dimanche 7 avril 2024

J.K. Rowling et Sunak contre une loi écossaise censée lutter « contre l'incitation à la haine transgenre »

Réaction de Vincent Hervouet sur Europe 1: Orwell de retour en Écosse


Billet du 3 avril

La célèbre romancière et le premier ministre britannique condamne ce texte de loi controversé car il contrevient à la «liberté d’expression». Le gouvernement écossais prétend qu'il s'agit une campagne de désinformation.

Le décret d’application, qui a pris effet lundi 1er avril, de la nouvelle loi en Écosse destinée à « lutter contre l'incitation à la haine » provoque un tollé. Parmi les critiques, la célèbre romancière J.K. Rowling. La nouvelle loi vient durcir de façon draconienne la législation existante et élargit le délit d'incitation à la haine notamment à ce que certains nomment la « transidentité ».

Sur les réseaux sociaux, J. K. Rowling expliqué pourquoi elle rejette cette nouvelle loi écossaise: «la législation est grand ouverte aux abus de la part de militants qui veulent réduire au silence celles d'entre nous qui dénoncent les dangers de supprimer les espaces réservés aux femmes». Afin d’étayer son point de vue, elle cite des exemples de personnes transgenres condamnées pour viol ou agression sexuelles sur des femmes ou des jeunes filles. «Il est impossible de décrire précisément ou s'attaquer à la réalité de la violence et de la violence sexuelle commise à l'encontre des femmes (...) sauf si on a le droit d'appeler un homme un homme», a poursuivi J.K. Rowling, qui s'est exprimée ces dernières années au nom des droits des femmes qu'elle oppose régulièrement à la cause des militants hommes qui se disent femmes.

À l’instar de J. K. Rowling, les détracteurs de la loi ont mis en avant les risques qu'elle représente, selon eux, pour la liberté d'expression. Le premier ministre du Royaume-Uni, le conservateur Rishi Sunak , a estimé que nul ne doit être poursuivi pour «énoncer de simples faits sur la biologie». «Nous croyons en la liberté d'expression dans ce pays, et les conservateurs la protégeront toujours», a-t-il déclaré auprès du quotidien Daily Telegraph.

J.K. Rowling impatiente d’être arrêtée

La position de J.K. Rowling repose sur la défense de la liberté de parole et d’opinion, un principe. Elle a dit son impatience d'être arrêtée si ses propos tombent sous le coup de la nouvelle loi. «Libertés d'expression et de croyance sont terminées en Écosse si la description précise du sexe biologique est vue comme une infraction pénale...», a-t-elle affirmé.

 
Le premier ministre écossais Humza Yousaf (ci-contre) s'est, quant à lui, dit «très fier» du texte et «très confiant dans la capacité de la police écossaise» à le mettre en œuvre «comme il se doit», face aux craintes exprimées. Le dirigeant écossais a en outre dénoncé de manière répétée la «désinformation» qui règne selon lui autour de cette législation, dont il met en avant les garanties pour protéger la liberté d'expression et lutter contre les poursuites abusives. Fin 2022, le Parlement écossais avait adopté une loi facilitant le changement de genre, que le gouvernement britannique avait bloquée, une première, en invoquant notamment des risques de «complications significatives en créant deux régimes de reconnaissance du genre au sein du Royaume-Uni».

samedi 6 avril 2024

États-Unis — Croissance de la population née à l'étranger

Croissance de la population née à l’étranger :

  • Barack Obama : 68 000 par mois
  • Donald Trump : 42 000 par mois
  • Joe Biden : 172 000 par mois

La figure ci-dessous montre la taille de la population née à l’étranger depuis le début du premier mandat du président Obama en janvier 2009 jusqu’en septembre de cette année, ainsi que les marges d’erreur. Le nombre de 47,9 millions d’immigrants en septembre 2022 est le plus important jamais enregistré dans l’histoire des États-Unis. Ce qui est frappant dans la récente augmentation du nombre d’immigrants, c’est que la croissance représente la variation nette de leur nombre. Pour que cette population augmente autant, il a fallu que bien plus de 2,9 millions de nouveaux immigrants arrivent pour compenser l’émigration, que CSI.org avait précédemment estimée à environ un million par an, et les décès au sein de la population existante née à l’étranger, qui s’élèvent à environ 300 000 chaque année. Les naissances d’immigrants aux États-Unis, par définition, ne peuvent que s’ajouter à la population née dans le pays.

Source : fichiers à usage public de l’enquête sur la population actuelle de janvier 2009 à septembre 2022 : Fichiers à usage public du Current Population Survey (CPS) de janvier 2009 à septembre 2022. Les zones ombrées indiquent les marges d’erreur autour des estimations ponctuelles, en supposant un niveau de confiance de 90 %. * La croissance prépandémique reflète l’évolution de la population née à l’étranger entre janvier 2017 et février 2020.

La part de la population née à l’étranger. Les personnes nées à l’étranger représentent aujourd’hui 14,6 % de la population totale, soit un résident américain sur sept — le pourcentage le plus élevé depuis 112 ans. À plus long terme, depuis 2000, la population totale née à l’étranger a augmenté de 54 % ; elle a doublé depuis 1990, triplé depuis 1980 et quintuplé depuis 1970. Historiquement, il n’y a jamais eu de période de 52 ans au cours de laquelle la population née à l’étranger a augmenté aussi rapidement. Techniquement, les données mensuelles de la CPS montrent également que la population née à l’étranger a augmenté plus de deux fois plus vite que la population née aux États-Unis depuis le début de l’administration Biden. Toutefois, compte tenu de la manière dont les données sont pondérées, il n’est pas vraiment possible de comparer les taux de croissance relatifs des deux populations, en particulier au cours d’une même année.

Fluctuations pendant les années Trump. Même avant l’arrivée de Covid-19, la taille de la population née à l’étranger a davantage fluctué sous l’administration Trump que sous l’administration Obama ou celle de Biden, qui a connu une augmentation constante. Pour s’en convaincre, il suffit de constater que l’écart-type (la différence moyenne par rapport à la moyenne) de la variation d’un mois sur l’autre sous l’administration Trump, avant l’arrivée de Covid en mars 2020, était plus important que pendant le premier ou le deuxième mandat d’Obama ou celui de Biden, du moins jusqu’à présent. La population immigrée totale sous l’administration Trump a atteint son maximum en mars 2019, puis a diminué quelque peu dans les mois précédant la Covid-19, suivie d’une chute importante au fur et à mesure que la pandémie se développait en 2020. Il convient également de garder à l’esprit que les tendances à court terme de la CPS mensuelle peuvent représenter des changements réels ou des « marches aléatoires » dans les données, ce qui est courant lorsqu’une série d’enquêtes est comparée au fil du temps.


France — « Qui veut la peau de l'enseignement privé ? »


jeudi 4 avril 2024

Le 5 avril 1669 — Jean-Talon finance des mesures natalistes

Le 5 avril 1669, Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France, faisait rendre le célèbre arrêt pour encourager les mariages et les familles nombreuses. Il y était décrété ce qui suit :

Voulant que les habitants dudit pays [du Canada] soient participants aux grâces que Sa Majesté a faites à ses peuples en considération de la multiplicité des enfants et pour les porter au mariage, Sa dite Majesté a ordonné et ordonne qu’à l’avenir les habitants du dit pays qui auront jusqu’au nombre de dix enfants vivants, nés en légitime mariage, ni prêtres, ni religieux, ni religieuses, seront payés des deniers qu’elle enverra au dit pays, d’une pension de 300 livres par chacun an, et ceux qui en auront douze, de 400 livres.

Qu’à cet effet ils seront tenus de représenter à l’intendant de la justice, police et finances qui sera établi au dit pays le nombre de leurs enfants au mois de juin ou juillet de chaque année, lequel après en avoir fait la vérification, leur ordonnera le payement des dites pensions, moitié comptant et l’autre moitié en fin d’année.

Veut de plus, Sa dite Majesté, qu’il soit payé par les ordres du dit intendant à tous les garçons qui se marieront à vingt ans et au-dessous, vingt livres pour chacun le jour de leurs noces, ce qui sera appelé le « présent du roi » ; que par le Conseil Souverain établi à Québec pour ledit pays, il soit fait une division générale de tous les habitants par paroisses et bourgades, qu’il soit réglé quelques honneurs aux principaux habitants qui prendront soin des affaires de chacune bourgade et communauté, soit pour leur rang dans l’église soit ailleurs ; et que ceux des habitants qui auront plus grand nombre d’enfants soient toujours préférés aux autres, si quelque raison puissante ne l’empêche ; et qu’il soit établi quelque peine pécuniaire, applicable aux hôpitaux des lieux, contre les pères qui ne marieront pas leurs enfants à l’âge de vingt ans, pour les garçons, et de seize ans pour les filles.

En 1671, Jean Talon annonça fièrement à Colbert qu’il y avait eu entre 600 et 700 nouvelles naissances dans la colonie. Entre 1666 et 1673, la population du Canada doubla, passant de 3215 à 7605 âmes.

En termes de pouvoir d'achat, il faut rappeler :

  • une petite maison (1 cheminée, 2 portes, 2 fenêtres) coûtait 200 livres
  • un cocher au service d'une grande maison gagnait 100 livres par an


Voir aussi
 

Les droits de l'Homme et la révolution universelle (critique par Edmund Burke)

La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen apparaît souvent comme l’un des plus grands apports de la Révolution française. On célèbre alors ces fameux « Droits de l’Homme » comme une avancée inestimable dans l’histoire de l’Humanité et l’on peine à imaginer qu’une société juste puisse exister sans la reconnaissance officielle de ces droits naturels imprescriptibles. Pourtant, c’est oublier un peu vite que la pensée des droits de l’Homme se heurta à des critiques féroces dès leur promulgation et ce provenant d’horizons intellectuels très différents. Or, la première de ses critiques émana d’Edmund Burke, dès 1790, dans ses Réflexions sur la Révolution en France, un des plus grands ouvrages politiques de l’époque moderne.

mercredi 3 avril 2024

En 2023, l'Italie a enregistré 379 000 naissances, soit une baisse de 3,6 % par rapport à 2022 et de 34,2 % par rapport à 2008

Le nombre de naissances en Italie a atteint un niveau sans précédent, selon l’Institut italien de statistique, qui a annoncé aujourd’hui, vendredi 29 mars 2024, que le nombre de naissances a diminué pour la quinzième année consécutive en 2023.

Cette baisse continue constitue une urgence nationale que les gouvernements successifs n’ont pas réussi à traiter malgré les promesses répétées de lui accorder la priorité. L’Italie a accueilli l’année dernière 379 000 nouveau-nés, en baisse de 3,6 % par rapport à l’année précédente et de 34,2 % par rapport à 2008, dernière année où le pays a connu une augmentation du nombre de naissances, bien que ce soit le taux d’augmentation le plus faible depuis l’unification de l’Italie en 1861. Le taux de fécondité est tombé à 1,20 enfant par femme, contre 1,24 en 2022, bien en deçà du taux de remplacement de 2,1 nécessaire pour maintenir la stabilité de la population. L’Italie a enregistré environ 661 000 décès l’année dernière, en baisse par rapport aux trois années précédentes qui ont connu une augmentation du taux de mortalité en raison de la pandémie de COVID-19. L’Institut de statistique a également indiqué que l’espérance de vie moyenne a augmenté l’année dernière pour atteindre 83,1 ans, soit une augmentation de six mois par rapport à 2022. Bien que l’écart entre le nombre de décès et de naissances ait atteint 282 000 cas en 2023, la population totale de l’Italie n’a diminué que de seulement 7 000 personnes pour atteindre 58,99 millions d’habitants, grâce à l’arrivée de plus d’immigrants étrangers et au retour d’immigrants italiens.

Les étrangers représentaient 8,99 % de la population italienne en 2023, totalisant 5,3 millions de personnes, soit une augmentation de 3,2 % par rapport à l’année précédente. La plupart d’entre eux vivent dans le nord du pays.

Voir aussi
 

Une fondation franco-africaine qui méprise la Francophonie


« La French-African Foundation » (sic) lance l'appel à candidatures pour son programme "Young leaders" (re-sic).

Créée en 2019, la F-A F dit " œuvrer à la création de générations de leaders (re-re-sic) engagés pour la France en Afrique. »  Vertueux programme ! Ce qui est moins vertueux c'est que le F-A F semble avoir tiré un trait sur la francophonie. Son dernier appel à candidatures (promotion 2023) mentionne : « La maitrise de la langue anglaise est obligatoire, celle de la langue française n’est pas requise mais appréciée. »


Ce désintérêt est étonnant, s'agissant d'une association créée en France, dont les dirigeants sont francophones, dont le siège social est à Paris, dont les partenaires partenaires sont des entreprises et des administrations françaises et qui est placée sous le patronage des présidents français Emmanuel Macron et rouandais (le dictateur francophobe) Paul Kagamé (plus de détails ici) que courtise Macron.


N'est-il pas étrange que les responsables de la F-A F n'aient pas compris que la langue française contribue au rayonnement des pays francophones en Afrique ?


Source













mardi 2 avril 2024

2023: industrie du sirop d'érable menacée par les changements climatiques, 2024: production exceptionnelle

Autres prédictions catastrophistes  des médias « sérieux » :


Les termes à la mode préférés de ChatGPT sont de plus en plus fréquents dans les évaluations par les pairs

Un nombre croissant d’informations synthétiques produites par l’intelligence artificielle dérivent sur nos fils de nouvelles et dans nos résultats de recherche. Les enjeux vont bien au-delà de ce qui se trouve sur nos écrans. C’est toute la culture qui est affectée par le ruissellement de l’I.A., qui s’infiltre insidieusement dans nos institutions les plus importantes.


Prenons l’exemple de la science. Juste après la sortie de GPT-4, le dernier modèle d’intelligence artificielle d’OpenAI et l’un des plus avancés qui soient, le langage de la recherche scientifique a commencé à muter. En particulier dans le domaine de l’I.A. elle-même.

Une étude publiée ce mois-ci s’est penchée sur les évaluations par les pairs des scientifiques — les déclarations officielles des chercheurs sur les travaux de leurs collègues, qui constituent le fondement du progrès scientifique — lors d’un certain nombre de conférences scientifiques prestigieuses et de haut niveau consacrées à l’I.A. Lors d’une de ces conférences, ces évaluations par les pairs ont utilisé le mot « méticuleux » plus de 34 fois plus souvent que les évaluations de l’année précédente. Le mot « louable » a été utilisé environ 10 fois plus souvent, et le mot « complexe » 11 fois. D’autres grandes conférences ont montré des tendances similaires.

Ces expressions sont, bien entendu, parmi les mots à la mode préférés des grands modèles linguistiques modernes tels que ChatGPT. Ainsi, un nombre important de chercheurs participant à des conférences sur l’IA ont été surpris en train de confier à l’IA l’examen (censément effectué par des pairs) de travaux d’autres chercheurs — ou, à tout le moins, de les rédiger avec l’aide de l’IA. Et plus la date de réception des évaluations était proche de la date limite, plus l’utilisation de l’I.A. était importante.


Si cela vous met mal à l’aise — notamment en raison du manque de fiabilité actuel de l’I.A. — ou si vous pensez que ce ne sont peut-être pas les I.A. qui devraient examiner la science, mais les scientifiques eux-mêmes, ces sentiments soulignent le paradoxe qui est au cœur de cette technologie : la frontière éthique entre l’escroquerie et l’utilisation régulière est floue. Certaines escroqueries générées par l’I.A. sont faciles à repérer, comme l’article de revue médicale présentant un rat caricatural doté d’énormes organes génitaux. Beaucoup d’autres sont plus insidieuses, comme la figure ci-dessous censée représenter le mécanisme de régulation erroné et délirant décrit dans ce même article — article qui a pourtant fait l’objet d’un examen par les pairs (peut-être, pourrait-on supposer, par une autre I.A. ?)

 Figure censée être un diagramme de la voie de signalisation JAK-STAT

Qu’en est-il lorsque l’I.A. est utilisée dans l’un de ses domaines de prédilection, à savoir l’aide à la rédaction ? Récemment, un tollé s’est élevé lorsqu’il est apparu que de simples recherches dans des bases de données scientifiques faisaient apparaître des phrases telles que « En tant que modèle de langage de l’I.A. » là où les auteurs s’appuyant sur l’I.A. avaient oublié de brouiller les pistes. Si ces mêmes auteurs avaient simplement supprimé ces mentions en filigrane accidentelles, leur utilisation de l’I.A. pour rédiger leurs articles aurait-elle été acceptable ?

Ce qui se passe dans le domaine de la science n’est qu’un petit aspect d’un problème bien plus important. Un message sur les médias sociaux ? Tout message viral sur X comprend désormais presque à coup sûr des réponses générées par l’I.A., qu’il s’agisse de résumés du message original ou de réactions rédigées par ChatGPT du ton insipide de Wikipédia, le tout dans le but d’obtenir des abonnés. Instagram se remplit de mannequins générés par l’I.A., Spotify de chansons générées par l’I.A. Vous publiez un livre ? Peu de temps après, Amazon met en vente des « cahiers d’exercices » générés par l’I.A. qui sont censés accompagner votre livre (et dont le contenu est erroné selon l’auteur de l’article du New York Times, car cela lui est arrivé). Les premiers résultats de recherche sur Google sont souvent des images ou des articles engendrés par l’I.A. De grands médias comme Sports Illustrated ont créé des articles générés par l’I.A. et attribués à des profils d’auteurs tout aussi faux. Les spécialistes du marketing qui vendent des méthodes d’optimisation des moteurs de recherche se vantent ouvertement d’utiliser l’I.A. pour créer des milliers d’articles afin de voler du trafic à leurs concurrents.

Enfin, l’I.A. générative est de plus en plus utilisée pour créer à grande échelle des vidéos synthétiques bon marché pour les enfants sur YouTube. Certains exemples sont des horreurs cauchemardesques, comme des vidéos musicales sur des perroquets dans lesquelles les oiseaux ont des yeux dans les yeux, des becs dans les becs, se transformant de manière incompréhensible tout en chantant d’une voix artificielle : « Le perroquet dans l’arbre dit bonjour, bonjour ! ». Les récits sont sans queue ni tête, les personnages apparaissent et disparaissent de manière aléatoire, et des faits élémentaires comme le nom des formes sont erronés. Après avoir identifié un certain nombre de chaînes suspectes dans la lettre d’information, The Intrinsic Perspective, Wired a trouvé des preuves de l’utilisation de l’I.A. générative dans les chaînes de production de certains comptes comptant des centaines de milliers, voire des millions d’abonnés.

Einstein aurait dit : « Si vous voulez que vos enfants soient intelligents, lisez-leur des contes de fées. Si vous voulez qu’ils soient très intelligents, lisez-leur encore plus de contes de fées ». Mais que se passe-t-il lorsqu’un enfant en bas âge consomme essentiellement des rêves générés par l’I.A. ? Nous nous trouvons au milieu d’une vaste expérience.

Il y a tellement de déchets synthétiques sur Internet que les entreprises et les chercheurs en I.A. s’inquiètent eux-mêmes, non pas de la santé de la culture, mais de ce qui va arriver à leurs modèles. À mesure que les capacités de l’I.A. augmentent, notre culture devient tellement submergée de créations de l’I.A. que lorsque les futures I.A. seront formées, les résultats de l’I.A. précédente s’infiltreront dans les données d’apprentissage, ce qui conduira à un avenir de copies de copies de copies, le contenu devenant de plus en plus stéréotypé et prévisible. En 2023, les chercheurs ont introduit un terme technique pour décrire la façon dont ce risque affectait l’apprentissage de l’I.A. : l’effondrement du modèle. D’une certaine manière, ces entreprises et nous-mêmes sommes dans le même bateau, pagayant dans la même fange qui se déverse dans notre océan culturel.

Tout en gardant cette analogie désagréable à l’esprit, il convient de se tourner vers ce qui est sans doute l’analogie historique la plus claire pour notre situation actuelle : le mouvement écologiste. En effet, tout comme les entreprises et les individus ont été poussés à polluer par l’inexorable économie, la pollution culturelle de l’I.A. est également due à une décision rationnelle de combler l’appétit vorace d’Internet pour le contenu le moins cher possible. Si les problèmes environnementaux sont loin d’être résolus, des progrès indéniables ont permis à nos villes d’être à peu près exemptes de smog et à nos lacs d’être à peu près exempts d’eaux usées. Comment cela s’est-il produit ?

Avant toute solution politique spécifique, il a été reconnu que la pollution de l’environnement était un problème nécessitant une législation extérieure. Ce point de vue a été influencé par une perspective développée en 1968 par Garrett Hardin, biologiste et écologiste. M. Hardin a souligné que le problème de la pollution était dû au fait que les gens agissaient dans leur propre intérêt et que, par conséquent, « nous sommes enfermés dans un système qui consiste à “salir notre propre nid”, tant que nous nous comportons uniquement comme des entrepreneurs indépendants, rationnels et libres ». Il a résumé le problème en parlant de « tragédie des biens communs ». Cette formulation a été déterminante pour le mouvement écologiste, qui en est venu à compter sur la réglementation gouvernementale pour faire ce que les entreprises seules ne pouvaient ou ne voulaient pas faire.

Une fois de plus, nous sommes confrontés à une tragédie des biens communs : l’intérêt économique à court terme encourage l’utilisation d’un contenu d’I.A. bon marché pour maximiser les clics et les vues, ce qui pollue notre culture et affaiblit même notre prise sur la réalité. Jusqu’à présent, les grandes entreprises d’I.A. refusent de rechercher des moyens avancés d’identifier le travail de l’I.A. — ce qu’elles pourraient faire en ajoutant des modèles statistiques subtils cachés dans l’utilisation des mots ou dans les pixels des images.

On justifie souvent cette inaction par le fait que les rédacteurs humains peuvent toujours modifier les modèles mis en œuvre s’ils en savent assez. Pourtant, la plupart des problèmes que nous rencontrons ne sont pas le fait d’acteurs malveillants motivés et techniquement compétents ; ils sont principalement dus au fait que les utilisateurs ordinaires ne respectent pas une ligne d’utilisation éthique si ténue qu’elle en est presque inexistante. La plupart d’entre eux ne souhaitent pas mettre en place des contre-mesures avancées pour lutter contre les modèles statistiques appliqués aux résultats qui devraient, idéalement, indiquer qu’ils sont générés par l’I.A. C’est la raison pour laquelle les chercheurs indépendants se sont penchés sur la question.

C’est la raison pour laquelle les chercheurs indépendants ont été en mesure de détecter les résultats de l’I.A. dans le système d’évaluation par les pairs avec une précision étonnamment élevée : ils ont vraiment essayé. 

De même, des enseignants ont mis en place des méthodes personnelles de détection côté sortie, similaires à celles-ci : ils intègrent des requêtes cachées dans les sujets de rédactions. Ces résultats n’apparaissent que lorsque cet intitulé de la rédaction est copié-collé et fourni tel quel à des outils I.A. En d’autres termes, ces enseignants cherchent à identifier les cas où les élèves ou étudiants ont utilisé des ressources externes ou des outils d’intelligence artificielle pour rédiger leurs dissertations. Cela peut inclure des modèles de langage comme ChatGPT, qui peuvent générer du texte de manière cohérente et fluide. En ajoutant des requêtes cachées, les enseignants espèrent détecter ces pratiques et encourager l’originalité et l’intégrité académique chez leurs élèves.


En particulier, les entreprises d’I.A. semblent opposées à tout modèle intégré dans leur production qui pourrait améliorer les efforts de détection de l’I.A. à des niveaux raisonnables, peut-être parce qu’elles craignent que l’application de tels modèles puisse entraver les performances du modèle en contraignant trop ses résultats — bien qu’il n’y ait aucune preuve actuelle que ce soit un risque. Malgré les promesses publiques de développer une technique de filigrane plus avancée, il est de plus en plus clair que les entreprises traînent les pieds parce que rendre leurs produits détectables va à l’encontre des intérêts de l’industrie de l’I.A..

Pour faire face à ce refus d’agir des entreprises, le neuroscientifique Erik Hoel affirme que nous avons besoin de l’équivalent d’une loi sur la pureté de l’air : une loi sur la pureté de l’Internet. La solution la plus simple consisterait peut-être à imposer par voie législative un filigrane avancé intrinsèque aux produits générés, comme des motifs difficilement détachables. Selon Hoel, tout comme le XXe siècle a nécessité des interventions importantes pour protéger l’environnement commun, le XXIe siècle va nécessiter des interventions importantes pour protéger une ressource commune différente, mais tout aussi essentielle, que nous n’avons pas remarquée jusqu’à présent puisqu’elle n’a jamais été menacée : notre culture humaine commune. 

 

Source : New York Times

Voir aussi 

 Il s’avère que ChatGPT a tendance à surutiliser certains mots et expressions, dont « delve ». Le mot « delve » (aborder/traiter/explorer) figure parmi les 10 mots les plus courants dans les textes renvoyés par ChatGPT. La mention de « delve » dans les articles de PubMed a fortement augmenté depuis 2023 (date d’apparition de ChatGPT). Des outils qui remplacent les mots favoris de ChatGPT par des synonymes apparaissent déjà sur le marché. Certains chercheurs dans le monde utilisent ChatGPT pour améliorer leur style en anglais. Mais, si les outils de rédaction de textes (et de traductions) automatiques sont tellement bons pourquoi faut-il encore que des étrangers rédigent leurs textes en anglais plutôt que de les écrire dans la langue qui leur est la plus facile et les faire traduire automatiquement ce qui produira des textes écrits dans un style qui sera sans doute meilleur que leur anglais langue étrangère ?

 


lundi 1 avril 2024

Les études de McKinsey sur la relation entre la diversité et la performance des entreprises ne sont pas reproductibles

Au cours des dernières années, la célèbre firme de conseil McKinsey a publié au moins 4 études affirmant une relation positive entre l’équité la diversité et l’inclusion (EDI) et la performance des entreprises.

Un nouvel article publié aujourd’hui dans l’Econ Journal Watch constate que ces résultats ne peuvent être reproduits.

« Notre incapacité à [reproduire] leurs résultats suggère qu’il ne faut pas s’y fier pour soutenir l’idée que les entreprises américaines cotées en bourse peuvent s’attendre à améliorer leurs performances financières si elles augmentent la diversité raciale/ethnique de leurs cadres. »

Résumé de l’article fourni par les auteurs

Dans une série d’études très influentes, McKinsey (2015 ; 2018 ; 2020 ; 2023) rapporte avoir constaté des relations positives statistiquement significatives entre les marges de bénéfices avant intérêts et impôts ajustées parmi les grandes entreprises mondiales publiques choisies par McKinsey et la diversité raciale/ethnique de leurs dirigeants.

Toutefois, lorsque nous réexaminons les tests de McKinsey en utilisant les données des entreprises du S&P 500® observable publiquement au 31 décembre 2019, nous ne trouvons pas de relations statistiquement significatives entre les mesures Herfindahl-Hirschman inversement normalisées de McKinsey de la diversité raciale/ethnique des cadres à la mi-2020 et la marge des bénéfices avant intérêts et impôts ajustée au secteur ou la croissance des ventes, la marge brute, le rendement des actifs, le rendement des capitaux propres et le rendement total des actionnaires ajustés au secteur au cours des cinq années précédentes (2015-2019). 

Outre la nature erronée de la causalité inverse des tests de McKinsey, notre incapacité à quasi reproduire leurs résultats suggère que, malgré l’imprimatur donné aux études de McKinsey, il ne faut pas s’y fier pour étayer l’idée que les entreprises américaines cotées en bourse peuvent s’attendre à améliorer leurs performances financières si elles augmentent la diversité raciale/ethnique de leurs cadres.