lundi 23 novembre 2020

En Suède, éviter à tout prix la « catastrophe » migratoire de 2015

Rinkeby-Kista, un quartier à forte population immigrée, à Stockholm.

À 21 ans, Sharif Omari ne rêve plus. Le jeune Afghan n’en a plus la force. S’il ne trouve pas un emploi avant décembre, son permis de séjour ne sera pas renouvelé. Il risque d’être renvoyé à Kaboul, où sa mère lui a fait promettre de ne jamais revenir, quand elle l’a fait partir en Iran, après la mort de son père. C’était en 2015. Il avait 16 ans. […]

Cette année-là, 163 000 demandeurs d’asile ont passé les frontières du royaume — un record en Europe, pour ce petit pays de 10 millions d’habitants. Près d’un tiers des nouveaux arrivants sont syriens. Un quart vient d’Afghanistan. Parmi eux, de nombreux mineurs isolés, comme Sharif : 35 000 au total, dont deux sur trois sont d’origine afghane.

En écho au « wir schaffen das » (« nous y arriverons »), lancé par la chancelière allemande, Angela Merkel, le 31 août 2015, le Premier ministre suédois, Stefan Löfven, insiste, à Stockholm : « Mon Europe ne construit pas des murs. » Des mots qui viennent le hanter aujourd’hui.

Car si, cinq ans plus tard, la chancelière allemande assure qu’elle prendrait « les mêmes décisions essentielles », Stefan Löfven veut tout faire « pour ne pas revenir à la situation de l’automne 2015 », comme il ne cesse de le répéter. Pour la première fois, le 9 septembre, le leader social-démocrate a même fait le lien entre l’« importance de l’immigration » et les « tensions » au sein de la société suédoise.

Ségrégation sociale

Dans le débat public, il n’est plus question que de l’échec de l’intégration : la ségrégation sociale, accentuée par le manque criant de logements ; le chômage des personnes nées à l’étranger trois fois supérieur à celui des Suédois d’origine ; la violence des gangs, implantés dans les quartiers à forte population immigrée…

Un des sujets politiques les plus sensibles du moment porte sur la réforme de la politique d’asile. Elle devrait pérenniser les mesures adoptées dans l’urgence, en 2016. Les titres de séjour permanents avaient alors été supprimés, l’asile humanitaire restreint et le regroupement familial limité. La droite conservatrice et l’extrême droite veulent aller encore plus loin et imposer des quotas.

« La Suède, qui était bien plus généreuse que la moyenne européenne avant 2015, est en train de s’aligner sur le niveau minimum, au point que nous soyons contents qu’il existe une législation européenne qui empêche de faire moins », constate Anna Lindblad, juriste auprès de l’ONG Asylrättscentrum. Elle dénonce une rhétorique qui « présente 2015 comme une catastrophe » et « diabolise les réfugiés ». 

[…]

Source (extraits) : Le Monde

Voir aussi

Suède — « Le Paradis » retable pro-homo ôté de l’église par crainte de transphobie 

Scandinavie — Les élèves immigrés non occidentaux à la peine (y compris la 3e génération) 

Jordan Peterson et l’égalité des sexes : députée et ex-ministre suédoise à du mal à comprendre

Plusieurs grandes études : l’égalité juridique des sexes renforce les différences sexuelles 
 
 
Suède — Cour d’appel retire les droits parentaux de parents coupables d’instruction à la maison

Suède – Père veut instruire son enfant à la maison : « un fanatique des droits de l’homme » selon les autorités
La Suède, auparavant l’un des pays les plus sûrs du monde, est maintenant aux prises avec une forte hausse de la violence et des agressions sexuelles dans certaines de ses banlieues. En 2017, outre 110 meurtres et 7226 viols, on y a recensé 320 fusillades et des dizaines d’attaques à la bombe. Le Premier ministre social-démocrate suédois, Stefan Lofven, a déclaré la semaine dernière qu’il était prêt à déployer l’armée pour lutter contre le crime organisé.

Une grande partie de ces faits de violence émane des « zones d’exclusion sociale », des banlieues à majorité peuplées par des immigrés. Le Times précise qu’étant donné la qualité des infrastructures et des services qui sont offerts dans ces banlieues, on ne peut pas vraiment les qualifier de ghettos. Pour autant, elles sont confrontées à une forte criminalité est à des taux de chômage élevés.

Dans la ville de Malmö, l’âge moyen des membres de gangs est de 22 ans. Mais on voit aussi des jeunes de 14 ans armés de kalachnikovs et de gilets pare-balles dans les rues.
(L’Express Business)

Deux garçons qui ont été torturés, violés et enterrés vivants dans un cimetière ont déclaré qu’ils avaient l’air d’avoir « pris une douche de sang » après avoir échappé à leur calvaire. Ils ont dit à la police qu’ils avaient été enlevés, frappés à coups de pied, de poing, brûlés, poignardés et qu’on leur avait ordonné de se déshabiller.

En creusant leur tombe, les victimes ont révélé qu’ils étaient continuellement battus par leurs agresseurs. L’un des garçons a dit qu’il était « difficile de savoir combien » de coups de poing et de pied ils ont reçus. Ils étaient bâillonnés avec leurs propres chaussettes. Leurs ceintures ont servi à attacher leurs mains, tandis que leurs jambes étaient attachées avec des morceaux de tissus. Ils ont été également violés, torturés et brûlés avec des briquets.

Les deux suspects, un Tunisien de 18 ans et un Kurde de 21 ans ont été inculpés. Ils ont la nationalité suédoise.

Les témoignages des garçons indiquent que le Tuniso-Suédois de 18 ans a joué un rôle moteur. « C’est lui qui contrôlait tout », dit l’une des victimes.
(Nyheter Idag et The Sun)

« La moitié des enfants de six ans parlent un mauvais suédois »

Un enfant de six ans sur deux dans les écoles primaires de la région de Järva à Stockholm parle trop mal le suédois. Les enfants risquent de ne pas atteindre les objectifs de connaissance, prévient le directeur de l’école primaire Happy Hilmarsdottir-Arenvall.

— Il faut essayer d’y faire face, dit-elle. Le directeur de l’école primaire de la région de Järva est responsable de treize écoles primaires municipales à Rinkeby, Kista et Tensta au nord-ouest de Stockholm. Quartiers à forte immigration extraeuropéenne. Les écoles donnent la priorité au développement du langage dans toutes les matières et dès que les élèves commencent en classe préscolaire, leurs compétences linguistiques sont recensées afin d’intervenir de façon précoce pour que les enfants répondent aux exigences en matière de connaissances. Mais le directeur de l’école primaire est inquiet.

— Environ 50 pour cent des élèves ont de très faibles compétences linguistiques en suédois, dit Happy Hilmarsdottir-Arenvall. Les enfants ont deux à trois ans de retard en termes de langue, par rapport aux enfants qui ont le suédois comme langue maternelle, selon le directeur de l’école primaire. À l’école Askeby à Rinkeby, sept enfants de six ans sur dix n’ont pas atteint le niveau de suédois auquel ils étaient attendus à l’automne dernier.

Né en Suède, mais ne parlant pas suédois

Certains des enfants sont de nouveaux arrivants, mais beaucoup sont nés en Suède et ne parlent toujours pas suédois. Parmi les explications données : les enfants n’entrent pas en contact avec le suédois de manière naturelle, peut-être même pas à l’école maternelle, s’ils vont dans une école maternelle où le personnel ne parle pas non plus le suédois. Une autre raison est que moins d’enfants dans les zones socio-économiquement faibles vont à l’école maternelle.

— Cela signifie qu’au lieu de nous concentrer sur les objectifs de connaissance du programme, nous devons nous concentrer sur l’amélioration du niveau de langue. Il est donc clair que cela retarde le développement des enfants et pour atteindre les exigences en matière de connaissances, dit Happy Hilmarsdottir-Arenvall qui espère que davantage d’enfants commenceront l’école maternelle pour avoir une longueur d’avance au niveau de la langue.

Les zones vulnérables de Stockholm, de Malmö et de Göteborg ont généralement un secteur préscolaire déficient. À la fin de l’année, seuls 84 % des enfants âgés de 2 à 5 ans étaient inscrits à l’école maternelle de Rinkeby-Kista. C’est le plus bas taux de tout Stockholm. Le gouvernement a publié ce jour même une enquête sur la manière dont davantage d’enfants des « zones socio-économiquement faibles » (comprendre à fortes populations immigrées) pourraient participer à l’école maternelle pour mieux apprendre le suédois.

(SVT.se)

Aucun commentaire: