vendredi 2 septembre 2022

Rentrée scolaire à Marioupol, lent retour à la normalité

Mise à jour du 12 septembre



 Billet originel du 2 septembre

Le 1er septembre 2022, des milliers d’enfants de Marioupol de la République Populaire de Donetsk (RPD), république autonomiste du Donbass, sont retournés sur les bancs de l’école. Une rentrée scolaire qui symbolise, autant que la reconstruction de la ville, un retour progressif à la normale pour les habitants de Marioupol.

L’école n° 4, où Christelle Néant s’est rendue pour assister à la rentrée des classes, se trouve dans le nord de Marioupol. À son arrivée, elle a constaté que l’école était protégée par des soldats armés et de sévères mesures de sécurité avaient été prises pour empêcher tout attentat terroriste de la part de l’Ukraine contre les enfants. C’est pourquoi il n’y a pas eu de cérémonie de la première sonnerie devant l’école, car cela aurait été trop risqué.

Voir le reportage filmé sur place :

L’école a subi des bombardements lors de la bataille de Marioupol, mais les dégâts n’étaient heureusement pas trop importants, et elle a donc pu être réparée durant l’été. L’obus qui a frappé le toit de l’école n’a pas explosé, ce qui a évité une destruction importante du dernier étage, et les fenêtres soufflées par les bombardements ont été remplacées. Irina, la directrice adjointe a expliqué que les habitants du quartier qui s’étaient réfugiés dans le sous-sol de l’école ont empêché toute intrusion dans l’établissement scolaire, ce qui a évité au bâtiment d’être saccagé.

Beaucoup d’autres écoles aux alentours n’ont pas eu cette chance, et sont toujours en réparation. Aussi les centaines enfants qui se sont présentées à l’école n° 4 de Marioupol pour cette nouvelle rentrée scolaire viennent de plusieurs écoles différentes. Malgré cela l’école n’était qu’à un tiers de son taux d’occupation antérieur à l’opération spéciale.

La plupart des élèves étaient à Marioupol pendant les combats, et Irina nous explique avoir vu une nette différence entre leur retour en cours au mois de mai, où ils étaient marqués par ce qu’ils avaient vécu, et cette rentrée-ci. Après des discussions avec la psychologue de l’école et des vacances en Russie, beaucoup d’élèves se sentent mieux et peuvent de nouveau étudier sans que la bataille de Marioupol ne hante leurs journées.


Réparations en cours à l'école n° 65 de Marioupol (mi-août 2022)


Saint-Pétersbourg a aidé à la rénovation d'écoles, à l'équipement et à la fourniture de matériel scolaire aligné sur le programme scolaire russe. Les écoles sont modernes et lumineuses selon les personnes interrogées. Reportages du 1er septembre aux écoles n° 65, n° 38 et n° 7. Contents de pouvoir à nouveau étudier en russe. La fin de la vidéo rapporte l'inauguration d'un hyper-marché qui va contribuer à mieux desservir la population marioupolitaine et à abaisser les prix pratiqués dans la ville.
 
 
D’ailleurs, le fait qu’ils soient revenus de ces vacances en Russie est en soi une démystification totale de la propagande ukrainienne qui prétend que les habitants (dont les enfants) de Marioupol ont été « déportés » de force dans le pays voisin. Les enfants de la ville sont tout simplement partis en vacances et ils en sont revenus heureux de ce qu’ils y ont vu et vécu.

Irina a également raconté comment les soldats ukrainiens (les forces armées ukrainiennes, les FAU) ont tiré sur les voitures qui tentaient de fuir la ville, et comment ils ont tué les habitants qui refusaient de leur donner de leur nourriture.

Les élèves interrogés semblent heureux que les cours soient désormais en russe, leur langue maternelle. Plusieurs songent à poursuivre leurs études dans des universités en Russie, ce qui serait prestigieux.


Nouveaux blocs d'appartements construits à Marioupol depuis la prise de la ville à la fin mars 2022


Vue aérienne de ce même quartier bâti en quelque quatre mois

 

Pour autant comme l’ont souligné Irina et Alexandra, une élève de 11e année qui aide la direction de l’école à organiser la rentrée scolaire, les élèves de Marioupol continueront d’apprendre la langue et la culture ukrainiennes, qui font partie de leur patrimoine.

Les enfants de Marioupol ont pu faire leur rentrée scolaire comme tous les enfants de Russie et du Donbass, avec leurs uniformes, les bouquets de fleurs pour la maîtresse, et quelques cadeaux (cartables et livres de contes de Pouchkine) offerts par différentes organisations russes. 
 

Voir aussi 

Pologne — Des classes pour élèves ukrainiens en russe 

Marioupol, les élèves retournent en classe [en mai] (vidéos), heureux de pouvoir étudier en russe

Moldavie — 88 % des réfugiés ukrainiens choisissent le russe comme langue d’enseignement, 6 % l’ukrainien

Lettonie — Vers l’élimination de l’enseignement en russe en 2025 

Ukraine — Sites internet, réseaux sociaux, interfaces de logiciel devront être traduits en ukrainien et cette version doit être présentée en premier

Budapest bloque adhésion de l’Ukraine à l’OTAN en raison des lois linguistiques de l’Ukraine (2017)  

Des élèves réfugiés ukrainiens étudieraient en anglais au Québec malgré la loi 101 (et la loi 96)

« J’ai vu des crimes abominables » commis par les soldats ukrainiens

Adaptation fulgurante des élèves russophones [d’Ukraine] en France, ils y apprennent vite le français 

Ukraine [Marioupol en fin mars] — vidéos en français ou sous-titrées en français 

Montréal fait fuir les professeurs : démissions sur l'île ont augmenté de 53 % en trois ans

Montréal fait fuir les professeurs : c’est du moins ce que laisse penser un article de La Presse, qui rapporte que les démissions sur l'île ont augmenté de 53% en trois ans.

Photo du site Une école montréalaise pour tous

 
En fait, 1000 d’entre eux ont quitté l'école où ils enseignaient au cours de ces trois dernières années.

Ils étaient 259 à avoir démissionné en 2019-2020, puis 397 en l’année suivante.

Au seul Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), 103 enseignants (les postes permanents, à temps partiel et les suppléants) ont remis leur démission depuis le 1er juillet, de souligner la journaliste Marie-Ève Morasse.

En raison de la pénurie d’enseignants un peu partout au Québec, les professeurs ont le luxe de choisir leur lieu de travail. Ainsi, plusieurs ont récemment opté pour une autre ville.

Lors d'un entretien avec l'animateur Paul Arcand, Catherine Beauvais explique pourquoi tant de professeurs sont dorénavant sous d'autres cieux.

Certains délaissent la profession, mais plusieurs partent simplement de Montréal pour diverses raisons. D’autres quittent uniquement le Centre de services scolaire de Montréal. Il y a quelques années, une pénurie existait à Montréal, mais pas ailleurs. Les enseignements étaient en quelque sorte pris au CSSDM. Désormais, le marché a changé. Il y a beaucoup de défis associés à l’école montréalaise. Des établissements tombent en ruines. En plus, on n’a pas nécessairement les outils pour relever ces défis, tout comme on n’a pas personnel nécessaire. Plus les profs s’en vont, plus la pression est grande sur ceux qui restent à Montréal.

— Catherine Beauvais


En finir avec le masochisme occidental

Un texte d’Eugénie Bastié dans le Figaro. Abattre l’Occident , le dernier essai du Britannique Douglas Murray, est traduit en français. Salutaire et décapant.

Stanford, 1987. Le révérend Jesse Jackson accompagné de 500 étudiants protestent contre l’introduction de cours de « culture occidentale » à l’université. Ils manifestent en criant : « Hey hey, ho ho, West Civ has got to go » (« la civilisation occidentale doit partir »). Trente-cinq ans plus tard, ce cri de guerre est entonné au cœur même de nos institutions : des multinationales aux campus, en passant par les administrations, les écoles, les cinémas et les livres d’histoire. Les fondements de notre civilisation, jugée intrinsèquement raciste, sont expurgés, remplacés, annulés. La honte d’être blanc a fait tache d’huile. Celle-ci a pris feu en juin 2020, quand le monde occidental, rendu névrotique par des mois de pandémie a entamé une transe antiraciste à la suite de la mort de George Floyd. L’effroyable asphyxie de ce Noir américain par un policier blanc devenant l’image même de nos mœurs. C’est ce cancer idéologique qu’ausculte avec minutie l’essayiste britannique Douglas Murray dans son livre Abattre l’occident traduit pour la première fois aux Éditions de l’artilleur.

Déjà quelques lecteurs haussent les épaules : depuis quelques mois, on ne compte plus les livres écrits sur le phénomène woke et ses avatars tant et si bien qu’on pourrait se dire que les conservateurs montent en épingle ce qui ne serait qu’un mouvement minoritaire sans conséquences. Tous ceux qui jugent ces craintes exagérées doivent lire ce livre fouillé, moins idéologique que journalistique — dans la veine de l’essai anglo-saxon. C’est bien une menace majeure qui pèse sur l’occident d’autant plus dangereuse qu’elle n’est pas exogène, comme la guerre où l’épidémie, mais intérieure, minant les fondements même de nos sociétés en y semant la haine et la division.


C’est sans doute le meilleur essai sur la question du masochisme occidental depuis Le Sanglot de l’homme blanc de Pascal Bruckner.
Parce qu’il appartient au monde anglo-saxon où elle se déploie avec le plus de furie, Murray passe en revue les manifestations les plus extraordinaires de cette étrange maladie : du projet 1619 lancé par le New York Times visant à réécrire l’histoire des États-Unis en la faisant débuter au début de l’esclavage, au restaurant Whistler de Londres menacé de fermeture en raison d’une fresque jugée raciste, en passant par les innombrables statues déboulonnées dans les capitales occidentales, ses exemples sont légion. On comprend au fil des pages que c’est désormais la méfiance envers les Blancs qui est institutionnalisée et systémique, enseignée dans les écoles, appliquée dans les administrations (des ateliers d’intersectionnalité sont même dispensés au FBI !), promue par la publicité et dans les dessins animés.

Douglas Murray excelle dans la mise en exergue des paradoxes de cet antiracisme devenu hystérique alors même qu’il n’a plus de raison d’être. « Au moment même où le racisme n’a jamais été davantage frappé d’opprobre et où il est devenu parfaitement inacceptable tant sur le plan social que sur le plan politique, il est présenté comme omnipotent et on insiste sur la nécessité absolue de le repousser. » La traite occidentale est enseignée à tous les Blancs dès le primaire, mais la traite orientale, au moins aussi violente est soigneusement occultée. Il est impossible de dire la moindre généralité sur un peuple non occidental sans se voir accusé d’odieuse essentialisation, mais on peut à loisir se moquer de la « fragilité blanche » ou de la « rage blanche ». À Londres on tague « raciste » sur la statue de Churchill, le plus grand antifasciste du XXe siècle, mais on continue de se recueillir sur la tombe de Karl Marx, dont les écrits ont inspiré le totalitarisme et a tenu des propos très peu woke sur les Noirs et les Juifs. Tout ce qui a grandi la civilisation occidentale doit être abîmé, tout ce qui l’a fustigé doit être encensé.

On pourrait rire de ces calembredaines et les juger inoffensives. Pourtant, argumente Murray, cette haine de soi typiquement occidentale est dangereuse, non seulement parce qu’elle mine nos sociétés, mais parce qu’elle est utilisée comme une arme par nos ennemis. Ainsi la Chine, superpuissance qui ne connaît pas la repentance mémorielle, ne se prive pas de fustiger régulièrement les États-Unis pour leur non-respect des droits de l’homme en mettant en avant la question des « violences policières » pour dénier aux institutions internationales tout droit de regard sur son propre fonctionnement dictatorial.

Reste une question. Pourquoi des théories aussi masochistes, mensongères, puériles et destructrices se sont répandues avec tant de rapidité ? Douglas Murray nous éclaire sur les raisons de ce succès. D’abord, elles prennent la place d’un vide. « Alors que l’ensemble des autres grands récits se sont effondrés, la religion de l’antiracisme fournit un but et un sens à la vie. » Ensuite, parce que ce masochisme plonge ses racines dans une tradition occidentale. Le goût de l’ailleurs, l’exotisme, la tendance à mal s’aimer, à se mépriser, à préférer le barbare au péquin a la faveur de nos intellectuels de Montaigne à Rousseau. Même Voltaire trouvait des qualités à la religion musulmane tandis qu’il vomissait celle de ses pères. L’antiracisme religieux ne fait que radicaliser cette veine. Enfin, ces théories de la déconstruction séduisent par leur facilité. Il est en effet infiniment plus facile de détruire que de créer, de déboulonner que de forger, de critiquer que de fonder, de pointer les défauts du passé que fabriquer quelque chose à transmettre. On touche là au point nodal de ce grand mouvement qui affecte notre héritage ; l’oubli d’une qualité fondatrice de toute civilisation : la gratitude. Et Murray de citer les derniers mots du philosophe conservateur Roger Scruton, dont il est un des disciples : « S’approcher de la mort vous permet de savoir ce que la vie et la gratitude signifient. »

Il nous faudrait renouer avec ce sentiment de reconnaissance, qui n’est pas une rustre fierté, mais l’humilité de reconnaître que nous sommes les héritiers d’une civilisation qui n’a pas seulement créé des chefs-d’œuvre que nous sommes incapables d’égaler, mais aussi inventé des progrès scientifiques stupéfiants, mis en œuvre un confort et un système politique fondé sur la liberté et le droit que le monde entier nous envie. D’ailleurs, comme le rappelle Murray, les bateaux de migrants ne vont que dans une seule direction : l’occident.

Abattre l’Occident,
Comment l’antiracisme est devenu une arme de destruction massive
par Douglas Murray,
paru chez L’Artilleur,
à Paris,
le 24 août 2022,
432 pp,
ISBN-10 : 2810011214
ISBN-13 : 978-2810011216


jeudi 1 septembre 2022

Québec — Nombre de naissances continue de baisser et les décès sont repartis à la hausse

Naissances et décès au Québec pour les premiers semestres de 2010 à 2022


Le nombre de naissances  continue de baisser alors que la population continue de grossir sur les six premiers mois de 2022 en raison de l'immigration importante. Il n’est né que 39 300 enfants de janvier à juin 2022 alors qu’ils étaient encore 43 044 à être nés pendant le premier semestre de 2011. Le taux de natalité devrait atteindre en 2022 un des plus bas taux de l’histoire du Québec, voire un nadir, si la tendance des 6 premiers mois devait se maintenir.

Le nombre de décès pour sa part est reparti à la hausse (après l’effet de moisson de la pandémie qui semble avoir tué les plus faibles en 2020 plutôt que quelques mois plus tard). En démographie, on parle d’un effet de moisson quand, pour une raison ou pour une autre (épidémie, canicule, etc.), un grand nombre de gens décèdent dans un court laps de temps. Comme les personnes les plus âgées, les plus malades, les plus fragiles sont normalement surreprésentées dans cette mortalité soudaine, cela laisse derrière un « bassin » réduit de gens très vulnérables, ce qui fait baisser temporairement la mortalité.

Allemagne — Retrait de deux livres du célèbre indien Winnetou

En Allemagne, le retrait de deux livres pour enfants relance les débats sur la « culture du bâillon ».

Image extraite du film « Der junge Häuptling » [Le jeune chef Winnetou], de Mike Marzuk, sorti en août.

Les aventures de l’Apache Winnetou, un personnage du célèbre écrivain allemand Karl May, font l’objet d’importantes critiques après des accusations de racisme et d’appropriation culturelle. Outre-Rhin, l’affaire divise jusque dans les éditoriaux des journaux.

Le film Der junge Häuptling Winnetou [« Le jeune chef Winnetou »] devait être un succès en Allemagne. Les producteurs comptaient sur cette figure mythique de la littérature pour enfants, créée par l’écrivain Karl May à la fin du XIXe siècle, pour attirer les foules. Les aventures du jeune Apache ont déjà fait l’objet de plusieurs longs métrages dans les années 1960 et d’une série télévisée, vingt ans plus tard. À chaque fois, le public allemand était au rendez-vous.

Pourtant, l’œuvre ne fait pas les gros titres pour son nombre d’entrées, affirme T-Online, mais pour une polémique. Après sa sortie, le 11 août, l’entreprise Ravensburger avait annoncé la mise en vente de plusieurs produits estampillés Winnetou, dont deux albums jeunesse pour accompagner la sortie du film allemand. Quelques jours plus tard, « elle a décidé de les retirer de la vente, suite à des accusations de racisme ».

 

Bande-annonce du film en question [Les blancs n’y sont pas à leur avantage…]

Selon l’entreprise de livres et jouets pour enfants, les aventures du jeune Apache véhiculeraient « un imaginaire romantique et plein de clichés » sur le mode de vie des Amérindiens. [C’est exact, mais c’est plutôt par angélisme et généralisation, un peu comme Lucky Luke.] Elles éclipseraient notamment « l’oppression » dont ces populations ont été victimes en Amérique du Nord.

Le scandale a éclaté après le choix de l’éditeur Ravensburger de retirer de la vente deux ouvrages pour enfants adaptés du personnage légendaire de Karl May. Pour la presse populaire, l’éditeur remet en cause le patrimoine culturel allemand. L’influent journal conservateur « Bild » dénonce pour sa part les « activistes de gauche », coupables d’imposer la « censure ».

 

Bild TV interroge des Indiens, pour eux toute l’affaire du racisme supposé de Winnetou est très exagérée.

Les responsables politiques de tous bords ont suivi le mouvement en accusant Ravensburger de céder au « wokisme ». « J’ai adoré tous les livres de Karl May. Ça ne fait pas de moi un raciste ! », s’est offensé Sigmar Gabriel, ancien président du Parti social-démocrate (SPD). « Tout cela est absurde ! Le chancelier doit convoquer un sommet contre la “culture de l’interdiction”», a ajouté le conservateur Rasmus Vöge (CDU), cité par « Bild ».

 Ravensburger a expliqué son choix. « Plusieurs milliers » d’internautes avaient protesté contre ces ouvrages qui entretiennent, selon eux, des « stéréotypes racistes ». « Vos réactions nous ont montré que les titres Winnetou sont aujourd’hui susceptibles de blesser certains », a déclaré l’éditeur dans un communiqué. Winnetou entretient une « image romantique avec beaucoup de clichés » qui ne correspond pas à la réalité, c’est-à-dire l’oppression des peuples indigènes d’Amérique, a ajouté un porte-parole de la maison d’édition. Ravensburger ne veut donc plus diffuser ce genre de « clichés qui minimisent la gravité des faits ».

L’association allemande des indigènes d’Amérique (NAAoG), une ONG d’informations sur l’histoire de ces peuples, regrette que les clichés continuent d’être véhiculés par les romans de Karl May. Les vêtements à franges, les bandeaux avec des plumes, les peintures de guerre, les hurlements, les tipis, les haches ou les poteaux de torture font partie des clichés. Ils sont repris dans les carnavals ou les films. Or, il existe 574 groupes ethniques rien qu’aux États-Unis. Chacun a sa culture, sa langue et son histoire. L’ONG regrette que tout soit mélangé et que les représentants soient définis sous le nom générique «
d’Indiens ».

Cette affaire a des répercussions en Suisse. La « glace Winnetou », fabriquée à Rorschach par le géant Frisco, est dans la ligne de mire des critiques qui dénoncent une appropriation culturelle à des fins commerciales. Citée dans le journal « Blick », Johanna Gollnhofer, professeure à l’Université de Saint-Gall et experte en marketing, estime : « C’est une bombe à retardement. On attend aujourd’hui des marques qu’elles se comportent de manière politiquement et culturellement correcte. » Hasard ou pas, le groupe a supprimé la tête d’Indien qui figurait auparavant sur ses emballages de bâtons glacés.


Francophonie — « Presidency in Algiers »

La semaine passée à Alger, conférence de presse conjointe des présidents français et algérien. Sur les lutrins, de l’arabe (pas de berbère) et de l’anglais. Habituellement, on retrouve les langues des deux pays qui se rencontrent. Qui a décidé de mettre de l’anglais plutôt que du français, qui l’a imposé, qui ne s’y est pas opposé ? La French presidency of the Republic?

Pologne — Des classes pour élèves ukrainiens en russe

Début septembre, les écoles polonaises accueilleront 200 000 étudiants ukrainiens.

De nombreux enseignants plus âgés et à la retraite qui connaissent souvent le russe, se portent volontaires pour encadrer ces élèves. 

Interrogé sur les sections préparatoires pour les étudiants ukrainiens qui ne parlent pas polonais, Tomasz Rzymkowski, sous-ministre de l’Éducation et des Sciences, a annoncé qu’elles seraient maintenues.

« Nous avons encore un afflux de jeunes ukrainiens qui ne connaissent pas le polonais et utilisent souvent le russe comme langue de base naturelle. La différence entre le polonais et l’ukrainien est relativement moindre qu’entre le polonais et le russe. D’où le grand engagement des philologues russes, dont nous avons beaucoup en Pologne, surtout lorsqu’il s’agit de groupes plus âgés, même à l’âge de la retraite. Nous tenons à remercier tous les enseignants retraités qui ont décidé de soutenir le système éducatif polonais et la jeunesse ukrainienne », a souligné le vice-ministre

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Moldavie — 88 % des réfugiés ukrainiens choisissent le russe comme langue d’enseignement, 6 % l’ukrainien

Lettonie — Vers l’élimination de l’enseignement en russe en 2025

 

mercredi 31 août 2022

La population mondiale pourrait (peut-être) diminuer de moitié d'ici à 2100

Au rythme actuel de baisse du taux de fécondité, la population mondiale pourrait être diminuée de moitié à la fin du siècle à un peu plus de 4 milliards d’habitants. Le pic pourrait être atteint au milieu du siècle avant un déclin certain. L’Europe se verrait amputer de 400 millions d’habitants en quelque 80 années.

Le nombre d’êtres humains en passe d’atteindre les 8 milliards à l’automne prochain, selon les dernières prévisions des Nations unies, risque de s’effondrer avant la fin du siècle. C’est du moins la thèse défendue par James Pomeroy, économiste chez HSBC, dans une étude parue le 22 août. « La probabilité que la taille de la population mondiale commence à se réduire dans les vingt prochaines années est bien plus élevée que ce que nous avions prévu initialement », avance-t-il.


À ses yeux, les prédictions des Nations unies selon lesquelles la population mondiale devrait atteindre un pic vers les années 2080 ne collent pas à la réalité. Le pic pourrait être atteint bien avant. Aux alentours de 2043. Pourquoi ? Parce que le taux de fécondité, en net recul, réduit significativement le nombre de naissances dans le contexte d’une population déjà vieillissante.

Chute de la fertilité

En juillet dernier, l’ONU constatait qu’en 2021, la fécondité moyenne de la population mondiale était de 2,3 naissances par femme au cours de sa vie. Elle était de 5 dans les années 1950. Pour l’ONU, elle devrait encore baisser d’ici à 2050 pour atteindre 2,1, soit le taux qui permet de stabiliser la population. Mais selon la tendance récente observée, le recul pourrait être plus important et plus rapide.


 

Le déclin de la population mondiale arrive à grands pas

Une première alerte avait été donnée en 2019 par deux auteurs canadiens, Darrell Bricker et John Ibbitson, dans leur ouvrage « Empty Planet: the shock of global population decline ». Ils y soutenaient que le vieillissement et la faible fécondité entraîneraient des changements massifs dans la population humaine, et plus tôt que nous ne le pensons. James Pomeroy les rejoint.

Pour lui, la population mondiale pourrait comptabiliser seulement un peu plus de 4 milliards d’êtres humains d’ici à la fin du siècle.

De multiples raisons expliquent la baisse du taux de fécondité. L’intégration des femmes dans le marché de l’emploi retarde l’âge auquel elles ont leur premier enfant. La hausse des prix de l’immobilier dans les pays riches limite d’autant le développement d’une famille nombreuse pour des raisons de coûts trop élevés. Le développement de l’éducation et le meilleur accès aux soins et aux pratiques contraceptives jouent également un rôle dans le fait que les familles font moins d’enfants, souligne l’étude de HSBC. La crise du Covid-19 n’a fait qu’accentuer la tendance à la baisse du nombre de naissances.


 

Dynamisme africain

Bien évidemment, tous les pays ne logent pas à la même enseigne. « Le recul du taux de fécondité est global mais pour certains pays, à l’instar de ceux d’Afrique subsaharienne et d’Asie [du Sud], le niveau, bien qu’en recul, permet une poursuite de la croissance de la population », précise James Pomeroy.

En clair, la part de l’Afrique dans la population mondiale va se renforcer avec un nombre élevé de jeunes qu’il va falloir intégrer dans le monde du travail, sur place ou dans les pays développés ou émergents en manque de main-d’œuvre. Les pays développés et certains pays émergents sont loin d’être dans le même cas. À Hong Kong, à Singapour, en Corée du Sud et à Taïwan, l’actuel taux de fécondité permet de prédire une division par deux de leur population d’ici à la fin du siècle. La Chine n’est pas loin de les rejoindre.

L’Europe réduite de moitié

En Europe, « au rythme où vont les choses, la population aura diminué de moitié avant 2070, le continent risquant de perdre 400 millions d’habitants d’ici à 2100 ». De même, en prolongeant la tendance actuelle, la population indienne grimperait à 1,54 milliard d’habitants en 2050 tandis que la Chine verrait la sienne reculer à 1,17 milliard. La France compterait alors 62,3 millions d’habitants et l’Allemagne 70,3 millions.

Si certains gouvernements ont mis en place des politiques visant à relever la fécondité du pays, James Pomeroy croit qu’elles sont « inefficaces ». On peut juste évoquer, selon lui, dans certains cas comme dans les pays scandinaves, un frein à la baisse du taux de fécondité. Le recul du nombre d’habitants pourrait-il être inéluctable ? Rien n’est inscrit dans le marbre.

Source : Les Échos


mardi 30 août 2022

Rome ou Babel : pour un christianisme universel et enraciné

À l'heure des migrations de masse, des pandémies mondiales, du réchauffement planétaire et des multinationales omnipotentes, la notion d'enracinement semble vouée à la ringardise. Pour beaucoup de chrétiens, elle paraît s'opposer de plus en plus à l'impératif de fraternité universelle. L'idée s'impose qu'il faudrait choisir entre la patrie du ciel et la patrie terrestre, qu'il serait urgent de dépasser les frontières pour réaliser l'unité du genre humain. L'universalisme semble n'être plus qu'un autre nom du mondialisme.

Pour Laurent Dandrieu, cette vision est en contradiction avec l'essence même du catholicisme, religion de l'incarnation. Une contradiction aussi avec l'idée même d'universalisme chrétien, unité spirituelle qui a toujours marché main dans la main avec l'attachement de l'Église à la diversité des peuples et des cultures.

À contre-courant des oppositions binaires, l'auteur renouvelle de fond en comble le sujet, appuyé sur un imposant travail de recherche et une analyse précise des textes catholiques. Ouvrant un débat vital pour l'avenir du christianisme, il défend l'idée qu'en oubliant l'esprit de la Pentecôte au profit de son exact contraire qu'est la tentation de Babel, l'Église prêterait la main à son pire ennemi, ce mondialisme qui vise à arracher l'homme à tous ses liens, culturels, historiques, humains et religieux.

Appel vibrant à un renouveau catholique, Rome ou Babel trace une ligne de crête exigeante : la voie étroite qui mène à Dieu passe par une contribution singulière et enracinée à la civilisation chrétienne.

« Un ouvrage essentiel, d'une exceptionnelle richesse. » (Mathieu Bock-Côté)

Laurent Dandrieu est essayiste et journaliste. Il est l'auteur d'une dizaine de livres sur les questions religieuses, le cinéma ou l'histoire de l'art.

Rome ou Babel
Pour un christianisme universaliste et enraciné
par Laurent Dandrieu
préface de Mathieu Bock-Côté (Préface)
aux éditions Artège
à Perpignan
Date de parution : 14/IX/2022
400 pp.
EAN : 9791033612971


dimanche 28 août 2022

Rebond de la natalité juive en Israël

L’hebdomadaire britannique « The Economist » a publié une explication en chiffres sur les changements survenus dans le taux de natalité en Israël pour les Arabes et les Juifs, et l’effet de cela sur la nature démographique du pays.

Si une Israélienne a moins de trois enfants, elle a l’impression qu’elle doit une explication à tout le monde, ou des excuses. C’est en tout cas le point de vue d’un grand démographe israélien. Lorsqu’elle visite Londres, elle est frappée par la pénurie de magasins de jouets. Les Israéliens ont beaucoup plus d’enfants que leurs homologues ailleurs dans le monde riche. Alors que la femme israélienne moyenne en a 2,9, ses homologues britanniques et françaises en ont respectivement 1,6 et 1,8.

La natalité des Juifs israéliens est élevée, pourquoi ?

Les données incluses dans le rapport indiquent une similitude dans les taux de natalité des Juifs et des Arabes après la baisse du taux de natalité arabe au cours des dernières décennies.

Le magazine indique que chaque femme israélienne a en moyenne 2,9 enfants, ce qui est supérieur à des pays comme la France (1,8) et la Grande-Bretagne (1,6).

Il y a actuellement 9,5 millions de personnes vivant en Israël, avec les Arabes, dont la plupart sont musulmans, environ 21 % et les Juifs environ 74 %. Si les habitants de Gaza et de Judée Samarie sont également pris en compte, alors le rapport entre Juifs et Arabes sera presque moitié-moitié.

Les projections démographiques indiquaient que le nombre d’Arabes vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée finirait par dépasser le nombre de Juifs, ce qui inquiétait Benjamin Netanyahou avant qu’il ne devienne Premier ministre. En 2003, Netanyahou a déploré que le taux de natalité chez les Arabes israéliens, qui était beaucoup plus élevé, menace la communauté juive israélienne, quelle que soit la tendance en Cisjordanie et à Gaza.

À cette époque, il y avait déjà un grand écart démographique : en Israël même, les femmes arabes donnaient naissance à près de deux fois plus d’enfants en moyenne que les femmes juives.

Mais cet écart a disparu au cours des dernières décennies, lorsque le taux de natalité des Arabes israéliens a diminué, tandis que le taux de natalité des Juifs israéliens a augmenté.

En 1960, le taux de fécondité des Arabes israéliens était de 9,3 et au cours des 35 années suivantes, il a chuté de près de moitié, à 4,7, avant de tomber maintenant à 3,0. Le taux de natalité des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie a également diminué, passant de 4,6 en 2003. à 3,8 en 2019.

Entre 1960 et 1990, le taux de fécondité parmi les Juifs israéliens est passé de 3,4 à 2,6, mais la tendance a commencé à s’inverser et le taux de natalité est passé au niveau actuel de 3,1.

La raison de cette augmentation provient presque entièrement du nombre croissant de Haredim (orthodoxes) en Israël, dont le taux de fécondité est de 6,6, plus du double de la moyenne nationale et trois fois le taux des Juifs laïcs.

En conséquence, la proportion d’ultra-orthodoxes dans la population israélienne double plus ou moins à chaque génération, selon Dan Ben David, économiste à l’Université de Tel-Aviv.

Bien que les ultra-orthodoxes ne représentent que 13 % de la population, leurs descendants représentent 19 % du nombre d’enfants israéliens de moins de 14 ans et 24 % des enfants de moins de quatre ans.

Le Bureau israélien des statistiques estime que compte tenu des tendances actuelles, la moitié des enfants israéliens seront ultra-orthodoxes d’ici 2065. The Economist dit que la convergence des taux de natalité, entre Juifs israéliens et Arabes, indique que la démographie « sera beaucoup moins critique » que ne le craignaient les Israéliens et les nationalistes palestiniens, puisqu’aucune communauté ne devrait surpasser l’autre.

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