jeudi 18 août 2022

Français: il faut agir avant qu'il ne soit trop tard

Un texte de Mathieu Bock-Côté. Ce carnet ne voit qu’une alternative pour sauver le français au Canada : soit l’indépendance du Québec, soit l’imposition au sein d’un Canada nettement plus fédéralisé de l’unilinguisme territorial au Québec (et peut-être ce qui peut encore être sauvé de l’Acadie, des régions limitrophes au Québec majoritairement francophones). 

Nous aimerions également que Mathieu Bock-Coté, sans enfant, et le commentariat francophone en général parlent de la natalité et de la valorisation de celle-ci dans la société (alors qu’on ne semble plus parler que de plans de carrière, de confier ses rares enfants à des tiers le plus vite possible, du droit fondamental à tuer les fœtus, des droits des trans et autres LGBT2QAI+, de la culpabilité des blancs, de l’apocalypse climatique ou pandémique, etc.).

Tout le monde sait que le français régresse au Québec. Il suffit de se promener un peu à Montréal et Laval pour le savoir.

Mais de temps en temps, nos impressions quotidiennes sont confirmées par des études. Le recensement est la plus importante d’entre elles, évidemment.

Et les résultats du recensement dévoilés hier, même s’ils sont traficotés par la bureaucratie fédérale, confirment cette tendance.

Résumons la chose ainsi : le français s’effondre non seulement au Canada, mais aussi au Québec.

 Régression

Le poids des francophones de langue maternelle continue de baisser : ils ne représentent plus que 76,3 % de la population, alors qu’ils étaient autour de 81,5 % en 1995.

Cela veut dire que la majorité historique francophone continue de fondre démographiquement, et que son rapport de force politique continuera de diminuer. La tendance s’accélérera.

Cela veut dire que notre capacité d’intégration des immigrants sera complètement anéantie.

Honnêtement, devant de tels résultats, l’effroi est une réaction bien plus rationnelle que la fausse mesure de ceux qui, comme Dominique Anglade, ne se disent en rien inquiétés.

Nous sommes en droit d’y voir une forme de déloyauté grave à l’endroit du peuple québécois, comme si le PLQ le reniait officiellement.

Ne soyons pas surpris : le PLQ a tout avantage à ce que le Québec se défrancise. Car moins le Québec sera français, et plus le PLQ pourra s’y imposer comme le parti naturel de gouvernement. Je veux croire, toutefois, que la grande majorité des Québécois ne contemplent pas avec joie leur disparition comme peuple. 

L’ancien Premier ministre Duplessis au début des années 1940 :  « Ce n’est pas compliqué quand on a signé la Confédération on était la moitié de la population du Canada, là on n’est même pas le tiers, et bientôt en bas du quart ». En 2021, c’est moins d’un cinquième. [Incidemment, la proportion des francophones remontera pendant la 2e GM grâce à l’arrêt de la politique d’immigration encouragée par Ottawa.]

 

Et ne nous laissons pas bluffer par ceux qui se contentent du français langue commune comme indicateur. S’il n’a pas d’ancrage sociologique, lui aussi s’effondrera.

Ceux qui se disent nationalistes ont de vraies questions à se poser. Le français pèse pour moins de 20 % comme langue parlée à la maison dans le Canada. Croient-ils sérieusement qu’il peut faire valoir ses droits dans un tel environnement démographique, linguistique et politique ?

À quel moment ceux qui se disent ailleurs et qui ont déserté la question nationale reprendront-ils la question de l’indépendance au sérieux ?

Depuis quelques années, déjà, le Canada anglais prend tous les prétextes pour se libérer du bilinguisme officiel, qui n’était finalement qu’une concession temporaire faite aux francophones pour calmer leurs ardeurs indépendantistes. Maintenant qu’il les croit vaincus, il veut s’en délivrer, quitte à s’appuyer sur les autochtones pour le liquider au nom de raisons vertueuses.

Le Canada, plus que jamais, deviendra un pays bilingue de langue anglaise.

Loi 96 insuffisante

On voit, plus que jamais, à quel point la loi 96 sera insuffisante pour stopper ce déclin.

Le Canada sera le tombeau de la langue française et du peuple québécois. Il ne peut qu’y contempler sa décroissance, jusqu’à l’extinction.

La question du déclin du français, c’est-à-dire celle des raisons de son déclin, sera au cœur de l’élection. Autrement dit, on ne pourra plus esquiver celle de l’immigration massive.

Il nous faut agir avant qu’il ne soit trop tard. S’il ne l’est pas déjà.

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