Publiée dans le British Medical Journal (BMJ), l’étude examine les données d’une cohorte d’adolescents finlandais orientés vers des services spécialisés dans l’identité de genre (le « groupe orienté ») entre 1996 et 2019, et compare leurs taux de mortalité toutes causes confondues et de suicide à ceux d’un groupe témoin. Bien que les taux de suicide dans le groupe orienté étudié soient plus élevés que dans le groupe de contrôle, la différence n’est pas importante : 0,3 % contre 0,1 %. Et surtout, cette différence disparaissait lorsque les deux groupes étaient contrôlés pour les problèmes de santé mentale suffisamment graves pour nécessiter l’aide d’un spécialiste en psychiatrie.
En d’autres termes, si l’identité transgenre semble être associée à un risque élevé de suicide, le lien n’est pas très fort. Qui plus est, le lien de causalité n’est peut-être pas celui qu’affirment les activistes.
L’association entre la dysphorie de genre et la maladie mentale est bien documentée par les prestataires de « soins d’affirmation du genre » et les groupes de défense des transgenres, ainsi que par la recherche en psychologie clinique. Mais une affirmation moins bien étayée, fondée sur cette association, est que ces difficultés sont causées non pas par le fait d’être transgenre, mais par la stigmatisation politique et sociale qui y est associée. On veut nous faire croire que la dysphorie de genre n’est pas en soi un problème de santé mentale. Ce qui causerait les problèmes de santé mentale chez les jeunes transgenres — jusqu’au suicide — serait le rejet par le monde entier de leur identité et du cadre métaphysique de « l’identité de genre » en tant que telle.
C’est là l’origine de l’affirmation maintes fois répétée dans les médias sociaux selon laquelle quiconque émet des doutes sur l’identité transgenre, même de façon modérée, est complice d’un « génocide transgenre ». L’affirmation selon laquelle la remise en question ou la non-acceptation de l’identité de genre (l’invalidation dans le jargon) des jeunes transgenres les pousse à se suicider est également à l’origine de la question rhétorique couramment utilisée pour intimider les parents afin qu’ils consentent à une transition sociale et médicale pour leur progéniture dont le genre est confondu : « Préférez-vous avoir une fille vivante ou un fils mort ? »
Elle est à l’origine de l’interdiction de la « thérapie de conversion trans » déjà en vigueur dans plusieurs pays comme le Canada et promise par le parti travailliste en Angleterre. Ces mesures interdisent aux thérapeutes d’examiner avec leurs clients s’il existe un lien entre leur dysphorie de genre et, par exemple, un traumatisme de la vie ou d’autres problèmes de santé mentale. En effet, si la cause de la détresse et du suicide des personnes transgenres est qu’elles ne sont pas acceptées pour ce qu’elles sont, tout thérapeute qui cherche à explorer les liens entre la dysphorie de genre et d’autres problèmes biographiques ou psychiatriques est complice de ce type de non-acceptation et, par conséquent, n’aide pas son client, mais lui fait du tort.
Mais comme l’indique l’étude : « La dysphorie de genre clinique ne semble pas être un facteur prédictif de la mortalité toutes causes confondues ou de la mortalité par suicide lorsque les antécédents de traitement psychiatrique sont pris en compte ». Ce qui prédit le risque dans cette population, c’est plutôt la « morbidité psychiatrique ». Et contrairement à ce qu’affirment les activistes, la transition ne contribue en rien à la réduire : « Le changement de sexe médical n’a pas d’impact sur le risque de suicide. »
Personne ne veut être complice du fait de pousser un jeune sur cette voie. C’est pourquoi la suggestion que remettre en question les croyances d’une personne en matière de genre peut entraîner le suicide constitue un argument émotionnel de taille. Mais si l’étude finlandaise est correcte, tout cet édifice rhétorique, législatif et médical semble reposer sur du sable. Si le risque élevé de suicide chez les jeunes transgenres disparaît lorsque l’on contrôle les autres difficultés psychiatriques, cela suggère fortement que les jeunes transgenres ne sont pas plus à risque en raison de la transphobie ou de l’invalidation, mais en raison du fait bien documenté que la dysphorie de genre a tendance à se produire chez les personnes qui sont perturbées et malheureuses de manière plus générale.
Il devrait en découler que la façon de gérer le risque de suicide chez les jeunes qui se disent trans n’est pas « d’affirmer » leur identité de genre et de les soumettre à des interventions médicales, mais de surveiller et de traiter les comorbidités psychiatriques. En fin de compte, les revendications de l’idéologie du genre sont moins scientifiques que métaphysiques. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que les preuves scientifiques qui contredisent les prescriptions de l’idéologie du genre aient beaucoup d’impact sur les défenseurs des transgenres. Même si le fait de « suivre la science » ferait une réelle différence dans le risque de suicide chez les jeunes dysphoriques de genre.
Voir aussi
Démystifier les mythes diversitaires sur le sexe et l'identité de genre
Suicide : déclin mondial mais augmentation chez les blancs américains
Grande-Bretagne — enfants autistes poussés à s'identifier comme transgenres ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire