lundi 14 septembre 2015

Euthanasie — le Québec et son culte du consensus froissés

Texte de Mathieu Bock-Côté :

La nouvelle n’est pas passée sous silence, mais rares sont ceux qui en ont pris la pleine mesure. Dans les premiers jours de septembre, les 29 maisons de soins palliatifs ont annoncé qu’elles feraient dissidence contre la loi assurant l’aide médicale à mourir. Leur argument est simple: elles sont là pour accompagner le patient dans ses derniers jours, pour les humaniser, pas pour se consacrer à l’euthanasie. Ils entendent, à leur manière, et dans la mesure du possible, se soustraire à cette obligation et envoyer vers les hôpitaux ceux qui réclament le suicide assisté.

Gaétan Barrette (ci-contre), l’actuel ministre de la santé, et Véronique Hivon, l’inspiratrice de la loi, désormais dans l’opposition officielle, n’ont pas caché leur colère, ou du moins, leur stupéfaction. On peut résumer ainsi leur réaction: comment les maisons de soins palliatifs osent-elle se dérober au consensus québécois, élaboré au fil des ans, et consacré par la loi? On sentait bien que pour eux, la résistance des maisons de soins palliatifs était inimaginable, inconcevable et surtout, inadmissible.

La réaction des deux leaders politiques avait quelque chose d’absurde: ne se rendaient-ils pas compte que le consensus auquel ils faisaient référence se révélait finalement ... moins consensuelle qu’on ne le disait? Accuser tout un pan de la société de trahir le consensus collectif, n’est-ce pas reconnaître, finalement, qu’il n’existe pas vraiment? À bien des égards, c’est la belle histoire d’une loi adoptée dans l’harmonie généralisée qui éclate devant nous. Que s’est-il vraiment passé?

On nous a vanté un processus législatif exemplaire, conforme aux exigences les plus élevées de la démocratie. Le débat public aurait été exemplaire. Apparemment, tous reconnaissaient la nécessaire reconnaissance d’un droit de mourir dans la dignité – expression politiquement correcte traduisant le droit au suicide médicalement assisté. Apparemment, tous convenaient qu’il fallait désormais considérer comme allant de soi qu’un médecin puisse donner la mort et qu’il s’agissait d’un acte médical.

Dans ce débat, il n’y avait finalement que deux camps autorisés. D’un côté, on avait les partisans enthousiastes du droit de mourir dans la dignité. Et de l’autre, on avait ceux qui confessaient quelques réserves discrètes et gênées sans pour autant remettre en question les fondements de ce projet. Ils n’étaient pas contre. Ils étaient réservés, ou ne se sentaient pas prêts. En un mot, ils n’avaient pas une différence d’objectif, mais de rythme. Le pacte était le suivant: on respecterait les gens du deuxième camp à condition qu’ils acceptent à l’avance d’avoir perdu.

Oh, bien évidemment, on savait qu’il y avait quelques opposants résolus. Mais on les a vite déclarés marginaux et caricaturés en catholiques bornés, suppôts de l’Opus Dei. Il fallait bien les endurer parler et exprimer leur point de vue, mais fondamentalement, ils n’étaient pas les bienvenus dans le débat. On aura bien compris tout cela en commission parlementaire: c’était un grand théâtre où on faisait semblant d’écouter. Mais la décision était déjà prise et on ne permettrait à personne d’empêcher ce grand progrès de s’inscrire dans la loi.

En un mot, on a étouffé le malaise d’un grand nombre et transformé l’opposition avouée au suicide assisté en signe de fermeture d’esprit. Mais aujourd’hui, c’est la réalité qui reprend ses droits. Les désaccords censurés remontent à la surface. Et on se questionne sur l’objection de conscience ou la désobéissance civile. On découvre que le consensus était artificiel et imposé de manière autoritaire. Cela ne veut pas dire que la loi n’est pas légitime. Mais qu’on ne fasse pas semblant que la société communie dans une seule vision.
Réaction d'une artiste subventionnée québécoise
devant une pensée non consensuelle (dans son cercle)


Il y a avait quand même une certaine audace à inscrire le droit au suicide assisté parmi les droits de la personne. Mais la rhétorique des droits, dans la société occidentale contemporaine, semble plus forte que tout. C’est en se maquillant en droit qu’une revendication politique se donne un parfum d’absolu moral auquel il serait indécent de s’opposer. Il faudrait plutôt admettre que sur les questions existentielles, c’est moins la logique des droits qui doit prévaloir que la logique du politique. Personne ne devrait réclamer le monopole de la vertu.

On pourrait élargir le propos: le Québec a souvent l’habitude de se dérober aux débats nécessaires, comme s’il avait le besoin intime de se vautrer dans l’unanimité. Ce qui fait débat ailleurs est ici à peine débattu. On découvrira peut-être un jour qu’une bonne dispute intelligemment menée vaut mieux qu’un silence étouffant. La maturité politique, dans une société, ne consiste pas à abolir la diversité des opinions, mais à reconnaitre la légitimité de désaccords civilisés.

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ECR — Des enseignants peu consultés et toujours mal préparés sept ans plus tard

Extraits d’un article du Devoir de ce jour :

Trop peu formés, trop mal outillés : les enseignants chargés du cours d’Éthique et de culture religieuse se sentent toujours mal préparés et encadrés pour transmettre cette matière à leurs élèves, près de sept ans après son implantation dans la controverse, révèlent les résultats d’une étude obtenue par Le Devoir.

Ex-enseignante et doctorante en sciences de l’éducation à l’Université de Montréal, la chercheuse Anne-Marie Duclos consacre sa thèse à la réception du programme Éthique et culture religieuse (ECR) chez les enseignants du primaire de la région montréalaise. Son analyse porte sur l’implantation et la mise en œuvre de ce cours en contexte de controverse, en 2008. La publication imminente de ces recherches coïncide avec la mise sur pied d’une autre matière controversée, cette année : le nouveau programme d’éducation sexuelle.

Parmi les enseignants du primaire ayant obtenu leur baccalauréat en enseignement avant l’implantation du cours d’ECR, c’est-à-dire la majorité des enseignants du Québec, près de 60 % ont reconnu n’avoir reçu aucune formation pour transmettre la matière à leurs élèves, tandis que 17 % avaient reçu cinq heures de formation, et 25 % plus de six heures. Des données qui étonnent Mme Duclos.

« Six heures pour enseigner toutes les grandes religions et philosophies du monde, ce n’est pas beaucoup, lance-t-elle avec une pointe d’ironie dans la voix. Même si la formation à elle seule n’est pas garante de la réussite ou de l’échec du programme, on peut se demander si cela est suffisant. »

[...]

« À l’époque, il fallait former 23 000 enseignants du primaire, et 2400 spécialistes au secondaire. Ça fait beaucoup de monde, d’autant plus que le gouvernement a coupé le financement de la formation ECR dès 2009 », dit-elle. Cette annulation aussi rapide, qui n’était pas prévue à l’origine, a pu contribuer au faible taux de certification pour l’enseignement d’ECR.

Le sondage mené auprès de 114 enseignants du primaire d’une commission scolaire francophone de Montréal chargés de donner le cours d’Éthique et de culture religieuse montre aussi que la plupart d’entre eux n’ont pas été consultés, ni dans l’implantation ni dans la mise en œuvre du programme d’ECR. Ils n’ont été que 3 % à juger avoir été suffisamment sollicités lors de cette étape de la mise en place du programme.

Implantation controversée

Mis sur pied en 2008, le cours d’ECR présente un aperçu global des différents rites et religions du monde d’un point de vue « neutre et objectif », en y apportant une perspective historique [c’est inexact, une perspective sociologique qui s’intéresse au « phénomène religieux », pas du tout à l’histoire des religieux.]. Il encourage également l’élève à réfléchir aux questions éthiques et sociales [en groupe, avec des balises très politiquement correctes.]

Enseigné dans toutes les écoles de la province, il a une optique strictement « laïque et culturelle ». La loi permet toutefois d’exempter une école privée du programme si le cours de remplacement est jugé « équivalent », ce qui est par exemple le cas au collège Loyola, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal.

Plusieurs parents avaient exprimé leur mécontentement lorsque Québec avait choisi de mettre fin à l’enseignement religieux traditionnel pour le remplacer par le cours d’ECR en 2008. Les enseignants avaient pour leur part fait entendre leurs réserves sur l’élaboration du nouveau cours ainsi que sur sa méthode d’implantation.

Encore aujourd’hui, une majorité d’enseignants (63 %) se demande comment améliorer le programme, même si celui-ci n’est en place que depuis quelques années [sept !], ce qui laisse Mme Duclos songeuse. 

[...]

Mme Duclos dit craindre que le gouvernement du Québec ne répète ces erreurs avec la création d’un nouveau programme d’éducation sexuelle, à l’étape du projet-pilote depuis la rentrée scolaire.
Ce projet pilote se déroule depuis la rentrée dans une quinzaine d’écoles accueillant quelque 8200 élèves, et durera deux ans. Il devrait par la suite être intégré au programme de tous les élèves dès 2017.

Le ministère de l’Éducation, qui encadre le projet, s’est fait avare de commentaires sur le détail des apprentissages prévus, mais le programme offrirait un certain niveau de latitude aux enseignants ou autres intervenants appelés à transmettre la matière aux élèves.

vendredi 11 septembre 2015

L’Éducation à la sexualité gouvernementale, difficile d’y échapper sauf avec l'école-maison

Comme nous l’avons déjà mentionné ici, le gouvernement québécois a annoncé que l’éducation à la sexualité reviendrait dans les écoles québécoises. Toutefois, ce ne sera pas dans le contexte d’un cours à part, les sujets seront répartis dans les différentes matières. Ceci implique — et le Ministère de l’Éducation l’affirme haut et fort — que l’exemption d’y assister ne serait plus possible alors qu’on pouvait dans les années 90 être dispensé du programme d'éducation à la sexualité de l'époque.

À la lumière de cette nouvelle, la HSLDA prévoit que des familles songeront à instruire leurs enfants à la maison comme la loi le permet et que d’autres seront rassurées d’avoir fait le bon choix. En effet, cette décision du Monopole de l’Éducation n’affecte pas le programme d’études d’enfants éduqués à la maison selon la HSLDA. En effet, une représentante du Ministère de l’Éducation leur aurait affirmé que les parents qui instruisent à la maison leurs enfants ne sont pas tenus de suivre ce programme.

La HSLDA rappelle que, pour elle, « les parents sont les mieux placés pour veiller à l’éducation de leurs enfants, et surtout lorsqu’il est question de valeurs morales. Nous savons que les parents éducateurs veillent aux besoins de leurs enfants en ce sens et savent mieux que quiconque si oui ou non un jeune est prêt à gérer certaines informations ou pas, et à faire la part entre la discrimination et les choix de vie personnels. »


Source : HSLDA

Allemagne et le difficile accueil des immigrants (logement, écoles)

Quelques vidéos sur la situation tragique des réfugiés accueillis en Allemagne et les difficultés de cet accueil.

Difficultés de logement




Conflits dans les salles de classe











Le point de vue d'Éric Zemmour



Grande-Bretagne : projet de loi d'« aide à mourir dans la dignité » résolument rejeté

Les députés britanniques ont rejeté un projet de loi visant à introduire « le droit de mourir » en Angleterre et au Pays de Galles dans leur premier vote sur la question en près de 20 ans.

Partisans et opposants de l’euthanasie se confrontent
Dans un vote libre à la Chambre des communes, 118 députés étaient en faveur de ce projet de légalisation de l’euthanasie et 330. Ce projet visait à permettre aux adultes en phase terminale de mettre fin à leur vie sous surveillance médicale.

Dans un débat passionné, certains ont soutenu que ce projet permettrait une « mort digne et paisible » tandis que d’autres affirmait qu’il était « totalement inacceptable » et présentait de graves risques de dérapages.

Des militants pro-euthanasie, déçus de cette défaite, ont déclaré que le résultat de ce vote montrait que les députés étaient déconnectés de la réalité.

Selon le projet de loi, les personnes ayant moins de six mois à vivre auraient pu se voir prescrire une dose létale de « médicaments » (poison, donc ?) qu’ils devaient être en mesure de prendre eux-mêmes. Deux médecins et un juge de la Haute Cour devaient approuver chaque cas.

Le Dr Peter Saunders, directeur de la campagne Soigner, pas tuer, a salué le rejet de la loi, disant que la loi actuelle était là pour protéger les malades, les personnes âgées, les déprimés et les invalides.

« Elle protège ceux qui sont sans voix contre l’exploitation et la coercition, c’est certainement un facteur dissuasif contre d’éventuels abus et dérives ; il ne faut pas la changer », a-t-il ajouté.

Source : BBC

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Troubles de l'attention : une pilule qui passe mal (m-à-j)


Vidéo de l'émission Bazzo.TV du 10 septembre



Devant la hausse importante de cas de TDAH au Québec, difficile de savoir par où commencer alors que les études sur les traitements de la maladie se contredisent. Comment expliquer cette vague de diagnostics et la croissance exponentielle d'ordonnances de psychostimulants? Doit-on s'inquiéter ou dédramatiser? Et si le TDAH était une fausse maladie? Jean-Claude St-Onge, auteur de l'ouvrage « TDAH? Pour en finir avec le dopage des enfants » et Dr Martin Gignac, psychiatre à l'unité des adolescents de l'Institut Pinel, sont avec nous pour en discuter.


Billet du 7 septembre
 
Présentation de l'éditeur Votre enfant a beaucoup d’énergie – un peu trop, même, aux dires de ses enseignantes? Il est par­fois distrait, impulsif ou colérique? Comme des milliers d'autres jeunes, il pourrait recevoir un diagnostic de trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperac­tivité (TDAH) et se voir prescrire un psychostimulant tel le Ritalin. Mais ces comportements sont-ils nécessairement les symptômes d’une « maladie » appelée TDAH? Quelle est la validité de ces diagnostics quand on sait que plus de la moitié d'entre eux sont ultérieurement retirés par un centre spécialisé? Poursuivant son travail sur le pouvoir d'influence de l’industrie pharmaceutique, J.-Claude St-Onge se penche cette fois-ci sur le phénomène du TDAH, qui a littéralement explosé depuis une trentaine d'années. Or, il s'agit d'un diagnostic hautement controversé: les critères pour l'identifier manquent de scientificité et il n’existe aucune preuve que ces symptômes soient le résultat d’un déséquilibre chimique du cerveau. Quant aux médicaments, à long terme, ils ne font aucune différence sur les résultats scolaires et les comportements des enfants. Pire, ils peuvent même aggraver leurs symptômes. Cela n'empêche pas l’industrie pharmaceu­tique d'exploiter sans scrupule cette corde sensible des parents et des enseignants sont pour engranger des profits faramineux, sur la base d'essais cliniques aussi biaisés qu'incomplets. Dénonçant la surmédicalisation des problèmes de comportement et de la détresse psychologique des jeunes, J.-Claude St-Onge plaide pour une approche qui tienne compte de leur contexte familial, social, économique et environnemental. Pour en finir avec le dopage des enfants...
À l’heure où nos gouvernements coupent dans les services aux élèves en « difficulté », nous assistons à une explosion de diagnostics de TDAH et à une surprescription [surordonnance] de psychostimulants. Si l’industrie pharmaceutique s’en réjouit, nous devrions nous inquiéter et amorcer une réflexion critique sur ce triste constat. C’est ce à quoi nous invite ce livre fort actuel et extrêmement pertinent. – Dre Marie-Claude Goulet, médecin de famille
Entretien avec La Presse de Montréal

Après L’envers de la pilule et Tous fous ?, Jean-Claude St-Onge continue à critiquer vertement l’industrie pharmaceutique et le recours rapide aux médicaments. Son quatrième essai s’attaque à un sujet délicat : le diagnostic du trouble du déficit de l’attention (TDAH) et la médication des enfants.  

Pourquoi écrire sur le TDAH ?

Parce que les diagnostics de TDAH ont explosé. Au Québec, les prescriptions de psychostimulants ont été multipliées par quatre au cours de la dernière décennie. C’est ahurissant ! Il commence à y avoir une prise de conscience, même le ministre de la Santé dit qu’on prescrit trop de Ritalin. Le Collège des médecins parle de surdiagnostic du TDAH et du fait que les médecins ne sont pas véritablement formés pour diagnostiquer les troubles du comportement et de l’apprentissage.

Où est le problème dans le diagnostic, selon vous ?

Les critères diagnostiques n’ont aucune validité. Je ne suis pas le seul à le dire : Thomas Insel, directeur du National Institute of Mental Health aux États-Unis (NIMH), a causé un véritable tsunami dans la communauté scientifique l’an dernier en disant que le DSM n’était d’aucune utilité pour les diagnostics [le sigle DSM est l’acronyme de Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, ouvrage de référence en psychiatrie]. Il disait qu’il n’a aucune validité, car il est fondé sur les symptômes.

 Les symptômes du TDAH, c’est quoi ?

Des comportements qu’ont les enfants : ils ne prêtent pas attention aux détails, ils sont souvent inattentifs durant les jeux ou le travail, ils n’écoutent pas… Il y a neuf critères comme ça. Si vous en avez six, vous êtes TDAH. Pourquoi six et non pas huit comme c’était le cas jusqu’en 1994 ? Pire encore, les critères sont redondants : dire qu’on ne prête pas attention aux détails, qu’on est inattentif dans les jeux ou au travail, c’est dire qu’on est inattentif parce que vous manquez d’attention !

Les diagnostics posés au Québec reposeraient sur ces seules questions ?

La plupart du temps, oui.  

Sans approfondir ?

Il y en a qui veulent vraiment savoir et qui vont dans des cliniques privées et qui paient 1500 $ ou 1800 $. On leur fait passer toutes sortes de tests et toutes sortes de questionnaires pour être sûr d’avoir un bon diagnostic, mais il n’y a pas de méthode diagnostique sûre pour le TDAH. […] Ces diagnostics-là reposent principalement sur les critères du DSM qui, comme moi je le considère, n’ont aucune validité.

 Qu’est-ce qui vous incite à affirmer que les diagnostics au Québec ne sont faits qu’à l’aide de ces questions ?

C’est comme ça que c’est fait la plupart du temps. Très souvent, c’est fait sur le coin du bureau, lors d’une rencontre de 15 minutes avec le médecin ou le pédiatre.  

Ces diagnostics sur le coin du bureau ne relèvent-ils pas du préjugé ?

Non, c’est très souvent fait lors d’une rencontre très brève dans le bureau du médecin où il fait remplir les questionnaires habituels. C’est fondé sur l’observation des parents et des enseignants. […] L’inattention peut être causée par un paquet de conditions médicales ou sociales. Les enfants de familles pauvres qui arrivent à l’école le ventre vide, c’est clair qu’ils vont être inattentifs, ça ne veut pas dire qu’ils ont une maladie du cerveau. Il n’a d’ailleurs jamais été prouvé que le TDAH est une maladie du cerveau, un déséquilibre chimique d’origine génétique impliquant un déficit en dopamine. Il y a trois ou quatre grandes classes de médicaments prescrits pour le TDAH et ils agissent sur différents neurotransmetteurs !  

Quel rôle joue l’école dans le processus diagnostique ?

L’école veut que ça marche rondement. Quand quelque chose accroche, ça ne marche pas. Quand un enfant est turbulent ou cause des problèmes, qu’il perturbe les classes, alors ils vont parfois – très souvent, même – essayer de convaincre les parents que leur enfant a un TDAH et qu’il faut l’emmener chez le médecin pour qu’un diagnostic soit posé. […] Les enseignants, sans le savoir, deviennent des intermédiaires entre les sociétés pharmaceutiques et les parents pour que les enfants aient un diagnostic de TDAH. Les écoles reçoivent deux ou trois fois plus de financement pour les enfants TDAH ou autistes que pour les enfants normaux. Alors, dans un contexte où on coupe, il est très tentant pour les directions d’école d’obtenir des diagnostics pour ces enfants-là et recevoir un plus grand financement.  

Le système d’éducation pousse au diagnostic, selon vous, entre autres pour des raisons financières ?

Oui, tout à fait. C’est exactement ce qui s’est passé aux États-Unis. Des études ont été faites pour montrer de façon assez claire que c’est l’un des éléments qui expliquent l’augmentation des diagnostics de TDAH. Vous dénoncez des études en brandissant d’autres études. Comment faire la distinction entre la science et l’idéologie ? Toutes les études ne sont pas créées égales. Il faut observer leur protocole. Est-ce que le nombre de participants est assez élevé ? Quels sont les critères d’exclusion ? Quelle est la durée de l’étude ? Qui l’a financée ? […] Une étude faite par des psychiatres (dont certains reçoivent de l’argent des pharmaceutiques) s’est rendu compte qu’une étude financée par l’industrie était 4,9 fois plus susceptible que les études indépendantes de conclure que le médicament était plus efficace que le placebo.  

Qu’avez-vous à dire aux parents dont l’enfant a eu un diagnostic après un processus qu’ils jugent sérieux, qui ont choisi la médication et qui constatent une différence ?

Oui, effectivement, à court terme, ça fait une différence. C’est vrai qu’ils peuvent être plus attentifs, mais parmi les études indépendantes à long terme – j’en cite quatre dans le livre –, il n’y en a pas une qui montre que c’est efficace à long terme. […] Après trois ans, les enfants qui n’étaient pas médicamentés ne se portaient pas plus mal que ceux qui continuaient à être médicamentés, au contraire : ils n’avaient pas de moins bonnes notes, ils n’avaient pas plus de problèmes de comportement.

TDAH :pour en finir avec le dopage des enfants
par Jean-Claude Saint-Onge,
chez Écosociété,
à Montréal (Québec)
parution en septembre 2015
214 pages 24,00 $ (papier)
18,00 $ (numérique, Epub)
ISBN : 9782897192105

Marronnier — Des écoles juives « illégales » toujours ouvertes

Selon Émilie Dubreuil dont ce sujet semble être devenu une rente facile, le problème des écoles juives hassidiques illégales demeurerait entier, malgré les divers engagements de politiciens à imposer leur point de vue.

En novembre 2014, le gouvernement québécois ratifiait une entente avec l’école primaire pour garçons d’un des plus grands groupes hassidiques présents au Québec, les Satmars, afin de mettre fin à une dispute remontant à plusieurs années. L’école remontait aux années 50, mais le Québec laïque semble de moins en moins tolérer les modèles de scolarité alternatifs.


Trémolos dans la voix Émilie Dubreuil (nos impôts à l’œuvre !) aurait appris que près d’un an plus tard, les choses commenceraient à peine à bouger.




Selon l’entente, les 230 garçons doivent étudier les matières obligatoires — le français, l’anglais, les mathématiques, etc. — comme l’exige la loi. Le tout doit se faire à la maison « sous la supervision » (même pas l’aide ?) de la Commission scolaire English-Montreal.

Les parents auraient signé un engagement auprès de la commission scolaire au début du mois. Leurs propositions individuelles de programme d’étude sont maintenant à l’examen. L’organisation de cette régularisation de la scolarisation a donc été beaucoup plus compliquée que prévu.

Des écoles sans permis

Par ailleurs, nous avons aussi appris que le ministère de l’Éducation n’a toujours pas octroyé de permis d’enseignement aux écoles des principaux groupes hassidiques présents dans l’arrondissement montréalais d’Outremont.

Dans le secteur Côte-des-Neiges, l’école secondaire pour garçons de la communauté Loubavitch n’a plus de permis depuis 2014. Le ministère nous dit que l’école a cessé ses activités en 2013. Émilie Dubreuil s’est rendue sur place mardi et affirme que « l’école » est toujours ouverte. Mais est-ce qu’elle enseigne toujours des matières de base ou ne fournit-elle que des enseignements religieux avec un peu de soutien scolaire pour les matières obligatoires au programme ? C’est important, car cela est permis dans le cas de l’institution Satmar qui n’a plus besoin de demander un permis pour tenir une « école » dans le sens de la Loi sur l’enseignement privé. Voir extrait de l’entente avec les Satmars ci-dessous :


(Plus de détails ici)


À Boisbriand, dans les Laurentides, les écoles de la communauté Toch n’auraient pas de permis non plus. Mais sont-ce encore des écoles dans le sens de la Loi sur l’enseignement privé ou simplement des yéchivas avec services de soutien scolaire ? Le permis de l’école des filles Toch a été révoqué en 2013. Le nom de l’école des garçons n’apparaîtrait même plus dans les rapports du ministère.

« Dans ce dossier, aucune procédure légale n’a été entamée », semble regretter la SRC.

L’article de la société d’État rappelle « que la loi québécoise prévoit que tout enfant a le droit à une éducation conforme aux exigences du ministère de l’Éducation ». Et s’ils n’en veulent pas ? Et si leurs parents n’en veulent pas ? Ce que l’État veut dire c’est que tout enfant doit avoir une éducation conforme à ses exigences. L’État, juge et partie.


mardi 8 septembre 2015

Statistiques sur l'école publique du Québec

On entend souvent que l’école publique québécoise est en déshérence, qu’elle manque de moyen.

Or, si en 1997/1998, les dépenses s’élevaient à 9 024 $/élève, en 2012/2013 celles-ci s’élevaient désormais à 14 322 $/élève ! C’est une augmentation sur 15 ans, après inflation, de 5 299 $/élève (+59 %).




(Source MELS Québec, Ressources humaines Canada, graphiques Antagoniste)


Depuis 2006, le positionnement des élèves québécois en sciences aux épreuves PISA a dégringolé passant de la 10e à la 14e position en 2009 pour finalement aboutir à la 24e place en 2012.


Québec en bas de la liste ci-dessus (résultats PISA 2012 en sciences)

De même en lecture, les résultats des élèves du Québec sont demeurés stables, ils se classent sous la moyenne canadienne, à la 26e position des épreuves PIRLS. Nombreux graphiques.


Sources :
MEQ
Rapport élèves/enseignants dans les commissions scolaires
Ressources humaines et Développement des compétences Canada
Apprentissage – Décrochage scolaire

lundi 7 septembre 2015

Professeurs voulaient interdire à leurs étudiants les mots « immigrants illégaux », « mâle », « femelle », etc.

À l’université de l’État de Washington aux États-Unis, on ne badine pas avec le vocabulaire. À la fin du mois d’août, les étudiants de plusieurs cours d’éthique et de théorie critique se sont vu notifier que l’emploi des expressions « immigrants illégaux », « personnes de couleur », « femelle », « mâle » ou « homme blanc » devenait passible de sanctions pouvant aller d’une mauvaise note jusqu’à l’annulation des résultats obtenus au cours du semestre.

L’objectif de la mesure étant de lutter contre les discriminations, « l’utilisation de termes racistes, sexistes, homophobes, transphobes, xénophobes (…) en classe ou dans les travaux ne sera pas tolérée », précise Selena Lester Breikss, l’une des deux professeures à l’origine de ces nouvelles règles.

La seconde, Rebecca Fowler, a expliqué au site d’information « Campus Reform » que l’emploi générique d’expressions comme « immigrants illégaux » pour parler de situations humaines très diverses incitait « à la déshumanisation systématique » des personnes visées. Les étudiants devront lui préférer par exemple l’expression « migrant sans papiers », jugée moins stigmatisante.

Cette interdiction s’inspirerait directement du AP Stylebook, le célèbre guide de rédaction de l’agence de presse américaine Associated Press (AP). Depuis 2013, l’agence recommande (elle n’interdit pas) de ne plus parler de « migrants illégaux » ; l’adjectif « illégal » ne pouvant pas qualifier une personne, mais uniquement une action comme le fait de vivre ou d’entrer illégalement dans un pays. On ne sait pas si criminel peut encore désigner des gens ou uniquement des actes. Un corset lexical que préconise aussi l’ONG militante Human Rights Watch, pour qui l’emploi de ce terme « renforce également les préjugés envers les ressortissants de certains pays ».

Malgré ces cautions issues du correctivisme politique, à l’université de Washington State, la nouvelle règle lexicale n’a pas plu à tout le monde. Des étudiants ont contesté la mesure, jugeant qu’elle contrevenait à leur liberté d’expression. Une position rapidement soutenue par des médias conservateurs, révèle le Washington Post. La polémique grandissant, la direction de l’établissement a publié un communiqué pour la désamorcer, assurant « qu’aucun élève ne pourra se voir retirer des points d’examen à cause de l’emploi de termes jugés offensants pour certains ».



samedi 5 septembre 2015

Des parents pourraient refuser le cours d’éducation sexuelle pour leurs enfants

Les parents qui ne sont pas d’accord avec le retour du programme d’éducation à la sexualité dans les écoles du Québec pourraient décider de garder leurs enfants à la maison, prévient l’Association des parents catholiques du Québec (APCQ). « Le ministre peut bien radoter ce qu’il veut, si un parent décide que son enfant n’assistera pas au cours d’éducation sexuelle, il peut exercer son droit de le retirer », fait valoir Marie Bourque, vice-présidente de l’APCQ. « Cette position, nous la recommandons en tout temps aux parents qui nous consultent. L’autorité parentale doit primer la structure scolaire », dit-elle. En 1992, l’APCQ avait demandé et obtenu du ministère de l’Éducation le droit à l’exemption du cours d’éducation à la sexualité, rappelle Mme Bourque. « L’éducation sexuelle de l’époque incitait les jeunes à l’émancipation sexuelle. Comme s’il était normal et banal qu’un enfant soit actif sexuellement, alors que l’on sait que ce n’est pas une bonne chose quand on est jeune ; ça déséquilibre toute notre vie », plaide-t-elle. Pour l’instant, l’APCQ n’aurait pas la « masse critique » de parents, pour exiger à nouveau une exemption du cours d’éducation à la sexualité.

Les sexologues ignorés

Le projet pilote d’éducation à la sexualité déployé dans 15 écoles du Québec inquiète également l’Ordre professionnel des sexologues du Québec (OPSQ), dont aucun membre n’a été consulté par le ministère de l’Éducation dans l’élaboration du programme. « Nous sommes les spécialistes de la sexualité humaine au Québec. Notre rôle est la protection du public. Qui va donner l’enseignement aux jeunes ? Comment seront-ils formés ? Sauront-ils interagir avec les élèves ? Nous sommes inquiets », confie Nathalie Legault, présidente de l’OPSQ. La responsable du dossier au ministère de l’Éducation a décliné notre demande d’entrevue. Un porte-parole a toutefois fait savoir qu’on estimait, en s’appuyant sur un énoncé de l’UNESCO, que « les personnes qui feront l’éducation à la sexualité n’ont pas besoin d’être des experts de haut niveau ».

Source