vendredi 17 novembre 2017

Sondage : influence de différentes croyances sur la société canadienne



Autres questions

Opinion des Canadiens sur les accommodements du Canada avec les pratiques et les minorités religieuses

  • Trop d’accommodements 53 %
  • Adopte un bon équilibre 39 %
  • Pas assez d’accommodements 9 %

(Pour notre part, cette question n’a pas beaucoup de sens : nous sommes pour des accommodements avec les Amish ou les mennonites, pas nécessairement avec des islamistes radicaux)


Opinion des Canadiens sur la législation concernant le port du niqab dans les lieux dédiés aux services publics

  • Interdire 49 %
  • Décourager, mais tolérer 29 %
  • Autoriser 22 %


Source : Angus Reid

Un enseignant suspendu pour avoir appelé « fille » une élève qui se dit garçon

Joshua Sutcliffe, 27 ans, a été convoqué par la direction de son école publique secondaire dans l’Oxfordshire, en Angleterre. Il a ensuite été suspendu, pour avoir dit « Beau travail, les filles ! » à une adolescente et son amie en voyant qu’elles travaillaient d’arrache-pied sur des exercices de mathématiques. L’adolescente en question, une fille qui se dit garçon, avait rectifié. L’enseignant de mathématiques s’était excusé sur-le-champ de l’avoir « mal genré ».

Mais la mère de l’enfant s’étant plainte par la suite aux responsables de l’école. Sutcliffe a dû s’expliquer six semaines après l’« incident ». Une enquête est en cours et il risque désormais l’exclusion pure et simple et de perdre son emploi (et son salaire de 50 000 $ par an).

Joshua Sutcliffe ne se cache pas d’être chrétien ni d’avoir quelques difficultés à utiliser des pronoms masculins quand il parle à cette jeune élève. Cependant, aucune instruction officielle n’avait été donnée sur la manière de s’adresser à l’élève. Dans un esprit de « respect et de tolérance », il avait décidé avec d’autres membres du corps enseignant de s’adresser à cette fille au moyen de son prénom masculin qu’elle avait choisi.

Sutcliffe a décidé de parler de l’affaire dans la presse pour annoncer notamment qu’il doit se rendre à une convocation disciplinaire formelle cette semaine. Il devra y répondre d’une accusation de faute professionnelle pour avoir « mal genré » son élève. Selon le Mail on Sunday, un autre grief porte sur le fait qu’il s’est adressé à l’élève par son prénom plutôt qu’en se référant à cette jeune fille par le pronom masculin qu’elle préfère (« il » ou « lui »).

Le jeune professeur, diplômé de troisième cycle en mathématiques et habilité à enseigner grâce à un diplôme obtenu à l’université d’Exeter, s’est dit bouleversé par la situation : « C’est du politiquement correct devenu fou », a-t-il déclaré.

Il n’avait aucune idée, a-t-il expliqué, de ce qui lui pendait au nez lors de la réunion de parents d’élèves qui s’est tenue la semaine dernière. À l’issue de celle-ci, le directeur de l’école lui a annoncé qu’il faisait l’objet d’une « plainte transgenre ». Il n’a plus le droit d’enseigner tant que l’affaire n’aura pas été réglée. En attendant la séance disciplinaire de cette semaine, Sutcliffe a été sommé de venir travailler dans la salle des professeurs, avec interdiction totale toutefois de parler de cette affaire avec ses collègues.

L’origine de la plainte pourrait bien être double. Les parents de l’élève transgenre ont insisté pour dire qu’ils étaient pour la liberté d’expression, mais qu’à leur avis, Sutcliffe avait fait de leur enfant sa tête de Turc et qu’il avait multiplié injustement les colles pour mauvaise conduite à son encontre. L’enquête a permis de vérifier qu’il n’en était rien. Seule la plainte pour l’avoir « mal genré » qui a été maintenue.

« J’ai été totalement choqué d’apprendre de la part du directeur que je faisais l’objet d’une enquête. Je ne savais pas ce qui m’arrivait. C’était surréaliste, kafkaïen. J’ai fait observer qu’un seul incident était en cause, et que je m’étais excusé. Mais il a insisté pour poursuivre l’enquête… Il m’a semblé que l’école essayait de m’obliger à adhérer à sa politique progressiste, gauchiste », a déclaré le professeur à la presse.

Entretemps, l’Église d’Angleterre instruit ses écoles qu’elles doivent laisser les enfants « explorer leur identité de genre » dans des lignes directrices qu’elle a fait parvenir à ses 5 000 écoles. L’Église anglicane, tant en Angleterre qu’au Québec est en pleine vrille mortelle, son nombre de fidèles est en chute libre en Occident, nettement moins en Afrique où elle est nettement plus conservatrice.

Sources : Mail on Sunday  et Premier, The Independent

Voir aussi

La croisade des LGBTQ2SAI+ contre la liberté d’expression et les distinctions linguistiques immémoriales (les pronoms genrés et Jordan Peterson à Toronto)

Citation relativiste contradictoire du jour (évêque anglican de Washington à la conférence de Lambeth des prélats anglicans)

L’Église anglicane au Québec se meurt, elle soutient fortement le controversé cours d'éthique et de culture religieuse (et toutes les modes dites progressistes)

Les plus religieux hériteront-ils de la Terre ? (Peut-être bien, s’ils parviennent à instruire et éduquer leurs nombreux enfants, plutôt que des gens opposés à leurs valeurs)

jeudi 16 novembre 2017

Contre l’école-gadget

Chronique de Mathieu Bock-Côté sur un sujet à la mode (nous y reviendrons dans un prochain billet) :

Réinventer l’école ! Ce slogan, on l’a entendu mille fois. Il nous vient souvent de ministres, mais il est aussi répété en boucle par des apprentis sorciers qui prétendent d’une manière ou d’une autre révolutionner la pédagogie.

Ils s’imaginent, par exemple, qu’on enseignera par le jeu. Ou alors, ils croient en la rédemption par les nouvelles technologies, comme si la pédagogie ne pouvait désormais se passer d’elles. Ils misent sur la tablette, sur le cellulaire ou sur n’importe quel autre écran pour métamorphoser la vie à l’école.

Modernité ?

C’est ce qui les amène, de temps en temps, à croire qu’une vidéo YouTube vaut bien un livre, comme si ce dernier n’était finalement qu’une technologie vieillie, faite pour accumuler la poussière. Appelons-les les militants de l’école gadget.

Ces réinventeurs compulsifs sont obsédés par une chose simple : s’arracher à l’école du passé. Ils se l’imaginent dictatoriale et coupée de la vie. On imagine les maîtres tyrannisant les élèves, ne les respectant pas, les étouffant même.

C’est une caricature, évidemment, grossière, grotesque, qui ne correspondant pas vraiment à la réalité. Ils y tiennent, toutefois, puisqu’elle justifie leur refus fanatique de la tradition. Plus le passé sera laid, plus on sera en droit de s’en servir comme d’un repoussoir.

D’ailleurs, il y a un crime qu’ils ne pardonnent pas : la nostalgie. Celui qui, d’une manière ou d’une autre, se met à regretter ne serait-ce qu’un aspect du monde d’hier et de son école en est accusé. Il passera immédiatement pour un taré passéiste et une vieille baderne.

Pourtant, ils sont nombreux, au fond d’eux-mêmes, à savoir que nous avons perdu quelque chose de précieux en chemin avec la modernisation de l’éducation.

Est-ce le silence des élèves à la bibliothèque, considérée comme le temple du savoir au sein de l’école ?

Est-ce la concentration qu’on valorisait dans la lecture d’un livre alors qu’aujourd’hui l’attention papillonne et passe d’un lien internet à l’autre, sans être capable de se fixer sur quoi que ce soit ?

Est-ce le respect qui était dû aux enseignants à une époque où ils ne devaient pas faire de la gestion de classe à temps plein avec des enfants à problème ?

Est-ce la modestie de chacun devant les grandes œuvres, qu’on avait souvent honte de ne pas avoir encore lues alors qu’on savait bien que s’y cachait un trésor ?

Une chose est certaine : si l’école d’hier n’était évidemment pas parfaite, elle n’avait pas que des défauts.

Il ne faut pas réinventer l’école, mais retrouver ses fondements éternels.

Tradition

Il faut la sauver de ses faux amis du ministère, des facultés de pseudosciences de l’éducation et des idéologues de la nouveauté à tout prix.

Imaginons l’école de demain : un enseignant passionné et cultivé, des élèves concentrés, les téléphones portables rangés dans un casier, les autres écrans éloignés, une bibliothèque digne de ce nom qu’on apprend à aimer, la culture valorisée et vénérée.

Elle serait très bien, cette école.

mardi 14 novembre 2017

Émile Robichaud - Succursales ou institutions? Redonner sens à nos écoles

Émile Robichaud a enseigné au primaire, au secondaire et à l’université. Il a dirigé plusieurs écoles publiques, dont l’école secondaire Louis-Riel, dont on a dit qu’elle était « l’école privée du secteur public ». Il a également œuvré à l’école privée et siégé au Conseil supérieur de l’éducation. Il dirige aujourd’hui l’Institut Marie-Guyart.




Voir aussi

Émile Robichaud : Succursales ou institutions ? Redonner sens à nos écoles.



L’extrême gauche anti-québécoise

Ce qui frappe l’auteur de ces lignes c’est la place que prend l’extrême gauche dans les médias québécois et la question de sa reproduction ou de son apparition : où est formée cette extrême gauche québécoise ? Dans quelles écoles, dans quels collèges sont formés ces dogmatiques si intolérants ? Comment en arrive-t-on à ce que des adolescents en viennent à faire de la délation et de l’intimidation idéologique contre leurs professeurs dans des cégeps comme celui du Vieux Montréal. Voir ce « Catalogue des intervenant.es horribles du CVM.pdf » publié sur la Toile.

Acte d’accusation contre une enseignante du cégep du Vieux Montréal


Chronique de Mathieu Bock-Côté (victimes d’attaques vicieuses sur les réseaux sociaux parce qu’il y défend l’humoriste Guy Nantel) sur ce sujet :

On a beaucoup parlé de la manifestation de dimanche contre la haine, le racisme et l’extrême droite. Elle a d’ailleurs profité d’une couverture médiatique complaisante.

Mais un peu de rigueur aurait pu nous amener à parler d’une manifestation rachitique d’une coalition de groupuscules hypermédiatisés d’extrême gauche qui voient du racisme partout.

Si on avait pris la peine de décrypter la rhétorique de ces manifestants souvent encagoulés qui rêvent de faire sauter le système, on aurait compris qu’ils cultivent une vision paranoïaque de l’Occident.

Manifestation bilingue contre la loi 62 « raciste » (elle impose que ceux qui offrent et reçoivent des services publics le fassent à visage découvert) et contre le capitalisme, l'islamophobie, la transphobie, etc.


Racisme ?

Ce sont des spécialistes de l’amalgame, comme on l’a vu lorsqu’ils ont mis la Charte des valeurs du Parti québécois et les outrances de Donald Trump dans le même sac.

De même, les manifestants étaient remontés contre la loi 62, adoptée par l’Assemblée nationale. Ils y voient aussi une manifestation de racisme. C’est une manie, chez eux. Sans surprise, ils rêvent d’abolir les frontières.

Faut-il aussi se surprendre que, dans l’esprit de cette manifestation, certains militants anticolonialistes autoproclamés se soient permis de vandaliser une statue de John A. Macdonald ? [Même s’il était un personnage peu recommandable.]

Détail important : dans cette manifestation, les slogans en « bilingue » ou simplement en anglais étaient très nombreux, comme si le Québec français était une vieille affaire oubliée.

On a même pu voir une banderole qui réclamait pour le Québec plus de Omar Khadr  et moins de Guy Nantel [en bilingue bien sûr, voir ci-dessous. Omar Khadr était un jeune canadien de 15 ans qui aurait jeté une grenade sur des soldats américains en Afghanistan. Khadr a été élevé dans une famille radicale très proche de Ben Laden.]

« More Omar Khadr, moins de Guy Nantel » 
More English, moins de français ?

Québec

On a beau trouver injuste le traitement réservé au premier et avoir le droit ne pas apprécier l’humour du second, il n’en demeure pas moins que Khadr était un enfant-soldat de l’islamisme et que Guy Nantel est un humoriste qui ne s’en est jamais pris physiquement à personne.

Les Québécois francophones sont-ils de trop au Québec ? On les jugera toujours intolérants tant qu’ils n’accepteront pas de s’abolir comme peuple.

On fait désormais passer pour de la lutte contre le racisme la haine des Québécois et de leur nationalisme. J’y reviendrai demain [suite ci-dessous].

Je parlais hier, dans cette chronique, de la grande manifestation de l’extrême gauche de dimanche dernier.
Ce qui en ressortait était clair : l’extrême gauche prétend lutter contre le racisme, mais sa vraie cible, c’est tout simplement le nationalisme québécois et, plus largement, le peuple québécois auquel on ne pardonne pas d’exister.
Son fanatisme idéologique ressort dans les exemples qu’elle donne lorsqu’elle parle de racisme.

L’extension illimitée du racisme

Pour elle, la loi 62, qui oblige ceux qui offrent et reçoivent des services publics à le faire à visage découvert est raciste. La charte des valeurs du PQ était raciste. La critique de l’immigration illégale est raciste. La critique de l’immigration massive est raciste. La simple défense de l’idée de frontière est raciste. L’État-nation est raciste.

Nous assistons à une extension insensée du concept de racisme qui en vient à désigner à peu près n’importe quoi. Nous nommons aujourd’hui racisme le simple réflexe de survie des peuples qui ne veulent pas disparaître.

Quiconque entre en contradiction avec le multiculturalisme méritera les pires accusations.

Ceux qui ont un peu de mémoire se souviendront que l’extrême gauche, à la fin des années 1970, s’était opposée à la loi 101 en l’accusant d’être discriminatoire. Racistes, la loi 101 et le français comme seule langue officielle au Québec ?

Comme quoi d’une époque à l’autre, les enjeux changent, mais la rhétorique demeure la même.

L’extrême gauche traficote même l’histoire. Les Québécois qui, hier encore, étaient classés parmi les peuples colonisés, étrangers en leur propre pays et, pour cela, en droit de le reconquérir, sont désormais présentés par nos antifascistes comme un peuple colonisateur. Voyons dans ce renversement de perspective un effet ravageur de l’inculture historique.

Rions un peu : cette extrême gauche, qui n’hésite pas à faire usage de la censure et de la violence verbale (et pas seulement verbale dans certains cas) la plus extrême contre ses contradicteurs, n’hésite pas à se réclamer de la défense des droits de l’homme.

On l’aura compris, pour l’extrême gauche, c’est la simple existence du peuple québécois qui est raciste. Dès lors, on peut faire son procès sans jamais se faire accuser de racisme anti-québécois.

La haine du Québécois est autorisée et banalisée. C’est qu’on en fait un représentant parmi d’autres de l’homme blanc, décrété salaud universel.

Ce qui est fascinant, aussi, avec l’extrême gauche haineuse, c’est que son discours est normalisé dans notre société, comme s’il témoignait seulement d’une générosité intempestive et maladroite.

Haine des « Antifas » québécois contre La Meute docile que la SRC désigne comme l’extrême droite québécoise [Voir aussi titre ambigu du Devoir qui ne précise pas qui commet les affrontements :  Après les affrontements [de l'extrême gauche], La Meute [patiente des heures puis] défile [pacifiquement] à Québec]

Il a sa place dans l’université et dans les médias, même s’il se dépouille alors de son folklore à cagoule et de ses pires slogans. On le maquille en théorie sophistiquée ou alors on lui donne un air d’humanisme bon teint. Il conserve quand même un prestige moral immérité.

Haine

Peut-être faudrait-il s’en inquiéter comme on s’inquiète des groupuscules d’extrême droite auxquels nos médias s’intéressent avec une passion suspecte, comme s’ils étaient hypnotisés par eux.

Chose certaine : il faut s’opposer à cette haine décomplexée des Québécois. Il y a des limites à traiter toujours un peuple comme s’il était de trop chez lui.

Le Québec a-t-il besoin de tant d'immigrants ?

Chronique de Joseph Facal sur la partialité de M. Philippe Couillard dès qu’il est question d’immigration. Il faut se rappeler que l’immigration de non-francophones coûte cher aux écoles en frais de francisation, en remédiation. En France, le dédoublement des petites classes dans les banlieues immigrées dans l’espoir d’améliorer les résultats scolaires de jeunes de ces quartiers est dispendieux et se fait au prix de renoncement dans d’autres domaines. Selon les dernières données du ministère de l’Immigration du Québec (MIDI), le nombre de nouveaux immigrants francophones a baissé de 32 % lors des cinq dernières années sur le territoire québécois, passant ainsi de 62 % à 42 %.

Dès qu’il est question d’immigration, Philippe Couillard ne connaît que le discours culpabilisant et la négation des faits.

Vendredi dernier, en Estrie, il a lâché : « Tout discours anti-immigration est un discours qui nuit à l’économie du Québec, qui nuit à la prospérité, notamment de nos régions. »

Venait ensuite l’habituelle cassette sur l’immigration comme « solution » à la pénurie de main-d’œuvre.

Une fausseté répétée 1000 fois ne devient pas une vérité pour autant.

Faits

Si l’immigration pourvoyait tant de postes vacants, il n’y aurait pas des taux de chômage si supérieurs à la moyenne chez les nouveaux arrivants.

Pour que l’immigration pourvoie ces postes, il faudrait qu’il y ait une correspondance parfaite entre les profils des immigrants et les profils des emplois à pourvoir : un trou, une cheville.

Les départs à la retraite ne se traduisent pas tous par un emploi à pourvoir pour cause de progrès technologique ou parce qu’une entreprise peut vouloir réduire ses effectifs.

L’intégration des immigrants se heurte aussi à des obstacles comme la langue ou le contrôle par les ordres professionnels du droit de pratique.

La performance du gouvernement Couillard sur ces volets a été lamentable.

En 2014, les professeurs Boudarbat et Grenier ont passé en revue les études sur les avantages économiques de l’immigration.

Leur conclusion : s’il est établi que les immigrants tirent profit de leur changement de pays, les avantages pour la société d’accueil sont inexistants ou, au mieux, modestes.

Du côté des finances publiques, les meilleures recherches (OCDE, 2013 ; Grady et Grubel, 2015) établissent que l’immigration représente un coût net et non un avantage, puisque la valeur des services reçus par les immigrants sera très supérieure aux impôts et taxes qu’ils verseront.

Comme l’a montré Pierre Fortin, les pénuries de main-d’œuvre seront localisées et non généralisées, car la baisse de la population active fera baisser la demande pour des biens, donc le nombre de travailleurs requis.

Les organismes qui plaident pour des hausses massives des seuils d’immigration font de la propagande idéologique ou agissent à titre de lobbys patronaux. Pour la science, on repassera.

On ne peut non plus miser sur les immigrants pour rajeunir la population puisque leur fécondité baisse sitôt arrivés, et parce qu’ils font souvent venir leurs vieux parents en vertu du programme fédéral de réunification familiale.

Futurs électeurs

Au-delà des aspects économiques de l’immigration au sujet desquels Philippe Couillard parle à travers son chapeau [à tort et à travers], il y a aussi de délicats enjeux sociaux, culturels, religieux.

Sur ces questions, le gouvernement Couillard a atteint des niveaux sans précédent d’incompétence et d’irresponsabilité.

Si le Parti libéral du Québec et le Parti libéral du Canada veulent toujours plus d’immigrants, c’est parce qu’ils importent ainsi, dans l’immense majorité des cas, leurs futurs électeurs.

C’est aussi simple que ça.

Voir aussi

Les immigrants sont un fardeau fiscal de 20 G$, selon l'Institut Fraser

Québec — L'immigration et son augmentation pour consolider l'option fédéraliste ?

Faible fécondité qui stagne, immigration massive : le Grand Montréal s'anglicise rapidement

Controversé projet scolaire sur l'immigration à une école secondaire de Karoumaska

Institut Fraser : L’immigration massive nuit au bien-être des Canadiens en général ; les politiques d’immigration doivent être revues (étude de 264 pages)

L’immigration, le remède imaginaire


dimanche 12 novembre 2017

Le tout numérique à l'école, une fausse bonne idée ? (Rediff)

Dans un essai publié chez Seuil (Le désastre de l’école numérique), l’ingénieur et essayiste Philippe Bihouix et l’enseignante Karine Mauvilly tirent la sonnette d’alarme devant la « numérisation » de l’enseignement, prévue en particulier pour être accélérée par la réforme du collège entrant en vigueur à la rentrée 2016.

Derrière cette tendance, une illusion : celle de penser que c’est la technologie qui va enrayer l’échec scolaire.

Sans appeler à un utopique retour en arrière, ils prônent une école libérée des écrans. Sans cela, ils nous dépeignent un horizon dangereux pour les élèves comme pour leurs enseignants :

« L’école numérique, c’est un projet de déconnexion toujours plus grande de l’homme d’avec son milieu naturel. Nous allons élever des enfants “hors-sol”, comme nos tomates insipides ! Avec le numérique, on ne promeut plus l’effort : face au découragement, l’école doit devenir ludique, gamifiée, l’enseignement doit être fun, les profs sympas. On ne laisse plus de place au hasard, à l’ennui, à l’apprentissage de la patience, de la lenteur, de la réflexion : tout doit devenir rapide, efficace, on veut tout, et tout de suite. L’école doit se consommer, comme le reste. Et tant pis pour les futurs poètes que l’ennui guidait parfois vers le ballet des feuilles d’automne. L’école moderne doit former des cadres ou des chauffeurs “uberisés”, pas des poètes. »




Extraits de l’entretien de Philippe Bihouix dans Libération :

Libération — En quoi l’école numérique est-elle un « désastre » ?

Philippe Bihouix — Elle est née sous une « mauvaise étoile » (de l’italien disastro), celle du besoin compulsif d’innover à tout prix, de la fascination naïve pour la technique et la nouveauté. Elle est une défaite, celle du « combat » pour une école plus juste : la fuite en avant numérique est d’abord le signe de l’échec de décennies de réformes du système scolaire. On n’a plus que ça à proposer, la technologie pour panser toutes les plaies du système scolaire.

Le plan numérique pour l’école serait d’abord idéologique…

— Il s’inscrit dans cent cinquante ans d’utopies technopédagogiques. À chaque problème, sa promesse. Professeurs, vos élèves sont dissipés ? Les outils vont permettre d’augmenter la motivation, l’envie d’apprendre, la concentration. Le niveau baisse ? Le numérique transformera vos élèves en premiers de la classe, bosseurs, persévérants, collaboratifs, meilleurs aux examens. Certains sont en décrochage scolaire ? Une pédagogie interactive et ludique leur redonnera confiance, à leur rythme. Sans compter qu’en fournissant à tous les équipements et des ressources pédagogiques enrichies, on luttera contre les inégalités.

Le débat a déjà eu lieu, il y a eu une concertation en amont…

— Oui, mais elle a été conduite au pas de charge, avec un questionnaire en ligne et 150 rencontres dans les académies, le tout plié en à peine sept semaines début 2015. Pour « mobiliser les acteurs locaux », pas pour discuter la pertinence du numérique à l’école. Il y a eu une phase pilote menée sur quelques centaines d’établissements. Comment prétendre, en un an, sans étude comparative sérieuse, que l’orientation est la bonne ?

Les élèves apprennent-ils mieux avec le numérique ?

— Aucune étude ne le démontre. Les rapports officiels eux, s’enchaînent, et ne reculent devant aucune simplification outrancière du type : « Le Danemark réussit à l’école, le Danemark intègre le numérique, donc le numérique permet de réussir. » Et tant pis si l’on sait depuis les Grecs anciens que ce genre de syllogisme est une erreur de raisonnement ; et tant pis s’il y a d’autres facteurs explicatifs dans le système éducatif danois, comme la pédagogie active : quand l’élève ne fait pas que recevoir, mais produit son propre contenu, réutilise, remâche. Mais ce n’est pas nouveau, cela date de Freinet, des années 20. Même le rapport Pisa 2015, produit par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui est très pronumérique, révèle que plus on est exposé aux écrans et moins on comprend les textes écrits.

Au moins permet-il de réduire les inégalités…

— La fracture numérique s’est inversée. Le taux d’équipement est supérieur chez les enfants de milieux défavorisés. Ils sont équipés plus jeunes, et ont plus souvent l’ordinateur ou la télévision dans leur chambre, alors que dans les milieux plus aisés, les parents limitent le temps d’écran, retardent l’arrivée du portable. L’école numérique exige aussi un suivi parental plus appliqué, comme avec la « classe inversée », où il s’agit de visionner une vidéo à la maison, puis de consacrer le cours lui-même à des approfondissements ou des exercices. Tous les élèves ne regarderont pas la vidéo de la même façon : certains seront concentrés, accompagnés par leurs parents ; d’autres la regarderont d’un œil, en surfant en parallèle sur les réseaux sociaux. La pédagogie sur écran ne fera pas reculer le phénomène de reproduction sociale. Lutter vraiment contre les inégalités, ce n’est pas fournir des tablettes, mais offrir des cours de violon, de théâtre…

La technologie elle-même n’est jamais remise en question, c’est toujours la faute de son environnement.

— Une technologie chasse l’autre, les lanternes magiques d’Alfred Molteni, le cinématographe et les « machines à enseigner », etc. Les excuses sont toujours les mêmes : c’est parce qu’on n’a pas déployé assez vite, assez fort, que les profs n’ont pas été assez formés, qu’on n’a pas mis assez de contenu à disposition… Aujourd’hui, on est convaincu que cela marchera puisque les ressources numériques sont illimitées, comme si l’échec scolaire pouvait être associé à la pauvreté des manuels ! La voie de l’équipement en matériel est toujours privilégiée. Mais cette approche, qui consiste à installer voire imposer une technologie, puis à chercher ensuite à quels problèmes d’éducation elle pourrait bien servir, a systématiquement échoué.

Quels citoyens l’école numérique forme-t-elle ?

— On n’apprend plus de leçons par cœur, mais on accepte de sous-traiter sa connaissance et sa culture aux moteurs de recherche. Les promoteurs du numérique parlent de « faire tomber les murs de l’école », d’« habiter le monde ». Mais avant, il faut peut-être partir d’une base stable, d’une connaissance solide, commencer par comprendre son territoire. L’école numérique, c’est un projet de déconnexion toujours plus grande de l’homme d’avec son milieu naturel. Nous allons élever des enfants « hors-sol », comme nos tomates insipides ! Avec le numérique, on ne promeut plus l’effort : face au découragement, l’école doit devenir ludique, gamifiée, l’enseignement doit être fun, les profs sympas. On ne laisse plus de place au hasard, à l’ennui, à l’apprentissage de la patience, de la lenteur, de la réflexion : tout doit devenir rapide, efficace, on veut tout, et tout de suite. L’école doit se consommer, comme le reste. Et tant pis pour les futurs poètes que l’ennui guidait parfois vers le ballet des feuilles d’automne. L’école moderne doit former des cadres ou des chauffeurs « uberisés », pas des poètes.

L’école deviendrait même nocive…

— La surconsommation d’écrans entraîne une dépendance, des troubles du sommeil, de l’hyperactivité, un sentiment de mal-être. Les enfants sont déjà hyperconnectés, dans une sursollicitation permanente, et l’Éducation nationale veut encore ajouter du temps d’écran ? L’école valide, alors pourquoi les parents s’inquiéteraient ? Cela crée même un besoin. Par crainte que leur enfant ne soit pénalisé, les parents achètent des ordinateurs, imprimantes, tablettes… La prescription technologique est très forte.

C’est un juteux marché…

— Derrière ce siècle de technologies à l’école, il y a toujours les fabricants. Aujourd’hui c’est Microsoft et ses logiciels. L’équipement en tablettes pour tous les lycéens et collégiens, cela représente jusqu’à 13 % du marché français. L’élite politique, en proie à la tyrannie des tests de performance et des comparaisons internationales, craignant de paraître ronchonne ou grincheuse, ne s’oppose pas, par définition, à la modernité, à l’école du XXIe siècle. Mais d’un côté, on éduque nos enfants au développement durable et de l’autre, on leur met entre les mains des objets qui deviendront des déchets électroniques ingérables dans trois ans. Car l’empreinte écologique du numérique est forte, loin de l’illusion d’immatérialité. Avec les milliards d’euros du plan numérique, on pourrait créer des postes d’enseignant, ou augmenter leur salaire, acheter des instruments de musique, du matériel artistique…

Il faut aussi comprendre les parents, angoissés par le chômage des jeunes.

— Oui, mais est-ce en leur donnant des cours de programmation en primaire qu’on inscrira mieux les jeunes dans le monde de demain, numérisé, globalisé, précarisé ? Qui est capable de dire à quoi ressemblera le numérique dans quinze ans ? Je sais utiliser un ordinateur et Internet alors que je n’en avais pas au collège. Ce n’est pas très compliqué d’apprendre tout ça sur le tard. C’est beaucoup plus difficile pour l’orthographe et la grammaire. Ne pas savoir lire correctement avant 25 ans risque de faire rater un certain nombre d’opportunités. Et la prise de notes manuscrites permet de consigner des idées, de mémoriser, de reformuler avec ses propres mots quand le clavier incite à la paraphrase.

Le métier d’enseignant a-t-il changé avec le numérique ?

— Les profs doivent trouver des vidéos sur Internet et les télécharger, installer le matériel, le faire marcher, remplir le cahier de textes électroniques, enregistrer les cours pour les vidéos de « classes inversées ». Ils deviennent des robots qui cochent des cases sur des logiciels. Leurs outils de travail se sont dématérialisés, leur vie professionnelle jargonisée. Et encore, ce n’est que le début. Bientôt les élèves auront accès au cours de n’importe où et pourront communiquer en temps réel avec leur enseignant. L’horizon, c’est de ne plus jamais débrancher. La question de la productivité des professeurs a toujours été sous-jacente au déploiement de la technologie à l’école. Dès les années 1910, aux États-Unis, les disciples de Frederick Taylor sont envoyés dans les classes, chronomètre en main, tandis que de son côté, Thomas Edison promet de passer à « 100 % d’efficacité » avec les films éducatifs, contre 2 % pour les livres… Les textes officiels, prudents aujourd’hui, soulignent le rôle formidable des profs, devenus « catalyseurs d’intelligence collective », transformés en ingénieurs pédagogiques. Mais il est déjà envisagé, à terme, de rééquilibrer cyberapprentissage et présentiel, c’est-à-dire de mettre moins de profs et des cours sur ordinateur. Dans les pensionnats huppés de Suisse, aux États-Unis ou en Angleterre, c’est le contraire : il y a plus de profs par élève que dans nos écoles de la République.

L’école est tout de même utile pour apprendre aux élèves à déjouer les manipulations du Web, le complotisme…

— Nous ne contestons pas qu’il faille éduquer AU numérique. Mais là, il est question d’éduquer PAR le numérique, la pédagogie est bousculée dans l’ensemble des matières.

Il faudrait revenir en arrière ?

 — Non, il s’agit de découpler numérique et innovation, réinventer une école libérée des écrans. Les enseignants doivent reprendre confiance dans leur supériorité sur la machine. Ce sont eux, les vraies « ressources illimitées », pas les logiciels de Microsoft et Google !

À quoi ressemble votre école sans écran ?

— Elle assure les fondamentaux au lieu de proposer une scolarité papillonnante — à l’image de notre société du « multitâches ». C’est une école où l’on retrouve le goût de l’effort, lieu d’apprentissage de savoirs parfois barbants, et pas seulement un lieu magique de découverte. Parfois même, on s’ennuie un peu, on lit des livres en papier et l’informatique est une matière comme une autre, pas un vecteur pédagogique, enseigné à partir du lycée seulement. Cette école re-missionnerait les familles sur l’éducation. Nos enfants ne sont pas des « natifs du numérique » : ils n’ont pas un portable à l’oreille en naissant et ne parlent pas naturellement le langage texto. On ne naît pas numérique, on le devient ! C’est nous, les parents, et bientôt l’institution scolaire, qui leur transmettons notre dépendance.


Le désastre de l’école numérique : Plaidoyer pour une école sans écrans
de Philippe Bihouix (Auteur), Karine Mauvilly-Graton
publié aux éditions du Seuil
à Paris
le 25 août 2016
230 pages
ISBN-10 : 2 021 319 180

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France — Que peut l'école ?

Confrontation inédite, courtoise et en direct d’un professeur de lettres classiques et de son ministre, Jean-Michel Blanquer, réunis dans le studio de Répliques.

Augustin d’Humières est professeur de lettres classiques.

En 2009 il faisait paraître un livre en collaboration avec Marion van Renterghem et dont le titre annonce la belle couleur :  Homère et Shakespeare en banlieue.

Cette année il publie Un Petit Fonctionnaire et le petit fonctionnaire c’est lui. Et il fait face en ce moment, dans un studio de Radio France au Ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Cela n’arrive pas tous les jours. Alors profitons-en. Qu’avez vous à dire à votre ministre de tutelle ? Quelles suppliques ou quel conseil avez-vous à lui adresser ? L'émission est animée par Alain Finkielkraut.




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samedi 11 novembre 2017

Bobard — Erreurs sur les Croix-de-feu (un parti d'« extrême droite » des années 30)

Dans son numéro d’avril-mai 2017, GÉO Histoire (Groupe Bertelsmann, allemand) publiait un numéro à l’extrême droite française (1870-1984, cela permet d’inclure le Front national). C’est un classique : les élections approchaient, il fallait donc lutter contre toute tentation. À notre avis, ce numéro de belle facture amalgame dans l’extrême-droite un peu tous les mouvements radicaux passant des Croix-de-Feu, aux Boulangistes pour aller jusqu’à des figures comme l’ancien ouvrier métallurgiste Jacques Doriot, anticolonialiste et... communiste dans les années 30 qui devait plus tard collaborer avec les Allemands, eux-mêmes nationaux-socialistes.

Le numéro d’octobre-novembre 2017 est lui consacré à l’Iran et aux émeutes raciales de 1917 dans le Sud des États-Unis. Pas le centenaire de la révolution bolchevique d’octobre 1917...

Or, dans le numéro d’avril-mai, la revue illustre un de ses articles sur les Croix-de-Feu par la photo ci-dessous. GÉO Histoire prétend que cette image montre des Fils et Filles de Croix-de-Feu défilent à Paris. L’article de GÉO Histoire prétend aussi que le service d’ordre des Croix-de-feu avait l’allure d’une milice, utilisait le salut fasciste et que, lors des émeutes très violentes du 6 février 1934, les manifestants des Croix-de-Feu auraient convergé vers le cœur de l’émeute de la Concorde. Bref, comme le dit la légende de GÉO,  « leurs parades ont contribué à assimiler les ligues au fascisme et aux jeunesses hitlériennes ». Ce n’est donc pas GÉO qui fait de l’amalgame, mais les Croix-de-Feu qui sont coupables de cette assimilation.

En réalité, le chef des Croix-de-Feu, le colonel de La Rocque refusa le coup de force. À son appel, les Croix-de-feu se disperseront rapidement. Bien que proches du palais Bourbon, siège de la Chambre des députés, ils se refusent à occuper celui-ci. Par la suite, la manifestation tourna à l’émeute sur la place de la Concorde, faisant au minimum 15 morts (dont 14 parmi les manifestants), 31 voire 37 morts si l’on compte les décès ultérieurs, et plus de 2 000 blessés.


Une erreur du Berliner Verlag et de l’agence Alamy

GEO n’est pas seul à commettre cette erreur. Le Berliner Verlag indique même que la photo aurait été prise à Paris en 1936. Selon la végétation, en été donc. Or les Croix-de-feu furent dissoutes par le Front Populaire en juin 1936.



Or, c’est faux !

La photo n’a rien à voir avec les Croix-de-feu et ce n’est pas la seule erreur dans ce numéro. Il s’agirait plutôt d’une photographie prise en Europe centrale... Le Géo de ce mois a donc dû publier un rectificatif (en petits caractères), la revue en profite pour corriger d’autres erreurs qui lui permettaient de déclarer « leurs parades ont contribué à assimiler les ligues au fascisme et aux jeunesses hitlériennes » : les Croix-de-Feu avaient interdit le salut fasciste dans leurs défilés, elles n’avaient pas l’allure d’une milice (ni armes ni uniformes). Et l’uniforme des enfants des Croix-de-feu ressemblait à ceux des autres mouvements de jeunesse non fascistes comme les scouts et les guides, etc.



Qui étaient les Croix-de-Feu ?

Les Croix-de-Feu sont l’Association des combattants de l’avant et des blessés de guerre cités pour action d’éclat (1927-1936), Il s’agissait d’un mouvement d’anciens combattants français dirigé par le colonel François de La Rocque. Rappelons ce qui animait le parti du colonel La Rocque :
  • Droit de regard de l’ouvrier sur la gestion de l’entreprise.
  • Profession organisée : coopération des industries par type d’activité et réunion des travailleurs par branches.
  • Association capital-travail
  • Salaire minimum.
  • Congés payés.
  • Veille de la qualité des loisirs populaires.
  • Vote des femmes.
  • Réforme des procédés de travail parlementaire.

Dans son étude fouillée sur le mouvement, l’historien toulousain Guillaume Gros annonce le chiffre de 500 000 adhérents au mouvement des Croix-de-Feu.

La Rocque passe chez ses opposants pour l’incarnation du fascisme français, en dépit d’une hostilité affirmée et répétée à l’antisémitisme et au nazisme : sa défense de la nation française primait pour lui devant tout autre type d’idées, spécialement si elles provenaient de l’étranger. L’antisémitisme observé au sein de sections du Parti Social Français, en particulier en Alsace et Moselle et en Algérie aurait été chaque fois condamné dans les termes les plus fermes par le colonel de La Rocque. Selon de nombreuses sources, notamment René Rémond et les auteurs du rapport parlementaire sur le service d'ordre du Front National en 1999, cette accusation, encore relayée de nos jours par ceux qui affirment qu’un fascisme français a existé dans les années 1930, est fausse. Le mouvement Croix-de-Feu n’a jamais été mû par une idéologie fasciste et La Rocque dénonçait d’ailleurs la religion d’État, le racisme et la lutte des classes comme les principaux obstacles à la « réconciliation nationale » tant souhaitée (discours du 23 mai 1936).

Le Grand Rabbin Jacob Kaplan, encore profondément marqué par la Première Guerre mondiale, organise le 14 juin 1936 avec les Croix-de-feu une cérémonie religieuse à la mémoire des anciens combattants juifs, faisant suite aux cérémonies organisées chaque année depuis 1933. Pour cela, il sera très critiqué par la LICA (Ligue internationale contre l’antisémitisme), et par de nombreux intellectuels de gauche. D’autre part, La Rocque sera attaqué par l’extrême droite, qui l’accusera d’être l’allié de la communauté juive.

Cela n’empêcha bien sûr pas le Front Populaire (socialistes, radicaux et communistes) de dissoudre les Croix-de-feu par un décret pris en conseil des ministres le 18 juin 1936, malgré un sursis du Conseil d’État. Et ceci en dépit du républicanisme des Croix-de-feu qui contrastait avec la plupart des ligues d’extrême droite réactionnaires ou fascisantes, dont La Rocque réprouvait l’activisme et l’anti-républicanisme systématique. La capacité du mouvement à mobiliser des foules nombreuses et organisées et le programme d’action sociale, très proche de celui du Front populaire, pouvaient séduire de nombreux militants parmi la classe ouvrière.



vendredi 10 novembre 2017

France — La droite conservatrice se trompe-t-elle au sujet de Blanquer ?

Ancien inspecteur d’académie et spécialiste de l’Éducation nationale, Laurent Wetzel démontre les failles, textes à l’appui, du ministre Jean-Michel Blanquer. Pour Laurent Wetzel, le ministre d’Emmanuel Macron ne mérite pas les lauriers que lui tresse la quasi totalité de la droite française.