mercredi 4 octobre 2023

Colombie-Britannique — Employeurs obtiennent 5 000 $ de plus si les apprentis "s'identifient" à un "groupe méritant l'équité"

L'incitation financée par le gouvernement fédéral est doublée si les apprentis du bâtiment déclarent être membres d'un "groupe méritant l'équité".

Les entreprises de construction de la Colombie-Britannique qui embauchent des apprentis qui s'identifient comme n'étant pas des hommes blancs, hétérosexuels et sans handicap recevront le double d'une nouvelle mesure incitative du gouvernement, soit 10 000 $ pour la première année d'emploi.
 


Le programme Apprenticeship Services de 10 millions de dollars, proposé par la B.C. Construction Association (BCCA) et annoncé le 27 septembre, offre des incitations financières aux petites et moyennes entreprises de construction qui embauchent et inscrivent des apprentis de première année dans un maximum de 39 métiers du Sceau rouge.

Le financement de ce que la BCCA appelle la "plus vaste campagne d'apprentissage des métiers de la construction jamais entreprise en Colombie-Britannique" s'inscrit dans le cadre de la Stratégie canadienne pour l'apprentissage du gouvernement fédéral, qui a été lancée en septembre 2022. 

Depuis lors, le projet a émis des incitations financières pour l'embauche et l'enregistrement de 1 329 apprentis et a envoyé des paiements à plus de 700 employeurs.

La BCCA versera aux employeurs 5 000 $ pour chaque apprenti de première année qu'ils inscrivent dans l'un des métiers admissibles au Sceau rouge. Toutefois, si un candidat s'identifie comme une femme, une personne handicapée, un autochtone, un Canadien racialisé ou un membre de la communauté 2SLGBTQI+, l'incitation est doublée et passe à 10 000 dollars.

Les employeurs peuvent inscrire jusqu'à deux apprentis de première année avant le 31 mars 2024.

Jusqu'à présent, 51 % des apprentis participant au projet se sont déclarés membres d'un "groupe méritant l'équité", selon un communiqué de la BCCA.


mardi 3 octobre 2023

Immigration — La Suède demande à son armée d'aider la police à lutter contre les bandes criminelles (m à j vidéo)


Billet du 30 septembre

Une vague sans précédent de meurtres imputés au trafic de drogue conduit le Premier ministre à envisager de faire appel aux forces armées.

La Suède a demandé à son armée d’aider la police à lutter contre la criminalité des gangs, à la suite d’une forte augmentation des fusillades meurtrières et des attentats à la bombe dans le pays scandinave.

Ulf Kristersson, le Premier ministre de centre-droit, a déclaré, à l’issue d’une réunion qui s’est tenue vendredi avec le chef des forces de défense et de police suédoises, qu’il demanderait la semaine prochaine à l’armée de l’aider.

Il envisage également de modifier la loi pour permettre aux forces armées d’apporter une aide encore plus importante.

 


« Je ne saurais trop insister sur la gravité de la situation. La Suède n’a jamais rien vu de tel auparavant. Aucun autre pays d’Europe ne connaît une telle situation », a déclaré M. Kristersson lors d’une allocution télévisée à la nation dans la nuit de jeudi à vendredi.

Les chefs de la police ont déclaré que la Suède était confrontée à la situation la plus grave en matière de sécurité intérieure depuis la Seconde Guerre mondiale, les gangs d’immigrés se livrant à un conflit sanglant.

La police pense que les gangs utilisent de plus en plus d’enfants pour commettre leurs crimes, car les moins de 18 ans restent souvent impunis ou sont condamnés à de faibles peines par les tribunaux.

L’année dernière a déjà établi un record pour le nombre de fusillades mortelles en Suède, et ce mois de septembre est en passe de devenir le pire mois depuis que l’on tient des statistiques.

« C’est la naïveté et l’inconscience politiques qui nous ont conduits là où nous sommes », a déclaré le Premier ministre suédois. « Ce sont les politiques d’immigration irresponsables et l’échec de l’intégration qui nous ont conduits ici. »

« L’exclusion sociale et les sociétés parallèles nourrissent les gangs criminels. Ils peuvent y recruter sans pitié des enfants et les former pour qu’ils deviennent de futurs tueurs », a-t-il ajouté.
 
La police sur les lieux d’une fusillade qui a fait un mort et un blessé à Jordbro, au sud de Stockholm, aux premières heures de jeudi, une attaque liée à la guerre des gangs

Marseille : L’inquiétante soumission des écoles dites catholiques


Les écoles catholiques proposent de plus en plus de menus sans porc


Le 27 août dernier, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse fraîchement nommé, Gabriel Attal, annonçait au journal télévisé de TF1 que les abayas et les qamis seraient désormais interdits à l’école. Une décision qui a mis en exergue tout le problème de la laïcité en France et plus particulièrement dans le milieu scolaire. La variété des réactions qu’a suscitée cette loi a montré que s’il est facile de s’opposer à ce qui est clairement religieux, pour ce qui l’est sans l’être, c’est bien plus compliqué. Une complexité retrouvée sur les plateaux de cantine des élèves de la deuxième ville de France où le service de plats sans porc est de plus en plus courant.

C’est le cas dans le public, comme dans le privé, les écoles catholiques ne faisant pas exception. Dans une école privée catholique du centre-ville de Marseille, Scolarest, la société de restauration en charge des repas des demi-pensionnaires, proposait courant septembre des pâtes à la « sauce carbonara sans porc ». Un intitulé qui a divisé les parents d’élèves. Si certains ne voyaient pas le problème parce que « c’est juste un menu de cantine », d’autres s’en sont plaints. « Je ne trouve pas ça normal qu’il n’y ait pas de porc à la cantine. Même dans le public il y en a et ceux qui n’en mangent pas ont, pour l’occasion, un repas végétarien. Je ne comprends pas pourquoi cela ne se passe pas de la même manière », confie un père de famille.

Même son de cloche pour une mère qui « refuse que ses enfants soient privés de porc ». Pourtant, ils le sont, comme dans bien d’autres écoles. Le site de l’enseignement catholique fait d’ailleurs l’éloge d’une école grande ouverte située dans le quartier de Belsunce et se réjouit que « la cantine de Saint Théophile propose des menus sans porc ». Une ouverture pour les enfants qui ne mangent pas de porc mais pas pour tous ceux qui ont une autre restriction alimentaire (gluten, lait, œuf…) puisque ces derniers doivent apporter leur propre repas. Un deux poids, deux mesures troublant.

Des directives serviles
 
D’autant plus qu’il n’y a pas que dans les assiettes que les musulmans ont un statut particulier. C’est au quotidien qu’élèves et parents doivent être traités différemment par les chefs d’établissement. Dans un document intitulé Musulmans en École catholique, édité par l’enseignement catholique et préfacé par Mgr Michel Santier, évêque de Créteil et président du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France, ils sont appelés à gérer les éventuels problèmes avec beaucoup de prudence voire de soumission.

Le dossier de 106 pages donne des exemples de situations ainsi que la réaction qui serait la plus appropriée pour la gérer. Premier cas de figure dans la fiche intitulée Rencontre avec un parent d’élève : « Dans une école primaire, suite à un problème de violence (une chaise lancée dans la classe) des enseignants (un homme et une femme) convoquent le père d’un élève musulman. Au cours de l’entretien, lorsque l’enseignante s’exprime, le parent se détourne. À l’inverse, quand l’enseignant lui parle, le père de l’enfant entre dans l’échange. »

Dans ce cas, il est préconisé de « favoriser le dialogue entre l’enseignant et le parent » pour « rester en relation ». Enfin, si cela ne suffit pas, les proviseurs sont invités à faire appel à « une compétence musulmane ». En plus de reconnaître son impuissance vis-à-vis de certains élèves de confession musulmane, l’enseignement catholique entérine lui-même son infériorité face à une entité religieuse extérieure.

La mission de l’école catholique est, certes, d’accueillir « tous les enfants sans distinction d’origine, d’opinion ou de croyances », comme précisé dans l’article 442-1 du code de l’éducation mais ce, « en conservant son caractère propre ». Or, il est désormais demandé aux proviseurs de ne pas faire de vague. L’école catholique permet à l’islam de prendre de plus en plus de place en ses murs. Aujourd’hui, ce phénomène passe par des menus sans porc et l’acceptation du déni d’autorité lorsque le directeur est une directrice mais qu’en sera-t-il demain ?

Source : Valeurs actuelles

France — « Du bon milk de chez nous »...

Emplacements de French Touch et French Fab lors de l’inauguration de l’exposition « Made in France » organisée au Palais de l’Élysée, à Paris, le 2 juillet 2021

« Don’t oublie ton little plaisir dans ta crazy journée. » (1) Vous n’avez pas tout saisi ? C’est le slogan amphigourique de la nouvelle gamme de boissons au café de la marque Candia, alliée à Columbus Café. Deux entreprises françaises qui se targuent d’utiliser du « bon milk from chez nous » (2), flanqué d’un drapeau tricolore. Pour ceux qui préfèrent le pastis, il y a Ricard, « born to be mélangé », « sous le sun », à Marseille. Sinon, au « Family village », un centre commercial de Nîmes, « on a plein de bons plans for you »… Des politiques avides de « feedback » et de « quick win », des « managers » qui veillent au « team-building » en « open space », des élus locaux qui se gargarisent de jeux de mots comme « Sarthe Me Up », ou « Oh My Lot » : la langue française serait-elle trop « has been » dans notre « start-up nation » ?

Les élites de la nation n’échappent pas à ces travers. « On entend fréquemment le président de la République et les membres du gouvernement recourir à l’usage de néologismes et d’anglicismes souvent issus des technologies, font remarquer les membres du CEP. On est en de s’interroger sur ce que représente la communication lorsqu’elle fait le choix de n’être pas parfaitement comprise par “les gens”, à moins qu’il ne s’agisse de masquer une absence de réel contenu. Le recours à l’anglais “globish” ne permettrait-il justement pas de dire sans rien dire, voire de se distinguer sans n’exprimer aucun concept ? »


En février 2022, le rapport de l’Académie française, sous-titré « pour que les institutions parlent français », déplorait l’essor du franglais dans la communication institutionnelle, pointant un risque de fracture sociale et générationnelle. Le CEP, lui, recommande d’« impliquer tous les niveaux de la société : l’état, les élites jusqu’aux universités et écoles », et de « mobiliser les consommateurs ». Car ces derniers se montrent assez agacés : selon une étude du Crédoc datant de 2022, un Français sur deux se déclare hostile aux messages publicitaires en anglais, et sept sur dix estiment que l’emploi de l’anglais dans la publicité peut gêner leur compréhension des messages. Deux Français sur trois ont même déjà renoncé à acheter des produits dont les notices ou compositions n’étaient pas traduites en français. Et neuf citoyens sur dix estiment indispensable que les services publics emploient systématiquement la langue française avec les usagers.

Des acronymes anglais sont apparus, sur les réseaux sociaux notamment, comme « DIY, Do it yourself ». Faux est devenu « fake », un foyer, un « cluster », un mélange, un « mix »… « L’usage de formes hybrides est particulièrement fréquent, ni anglaises ni françaises, sortes de “chimères” lexicales composites assez indéfinissables, relève encore le rapport l’Académie française. L’entrée quasi immédiate dans la vie publique de mots anglais ou supposés tels, via les moyens de diffusion de masse, sans adaptation aux caractéristiques morphologiques et syntaxiques du français, conduit à une saturation, d’autant que nombre d’anglicismes sont employés en lieu et place de mots ou d’expressions français existants avec pour conséquence immanquable l’effacement progressif des équivalents français. »

En 2022, en lien avec l’académie, la Commission d’enrichissement de la langue française avait élaboré plus de 200 termes français pour remplacer certains mots empruntés à l’anglais. Elle vient d’en publier une nouvelle liste. Mais qui osera utiliser l’expression « service de rattrapage » à la place de « replay », « semaine de la mode » lors des défilés des grands couturiers [pourtant cela semble évident et en rien plouc], ou « coup d’effroi » dans un film à suspense ?

« L’anglicisation croissante de l’espace public et de la communication, le développement des anglicismes dans le secteur économique et au sein de l’état, mais aussi la nouvelle carte nationale d’identité bilingue »… Les thèmes abordés par les questions écrites adressées au gouvernement depuis 2018 montrent que « la langue française, ciment de la société, est un sujet sensible chez nombre de nos concitoyens », abonde le dernier rapport au Parlement sur la langue française, rédigé par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. « Étant extrêmement sollicités », les dirigeants de la société Candia — ni ceux de Columbus Café, ni ceux de Ricard — n’ont pas souhaité expliquer leurs choix au Figaro. Savent-ils qu’à l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), 80 % des plaintes concernent la thématique « anglicismes ou abus de termes étrangers » ? L’an dernier, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a procédé à 3 314 contrôles sur l’emploi de la langue française : 579 manquements ont été constatés, et 54 procès-verbaux pénaux ont été dressés.

À la veille de l’ouverture de la Cité internationale de la langue française dans le château restauré de Villers-Cotterêts — le 19 octobre —, le collectif Oser le français, qui regroupe sept associations, prépare une nouvelle salve d’actions contentieuses en s’appuyant sur la loi Toubon, votée en 1994 pour protéger le patrimoine linguistique français. « La Poste et sa “pickup station”, le “Cheese festival” subventionné par la région Auvergnedroit Rhône-Alpes… Nous allons lancer une quinzaine de nouvelles requêtes, détaille Louis Maisonneuve, coordinateur du collectif. Figurez-vous que l’avocat du maire de Nice, attaqué pour son #Ilovenice, répond, dans son mémoire en défense, que cette expression ne constitue pas une “inscription en langue étrangère” mais “une suite ininterrompue de symboles et de lettres formant un ensemble indivisible qui ne forme aucun mot dans quelque langue que ce soit” ! La langue française n’est plus seulement défigurée par l’invasion de termes et tournures syntaxiques anglo-américaines. C’est son usage même qui est mis en cause. La pente s’accentue, qui nous conduit vers un bilinguisme aussi injustifiable que suicidaire. » Un groupe de réflexion parlementaire sur le sujet doit se constituer en octobre, autour du député (LIOT) Guy Bricout et du sénateur (PS) Jean-Pierre Sueur.

De son côté, l’association Francophonie Avenir (Afrav) a obtenu fin 2022 du tribunal administratif qu’il enjoigne au ministère de la Santé de retirer l’expression « Health Data Hub » de tous ses supports de communication destinés au public français, pour utiliser à la place l’appellation « plateforme des données de santé ». Dans son collimateur se trouvent également la French Tech ou la marque déposée « Choose France », inspirée du sommet annuel éponyme, qui doit être employée par l’ensemble de nos ambassades, y compris dans les pays d’Afrique francophone… « Le reniement systématique, au plus haut sommet de l’État, des dispositions linguistiques de notre Constitution, de la loi Toubon et, plus généralement, de l’ordonnance de Villers-Cotterêts qui régit, depuis 1539, l’obligation d’utilisation de la seule langue française dans les relations des autorités avec la population française comme à l’international, ne fait que consacrer l’effacement, chaque jour un peu plus net, de la culture française et de sa langue, jadis respectée comme langue de référence de la diplomatie », s’indigne l’Afrav.

Fustigeant un slogan « pour pizzas », l’Académie française et plusieurs associations de défense de la langue avaient obtenu, en 2017, que « Made for sharing » (3), choisi pour accompagner la candidature de Paris aux JO 2024, soit remplacé par la formule « Ouvrons grand les Jeux ». Mais en 2020, le Conseil d’État avait autorisé l’emploi de la marque territoriale « Let’s Grau » par la commune du Grau-du-roi. Ouvrant ainsi « la voie à un développement accru des slogans publics en anglais », fait remarquer le rapport au Parlement sur la langue française, et mettant « en évidence la nécessité de remédier à certaines ambiguïtés rédactionnelles de la loi ».

Le plus préoccupant, souligne Paul de Sinety, délégué général à la langue française, « c’est l’accélération et la massification du processus, tout à fait inédites, au point de bousculer parfois la maîtrise des règles de syntaxe ». « Quel usage les nouvelles générations vont-elles faire de ces termes franglais — ni complètement français, ni complètement anglais — qui foisonnent aujourd’hui dans l’espace public, alors que la maîtrise du français et de ses règles est devenue un enjeu national à l’école ?, s’interroge-t-il. La France, toutefois, résiste bien davantage que les autres pays d’Europe : nous avons la chance d’être dotés d’un cadre légal qui garantit dans de nombreux domaines de la vie quotidienne l’emploi de notre langue, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité à la consommation ou de santé publique. Les professionnels de la communication doivent nous aider à relever ce défi. Car la langue est un objet éminemment politique. En France, elle participe à la cohésion de notre société. Et chacun d’entre nous en a la responsabilité. »


(1) « N’oublie pas ton petit plaisir dans ta folle journée. »

(2) « Au bon lait de chez nous. »

(3) « Fait pour partager. »

Source : Le Figaro

Immigration, les classes d’accueil mobilisent l’équivalent de 1000 classes au primaire et au secondaire au Québec

Les nouveaux arrivants, il faut les soigner, envoyer leurs poupons dans des garderies, leurs enfants dans des écoles. 

Au Québec seulement, les classes d’accueil mobilisent l’équivalent de 1000 classes au primaire et au secondaire. 

Mais c’est tabou d’en parler. Le concept de “capacité d’accueil” serait même xénophobe. 

Or, la firme de sondage Abacus publiait récemment un sondage dans lequel on apprenait que 61 % des Canadiens trouvent que la cible de 500 000 immigrants en 2025 est trop élevée. C’est un revirement de tendance complet par rapport à l’an dernier. Imaginez s’ils avaient su que c’était plutôt 1,2 M. 

Surtout, libéraux, conservateurs, néo-démocrates, ce constat transcende les lignes partisanes. 

Elle est là la lumière rouge. 

Le projet d’un Canada voué à une immigration débridée est celui des élites. Le clivage avec le reste de la population est sans équivoque. 

Si la classe politique continue de l’ignorer, le ressac sera inévitable. Et c’est l’un des plus beaux piliers de notre société qui se verra ainsi sacrifié sur l’autel d’une utopie déconnectée de la réalité. 

Source: Journal de Montréal



lundi 2 octobre 2023

Prof. Marc Termote (UdeM, démographe) — L'immigration n'a d'impact positif ni sur la richesse ni sur le vieillissement

« À Montréal, les francophones ont en moyenne 1,1 enfant/femme, c’est la moitié de ce qui est nécessaire pour simplement garder constant le nombre de locuteurs. »

Le professeur Termote est très politiquement correct, mais essentiellement pessimiste quant au français à Montréal pour deux raisons : la très forte sous-fécondité des francophones de Montréal (il ne préconise aucune mesure nataliste, aucune valorisation de valeurs natalistes dans la société) et le fait que le français ne bénéficie pas du principe de territorialisation au Québec (on peut y parler la langue qu'on choisit : l'anglais ou le français) alors que dans d'autres pays et cela même dans des communautés infranationales, comme la Flandre en Belgique, la langue locale est parlée par tous parce qu'elle s'impose à tous (l'administration ne parle que la langue du territoire, les écoles ne sont que dans l'unique langue du territoire, etc.) En conséquence, le finnois n’est pas menacé en Finlande ni le néerlandais en Flandre belge.

 L’intervention au complet :



 
 
Voir aussi

Étude — L’immigration de masse aurait appauvri les Canadiens (PIB/habitant)

Pénurie de la main-d’œuvre et immigration — attention aux sophismes

La nouvelle inquisition qui se diffuse et se répand, avec Nora Bussigny et Samuel Fitoussi

Avec Nora Bussigny, journaliste et autrice des Nouveaux Inquisiteurs (ed. Albin Michel) et Samuel Fitoussi, auteur de Woke Fiction (ed. Le Cherche-Midi).

On notera lors de ces échanges des avis divergents sur Barbie (Barbie, un film de propagande néoféministe et misandre ? ).

dimanche 1 octobre 2023

Cour de « justice » européenne interdit de refouler les immigrants qui traverse illégalement la frontière

Immigration : entre les intérêts de la France et la jurisprudence européenne, il faut choisir 
 
Texte de Jean-Éric Schoettl paru dans Le Figaro. Les décisions successives de la Cour européenne des droits de l’homme (Cedh) et, plus récemment, de la Cour de justice de l’union européenne (CJUE) entravent la capacité des États à endiguer les flux migratoires, analyse l’ancien secrétaire général du Conseil constitutionnel. M. Schoettl est auteur de « La Démocratie au péril des prétoires » (Gallimard, coll. « Le Débat », 2022).

Il y a quelques jours, le ministre de l’intérieur annonçait un renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne, notamment pour empêcher les franchissements irréguliers que laisse prévoir l’arrivée subite d’une dizaine de milliers de migrants en provenance d’Afrique sub-sahélienne sur l’île italienne de Lampedusa.

Concomitamment (le 21 septembre), la Cour de justice de l’union européenne (CJUE), saisie d’une question préjudicielle par le Conseil d’état français, jugeait que, dans des circonstances telles que celles que nous connaissons avec l’afflux massif de migrants illégaux en Italie depuis le début de l’année, « une décision de refus d’entrée pouvait être adoptée sur la base du code frontières Schengen, mais que, en vue de l’éloignement de l’intéressé, les normes et procédures communes prévues par la directive “retour” devaient être respectées ».

Selon la CJUE, la France doit donc, même s’agissant du franchissement irrégulier de la frontière franco-italienne en période d’afflux de migrants, respecter la directive du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 2008 « relative aux normes et procédures communes applicables dans les États membres au retour des ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier ». Cette directive impose que le ressortissant d’un pays tiers en situation irrégulière bénéficie d’un certain délai pour quitter volontairement le territoire. Ne peut donc être refoulé vers l’Italie (ni vers aucun autre pays limitrophe) un ressortissant étranger entré irrégulièrement sur le territoire français. Autrement dit, la France peut « inviter » les migrants franchissant irrégulièrement la frontière franco-italienne à quitter le territoire de la République, mais elle ne peut leur interdire ce franchissement.

« La décision de la Cour vide de sa substance les effets des refus d’entrée », se félicite la directrice de l’association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers, qui fait partie des organisations ayant saisi le Conseil d’état. Dans un communiqué commun, ces dernières exultent :

« Après huit ans de pratiques illégales du gouvernement français en matière de contrôle et d’enfermement des personnes en migration aux frontières intérieures, la CJUE confirme qu’elles sont contraires au droit. » De son côté, le ministre de l’intérieur persiste publiquement à estimer nécessaire, au vu du contexte sécuritaire et de la pression migratoire, le contrôle aux frontières intérieures (italienne et espagnole), rétabli depuis 2015 en vertu d’une clause dérogatoire du code frontières Schengen. Nécessaire sans doute, mais est-il juridiquement possible ?

La décision de la CJUE du 21 septembre parachève une construction juridique progressivement échafaudée par les organes de l’union européenne et ceux du Conseil de l’Europe.

Cet édifice a ouvert toujours plus largement la porte des entrées, restreint toujours davantage les possibilités de refoulement, de rétention et d’éloignement et réduit la politique européenne en matière d’immigration irrégulière à une question de solidarité entre pays membres en vue de relocaliser les migrants.

La boucle est aujourd’hui bouclée : la flottille de migrants arrivant à Lampedusa en provenance de Sfax ne peut être refoulée vers son port d’origine tunisien en vertu de la jurisprudence de la CEDH. Une fois en Italie, selon la jurisprudence de la CJUE, les migrants ne peuvent être retenus, même le temps d’examiner leur situation au regard du droit d’asile. Ils sont donc libres de se déplacer vers le nord, jusqu’à la frontière française. Enfin, comme vient de le juger la CJUE, ils n’auront pas à craindre d’être refoulés en franchissant la frontière.

Le ministre de l’intérieur a certes tenu un discours ferme sur le maintien du contrôle de la frontière franco-italienne. Mais les paroles ne suffisent pas. L’exécutif français (et pas seulement M. Darmanin) doit choisir entre mettre effectivement en œuvre ce qu’il estime nécessaire aux intérêts supérieurs de la nation ou se plier à la jurisprudence de la CJUE. La contradiction ne pourra être masquée par l’habituelle schizophrénie entre propos martiaux et pratiques obligeantes. L’exécutif français est-il prêt à renverser les tables de la loi européenne ? Prêt à affronter - au lendemain des exhortations papales à accueillir inconditionnellement - une levée de boucliers droits-de-l’hommiste venant non seulement de la gauche, des ONG, des médias et des organes de l’union, mais encore d’une partie de sa majorité ? On peut en douter en observant ses atermoiements autour de la loi sur l’immigration.

Il n’est pourtant pas interdit d’imaginer un sursaut. Il se manifeste déjà dans certains pays membres comme le Danemark (dont la politique migratoire restrictive s’est déconnectée du droit de l’union) ou la Grèce (avec la solution hétérodoxe mais efficace appliquée sur l’île de Lesbos). Les pistes ne manquent pas au plan européen : revoir les directives relatives à l’entrée et au séjour des ressortissants des pays tiers dans un sens moins protecteur et plus respectueux des souverainetés nationales (ce n’est pas l’esprit de l’actuelle proposition de refonte de la directive « retour ») ; inclure dans le projet de « pacte européen sur l’asile et l’immigration » la mise en place de « hot spots » fermés, comme à Lesbos ; réviser le système Schengen afin d’assouplir la possibilité, pour un État membre, de reprendre le contrôle de ses frontières ; conditionner drastiquement notre ouverture et nos aides aux pays d’origine et de transit à leur coopération efficace en matière de reprise de leurs ressortissants et de prévention des départs irréguliers ; faire de Frontex une véritable police des frontières ; aligner les règles d’accueil françaises, aujourd’hui les plus facilitantes, sur la moyenne européenne ; limiter le pouvoir juridictionnel en matière migratoire.

Les opinions publiques et, désormais, de plus en plus de responsables politiques des pays membres, y compris dans la mouvance sociale démocrate, s’insurgent contre un droit qui n’est plus compatible avec leurs intérêts vitaux.

Même l’Allemagne renâcle, puisque le gouvernement fédéral envisage de mettre en place des points de contrôle à la frontière avec la Pologne et la République tchèque et qu’il a déclaré subordonner la relocalisation des demandeurs d’asile entrés par l’italie (prévue par le « mécanisme volontaire de solidarité européen ») au respect par ce pays de son obligation de reprendre « ses » demandeurs d’asile conformément au règlement de Dublin de 2013.

Maîtriser les flux migratoires est, pour l’Europe, un impératif existentiel. Il commande une modification des traités (comme il commande en France une révision constitutionnelle ). Il devient en effet chaque jour plus clair que l’Europe ne peut absorber indéfiniment le trop-plein d’une démographie africaine explosive : ses possibilités de loger, de scolariser, de prendre en charge socialement et médicalement, de former, d’employer et d’intégrer des populations sous-qualifiées et culturellement éloignées des nôtres (particulièrement du point de vue de la place de la religion et des femmes dans la cité) sont saturées. Sa capacité à lutter contre les fruits toxiques des ghettos (paupérisation du tissu urbain, violence, délinquance, séparatisme et terrorisme) est quotidiennement prise en défaut. Les équilibres de la société européenne ne résisteraient pas au maintien durable du rythme imprimé aux flux migratoires d’outre méditerranée parles règles juridiques actuelles. Comme le dit Jean-pierre Chevènement (JDD, 11 juin), « l’immigration zéro n’existe pas, l’intégration de peuples entiers non plus ».

samedi 30 septembre 2023

« Unique en son genre » : propagande au musée

Le 17 mai 2023, le Musée de la Civilisation a inauguré l’exposition Unique en son genre, qui propose « une série de contenus afin d’éclairer et favoriser une meilleure compréhension des dynamiques qui sont liées [à l’identité de genre] ». Cette exposition est présentée comme une œuvre éducative visant à ouvrir le dialogue. Cependant, elle se révèle être une véritable propagande. Ariane Beauféray et Laurence Godin-Tremblay, deux doctorantes formées respectivement en science et en philosophie, nous expliquent pourquoi.

Une exposition pour informer?

« Nous sommes un musée de société qui évolue avec celle-ci et qui doit donc rester agile pour suivre cette évolution (et parfois même pour tenter de devancer la société en la “brassant” un peu) », indiquait en 2021 Stéphan La Roche, PDG du Musée de la Civilisation.

Comme les questionnements de genre sont en croissance au Québec, il semble opportun d’y dédier une exposition. Cela correspond par ailleurs à l’une des missions du musée, qui est de « faire connaître l’histoire et les diverses composantes de notre civilisation ». Selon le PDG, le musée mène à bien cette mission en « transmettant des connaissances » et en interpelant l’esprit critique du visiteur grâce à « des points de vue multiples pouvant rejoindre le plus grand nombre ».


Lors de notre visite, nous avons toutefois observé que l’exposition vise plutôt à convaincre le visiteur qu’à l’informer, en imposant un point de vue unique et biaisé sur le genre. Or, il existe un mot pour qualifier une œuvre qui fait la promotion d’une idéologie en présentant une perspective réduite et déformée de la réalité : ce mot est propagande.


Dans ce texte, nous dressons tout d’abord un portrait général de l’exposition, de ses créateurs et de leurs intentions. Puis, nous commentons plusieurs aspects présentés en suivant la chronologie de l’exposition. Nous terminons en proposant une réflexion sur le concept de genre. Bonne visite avec nous!

 

La biologiste Ariane Beauféray s’émerveille des différences sexuelles

 

PREMIÈRE PARTIE
Propos général, origines et intentions

Repentez-vous de votre binarité

Dès l’entrée, l’exposition impose au visiteur ses « vérités ». Elle lui dicte le seul vocabulaire adéquat pour parler de l’expérience humaine et scinde l’identité de tous en cinq composantes (sexe, genre, identité de genre, expression de genre, attirances sexuelle et romantique). Toutes ces composantes se trouveraient sur un continuum, et les médecins « assigneraient » sexe et genre à la naissance.

Puis viennent les exemples concrets : biologie, culture et témoignages illustrent le propos principal. Et ce propos est fort simple : il faut sortir de la binarité imposée par la société. Car « deux catégories, c’est insuffisant! ».


Quitter la binarité et adhérer plutôt au continuum du genre se compare à passer d’une vie en noir et blanc à une vie en couleurs, plus nuancée et plus riche. À la fin de l’exposition, on comprend que délaisser la binarité oblige également à faire disparaitre la masculinité et la féminité. En effet, « malgré les normes sociales qui encadrent l’expression de genre, il n’y a pas de caractéristiques fondamentalement féminines ou fondamentalement masculines. Les caractéristiques sont tout simplement humaines et tout le monde devrait avoir le droit de s’approprier celles qui lui conviennent ».

Il ne reste au fond qu’une seule identité : celle d’être humain.   

Des militants pour créateurs

D’où viennent donc ces déclarations pleines d’assurance? À la scénarisation de l’exposition, on trouve Marie-Philippe Drouin, qui dirige l’organisme Divergenres et qui se dit non-binaire. Et dans le comité scientifique comme dans le comité consultatif de l’exposition, il n’y a quasiment que des activistes LGBTQ+ proposés par GRIS-Québec.

L’exposition n’est donc pas descriptive, et encore moins critique; elle sert une propagande « éducative et trans affirmative » – c’est ainsi que Marie-Philippe Drouin qualifie l’expérience offerte au musée –, qui impose sa loi avec « bienveillance et ouverture ». 

Le militantisme est particulièrement flagrant dans le guide de l’exposition. Il interdit clairement toute remise en question, puisqu’il s’agirait de « micro-agressions ». Remettre en question, c’est agresser; agresser, c’est mal; remettre en question, c’est donc mal. Il faut même aller plus loin, et devenir un allié de la cause LGBTQ+, ce qui implique « d’admettre ses erreurs ». Comment ne pas qualifier de propagande une exposition qui qualifie automatiquement toute opinion contraire d’erreur? 

Cette exposition ferme le dialogue plus qu’elle ne l’ouvre, contrairement à ce que prétend le PDG du Musée. Les quelques personnes qui ont tenté d’entrer en discussion avec des guides ou autre personnel du Musée ont d’ailleurs frappé un mur.

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La politique migratoire massive contribue fortement à la pénurie de logements

Le rythme d’entrée des nouveaux arrivants au pays est tel qu’il devient difficile à soutenir pour le marché immobilier locatif. Au cours des sept premiers mois de l’année, les autorités ont délivré plus de 122 000 nouveaux permis de travail aux résidents temporaires du Québec.
 
La pénurie de logements ne ralentira pas l’an prochain ni dans trois ans, elle risque plutôt de s’aggraver. Et avec elle, la pression à la hausse sur les loyers.

L’une des principales raisons n’a rien à voir avec la spéculation, l’offre de logements ou les normes municipales, mais avec la demande, notamment l'explosion migratoire voulue et planifiée par Ottawa.

L’immigration peut-être un bienfait, selon certains experts. Tout dépend de la nature de celle-ci et du rythme d’entrée des nouveaux arrivants. Or, il devient difficile de soutenir le rythme actuel dans le marché immobilier locatif.
 


Les chiffres épluchés sur l’immigration temporaire sont frappants. L’année 2023 dépassera très nettement 2022, qui était déjà un record.

Pour faire image, ce flot de nouveaux arrivants au Québec en 2023 devrait dépasser la population de la Ville de Sherbrooke (environ 175 000), selon des données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Et la plupart s’installent dans la région de Montréal.

Le président de la Banque Nationale, Laurent Ferreira⁠1, appuyé par son économiste en chef, Stéfane Marion, juge que la forte croissance de la population canadienne nourrie par l’immigration est inflationniste, notamment sur le logement⁠.

Deux phénomènes se conjuguent. Les mises en chantier de logements sont en baisse marquée et l’immigration temporaire explose.


Après un record en 2021, les mises en chantier se sont littéralement dégonflées, avec la hausse des taux d’intérêt. Au Québec, les nouveaux logements locatifs – premier havre des immigrants – se construisent au rythme annualisé de moins de 20 000, actuellement, loin des 48 000 de juin 2021⁠⁠1.

Phénomène semblable dans l’ensemble canadien, quoique moins marqué : le rythme annuel de 95 000 mises en chantier locatif en octobre 2022 a chuté à 81 000 le mois dernier⁠2.

Pendant ce temps, l’arrivée des résidents non permanents s’accélère, si l’on se fie aux permis de travail accordés par Immigration Canada.



Au cours des sept premiers mois de l’année, les autorités ont délivré plus de 122 000 nouveaux permis de travail aux résidents temporaires du Québec.

À ce rythme, le Québec absorberait plus de 200 000 nouveaux travailleurs non permanents en 2023, soit plus du double du record de 2022 (94 195) et trois fois le volume prépandémique de 2019 (70 000). Et encore, il faut ajouter l’accroissement des nouveaux étudiants étrangers.


Pour l’ensemble du Canada, le nombre de permis de travail est aussi en voie de doubler l’année record de 2022, et excédera 1,1 million, si la tendance se maintient. Avec les nouveaux étudiants étrangers, ce chiffre devrait être encore plus élevé.

Bref, la hausse est exponentielle et elle a nécessairement un impact sur le marché immobilier⁠⁠3.

Qu’est-ce qui explique l’explosion ? Impossible d’avoir des réponses précises et rapides d’Immigration Canada. Y a-t-il un mauvais décompte ? Un retard des traitements qui a été comblé ? Un changement réglementaire favorisant le boom ?

L’agence Statistique Canada fera justement le point mercredi matin sur ces résidents non permanents, après discussions avec Immigration Canada et les experts provinciaux. Son avis parle d’un niveau record au premier trimestre de 2023⁠4.

Selon mes recherches, les Ukrainiens, les travailleurs temporaires appelés à soulager la pénurie de main-d’œuvre et les demandeurs d’asile dans les aéroports, entre autres, expliquent la situation. Immigration Canada est aussi plus permissif (voir autre texte).

Quoiqu’il en soit, ce boom d’immigration fait pression sur le marché résidentiel, mais aussi sur les services publics, comme la santé et l’éducation, déjà débordés. Et il laisse craindre qu’il nuise aux objectifs canadiens d’immigration, notamment chez les étudiants étrangers de pays industriels, qui pourraient aller voir ailleurs.

Marocaine d’origine, Me Nadia Barrou, qui a immigré ici il y a une quarantaine d’années, s’inquiète. « Je le dis avec bienveillance, mais c’est démesuré, ce qui se passe. On veut de l’immigration, bien sûr, c’est mon métier. Mais on n’arrive pas à donner notre meilleur, parce qu’il nous manque d’infrastructures d’accueil pour les immigrants et qu’il y a des délais incroyables. On ne tient plus compte de l’angoisse des nouveaux arrivants, qui sont désemparés.

L’afflux peut aussi créer des tensions, éveiller un sentiment anti-immigrant dans la population, qui peine à avoir des services de santé, de garderie et autres.

Nadia Barrou, avocate spécialisée en immigration

Peut-être sera-t-il possible d’amoindrir la pénurie de logements, à un moment donné. Après tout, le flot d’Ukrainiens finira par se tarir, Ottawa pourrait tempérer ses objectifs d’immigration et les autorités pourraient assouplir certaines règles urbanistiques, par exemple en permettant davantage de logements accessoires (sous-sol, cours arrière, cases de stationnement, etc.).

Il faut toutefois faire une croix sur l’abordabilité, m’expliquent des entrepreneurs, en mal de solutions pour réduire leurs coûts, surtout avec le niveau des taux d’intérêt. Un logement neuf de quatre pièces et demie à 1800 $ par mois dans la région de Montréal n’est plus une exception.

D’ailleurs, une récente étude de la SCHL conclut que pour renouer avec les prix abordables des années 2000, la hausse de l’offre de logements devrait être telle qu’il faudrait multiplier par trois la construction de logements au Québec d’ici 2030, à 150 000 mises en chantier par année.

Or, le record québécois de tous les temps est de 74 000, en 1987, et l’industrie vit une pénurie de main-d’œuvre actuellement, rappelons-le.

Oublions la pensée magique, il faudra vivre avec cette nouvelle réalité du logement pendant longtemps…

470 000 résidents non permanents : l'immigration temporaire explose au Québec
 

Et malgré cette forte augmentation de la population, le PIB réel brut baisse
 
L’économie québécoise s’est contractée au deuxième trimestre de façon plus marquée que l’économie canadienne dans son ensemble, a indiqué mardi l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Le produit intérieur brut (PIB) réel du Québec aux prix courants a diminué de 0,5 % par rapport au trimestre précédent, qui l’avait vu grimper de 0,3 %. En données annualisées, le recul au deuxième trimestre s’est établi à 1,9 %. Il s'agit du PIB brut, la chute en termes de PIB par habitant est encore plus forte étant donnée la très forte augmentation de la population.

La contraction économique du deuxième trimestre est notamment attribuable à un recul des dépenses d’investissement, à un ralentissement de l’accumulation des stocks et à une diminution des dépenses de consommation finale, a expliqué l’ISQ dans un communiqué.

Au Canada, l’économie a semblé stagner au deuxième trimestre alors que les investissements en logement ont continué de diminuer, entraînés par la baisse du nombre de constructions neuves. L’économie s’est contractée à un taux annualisé de 0,2 % pour la période d’avril à juin, a indiqué Statistique Canada dans un rapport publié le 1er septembre, un taux plus faible que ce que les experts avaient prévu.

En septembre, le taux de chômage du Canada a augmenté de 0,2 % pour atteindre 5,7 %.

D’où vient l'accroissement rapide de l'immigration ?

Divers facteurs expliquent l’explosion du nombre de résidents non permanents. Parmi eux figure le flot d’Ukrainiens, les travailleurs temporaires et la plus grande permissivité d’Immigration Canada.

Depuis un an, la rareté de main-d’œuvre a incité les entreprises à multiplier les demandes de travailleurs en vertu du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), surtout au Québec.

Le rythme ralentira au cours des prochains mois avec le ralentissement économique, si l’on se fie aux données et observations sur le terrain de la firme spécialisée Auray Sourcing. Tout de même, les demandes des entreprises pour obtenir des permis PTET continuent d’être bien plus fortes qu’avant la pandémie, ce qui est précurseur de l’entrée de nouveaux arrivants dans les prochains mois.

Les Ukrainiens
 
Le boom vient aussi de l’afflux d’Ukrainiens qui ont fui la guerre. Pour leur accorder rapidement des permis de travail, le fédéral a adopté un volet spécifique dans son Programme de mobilité internationale (PMI).

L’effet est clair : au cours des sept premiers mois de 2023, plus de 69 000 Ukrainiens ont reçu leur permis de travail au Canada – une bonne part au Québec – et à ce rythme, le volume dépassera de 50 % celui de 2022.

L’explosion vient aussi des étudiants étrangers qui se trouvent du travail au Canada une fois leur diplôme terminé (les post-diplômes). Le phénomène est en croissance au Québec, mais il est toutefois beaucoup plus important en Ontario, où il représente même 35 % des nouveaux permis de travail des résidents non permanents de 2023, contre 10 % au Québec.

Le contingent d’étudiants indiens, entre autres, est très fort au Canada anglais.

Mais il y a autre chose. La forte croissance vient aussi de l’élargissement, ces derniers mois, des catégories d’immigrants temporaires pour lesquelles le fédéral n’exige plus que soit faite une enquête d’impact sur le marché du travail pour avoir un permis.

Même les serveurs peuvent faire venir leur familles depuis 2023
 
Avant 2023, par exemple, seuls les employés dits « qualifiés » pouvaient faire venir leurs conjoints et enfants au Canada et leur permettre d’obtenir un permis de travail ouvert. Cette exigence du PMI a été élargie à tout type d’emploi, que ce soit serveur ou ingénieur, m’explique l’avocate spécialisée en immigration Nadia Barrou, de Montréal.

Et elle s’applique partout au Canada, même au Québec, sans que le gouvernement Legault ait son mot à dire.

L'afflux massive de « réfugiés » aux aéroports

Autre élément important : une mesure contestée d’Immigration Canada a gonflé d’un coup les demandes d’asile dans les aéroports canadiens ces derniers mois, notamment de ressortissants d’Afrique de l’Ouest, mais aussi de l’Inde, entre autres1.

Et pour nombre d’entre eux, un permis de travail est presque automatiquement accordé, même si le statut de réfugié n’est pas encore attesté, chose qui peut prendre plusieurs mois, m’explique Mme Barrou.

Un regard sur l’origine des titulaires de permis permet de constater qu’un fort contingent d’immigrants temporaires provient de pays en situation trouble, comme Haïti, l’Iran et le Nigeria, dont les ressortissants obtiennent des permis en vertu du PMI.

Les ressortissants d’origine indienne, cela dit, sont les plus nombreux à immigrer « temporairement » au Canada, et de très loin. Le constat est frappant dans le contexte des récentes tensions avec l’Inde lié à l’assassinat d’un leader sikh.

Notes
 

1. Ces données sont un peu différentes de celles généralement publiées par la SCHL, puisque j’ai fait une moyenne mobile de six mois des mises en chantier dessaisonalisées, question de mieux saisir les tendances.

2. La part du locatif au Québec est bien plus grande aujourd’hui (58 %) qu’il y a 10 ans (20 %), comme au Canada d’ailleurs (30 % en 2022 contre 12 % en 2012).

3. Une partie de la hausse peut s’expliquer par le renouvellement de permis de travail déjà accordés, mais l’essentiel vient des nouveaux titulaires.
 

Voir aussi
 

Une mesure secrète d’Immigration Canada entraîne une hausse des demandes d’asile. Le gouvernement fédéral a discrètement allégé les critères pour obtenir un visa touristique au Canada, dans l’objectif de réduire un volumineux inventaire de demandes en attente.