jeudi 1 janvier 2009

Échec au cœur de la réforme pédagogique

Le cœur de la réforme pédagogique qui met de l'avant le programme controversé de la pédagogie par projets est un « échec », révèle une étude dont le Journal a obtenu copie.

L'enquête, réalisée par des chercheurs de l'Université de Montréal pour le compte du Comité de gestion de la taxe scolaire de l'île de Montréal, révèle que dans les écoles où les enseignants font très souvent des projets de groupe, la proportion d'élèves qui obtiennent un diplôme au secondaire s'élève à peine à 55 %.

À l'inverse, dans les établissements où les enseignants boudent cette nouvelle méthode, le taux de diplomation atteint 86 %.

« C'est vrai que c'est embêtant pour ceux qui mettent de l'avant ces méthodes pédagogiques », affirme Pierre Lapointe, l'un des coauteurs de l'étude et professeur à l'Université de Montréal, qui ajoute que « sur le plan politique, cette étude peut être effectivement agaçante pour plusieurs ». Pourtant c'est le silence le plus complet au Monopole de l'Éducation.

Le chercheur est toutefois d'avis que cela ne remet pas en cause la réforme. « Ça continue d'alimenter la controverse, mais on ne peut pas penser qu'un nouveau programme a juste des effets positifs », dit-il.

Enseignement traditionnel

L'enseignement traditionnel obtient une bien meilleure note. Dans les écoles où les profs pratiquent très souvent l'enseignement magistral, la proportion d'élèves obtenant un diplôme atteint 76 % tandis qu'elle est de 67 % dans les établissements où on ne le pratique qu'occasionnellement.

« Ce sont des résultats assez troublants. La réforme a échoué dans ses fondements », juge Steve Bissonnette, professeur de psychoéducation et de psychologie à l'Université du Québec en Outaouais.

Virage à 180 degrés

Robert Comeau, professeur associé au Département d'histoire de l'UQAM, qui a dirigé le collectif Contre la réforme pédagogique qui vient d'être publié, est d'avis qu'il faut effectuer un virage à 180 degrés.

« Le problème, en ce moment, c'est qu'on essaie de changer des morceaux à la pièce, comme les bulletins. C'est la base de la réforme qu'il faut changer », dit-il.

François Paquette, vice-président de la Fédération des comités de parents, est d'avis que l'étude « questionne la pédagogie par projets », mais estime que la réforme ne doit pas être jetée à la poubelle pour autant sans que le Journal de Montréal nous apprenne pourquoi.

Pour leur étude, les chercheurs ont eu recours à des données de quatre cohortes d'élèves entrés à l'école entre 1998 et 2001, totalisant 72 698 jeunes de l'île de Montréal. De plus, 212 enseignants ont répondu à un questionnaire et 30 directions d'école ont été interviewées.

Autres constations de l'étude


9 %

Les élèves qui interrompent leurs études secondaires pendant une année sont pratiquement assurés de ne pas obtenir leur diplôme. À peine 9 % des jeunes ayant fait une pause pendant leur cursus scolaire obtiennent en effet leur diplôme à l'âge de 20 ans ou moins.

PLUS DE CHANCES AU PRIVÉ

64 %

Les élèves qui fréquentent un établissement privé ont plus de chances d'obtenir un diplôme que ceux inscrits dans le réseau public. Près de 90 % des jeunes obtiennent un diplôme après cinq ans, comparativement à 64 % à l'école publique.

LES PROFS ONT UN IMPACT

57 %

Les enseignants qui encouragent positivement leurs étudiants ont un impact indéniable sur leur réussite. Dans les écoles où les profs rapportent ne jamais faire de renforcement social, le taux de diplomation s'élève à 57 %, tandis qu'il est de 81 % dans les établissements où les enseignants disent adopter très souvent cette stratégie.

ENVIRONNEMENT POSITIF

53 %

Les élèves des écoles où l'environnement dans les classes est perçu positivement ont plus de chances d'obtenir leur diplôme. Dans les établissements où les enseignants affirment que le climat éducatif est très favorable, le taux de diplomation atteint 79 %. Par contre, il est de 53 % dans les écoles où leurs collègues ont un avis opposé.

Source : Rapport sur l'environnement éducatif dans les écoles publiques et la diplomation des élèves de l'île de Montréal

ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL ET PÉDAGOGIE PAR PROJETS

L'ENSEIGNEMENT MAGISTRAL

Le prof utilise un enseignement plus traditionnel où il enseigne lui-même des notions et concepts. Les élèves réalisent par la suite des exercices pour s'assurer de leur bonne compréhension.

LA PÉDAGOGIE PAR PROJETS

L'élève intègre plusieurs de ses apprentissages dans différentes matières en réalisant un projet. Épaulé par l'enseignant, l'élève prend en charge son apprentissage.

Source : Ministère de l'Éducation, du Loisir et des Sports

2 commentaires:

Josick a dit…

Ici, comment vider les églises... où les remplir

Anonyme a dit…

'En attendant, je cherche toujours, sans la trouver tout à fait, la réponse à une question pressante : de quel droit, par quelle légitimité, fonctionnaires et chercheurs ont-ils pu procéder à cette formidable mutation du sens de l’éducation qu’ils ont opérée ?'

C'est aux politiciens qu'il faut le demander. C'est à eux de rendre des comptes. Le gouvernement n'a visiblement plus aucun contrôle sur la machinerie de l'état. C'est pourquoi il écrase les orteils des citoyens (au point de s'en vanter ouvertement!) car ils n'a aucun pouvoir sur les bureaucrates syndiqués mur-à-mur impossible à déloger de leur postes et qui auraient tout le temps et les moyens de faire la vie dure au ministre. Ensuite on se demande pourquoi les gens ne votent plus. On ne vote plus, car ça ne sert à rien de voter. Tout ça est le résultat de la bureaucratisation à outrance de l'état québécois et de l'étatisme qui en résulte. On a rien vu: l'état étend de plus en plus ses tentacules car le citoyen s'y habitue de plus en plus. Il perd sa liberté sans s'en rendre compte.