mardi 10 mars 2020

La démographie, c'est le destin (le débat, vidéo)






La chronique d’Éric Zemmour dans le Figaro sur le livre de Bruno Tertrais sur le Choc démographique.

On connaît tous le docteur Pangloss. Le célèbre personnage de Voltaire dans Candide incarne à jamais un providentialisme béat qui considère que tout ce qui arrive — même les pires catastrophes — est bel et bon pour l’humanité. En matière d’immigration, depuis quarante ans, qu’ils soient démographes, politiques, universitaires, journalistes, patrons, les Pangloss sont légion. Notre dernier Pangloss en titre a pour nom Bruno Tertrais. Dans son livre Le Choc démographique, le politologue s’emploie à réfuter les thèses qu’il juge catastrophistes, en gros celle du « grand remplacement », et en particulier celle de Stephen Smith qui dans son livre, La Ruée vers l’Europe décrivait l’Afrique comme une « salle d’attente de 1,3 milliard d’habitants aux portes de l’Europe », et dont on comprend très vite qu’il est la cible principale de l’auteur.

Tertrais nous inonde de chiffres pour mieux réfuter ceux du journaliste franco-américain. On restera extérieur à cette querelle ; on n’ignore pas qu’on fait dire ce qu’on veut aux chiffres. On connaît la fameuse formule de Churchill : « Je ne crois qu’aux statistiques que j’ai moi-même manipulées. » Surtout, on se méfiera d’autant plus des données de Tertrais qu’il cite quasiment à toutes les pages comme références suprêmes, les deux démographes François Héran et Hervé le Bras, qui, depuis quarante ans, ont été les militants les plus acharnés du multiculturalisme et de l’ouverture des frontières, véritables Lyssenko de l’idéologie immigrationniste, rêvant pour la France un destin métissé d’île de La Réunion, et ne voyant pas qu’ils lui préparaient plutôt celui du Liban.

Tertrais, lui, le voit très bien. Car Tertrais est un Pangloss d’une espèce particulière, un Pangloss non leibnizien, mais macronien, un Pangloss qui manie le « en même temps » qu’il croit emblème de modération, mais qui s’avère une impasse intellectuelle et surtout politique. En exergue de son ouvrage, l’auteur reprend la magnifique formule tirée du film québécois de Denys Arcand, Le Déclin de l’Empire américain : « Il y a trois choses importantes en histoire : premièrement le nombre, deuxièmement le nombre ; troisièmement le nombre » ; mais dès les premières pages, il nous dit tout le mal qu’il pense de la fameuse formule (faussement attribuée, paraît-il à Auguste Comte) : « La démographie, c’est le destin. »



On se perd avec Tertrais, adepte du « en même temps ». Ainsi, a-t-on compris que Stephen Smith ne dit que des bêtises, sauf quand il explique que c’est le développement économique qui favorise l’immigration (et pas l’inverse comme on nous l’a seriné pendant des décennies).

De même, Tertrais nous explique doctement que le « grand remplacement » n’existe pas ; puis, au détour d’une analyse sur la démographie européenne, il nous dit que l’Europe est en « dépopulation », mais pas en « dépeuplement ».

Quelle meilleure démonstration du « grand remplacement » ?

Il n’y a pas de « grand remplacement », mais les blancs du Royaume-Uni sont minoritaires à Londres. Il n’y a pas de grand remplacement, mais les blancs américains seront minoritaires en 2050. Il n’y a pas de « grand remplacement », mais 20 millions d’Allemands (le quart de la population) sont issus de l’immigration, et le nombre de résidents en France issus de la première ou deuxième génération d’immigrés est de 13 à 14 millions. Il n’y aura pas dans l’avenir « d’Eurabie », (Europe arabisée selon le terme inventé par la célèbre Bat Yor), mais beaucoup de « Londonistan ».

Selon Tertrais, ceux qui annoncent des guerres civiles en France et en Europe sont des prophètes de malheur, mais il connaît et reconnaît les travaux du sociologue suédois Gunnar Heinsohn qui a calculé un « indice de belligérance » pour les pays comprenant plus de 20 % de 15-24 ans. En clair, plus il y a de jeunes mâles dans un pays, plus on a de chances d’avoir des guerres : extérieures ou civiles. L’histoire de l’Europe a donné rétrospectivement raison à notre sociologue suédois : l’exubérante démographie française du XVIIIe siècle (la grande génération de 1750-1770 dont parle François Furet) donne la Révolution française et les guerres de Napoléon ; de même le pangermanisme et l’hitlérisme sont en partie les fruits de la puissance démographique allemande du XIXe siècle en quête de lebensraum.

Tertrais le reconnaît honnêtement : « Les guerres civiles depuis les années 1970 sont intervenues dans des pays connaissant de telles situations : Irlande du Nord, Sri Lanka, Liban, Algérie, Tchétchénie, Kosovo, Rwanda, Congo. » Avant d’ajouter : « Dans les états multiethniques ou aux populations peu homogènes, l’évolution des ICF (indices conjoncturels de fécondité) respectifs des différentes communautés doit être suivie avec attention, en tant qu’indicateur prédictif de tensions. » Mais il ne pousse pas l’honnêteté jusqu’à rappeler que la Seine–Saint-Denis est de loin le département le plus fécond de la France métropolitaine.

Tertrais s’empêtre dans ses contradictions. Il cherche la mesure et la nuance, mais on a l’impression croissante qu’il veut plutôt noyer le poisson. Comme s’il était effrayé par ce qu’il découvrait, et qu’il ne voulait pas l’avouer. Il nous somme de distinguer entre islam et immigration, mais il reconnaît que la plupart des pays africains pourvoyeurs d’immigrants sont musulmans. Prenant une légitime hauteur historique, il nous dit à juste titre : « On ne peut pas comprendre la montée en puissance au cours du XIXe, puis du XXe siècle, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la Russie, ou des États-Unis et de l’URSS, sans le facteur démographique. » Il pourrait d’ailleurs ajouter le déclin de la France pour les mêmes raisons démographiques durant ce même XIXe siècle [La France a arrêté de faire des enfants avec la Révolution française, ce qui entraînera son déclin relatif face à des pays comme l’Allemagne, l’Angleterre ou la Russie nettement plus fécondes]. Mais s’il admet que la démographie bouleverse la hiérarchie des puissances, il refuse d’accepter la comparaison pourtant probante entre la démographie africaine et européenne : au XIXe siècle, l’Europe représentait entre trois fois et quatre fois la population africaine. Au XXIe siècle, la proportion s’est exactement inversée. Au XIXe siècle, l’Europe a colonisé l’Afrique. Mais au XXIe siècle, l’Afrique n’envahira et ne colonisera pas l’Europe. C’est Tertrais-Pangloss qui nous l’affirme. Mais on le croit d’autant moins que tout son livre prouve le contraire.

Le choc démographique
par Bruno Tertrais
publié le 19 février 2020
à Paris
chez Odile Jacob
256 pages
ISBN-13 : 978-2738150929

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Le Japon relève l’âge de la retraite à 70 ans [un quart des 128 millions de Japonais ont plus de 65 ans.] Conséquence de la faible natalité depuis 50 ans : le Japon a perdu un demi-million d’habitants en 2019. En ce début d’année 2020, les autorités japonaises craignent une nouvelle récession. Le PIB nippon du dernier trimestre 2019 s’est contracté de 1,6 %.

jeudi 5 mars 2020

École secondaire ferme « toilettes non genrées » après agression sexuelle

Une école secondaire (lycée) du Wisconsin a fermé ses toilettes unisexes réservées aux élèves après qu’un jeune homme de 18 ans aurait agressé sexuellement une autre élève.

Austin Sauer, âgé de 18 ans, a été arrêté pour détournement de mineurs, agression sexuelle grave et exposition de parties génitales à un enfant dans les toilettes unisexes de l’école secondaire de Rhinelander, selon le bureau du shérif du comté d’Oneida.

AustrinSauer, qui n’a pas encore été inculpé, a été libéré sous caution de 1 500 $ et devrait comparaître devant le tribunal en avril, selon plusieurs médias.

Afin d’accueillir des élèves transgenres ou au « genre étendu », l’école a réaménagé à la fin de l’année dernière les toilettes pour garçons, les transformant en toilettes unisexes.

Il ne s’agit pas d’un incident isolé lié aux toilettes unisexes ou ouvertes aux hommes qui se disent femmes. Ces toilettes semblent faciliter les incidents de voyeurisme qui existaient auparavant.


Au Minnesota, un élève du secondaire biologiquement mâle qui s’identifie comme une femme a été autorisé à accéder aux vestiaires des filles, où l’élève a dansé « d’une manière sexuellement explicite » comme s’il était sur une barre de « strip-teaseuse », s’est débarrassé de ses sous-vêtements tout en dansant, a posé des questions sur la taille du soutien-gorge d’une fille, et lui a demandé d’« échanger des parties du corps ».

À Toronto, un homme s’est fait passer pour une femme transgenre (« Jessica ») afin d’agresser sexuellement et de harceler criminellement quatre femmes — dont une sourde et une survivante de violence familiale — dans deux refuges pour femmes. Auparavant, il avait attaqué d’autres femmes et filles dont l’âge variait de 5 à 53 ans.

En Virginie, un homme s’est présenté comme une femme avec une longue perruque et une chemise rose pour entrer dans les toilettes des femmes dans un centre commercial afin de prendre des photos d’une fillette de cinq ans, de sa mère et d’une autre femme.

À Toronto, deux cas distincts de voyeurisme ont eu lieu sur le campus de l’Université de Toronto après que celle-ci a mis en œuvre une politique de toilettes unisexes. Dans les deux cas, des étudiants masculins ont été trouvés en train d’utiliser des caméras de téléphone portable pour filmer des femmes se douchant. Ces incidents ont incité l’Université de Toronto à réviser sa nouvelle politique.

À Milwaukie, dans l’Oregon, un homme a été arrêté pour s’être habillé en femme pour entrer dans les vestiaires des femmes dans un parc aquatique. Il avait déjà été reconnu coupable d’abus sexuels, d’achat de pornographie juvénile et de contacts illégaux avec un enfant.

À Olympie, dans l’État de Washington, un homme portant une perruque et un soutien-gorge a été arrêté pour être entré dans les toilettes des femmes de l’Everett Community College. Il a admis à la   police qu’« il était le suspect d’un incident de voyeurisme antérieur ».

En juillet 2016, un homme biologique qui se dit femme et portait une perruque et une robe a été accusé d’avoir secrètement filmé une jeune fille de 18 ans en tenue de bain dans une cabine d’essayage d’un magasin Target en Idaho.

Plus de 120 exemples supplémentaires peuvent être trouvés dans un rapport en ligne publié par The Heritage Foundation.

Source : WSAW


mercredi 4 mars 2020

« Ce n'est pas beau, c'est symétrique »

Dans un débat enlevé sur l’art (voir la vidéo ci-dessous), le philosophe et critique d’art Yves Michaud déclare que « Versailles n’est pas beau, mais symétrique »...




Si l’art ne se résume pas à la beauté (l’émotion et l’inventivité en font aussi partie), il nous semble que M. Michaud évacue un peu vite la beauté de l’art. Plus grave, selon nous, ce philosophe oppose symétrie et beauté alors qu’il semble que ces deux notions soient fortement liées, peut-être même programmées, câblées au plus profond de nous.

Grâce à de nombreuses expériences astucieuses, les chercheurs ont confirmé plus un visage est symétrique plus il nous est attrayant. C’est une constante à travers toutes les cultures et les époques historiques.

Comme tous les vertébrés, l’homme se développe selon une symétrie bilatérale. Pour la plupart, notre côté droit se développe comme une image miroir de notre côté gauche. Depuis le stade embryonnaire et pendant toute notre croissance et maturité, les mêmes gènes de développement doivent être activés dans les mêmes cellules au même moment et avec la même dose. Dans la situation idéale, tout cela se déroule à l’identique des côtés gauche et droit de nos visages; ce qui aboutit à une parfaite symétrie entre les deux moitiés.


Bien sûr, dans le monde réel, la moindre fluctuation de l’expression des gènes et de l’activité cellulaire conduit à de petites différences entre les deux moitiés de notre visage. Regardez attentivement votre visage dans le miroir (ou le visage d’un ami...). En général, un œil est légèrement plus grand que l’autre. L’œil plus grand est également généralement un peu plus haut que l’autre. Les narines présentent généralement également une asymétrie dans leur taille et leur forme. La hauteur et la taille des oreilles peuvent également être étonnamment asymétriques. Toutes ces microasymétries se traduisent par une note de symétrie générale pour chaque visage humain. Et ces notes de symétrie influencent fortement la façon dont nous évaluons l’attrait d’un visage. En utilisant l’informatique, les chercheurs peuvent transformer un visage que la plupart des gens jugent très attrayant en une image très mal notée, simplement en en modifiant la symétrie. Voir les deux visages ci-dessous.



Mais pourquoi trouvons-nous les visages symétriques plus attrayants ? L’explication scientifique dominante veut que la symétrie indique un développement harmonieux et l’absence de mutations, de faiblesses ou de maladies délétères chez le sujet observé. En effet, si la grande chorégraphie de l’expression des gènes de développement est parfaitement exécutée, le résultat est une symétrie parfaite. En conséquence, la moindre imperfection, la moindre asymétrie indique une sorte de dysfonctionnement, même minime. Si, d’un côté du visage, un gène s’exprime trop ou trop peu, au mauvais endroit, ou un peu tôt ou tard, le tissu prendra une forme légèrement différente de celle de l’autre côté du visage. La plupart de ces petites fluctuations entraînent ce qu’on appelle des microasymétries que nous ne pouvons pas détecter à l’œil nu, mais dont nous pouvons parfois saisir l’effet dans son ensemble.

De plus grandes asymétries peuvent indiquer des problèmes qui se sont produits (ou sont en cours) dans la croissance et le développement de la personne en question. Certains facteurs connus pour affecter la symétrie faciale sont les infections, les inflammations, les réactions allergiques, les blessures, les mutations, le stress chronique, la malnutrition, les dégâts subis par l’ADN, les parasites et les maladies génétiques ou métaboliques. Chacun de ces facteurs peut représenter un désavantage pour la personne et sa progéniture.

L'idée admise en science veut donc que l'homme a appris à valoriser les visages symétriques, car la symétrie serait gage d'une bonne santé du propriétaire. Nous aurions donc une répugnance instinctive pour la laideur, pour les difformités qui trahiraient des défauts de développement, un patrimoine génétique affaibli ou une santé moindre. Valorisation de la symétrie qui s'étend à l'ensemble du corps (qui est bilatéral) chez l'homme et même au-delà en architecture où la symétrique est également gage d'équilibre et de solidité.




Source : Facial attractiveness, Philosophical Transactions of the Royal Society


Notons que par ailleurs, Yves Michaud, vient de faire publier un court essai (Ceci n’est pas une fleur) intéressant sur la commercialisation de l’art et la touristification de Paris. En voici une recension de Charles Jaigu.

Les ventes de test ADN s'effondrent aux États-Unis

Les deux principales entreprises commercialisant des tests génétiques à visée généalogique aux USA, sont confrontées à un effondrement de leur activité : – 54 % pour l’entreprise 23andMe et — 38 % pour les kits Ancestry. Les consommateurs se détournent de ces produits, car ils s’inquiètent de l’utilisation de leurs données personnelles.

Deux utilisations de la généalogie génétique par des tiers les ont conduits à réfléchir. Tout d’abord, le partage des informations collectées avec l’industrie pharmaceutique. Lorsque l’entreprise 23andMe a signé des accords importants avec des fabricants de médicaments, « les consommateurs ont commencé à réaliser qu’une fois encore, à l’instar des plateformes de partage social, ils étaient le produit »

Ensuite, l’utilisation de ces données pour résoudre des affaires criminelles a accéléré la chute des ventes. En 2018, des détectives californiens ont annoncé qu’ils avaient utilisé GEDmatch, une base de données généalogiques publique, pour résoudre l’affaire non élucidée d’un violeur et tueur sadique. Et l’hiver dernier, une société de tests Family Tree DNA, a révélé qu’elle avait coopéré avec le FBI à l’insu de ses utilisateurs. Or les Américains sont très sceptiques quant à l’utilisation par la police de leurs données personnelles, surtout qu’aucune règlementation ne prévoit quel type de crime ou d’infraction peut justifier une telle violation de la vie privée.

Pour compenser la baisse des ventes de leurs tests d’ascendance génétique, les entreprises recentrent désormais leurs efforts sur la vente de tests génétiques sur la santé. On peut désormais s’attendre « à moins de marketing sur le passé et plus sur l’avenir, moins sur les frissons des histoires ancestrales et plus sur les risques sanitaires dont nous avons hérité et que nous menaçons de transmettre, le tout formulé dans le même langage optimiste de la connaissance de soi — à partager largement ».

On ne voit cependant pas en quoi cela empêchera les deux utilisations mentionnées plus haut : le partage des informations collectées avec l’industrie pharmaceutique et l’utilisation de ces données pour résoudre des affaires criminelles.

Centaine de personnalités pour l'extension de la loi 101 au collégial public

Lettre ouverte d’une centaine de personnalités publiques et de professeurs publiée dans Le Devoir. Rappelons que si le cégep était fusionné à l’école secondaire, comme c’est le cas en Europe pour les lycées, athénées et gymnases, la loi 101 s’y appliquerait déjà. Ceci nous paraît nettement plus important que les maternelles 4 ans, très chères, peu utiles et dont on peine à recruter du personnel.

Le réseau collégial français est mal en point, en particulier sur l’île de Montréal. Il est mal en point parce qu’il est victime de la dynamique linguistique actuelle. Si le récent palmarès des cégeps a montré une chose, c’est bien celle-là. Les cégeps anglophones débordent et écrèment les meilleurs étudiants, non seulement les anglophones, mais aussi les allophones et les francophones. Le problème est autant quantitatif que qualitatif. Les effectifs sont en baisse constante et accélérée dans le réseau français, au moment même où son « élite » étudiante se rue vers le réseau anglais. Et tout ça, remarquons-le d’emblée, se fait à même les fonds publics.

En désespoir de cause, les directions se tournent vers la solution à leur portée : angliciser l’offre de services dans l’espoir de séduire la « clientèle ». Les manchettes récentes sur le comptoir montréalais uniquement anglophone du cégep de la Gaspésie-et-des-Îles et le projet de cégep bilingue de Vaudreuil ne représentent que la pointe de l’iceberg. Il s’agit d’une tendance de fond. La plupart des cégeps francophones de l’île de Montréal ont essayé, essaient et essaieront de se tourner vers l’anglais pour sauver les meubles. Le MEES vient d’ailleurs d’autoriser de nouveaux devis de programmes en sciences humaines et en sciences pures avec « langue seconde enrichie » : on devine laquelle. Il semble que le réseau collégial français, du moins sur l’île de Montréal, soit en train de se bilinguiser sous nos yeux.

On sait pourtant depuis longtemps que le bilinguisme institutionnel est un cul-de-sac. L’anglais et le français ne peuvent pas cohabiter durablement à l’intérieur d’un même établissement. L’anglais est la langue la plus attractive au monde, tandis que le français est, en Amérique du Nord, une « fleur de serre », comme disait André Laurendeau. Le rapport de force est trop inégal. La bilinguisation du réseau postsecondaire sur l’île de Montréal ne pourrait donc bien être que le prélude à son anglicisation pure et simple — le cas de l’Université « bilingue » d’Ottawa est éloquent à cet égard : y donner des cours en français relève de plus en plus du parcours de combattant.

Vitalité du Québec français

Le réseau collégial français sur l’île de Montréal serait-il donc en train de s’écrouler ? La situation est en tout cas plus que préoccupante. L’éducation supérieure française est déclassée par l’éducation supérieure anglaise dans la métropole du Québec, une province dont 78 % des habitants ont le français comme langue maternelle. La chose est surréaliste. Comprend-on bien que c’est l’outil même qui nous permet de faire notre travail, notre langue, qui est en train de perdre son statut et son prestige ? Comme professeurs francophones, nous commençons à avoir un arrière-goût de langue morte dans la bouche. Une langue n’est pas un moyen de communication neutre, qui peut être changé indifféremment pour un autre, c’est une expérience située du monde, unique et irremplaçable. La dynamique actuelle ne nous demande pas simplement de nous « adapter » : elle invalide notre rapport — français — au monde. Elle nous tasse de côté. Nous, nous ne trouvons pas cela « emballant ».

Il ne s’agit toutefois pas que des intérêts des professeurs de cégeps francophones. Tout d’abord, les intérêts des professeurs d’université sont aussi en jeu, car le choix du cégep anglais est en même temps, pour la plupart des étudiants, le choix de l’université anglaise. Mais laissons de côté ces considérations, disons, « corporatistes ».

Ce dont il est vraiment question ici, c’est de la vitalité du Québec français. L’actuelle poussée vers la bilinguisation n’augure rien de bon à cet égard. Un véritable Québec français est difficilement imaginable sans un réseau d’éducation supérieure francophone complet, intègre et assuré de lui-même dans sa métropole. Comment pourra-t-on continuer à penser et dire le réel, à chercher et à découvrir, à évaluer et à critiquer, à imaginer et à rêver en français, puis passer aux suivants, si les établissements au sein desquels se font prioritairement ces activités basculent vers l’anglais ? Qu’adviendra-t-il de la vie culturelle et intellectuelle au Québec ?

Un point capital est que cette transformation linguistique du réseau postsecondaire engage le trésor public. Il ne s’agit pas seulement des préférences des jeunes Québécois qui choisissent de s’angliciser ; il s’agit aussi de décider si, collectivement, nous voulons subventionner ce choix. Ne serait-ce qu’en tant que contribuables, nous avons notre mot à dire. Le fait est que les Québécois sont en train de financer la marginalisation de leur propre langue dans leurs établissements d’enseignement supérieur. Faut-il vraiment accepter cela ? Au nom de quoi ?

Le droit à une éducation supérieure subventionnée par les contribuables est un droit positif, qui n’est pas du même ordre que le droit à la sécurité ou encore à l’expression. Ce droit peut tout à fait être assorti de certaines conditions si un intérêt public supérieur l’exige. À ce titre, l’intégrité et la continuité du réseau postsecondaire français se qualifient très certainement.

Le gouvernement est précisément en train de réactualiser la loi 101. Le moment n’est-il pas opportun de lui envoyer le message que des mesures cosmétiques ne suffiront pas ? Nous pensons qu’il faut remettre sur la table la question de l’extension des clauses scolaires de la loi 101 au collégial public (ou une mesure équivalente). La situation est critique. Pour le Québec français, il en va de la suite du monde.

lundi 2 mars 2020

Écologisme occidental : « Les riches sont sommés de ne plus faire d'enfants »

Texte d’Olivier Rey, le philosophe et polytechnicien, auteur de Leurre et malheur du transhumanisme paru en octobre 2018. Arrêter d’avoir des enfants par égard pour l’environnement est un raisonnement malsain, qui supprime d’autant plus les raisons de préserver notre planète, explique Olivier Rey.

À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, en Angleterre, les aides aux pauvres, garanties par la loi, faisaient l’objet d’âpres débats : fallait-il les maintenir, ou les supprimer ? En faveur de la suppression, Thomas Malthus avança cet argument : les aides distribuées aux pauvres encouragent ceux-ci à avoir davantage d’enfants, ce qui entraîne un accroissement exponentiel de la population, plus rapide que ne peut l’être l’accroissement global des richesses, d’où, finalement, un accroissement du nombre des pauvres. Le seul moyen de résorber la pauvreté, selon Malthus, était que les pauvres réduisissent considérablement leur progéniture.


La quasi-totalité des économistes du XXe siècle a estimé que l’événement avait définitivement réfuté les vues de Malthus : globalement, on avait vu une croissance exponentielle de la population mondiale aller de pair avec une augmentation du « niveau de vie » moyen. Miracle reposant, toutefois, sur une exploitation toujours plus intense des ressources de la terre. Au point que celle-ci, aujourd’hui, demande grâce : et voilà que le malthusianisme, qui avait été repoussé dans les marges, redevient à la mode.

Ce nouveau malthusianisme, cependant, se révèle bien différent de l’original. Malthus, en rigoriste pasteur anglican qu’il était, se refusait à concevoir d’autre moyen de limiter les naissances que la chasteté : le nouveau malthusianisme autorise la sexualité la plus débridée, pourvu qu’il n’en résulte aucune naissance. Par ailleurs, c’est aux pauvres que Malthus demandait de diminuer le nombre de leurs enfants, alors qu’aujourd’hui, ce sont les riches qui sont sommés de ne pas engendrer. Avec cet argument : le dérèglement et l’épuisement de la Terre ne sont pas seulement dus à un nombre trop grand d’êtres humains, mais aussi, et surtout, au mode de vie des ressortissants des pays riches. Ce sont donc eux qui devraient, en priorité, réduire drastiquement leur descendance (le mieux étant de ne pas en avoir du tout). [Ce suicide des Occidentaux ne servira à rien, s’ils sont remplacés par des masses jeunes venues du Sud pour pallier le « manque de main-d’œuvre » ou payer les retraites.]

La science le prouve : en juillet 2017, deux chercheurs ont publié dans la revue scientifique britannique Environmental Research Letters un article passant en revue les différents moyens dont disposent les individus pour réduire leur « empreinte carbone ». Un an plus tard, l’AFP a donné en France un large écho à cette publication en diffusant une infographie inspirée par l’article en question, où les effets des différentes actions possibles se trouvent quantifiés - depuis les mesures à très faible impact, comme s’éclairer avec des ampoules basse consommation, celles à impact modéré, comme laver son linge à l’eau froide, et celles à impact élevé, comme renoncer à des vols long-courriers. Toutes ces mesures se trouvent néanmoins ridiculisées, ravalées à un bricolage pitoyable en comparaison d’une proposition phare : alors qu’abandonner complètement la voiture culmine à 2,4 tonnes de rejet CO2 par an, avoir un enfant en moins en épargne 58,6 ! La conclusion à en tirer est claire : toute personne inquiète du devenir de la Terre doit en priorité, pour mettre en accord ses actes avec sa pensée, s’abstenir d’engendrer. Un tel raisonnement appelle deux remarques.

D’abord, il y a quelque chose de profondément malsain à mettre sur le même plan, dans un graphique, d’une part des modes de consommation et d’autre part le fait d’avoir des enfants — comme si cela relevait du même ordre.

Par ailleurs, pourquoi l’enfant s’avère-t-il aussi coûteux en émissions de gaz à effet de serre ? Parce qu’il est admis que ses parents dépenseront sans compter pour l’élever (lui fournissant du reste, à travers cette débauche consumériste, moins une éducation qu’une antiéducation), et qu’adulte il adoptera le même genre de vie qu’eux - qu’il aura des écrans Full HD géants, roulera en VUS, prendra l’avion, sera connecté à la énième G, etc. Au fond, ce qui est proposé aux riches, ce n’est pas de mener une vie qui ne dévaste pas la Terre, c’est de ne pas avoir d’enfants afin de continuer à vivre avec bonne conscience une vie qui dévaste la Terre. Sans enfant, je peux tout me permettre puisque, du seul fait de ne pas avoir de descendance, j’accomplis ce qui peut se faire de mieux pour la « planète » !

Ensuite, les habitants des pays riches se voient soumis à une double injonction. D’une part ils ne doivent pas avoir d’enfant, par égard pour l’« environnement », d’autre part ils doivent accueillir des flux énormes d’immigrés en provenance des pays pauvres — flux qu’on leur présente comme d’autant plus nécessaires qu’il faut rééquilibrer, par ces apports étrangers, une pyramide des âges rongée à la base par la dénatalité. Comme le disait Jean-Paul Delevoye, grand ordonnateur de la réforme des retraites (avant que son statut de « cumulard » ne l’oblige à démissionner) lors d’un débat tenu fin novembre à Créteil : « La démographie européenne et son vieillissement font que si l’on veut garder le même nombre d’actifs dans la machine économique, il va falloir 50 millions de populations entre guillemets étrangères pour équilibrer la population active en 2050, en Europe. »

Autrement dit : les Européens doivent remplacer leurs enfants par des immigrés. Et cela, pour un « bilan carbone » qui ne s’en trouvera en rien amélioré ! En effet, les immigrés en provenance des pays pauvres gagnent les pays riches non pour demeurer aussi pauvres qu’ils l’étaient en partant, mais pour vivre comme on le fait dans les pays riches — aussi leur « empreinte écologique » est-elle vouée à rejoindre rapidement celle qu’auraient eue les enfants que les Européens sont invités à ne pas engendrer (à quoi s’ajoute que l’immigration massive contribue à entretenir la natalité explosive dans certains pays pauvres, en lui offrant un débouché). Si certains modes de vie sont toxiques, il convient de les réformer, non de convier d’autres populations à nous rejoindre pour les adopter.

En résumé, ce n’est pas en se suicidant démographiquement que les Européens amélioreront quoi que ce soit. Au contraire, car, comme l’écrivait Charles Péguy dans le Porche du mystère de la deuxième vertu :
« Tout ce que l’on fait on le fait pour les enfants.
Et ce sont les enfants qui font tout faire.
Tout ce que l’on fait. »

Ce sont les enfants qui nous rendent souhaitable que la Terre demeure belle et accueillante. À quoi bon prétendre la préserver, si c’est en ruinant les raisons qui rendent si vital de le faire ?

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Les parents seraient plus heureux que les gens sans enfant

France — clichés, poncifs et bobards sur l'école libre

Anne Coffinier dénonce les clichés, poncifs et bobards sur les écoles hors contrat :

Quand une personne ou une institution autre que l’État ouvre une école, elle est obligatoirement hors contrat. C’est la loi ! Pas un choix.

C’est seulement après 5 ans d’existence qu’un tel établissement peut demander à passer sous contrat avec l’État. Seulement, en pratique, l’État n’accorde presque aucun contrat, surtout en période de budgets publics contraints. Aux écoles de se serrer la ceinture !

Parlons à présent de ce qu’on appelle « l’école à la maison » : elle concerne les enfants qui sont suivis par un précepteur ou bien par leurs parents, avec ou sans le soutien d’un cours par correspondance. La tendance est à la mode, tant elle répond à des situations de détresse, de harcèlement ou de phobie scolaire par exemple… Certaines familles choisissent aussi tout simplement de garder leurs enfants à la maison, parce qu’elles considèrent que les ressources de l’économie de l’information et de la connaissance sont la voie d’avenir pour instruire. Il faut y voir aussi un mouvement de société, qui tend à privilégier l’idée qu’il revient à l’enseignement de s’adapter aux enfants plutôt que l’inverse. Signe des temps, ce mouvement est global. Bien des artistes en herbe et des futurs sportifs de haut-niveau pratiquent l’école à la maison…

Mais le paysage de l’instruction à domicile n’est pas toujours rose. Hugo Micheron que nous avons interviewé cette semaine, dans son essai sur Le Jihadisme français le souligne à plusieurs reprises : l’instruction à domicile peut servir de paravent à des entreprises d’embrigadement irresponsables des enfants…

Mais revenons aux écoles au sens strict du terme. Soyons clairs : une « école » est une structure reconnue par la loi, et dont la création est conditionnée par un grand nombre d’exigences. Les entreprises clandestines d’embrigadement de jeunes enfants ne sont pas des écoles ! Les regroupements informels d’enfants pour des raisons avancées de mutualisation des coûts, ou de recherche d’une plus grande socialisation ne sont pas davantage des écoles. On les appelle « écoles de fait » ou « écoles non déclarées », ou encore « écoles clandestines ». Si, pour la loi, la situation de deux enfants issus de deux familles différentes et scolarisés dans un même lieu doit donner lieu à une déclaration en vue de créer une école privée hors contrat, la réalité est très différente. Ces diligences ne sont pas toujours accomplies. Ces lieux de formation (ou d’embrigadement le plus souvent) sont alors des écoles clandestines échappant à tout contrôle systématique.

Est hors contrat une école dont la création et l’existence sont régies par le Code de l’éducation, selon le cadre précisé et nettement renforcé par la « Loi Gatel » du 13 avril 2018. Contrairement aux idées reçues, une telle école est régulièrement soumise à des contrôles bien plus poussés que ceux des écoles publiques ou privées sous contrat… Les inspections portent en effet sur l’école dans sa globalité, sur le respect du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Bref, pas le cadre idéal pour créer une secte…

Dernier point mais non le moindre, distinguons bien entre écoles coraniques et écoles musulmanes. La première catégorie ne correspond pas à des écoles, mais à des lieux de formation religieuse chargés de transmettre la religion musulmane par la mémorisation du Coran. Ces établissements ne sont pas contrôlés par l’État, en tout cas pas en tant qu’« établissements scolaires ». Quant à la deuxième catégorie, celle des écoles musulmanes, elles renvoie à des écoles privées confessionnelles, pouvant être sous contrat (comme les cinq grandes écoles rattachées à la Fédération nationale de l’enseignement musulman) ou bien hors contrat. Pour exister, ces dernières doivent être régulièrement déclarées et respecter les obligations qui incombent aux écoles hors contrat. À l’État de les contrôler autant que nécessaire bien sûr, le cadre de ces contrôles étant clair et efficace pour peu que les contrôles soient mis en place.

Cher lecteur, si vous avez lu jusqu’ici, vous êtes désormais incollable sur les distinctions propres à l’enseignement libre et sur ce qui n’en relève pas. Parlez-en, partagez, diffusez ! En matière de hors contrat, mieux vaut appeler un chat un chat.


Les censeurs à l'école : à la poubelle Félix Leclerc ?

 

Texte de Mathieu Bock-Côté sur la mise à la poubelle d’un texte de Félix Leclerc sur le travail comme valeur inhérente à la dignité de l’homme, et ceci à la suite d’une plainte d’un seul parent. Apparemment, sa plainte était plus recevable que celle de nombreux parents opposés depuis près de dix ans au cours d’ECR (éthique et de culture religieuse).

La nouvelle a fait sursauter tous ceux qui n’ont pas complètement perdu la raison : dans une école du Mile-End, à Montréal, on enseignait la chanson Les 100 000 façons de tuer un homme, de Félix Leclerc.

J’écris « enseignait », car on ne l’enseigne plus. À la suite de la plainte d’un parent se disant offusqué de la représentation qu’on y faisait des assistés sociaux, l’enseignant et la direction ont décidé de retirer la chanson du programme.

Mieux ! Pour en effacer jusqu’à la trace, les élèves ont dû arracher de leur Duo-Tang la page sur laquelle elle était écrite pour la mettre au recyclage ! À la poubelle, Félix ! À la poubelle !

Certains n’y verront qu’un fait divers exaspérant. Faux ! C’est un révélateur de l’immense bêtise de notre temps.

Tout s’y trouve.

D’abord l’hypersensibilité d’un parent, qui veut censurer un texte qui l’indigne.

Ensuite la lâcheté de l’établissement, qui se couche devant le parent querelleur de peur de voir la controverse enfler et exploser. [Les écoles se plient-elles plus facilement devant des plaintes qui fleurent bon le progressisme sous-jacent, le correctivisme politique ? Ce n’est pas impossible.] Le mécontentement d’un quidam pousse les autorités à plier le genou. Que faire devant de tels invertébrés ? On comprend par ailleurs les enseignants de se montrer méfiants envers la présence exagérée des parents dans leurs salles de classe.


La chanson anathème...

Enfin l’inculture, qui se conjugue à l’esprit anachronique. Car traiter un classique de la chanson québécoise, qui évoque l’univers moral du vieux monde et de l’ancienne paysannerie canadienne-française, comme un vulgaire manifeste politique, c’est faire offense à la culture et la littérature.

Au nom de l’esprit de compromis, j’ai entendu de bons esprits proposer qu’on remplace cette chanson de Félix Leclerc par une autre.

Mais laquelle ?

Le tour de l’île ? J’entends déjà une néoféministe s’indigner que Félix y parle avec méfiance de la minijupe !

L’alouette en colère ? Cette fois, je vois bien quelqu’un s’indigner de la sympathie de Félix Leclerc pour l’indignation qui poussa certains jeunes à rejoindre le FLQ.

La nuit du 15 novembre ? Surtout pas ! Il y chante l’indépendance !

Attends-moi ti-gars ? Que nenni ! Il excite le populisme et l’antiparlementarisme en disant du mal des politiciens !

Il y a là tous les ingrédients qui rendent notre époque si indigeste. Le politiquement correct pousse notre société à la névrose.

Censure

D’ailleurs, cet événement n’a rien d’isolé. Me revient à l’esprit au moment d’écrire ces lignes une histoire qui s’est déroulée dans une école à Sorel en 2013 [non, février 2012], où une enseignante qui avait mis au programme L’hymne à l’amour d’Édith Piaf avait dû l’amputer de ses dernières lignes, parce qu’on y trouvait une évocation de Dieu réunissant ceux qui s’aiment !

Scandale, on parle de Dieu dans une chanson, deux ou trois athées militants seront vexés ! À ce compte-là, on ne pourra plus rien enseigner ni admirer.

Félix Leclerc est un classique de la culture québécoise. Il faut entrer dans son œuvre et non la mettre aux vidanges. Qu’il faille rappeler de telles évidences nous dit bien dans quel gouffre nous sommes tombés.

Application de la Loi 101 au cégep : cri d'alarme du MQF

Le Mouvement Québec français (MQF) veut relancer le débat sur l’application de la loi 101 dans les cégeps. Il s’inquiète de l’augmentation de la fréquentation des collèges et des universités anglophones au Québec.

Le président du MQF, Maxime Laporte, y voit un danger d’anglicisation qui doit être freiné. Il souhaite forcer la fréquentation d’institutions collégiales francophones pour les élèves qui sont passés par l’école primaire et secondaire en français.

L’application de la loi 101 dans les établissements collégiaux est une mesure essentielle dont le Québec français ne peut se priver.

Maxime Laporte, président du Mouvement Québec français
Selon la Fédération des cégeps, autour de 17 % des étudiants fréquentent un collège anglophone. À l’université, un étudiant sur quatre (25 %) va dans un établissement anglophone (Bishop’s, Concordia ou McGill), selon le Bureau de coopération universitaire.

Cette situation représente un danger pour le MQF. Il craint qu’une majorité de ces étudiants choisissent d’abord l’anglais comme langue de travail et comme langue au quotidien ensuite.



Maxime Laporte veut profiter du débat à venir sur le renforcement de la protection de la langue française pour discuter des cégeps.

La seule approche viable est celle visant à enrayer les causes de l’anglicisation, sans négliger évidemment la plus dommageable d’entre elles, la non-application de la loi 101 au collégial, dit-il.

samedi 29 février 2020

Richard Décarie a vu sa candidature refusée par le Parti dit conservateur du Canada

L’ancien porte-parole de la Coalition pour la liberté en éducation, Richard Décarie, a vu sa candidature à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC) refusée. La campagne de Décarie avait indiqué la semaine passée lors de réunions en Estrie et en Montérégie qu’elle disposait de l’argent et des signatures requis pour déposer sa candidature. Il avait déclaré avoir plus de signatures que nécessaires sachant que les instances du parti sont très strictes et éliminent les signatures qui paraissent douteuses.

Monsieur Décarie avait alors déclaré qu’il devait passer devant une commission d’approbation en fin de semaine.

C’est en substance ce que confirmait par la suite Le Devoir : « Deux autres candidats ont remis leur dossier de candidature dûment rempli et leur premier versement, mais leur candidature n’est pas encore confirmée, car ils doivent d’abord subir l’entrevue prévue avec le comité organisateur afin de s’assurer qu’ils partagent et respectent les positions politiques du PCC. »

Le parti dit conservateur du Canada a annoncé la liste des candidats en graphie dite « inclusive » chère aux milieux les plus progressistes et politiquement corrects.


Le comité de nomination à la direction du Parti conservateur a interviewé Décarie jeudi, ce qui indique qu’il avait bien rempli toutes les autres conditions nécessaires à sa participation à la course, y compris des frais de 25 000 $ et 1 000 signatures de membres du parti.

M Décarie avait tenu de nombreuses réunions en Ontario où de nombreux membres des communautés culturelles souvent socialement conservatrices lui avaient donné son appui.

M. Décarie avait déplu plus tôt dans l’année à certains membres du PCC pour ses idées conservatrices sociales sur l’avortement qu’il désirait ne plus voir financé par le fédéral « car la grossesse n’est pas une maladie » et sur l’homosexualité qu’il voit comme un choix de vie et non comme une fatalité purement génétique. Cette polémique avait pris le pas sur le programme de Richard Décarie qui allait bien au-delà de ces aspects : fiscalité fortement pro-famille, décentralisation fortement accrue du Canada, passage des réserves amérindiennes sous la juridiction des provinces et non plus du fédéral.



Le porte-parole du PCC, Cory Hann, a déclaré : « Les raisons pour refuser une candidature ne sont pas divulguées conformément à nos normes de nomination, mais ce n’est pas une décision que le comité prend à la légère. »

Brad Trost, lui-même un ex-aspirant à la direction conservatrice qui appuyait Richard Décarie dans ses démarches, a reconnu que l’équipe de campagne a été prise au dépourvu par la nouvelle.

L’annonce du rejet la candidature est tombée samedi lorsque le PCC a publié un communiqué de presse dévoilant la liste officielle des huit candidats.

Un responsable du parti ayant une connaissance directe du dossier a déclaré sous condition d’anonymat que le rejet n’était pas spécifique à l’interview télévisée de Décarie où il déclarait notamment que l’homosexualité était un choix, mais concernait sa candidature dans son ensemble. La demande de candidature comprend un long questionnaire sur les intentions de M. Décarie (que changerait-il à la politique actuelle du PCC ?) et diverses mesures pour vérifier les antécédents de M. Décarie, ses activités antérieures, ses écrits et ses publications sur les médias sociaux.

Ce responsable a également souligné que d’autres candidats socialement conservateurs (Leslyn Lewis et Derek Sloan) sont dans la course, ce qui prouverait que le parti ne cherche pas à bloquer les personnes ayant ces opinions. Ces deux candidats sont des avocats ontariens unilingues anglais et très peu connus des membres du parti.

Selon les règles de la course à la direction, il n’y a plus de voie d’appel pour Décarie maintenant que la date limite d’inscription du 27 février est échue.

Toutes les décisions du Comité organisateur électoral de la chefferie (COEC) sont finales et ne peuvent faire l’objet d’un recours interne ou d’un contrôle judiciaire, précisent les règles.

Le questionnaire qui devait être rempli par tous les candidats à la chefferie comprenait des questions qui auraient pu constituer un motif de blocage de Décarie, notamment si aux yeux du comité non élu le candidat s’est déjà « livré dans des activités qui encouragent la discrimination ou la haine contre les personnes » sur la base de… l’orientation sexuelle » de suggérer le National Post sans expliquer cette insinuation.

À la suite de cette décision, M. Décarie a déclaré que :

« Malgré le soutien de milliers de membres du PCC, le Comité organisateur électoral de la chefferie (COEC) non élu a rejeté ma candidature et ne permettra pas à mes partisans de voter pour moi.

Le comité n’a fourni aucune raison. Il semble que ma candidature ait été considérée comme une menace pour l’establishment du PCC et pour le type de chef qu’ILS veulent sélectionner.

Jusqu’à présent, j’étais le seul candidat qui ait pris une position ferme en faveur du mariage traditionnel et qui a proposé d’abolir le financement fédéral de l’avortement, puisque ce n’est pas un soin de santé.

Les conservateurs “Vrai Bleu” ayant des valeurs traditionnelles, représentent une force majeure au sein de notre Parti. Ils sont une force avec ou sans ma candidature dans cette campagne à la chefferie.

Je continue de travailler avec tous les conservateurs “Vrai Bleu” qui soutiennent et agissent au sein du mouvement conservateur et du PCC, peu importe que cela dérange l’élite non élue Red Tory.

Je crois en un PCC qui accueille tous les conservateurs “Vrai Bleu” et offre une alternative claire aux Libéraux. Le PCC que j’ai contribué à fonder a débuté sur ces principes, notamment au Québec.

J’exhorte donc tous mes partisans à continuer de poursuivre vers cet objectif. Le travail continue ! »

Voir aussi

Gigantesque étude : il n’existe pas de gène « gay » (rediff)

Sondage — Forte opposition au Québec et Canada aux avortements tardifs et sélectifs