jeudi 18 août 2022

« La jeunesse queer et fière de Trois-Rivières »

Les murs du local sont bardés d’affiches qui prônent l’ouverture, l’estime de soi et le partage. Au centre de la pièce, une quinzaine d’élèves de 12 à 16 ans sont rassemblés autour d’une grande table. Tous et toutes font partie de la communauté LGBTQ+. Et on ne les empêchera certainement pas d’exister…

« Je suis bisexuelle, sauf que mes parents ne l’acceptent pas. Je me fais intimider par ma propre famille ! Ici, au moins, je suis libre. »

« On me dit qu’à 12 ans, je suis trop jeune pour savoir quoi que ce soit sur ma sexualité, mais c’est faux ! Ça dépend de chaque personne et de l’ouverture de la société dans laquelle on évolue… »

« J’aimerais expliquer à ma mère comment je fais pour savoir que je suis non binaire, mais je n’y arrive pas. Je suis née fille, mais je ne me sens pas fille. Ni gars. Je me sens… non binaire ! »

Je ne passerai qu’une heure avec les élèves du comité LGBTQ+ de l’école secondaire des Pionniers, à Trois-Rivières. Le temps d’un dîner de cafétéria englouti entre deux cloches. Pourtant, je quitterai l’endroit avec une pléthore de témoignages qui ne feront qu’augmenter l’admiration que je voue à la jeunesse queer d’aujourd’hui… [une journaliste objective et non militante… qui s’appellerait « Rose-Aimée Automne T. Morin », sérieux !]

Quand j’avais leur âge, personne n’était ouvertement gai dans ma cohorte. Encore moins pansexuel ou aromantique… C’était le début des années 2000, c’était aussi une petite ville. Difficile alors de trouver la sécurité et l’espace nécessaires pour s’affirmer. Les temps ont changé, heureusement. Reste qu’il y a encore peu de comités LGBTQ+ dans les écoles secondaires du Québec. J’étais donc curieuse de découvrir ce qui se tramait, en ce début d’année scolaire, à Trois-Rivières…

« Je n’aurais jamais cru fonder un comité LGBTQ ! », me confie Line Desgagné, tandis qu’on attend l’arrivée du groupe. L’animatrice de vie spirituelle et engagement communautaire [l'ancienne pastorale « modernisée »] me raconte qu’il y a quatre ans, un élève de 4e secondaire lui a demandé un coup de main : « Il voulait créer un comité parce qu’il était homosexuel et que son coming-out était fait, mais qu’il connaissait des personnes en questionnement qui se sentaient isolées. Environ cinq élèves ont assisté aux premières rencontres… À la fin de l’année, il y en avait 15 ! Cette année, on a déjà une trentaine d’inscriptions et ça vient tout juste de commencer. Un record ! »

Line m’indique que la plupart des jeunes impliqués sont bisexuels, que quelques-uns sont gais, qu’il y a aussi des élèves non binaires, des personnes trans et d’autres en questionnement sur leur genre. Sans oublier les alliés hétérosexuels, là pour soutenir leurs amis.

Ce qui me frappe le plus chez les jeunes de la communauté LGBTQ, c’est à la fois leur ouverture et leur solitude. Plusieurs de ceux que tu vas rencontrer aujourd’hui ne parlent pas de leur situation avec leur famille. Ça ne passerait pas nécessairement…

C’est d’ailleurs pourquoi les élèves m’ont demandé de préserver leur anonymat dans la présente chronique. J’ai évidemment acquiescé en essayant de leur transmettre beaucoup d’amour avec mon regard.

Appui (subventionné ?)

Lorsqu’elle a créé le comité, Line Desgagné a pu compter sur l’appui du GRIS Mauricie — Centre-du-Québec. L’organisme a pour mission de favoriser l’émergence de groupes LGBTQ+ et d’accompagner les établissements scolaires dans le déploiement d’actions concrètes.

Sarah Lemay, intervenante aux services d’écoute et de soutien au GRIS, m’explique, en entrevue téléphonique, que les pronoms font partie des enjeux souvent nommés par les jeunes : « Je comprends les directions d’être un peu mélangées. Contrairement à nous, elles ne sont pas plongées chaque jour dans les préoccupations des personnes de la diversité ! Mais le GRIS peut les aider à être plus neutres. Par exemple, plutôt que de faire des équipes de gars ou de filles, pourquoi ne pas diviser un groupe entre élèves nés de janvier à juin et de juillet à décembre ? »

Dans le même esprit de neutralité, la question des toilettes non genrées est également une priorité pour bien des élèves, m’explique Sarah. D’ailleurs, il en est question, lors du dîner auquel j’assiste…

« Ça fait longtemps que je sais que je suis un gars. Mais comme j’ai un sexe féminin, il faut quand même que j’aille aux toilettes des filles…

— Moi aussi ! Pourtant, c’est assez simple de passer à une toilette non genrée ! Tu changes juste le logo… Pas besoin de mettre un bonhomme de garçon ou de fille ; c’est une salle de bains, tout le monde peut l’utiliser. »


Suite


Cet article a suscité l’indignation de deux commentateurs « droitards » dans la vidéo ci-dessous.

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