ne trouvaient pas l’aide nécessaire », a dit au Daily Mail une femme qui ne souhaite pas être nommée, mais qui est impliquée dans l’éducation à l’allaitement.
Nous devrions nous efforcer de faire évoluer ces chiffres plutôt que détourner des moyens pour que des hommes allaitent.
Narcissisme ?
Une grande partie des discussions autour de l’allaitement par les hommes qui se disent femmes transgenres porte sur comment le rendre possible, sur la nature exacte du liquide et sur la question de savoir si c’est sûr ou non.
Ces questions sont toutes intéressantes, mais elles n’abordent pas le véritable problème : pourquoi est-ce nécessaire ?
Les femmes transgenres affirment que l’expérience de l’allaitement est une « affirmation de genre ». En d’autres termes, elles se sentent plus « féminines ». Mais « affirmer » les sentiments d’un adulte n’est pas la raison d’être de l’allaitement. Il s’agit d’abord d’alimenter un nourrisson le mieux possible.
[1] http://online.liebertpub.com/doi/full/10.1089/trgh.2017.0044