mercredi 5 mars 2014

(M-à-j) Le procès qui oppose M. Raymond Gravel et LifeSiteNews se poursuit

Mise à jour du 11 août 2014

L'abbé Raymond Gravel est décédé ce matin d'un cancer du poumon qui lui avait été diagnostiqué à l'été 2013. Il avait 61 ans. Selon une source bien informée, ce décès ne devrait pas éteindre la cause qu'il avait intentée contre LifeSiteNews. L'avocat représentant M. Gravel devra décider de la chose. On évoque qu'il voudrait poursuivre ce procès. Plus de détails à l'avenir ici.

Mise à jour du 5 mars

Petite manche perdue par M. Raymond Gravel. Dans un jugement rendu la semaine dernière dans l’affaire qui oppose le site LifeSiteNews et ce que ce site nomme le polémiste Gravel, l’honorable Clément Trudel, de la Cour supérieure du Québec, a rejetté la requête de M. Gravel et de son avocat visant à faire radier des allégations de LifeSiteNews. En d'autres termes, Raymond Gravel voulait faire disparaître des pièces qui lui sont peu favorables de l'ensemble des pièces qui serviront de base au procès sur le fond à venir. Ceci lui a été refusé.

Billet du 31 décembre 2013

Nous l’avions déjà signalé, le procès qui oppose le site pro-vie LifeSiteNews à M. Raymond Gravel, récemment diagnostiqué d'un cancer des poumons, se poursuit. Il entre dans sa troisième année. Rappelons que M. Gravel réclame un demi-million de dollars à ses opposants « pour diffamation, mépris et incitation à la haine. »

De gauche à droite, Svend Robinson (ex-NPD),
Amir Khadir (QS) et Raymond Gravel lors du gala 2009

du Conseil québécois des gais et lesbiennes
Raymond Gravel a récemment demandé à son avocat d’intenter une action en récusation pour faire rayer du mémoire de la défense (LifeSiteNews) certains faits allé­gués fort dérangeants pour le contro­versé abbé de Joliette quand il affirme par exemple avoir tou­jours été un prêtre fidèle à la doc­trine de l’Église catholique. Ces faits allégués se retrouvent ici résumés en français et là au complet. Ce document est très inté­res­sant et nous encourageons tout lecteur qui en aurait le temps à le lire. Ceux qui ont lu ce document ont signalé qu’il s’agit là d’un résumé juridique parti­cu­liè­rement fascinant tant sur le plan de la doctrine de l’Église catho­lique reliée à la matière en jeu que sur le plan du contexte média­tique lié à l’affaire.

Deux des dirigeants de LifeSiteNews et l’un de leurs avocats doivent se rendre à nouveau au tribunal de Joliette (le diocèse de Raymond Gravel) en février pour une autre audience qui se déroulera entièrement en français, langue qu’aucun des accusés de LifeSiteNews ne parle couramment, bien qu’éduqués apparemment au Canada.

Les frais juridiques engagés par LifeSiteNews pour cette cause pendant ces trois années s’élèvent à 250.000 $ payés grâce aux dons versés par les sympathisants du site pro-vie. On ne connaît pas la somme payée par M. Raymond Gravel ni qui le soutient financièrement.

Cet énorme fardeau financier s’explique, selon Steve Jalvesac, par la complexité du dossier, par les fréquentes apparitions à Joliette, par le nombre d’articles publiés par LifeSiteNews que Raymond Gravel considère litigieux, et les modifications fréquentes au dossier que demande Raymond Gravel depuis trois ans.

LifeSiteNews plaide depuis trois ans que cette poursuite est un détournement des tribunaux qui ne servent qu’à punir le site pro-vie à des fins politiques et qu’il s’agit là d’une violation de la liberté de la presse et la liberté d’expression. Il s’agirait pas tant alors pour Raymond Gravel de gagner un procès dont il ne verra sans doute pas l’issue, mais de forcer la partie adverse à abandonner sa défense ou à la ruiner par les frais juridiques qu'elle doit consentir.

Steve Jalvesac affirme que « tous les avocats que nous avons consultés à propos de cette affaire se sont dits outrés que M. Raymond Gravel ait même été autorisé à intenter ces poursuites, car pour eux il s’agit d’une atteinte scandaleuse à une liberté constitutionnelle fondamentale au Canada. »

Les avocats du site ontarien ont déclaré au tribunal que LifeSiteNews se voit obligé de se défendre dans cette affaire pour éviter de dangereux précédents résultant de cette affaire qui limiteraient gravement au Canada la liberté de la presse ou la liberté d’expression. Les responsables ontariens se disent déterminés à continuer à se défendre avec vigueur malgré un certain nombre d’étonnantes décisions initiales de la part du tribunal régional de Joliette par rapport à la requête préliminaire fort détaillée des avocats de LifeSiteNews.




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mardi 4 mars 2014

La famille Romeike peut rester aux États-Unis !

Dans un surprenant revirement de dernière minute, le Department of Homeland Security (ministère de la Sécurité intérieure) a annoncé aujourd’hui qu’il accordait le « statut d’action différée indéterminée » à la famille Romeike. Ce qui signifie que la famille allemande menacée d’expulsion ne sera finalement pas déportée vers l’Allemagne où elle était persécutée parce qu’elle instruisait ses enfants à la maison.

Ce dénouement dramatique fait suite à la décevante décision hier de la Cour suprême qui rejetait d’entendre l’appel de Romeike quant à une décision d’un tribunal inférieur qui avait refusé d’accorder à cette famille l’asile aux États-Unis .

Cette décision de la Cour suprême signifiait que les Romeikes avaient épuisé tous les recours juridiques et qu’ils devaient s’attendre à être expulsés vers leur pays d’origine, l’Allemagne, où l’instruction à la maison est punissable d’amendes. D’autres familles allemandes qui éduquent leurs enfants à la maison ont fait l’objet de persécution de la part de l’administration, allant d’exorbitantes amendes, à l’emprisonnement en passant par perte de la garde de leurs enfants (voir les liens ci-dessous).

La décision prise aujourd’hui par le ministère de la Sécurité intérieure a été annoncée par la HSLDA (États-Unis) sur leur page Facebook, dans un message qui a été aimé plus de 14.000 fois en quelques heures.

La famille Romeike à table pour l’étude

Rappel des faits

Il y a 3 ans, le 26 janvier 2010, dans un cas sans précédent, un juge fédéral d’immigration à Memphis au Tennessee a accordé le statut de réfugiés politiques aux membres de la famille Romeike qui avait fui l’Allemagne pour échapper aux persécutions du gouvernement allemand qui lui reprochait d’éduquer leurs enfants à la maison.

Les Romeike avaient expliqué à Lawrence O. Burman, juge de l’immigration de Memphis avoir fui Bissingen avec leurs cinq enfants, dans le Bade-Wurtemberg (sud-ouest de l’Allemagne) en août 2008, pour s’installer aux États-Unis, berceau du mouvement de l’instruction à domicile.

Dans sa décision, le juge Lawrence Burman précisait qu’« il s’agissait ici de transgressions de droits humains fondamentaux qu’aucun pays n’a le droit d’enfreindre. »

Après cette victoire, l’Administration Obama a fait appel de cette décision en 2012. L’administration Obama cherchait à expulser la famille allemande, faisant valoir que la « loi des États-Unis a reconnu que l’État bénéficie d’une large discrétion dans son pouvoir d’imposer la fréquentation scolaire, de déterminer les programmes d’études et de réglementer la certification des enseignants » et qu’il « peut d'interdire ou réglementer l'instruction à domicile ».

Voir aussi

Allemagne — Mère de douze enfants emprisonnée : elle refuse pour ses enfants le cours d'éducation sexuelle au primaire

Allemagne — juge refuse la garde des enfants pour empêcher l'émigration des parents

Police allemande enlève les enfants d'une famille instruits à la maison

École à la maison en Allemagne —  Accompagnez-nous maintenant de gré ou plus tard de force »

Québec — Enfant envoyé par un juge en garderie pour le « socialiser » après que seuls les experts de la DPJ ont pu témoigner (suite : La DPJ recule après plus 3 ans d'interrogatoires, de tests et de procès : une famille recouvre sa liberté).

Allemagne — Parents inquiets protestent contre l'imposition de la théorie du genre




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Préférer la vie à l'euthanasie contrôlée par l'État

Texte de Nathalie Elgrably-Lévy :

À écouter la classe politique, il est extrêmement urgent de faire adopter le projet de Loi 52 concernant les « soins de fin de vie ». Certes, chaque personne est propriétaire de son corps et devrait être libre d’en disposer selon sa volonté. Toutefois, la légalisation de l’euthanasie doit impérativement être replacée dans le contexte de notre système de santé. Notamment, soulignons qu’à l’heure actuelle, plus de 70 % des Canadiens n’ont pas accès aux soins palliatifs. Dès lors, plusieurs questions s’imposent, surtout quant aux dérapages potentiels auxquels cette loi nous expose :

1. Ne serait-il pas plus humain de commencer par offrir à tous les malades des soins palliatifs adéquats avant de leur suggérer la mort ?

2. Se pourrait-il que l’euthanasie soit pour l’État une solution facile et rapide pour vider ses hôpitaux ? Aucun politicien n’osera l’avouer, mais il sera toujours plus économique de tuer un malade que de lui offrir des soins palliatifs jusqu’au dernier instant.

3. Dire au malade qu’il peut « mourir dans la dignité » en choisissant l’injection létale, n’est-ce pas sous-entendre qu’il « vivra dans la honte » s’il la refuse ? Ne subira-t-il pas ainsi une pression sociale pour libérer son lit rapidement ?

4. Si on légalise l’euthanasie, pourrons-nous encore espérer que les hôpitaux améliorent l’accès aux soins palliatifs ainsi que leur qualité ? Par souci d’économie, n’auront-ils pas plutôt intérêt à négliger ce type de soins pour acculer le malade à demander la sédation terminale ?

5. Si l’euthanasie est actuellement présentée comme un choix, sommes-nous certains qu’elle ne se métamorphosera pas en devoir civique : le devoir du malade de désengorger le système pour épargner à la société les frais de son agonie ?


Si jamais les mourants refusent d’accomplir leur « devoir », quelle garantie avons-nous que la Commission sur les soins de fin de vie (dont l’institution est prévue par la loi, mais dont le mandat est étrangement nébuleux) ne se donnera pas un jour le pouvoir de rendre l’euthanasie obligatoire au nom de l’intérêt collectif ? Toujours au nom de l’intérêt collectif, n’y a-t-il pas un risque l’élargir l’euthanasie à ceux qui souffrent d’une maladie chronique ? Puis à ceux qui vivent ou qui naissent avec un handicap ? Aux trisomiques ? Et finalement à tous ceux qui coûtent cher au système ? La personne qui demande l’euthanasie ne veut pas mourir. Elle veut cesser de souffrir. Or, au lieu d’œuvrer pour tuer la souffrance, nos bienveillants politiciens veulent tuer la personne qui souffre. Quelle interprétation perverse du progrès, de la compassion et de l’humanisme !

Question de liberté

Choisir le moment de sa mort, c’est être libre. [Notons que tout un chacun peut déjà refuser l'acharnement thérapeutique.] En revanche, donner à l’État le pouvoir d’influencer nos choix, de limiter nos options et peut-être même de décider un jour à notre place, c’est l’antithèse de la liberté. Pour « mourir dans la dignité », il faut être « soigné dans la dignité », jusqu’à la fin. Il faut glorifier la vie. Le projet de loi 52 valorise la mort. Sommes-nous tombés si bas ?

Source




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Québec — Natalité et nombre de naissances légèrement en baisse pour une quatrième année en 2013

Nous avons les chiffres provisoires sur le nombre de naissances pour 2013 au Québec. Tout semble indiquer, sauf correction importante de dernières minutes, que la natalité et le nombre de naissances ont baissé pour la quatrième année successive, alors qu’augmentent sans cesse les sommes investies dans « la politique familiale » (ou plutôt l’aide aux femmes pour leur retour rapide au bureau, car c’est le but des garderies massivement subventionnées, une politique inique qui désavantage les femmes qui veulent éduquer leurs jeunes enfants).

Nombre de naissances

2008   87 865
2009   88 891
2010   88 436
2011   88 618
2012   88 700
2013   88 600

Notons que pendant ce temps la population du Québec ne fait qu’augmenter grâce principalement à l’immigration, le taux de natalité a donc tendance à baisser pour un même nombre de naissance. Le taux de natalité est le rapport entre le nombre annuel de naissances et la population totale exprimée en pour mille (‰).

Population du Québec

2008   7 761 504
2009   7 843 475
2010   7 929 365
2011   8 007 656
2012   8 084 059
2013   8 155 334

Taux de natalité du Québec

2008   11,32 ‰
2009   11,33 ‰
2010   11,16 ‰
2011   11,06 ‰
2012   10,97 ‰
2013   10,86 ‰


Québec a connu une accélération au début des années 2000 (début de la politique des garderies) et résiste mieux à la baisse que le Canada (rouge) et l’Ontario (vert clair), mais sa fécondité monte et descend en même temps que ceux-ci.

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États-Unis — le libre choix scolaire y fait son chemin

Égalité entre les citoyens, véritables chances de réussites, variété des pédagogies, sont autant d’arguments brandis par des citoyens américains pour réclamer le financement du libre choix. Les écoles à charte sont des écoles intégralement gratuites, car financées par l’État mais gérées de manière totalement libre et indépendante par les équipes de terrain de l’établissement.

Le libre choix scolaire prolifère aux États-Unis (école à la maison, école à charte, chèque-scolaire), il favorise l'innovation dans l'enseignement et l'amélioration des méthodes d'instruction. Il se fonde sur un principe simple : aucun modèle éducatif n'est optimal pour tous les élèves.

Un nouveau documentaire vise à diffuser cette philosophie, The Ticket. Il devrait sortir sous peu.

En voici son aguiche, sa bande-annonce :



Notons que pour certaines organisations il existe une menace à cette liberté : l'imposition d'un tronc commun à toutes les écoles américaines par l'Administration Obama.

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dimanche 2 mars 2014

Conversation avec Paul Donovan, directeur du collège Loyola

Extraits traduits d’une « conversation » que Paul Donovan, le directeur du collège Loyola, a tenue avec la revue Convivium. Cette conversation est parue dans le volume 3, n° 12, février-mars 2014 de cette publication. Le collège Loyola est opposé au Monopole de l’Éducation du Québec dans le cadre de l’imposition du programme d’éthique et de culture religieuse (ECR). Sa cause sera entendue dans trois semaines (le 24 mars) par la Cour suprême du Canada.

Paul Donovan est depuis 20 ans au collège Loyola, d’abord pendant 10 ans comme enseignant. Il a été nommé vice-directeur en 2003 et directeur en 2005. Cette année 2014 marquera sa dernière année à la tête du prestigieux établissement montréalais de tradition jésuite.

Paul Donovan – En fin de compte, nous étions sûrs que nous aurions pu enseigner le programme dans notre coin, sous le radar, ne rien dire, le faire à notre façon. Mais, lors de nos discussions, nous nous sommes dit que ce n’était pas une solution qui nous convenait. Nous essayons d’inculquer à nos élèves – c’est une des idées maîtresses qui fondent notre école - que lorsqu’il existe une injustice dans la société, il faut s’élever et la dénoncer.

Nous allions donc faire tout notre possible pour négocier avec le gouvernement, leur en parler, et si la discussion se concluait par un refus, alors nous devrions le contester autant que possible.

Finalement, le gouvernement nous a bien envoyé une lettre [en réponse à une demande d’équivalence entre, d’une part, le cours de religion du monde et de morale enseigné par Loyola depuis des années et, d’autre part, ECR]. En fait, il y en eut deux et la seconde nous donna dix raisons pour lesquelles nous ne pouvions enseigner notre version d’ECR. Cinq de ces six raisons avaient trait au fait que nous ne pouvions atteindre les objectifs du programme en enseignant ECR d’une perspective confessionnelle.

[…]

L’article de la loi que nous invoquons est assez souvent utilisé par les écoles […]. Ainsi, si le ministère venait à élaborer un nouveau programme d’éducation physique et nous étions une école à vocation sportive, nous pourrions faire une demande en vertu de cet article et dire « Voilà, nous enseignons l’équivalent dans notre programme d’école spécialisée dans le sport ». Et cela serait habituellement permis. […]

Cela permet au ministre de décider si le cours que vous proposez est équivalent ou non. La question cruciale en la matière c’est que le critère utilisé par le ministère était la confessionnalité et que, par défaut, en tant qu’école confessionnelle vous ne pouvez remplir les objectifs du programme ECR.

Je pense en fait qu’ils ne s’inquiètent pas tant de savoir si les catholiques pourraient y parvenir, mais quel impact une approbation pour des catholiques aurait quand d’autres viendraient à faire une demande similaire par la suite.

Convivium – Pour être précis, jusqu’à la conclusion de cette affaire, vous n’enseignez pas le programme ECR. Vous avez continué à en donner la version Loyola.

Paul Donovan – Oui, parce que, dans le fond, de notre point de vue, il est impossible d’être une école catholique en laissant de côté ce que notre foi signifie. C’est une question de conscience. Il m’est impossible de dire à mes professeurs « nous allons l’enseigner [le cours ECR], jusqu’à ce qu’on nous dise que nous pouvons le modifier ».

[…]

Convivium – Avez-vous, alors que vous vous défendiez en cour supérieure et, puis, en cour d’appel, été confronté à de la résistance, pas nécessairement du gouvernement, mais de la part des autres Québécois ? De personnes qui vous disaient : « Allez, laissez-faire. Votre combat est digne des années cinquante. Vous devez comprendre que le Québec est un état laïc et une société laïque. Acceptez-le. »

Paul Donovan – Au début nous avions beaucoup plus ce type de remarques qu’aujourd’hui. Une des choses qui se soit produite, et c’est un des problèmes de la couverture médiatique, c’est qu’il est parfois difficile d’exposer la totalité de la question. Au début, plus particulièrement, je crois que beaucoup de personnes ont crû que nous nous objections à l’apprentissage de faits sur d’autres religions, que nous voulions imposer le catholicisme aux élèves contre leur gré. Nous avons essuyé de nombreuses critiques qui se fondaient sur cette hypothèque, laquelle était complètement erronée.

Avec le temps, au fur et à mesure que les gens commençaient à comprendre notre démarche et la situation, ceci s’est inversé. Je pense que nous sommes nettement plus soutenus qu’au début et probablement plus dans la communauté anglophone.
[…]

[Au sujet de l’affaire des parents de Drummondville qui demandait le droit d’exemption pour leurs enfants, ce qui leur a été refusé, amenant certains juristes à se demander qui étaient les premiers éducateurs des enfants. L’État, au Canada, apparemment, et non plus les parents. ]

Les parents de Drummondville voulaient complètement retirer leurs enfants du programme ECR. Il s’agissait de personnes (« They were individuals »…) qui disaient : « Nous ne voulons pas faire quelque chose imposé par l’État. » Je ne veux pas me prononcer sur l’opportunité ou non de cette décision. Dans notre cas, nous ne disons pas que nous refusons le programme, mais que nous voulons le faire autrement. Nous voulons le faire d’une manière qui reflète l’identité de notre établissement. C’est une question très différente de celle posée dans l’affaire de Drummondville.

Oui, évidemment, nous avons été déçus des résultats, car nous savions -- pour ce qui en est de l’opinion publique au moins -- que les gens considéreraient les deux affaires comme liées. Mais pour notre part, nous étions convaincus depuis le début que l’issue de la première cause n’aurait pas nécessairement d’effet sur la seconde.

[…]

Onze intervenants interviendront dans notre cause. Certains sont des groupes chrétiens, d’autres des groupes laïcs. Je trouve cela fascinant. Outre ceux qui interviendront, nous avons dialogué avec des membres de la communauté juive et de la communauté musulmane. L’appui est ferme.

[…]

»




Quelques remarques

Nous souhaitons bien sûr bonne chance à l'école Loyola.

Toutefois, seuls les naïfs « font pleinement confiance en la justice de leur pays ». La Cour suprême n'est composée que d'avocats qui donnent leur opinion et les habillent de savants arguments juridiques. Ils ont leurs propres préjugés et systèmes de valeurs. On l'a bien vu récemment dans les décisions comme Whatcott ou S.L. c. C.S. des Chênes (ECR, Drummondville). La liberté d'expression ou de religion y cède le pas, aux yeux des juges, à des considérations plus à la mode : la protection des homosexuels dans un cas et l'apprentissage obligatoire du multiculturalisme par l'État dans l'autre. Il n'est pas impossible que le plus haut tribunal décide que l'imposition d'une perspective laïque dans une école catholique va vraiment trop loin ou, au contraire, qu'il ne s'agit que d'une petite contrainte tout à fait acceptable pour le bien commun. Le tout selon la sensibilité des neuf juges et ce qu'ils percevront comme acceptable par la bonne société.

Les parents de Drummondville demandaient fondamentalement la même chose que Loyola : que le cours ECR soit enseigné autrement et dans une perspective catholique. En effet, ils ne se sont jamais opposés par exemple à l'apprentissage de faits sur les religions au secondaire. Voir par exemple cette lettre explicite de la mère sur le sujet : « Obviously, my husband and I have no problem about our children knowing that other religions exist – they already know their existence and freely discuss about religious diversity. Neither have we any qualms about knowing facts about other religions, the Catholic religion course previously taught in public schools in Quebec did so; we did not object. »

Il est de bonne guerre pour M. Donovan de dire que la cause de Drummondville n'aura pas d'incidence sur sa cause ou que les gens avisés saisissent la différence entre les deux affaires. Il est vrai qu'il existe des différences importantes. Mais les juges de la Cour d'appel (un de ces juges, Wagner, est d'ailleurs désormais à la Cour suprême) ont perçu des parallèles. D'une part, le jugement en appel mentionne six fois ([13], [126], [162], [163], [171] et [172]) le jugement de la Cour suprême dans l'affaire de Drummondville. La section [13] reprend telles quelles non moins de sept longues sections de l'arrêt du plus haut tribunal pour bien mettre la table. D'autre part, la Cour d'appel déclare :
« [171] Avec égards, je crois qu'[le juge de première instance] commet une erreur alors que, évidemment, au moment d'écrire son jugement, il n'a toujours pas le bénéfice de l'enseignement de la Cour suprême dans S.L c. Commission scolaire des Chênes.  
[172] Comme dans l'affaire S.L. c. Commission scolaire des Chênes, Loyola et Zucchi plaident que la neutralité du programme ÉCR ne serait pas réelle et qu'elle entraverait leur capacité à transmettre leur foi. La Cour suprême décide que le fait d'exposer des élèves à l'étude globale des religions, dans une perspective neutre, sans les obliger à y adhérer, ne constitue pas une atteinte à la liberté de religion. En l'espèce, je ne crois pas qu'obliger Loyola à enseigner les croyances religieuses d'une manière globale et l'éthique, sans qu'il soit question d'y adhérer, constitue une réelle atteinte. Le « relativisme » demandé à l'enseignant ne brime pas la liberté d'enseigner la religion catholique de l'école. Comme Loyola l'indique dans son mémoire, il s'agit de mettre de côté, le temps d'un cours, la perspective catholique. »
Nous remarquons que le collège n'a pas insisté en Cour d'appel et insiste peu dans son mémoire en Cour suprême du Canada sur les griefs qu'il retient contre le programme officiel d'ECR. Nous pensons que cela lui a joué un mauvais tour en Cour d'appel.  On ne peut, cependant, en vouloir à Loyola : il avait remporté l'adhésion du juge de première instance quant aux reproches faits au programme ECR. Le procureur général du Québec n'ayant même pas contre-interrogé le témoin principal de Loyola, le professeur Douglas Farrow, sur ce sujet. Il était difficile de prévoir que la Cour d'appel utilise la décision de la Cour suprême dans l'affaire S.L. c. C.S. des Chênes puisque celle-ci est fondée sur un manque de preuves et que la preuve de Loyola était plus étoffée sur le sujet. Le juge de première instance ayant, notamment, permis l'analyse de nombreux manuels, contrairement au juge de Drummondville.

Aujourd'hui, Loyola semble encore insister sur le fait qu'il doit être catholique en tout sans insister outre mesure sur les difficultés que présente le programme ECR. Loyola veut peut-être paraître raisonnable, moderne, très dialoguant. L'exigence d'être simplement catholique tout le temps peut, toutefois, paraître un peu vague, éthérée. L'école n'insiste pas sur son opposition au programme ECR, car elle demande si peu : une simple équivalence pour un programme local si proche d'ECR. Comment peut-on refuser cela ?  La rançon de cette subtile modération pourrait bien être que la contrainte du gouvernement apparaisse, elle aussi, très modérée, raisonnable et donc légitime. Ou comme l'a déjà statué la Cour d'appel :  « Il n'y a pas de réelle atteinte ou, du moins, elle n'est pas significative. » Car après tout, rien interdit, comme aime à le rappeler le procureur général du Québec, à Loyola de sortir de la neutralité laïque imposée par ECR dans un cours d'éducation catholique séparé.

Espérons que ce ne sera pas le cas et qu'une levée de boucliers potentielle dans le Canada anglais retienne les juges et les empêche de soulever les épaules comme dans la cause S.L. c. C.S. des Chênes.

vendredi 28 février 2014

Le cerveau des femmes est mieux préparé que celui des hommes pour faire face aux défauts génétiques

Retard mental, épilepsie, hyperactivité ou autisme : ces troubles du développement cérébral ont en commun de toucher plus de garçons que de filles. Cette différence (la proportion selon le sexe) peut être très élevée, comme pour l’autisme à haut potentiel. Dans ce cas-là, les garçons sont diagnostiqués six fois plus que les filles.

Décrite depuis très longtemps, cette différence n’a pour l’heure pas trouvé d’explication, bien que plusieurs hypothèses aient été avancées. Une analyse génétique menée sur deux grandes populations de patients atteints de troubles neurodéveloppementaux, et publiée jeudi dans la revue American Journal of Human Genetics , montre que les filles présentent beaucoup plus d’atteintes génétiques que les garçons. Et pourtant, la répercussion dans leur comportement est moins importante. Ces résultats suggèrent donc que le cerveau des filles aurait plus de ressort (capacité de réagir) que les garçons. « Des différences du nombre de mutations génétiques entre hommes et femmes atteints de troubles du développement cérébral avaient déjà été observées, nous avons cherché à les confirmer sur un grand nombre d’individus », explique Sébastien Jacquemont (ci-contre), médecin et professeur assistant à l’université de Lausanne, auteur de l’étude.

L’équipe de chercheurs suisses et américains tente de comprendre pourquoi 50 % plus d’hommes que de femmes ont une déficience intellectuelle, et pourquoi les garçons sont quatre fois plus susceptibles que les filles d’être atteints d’autisme.

Les chercheurs ont examiné des anomalies génétiques chez 15 585 personnes qui ont reçu des diagnostics de différents types de troubles causés par un développement défectueux du cerveau, surnommés troubles du neurodéveloppement.

Une preuve génétique

Récemment, des scientifiques ont montré que les femmes autistes présentaient plus de mutations génétiques par rapport aux hommes atteints de la même maladie. Pour avancer dans la compréhension de cette disparité hommes-femmes, Sébastien Jacquemont, en collaboration avec Evan Eichler de l’Université de Washington à Seattle, a comparé la fréquence des altérations génétiques chez environ 16.000 enfants atteints de maladies neuro-développementales. « Notre approche est une première de par son envergure, relève Sébastien Jacquemont. En effet, contrairement aux études précédentes, nous avons analysé différentes formes de mutations délétères pour le développement cérébral de l’enfant, et ce sur des cohortes de très grande taille. Nous avons également examiné les altérations transmises par les parents ».

Pour cette étude, les chercheurs ont analysé des résultats obtenus par hybridation génomique comparative et séquençage de l’exome. La première technique permet d’étudier les mutations génétiques structurelles (délétions et duplications de fragments génomiques). Grâce à la deuxième méthode, il est possible de séquencer les parties codantes du génome, c’est-à-dire celles qui sont signifiantes, et de déterminer l’emplacement des variations. Les résultats sont étonnants : les chercheurs ont découvert la présence excessive d’altérations génétiques chez les jeunes filles malades par rapport aux garçons. Même constat chez un groupe d’enfants autistes : les filles possèdent jusqu’à trois fois plus de mutations. Mais la découverte ne s’arrête pas là : en étudiant l’origine parentale, les scientifiques ont remarqué qu’un grand nombre des mutations observées chez les jeunes patients sont héritées de la mère, alors que celle-ci ne présente que peu, voire aucun symptôme de la maladie. « Nous avons vraiment été surpris par les différences importantes observées entre filles et garçons », souligne le médecin.

Un « avantage biologique » sur le plan intellectuel pour les femmes ?

Ces résultats suggèrent, sans pouvoir le démontrer formellement, que le cerveau féminin serait plus résistant face à un grand nombre d’atteintes génétiques qui affectent le développement cérébral. Cette « protection » constituerait-elle un avantage sur le plan intellectuel pour les femmes ? « Le taux de réussite des femmes désormais majoritaires, dans les études supérieures, est de plus en plus important maintenant qu’il n’y a plus de barrière sociale. Alors, pourquoi ne pas imaginer un facteur biologique dans cette réussite ? Ceci reste cependant très spéculatif ! », souligne le médecin. La recherche dans ce domaine a encore bien des secrets à nous livrer !

Explications potentielles

Nous ne connaissons toujours pas le mécanisme exact qui rend les garçons plus susceptibles que les filles. À ce sujet, il existe deux théories principales.

La première est que les hommes sont plus sensibles parce qu’ils n’ont qu’un seul chromosome X. Ce qui les rend vulnérables à des mutations sur ce chromosome, car tous les gènes endommagés n’ont pas de jumeau qui pourrait servir à corriger cette mutation. Il existe au moins un trouble cognitif, le syndrome du X fragile, qui est en effet beaucoup plus fréquent chez les hommes pour cette raison. Toutefois, l’étude du Dr Jacquemont indique plutôt que les mutations au chromosome X ne jouent qu’un rôle limité. Cela suggère que la base génétique de la différence est répartie dans l’ensemble du génome.

L’autre type d’explication est anatomique. Il est basé sur des études d’imagerie cérébrale qui suggèrent des différences entre les modes de connexion interne dans le cerveau masculin et féminin. Les cerveaux des hommes ont des connexions locales plus fortes que les cerveaux de femmes, alors que leurs connexions lointaines seraient plus faibles que celles du sexe opposé. Ceci rappelle une différence observée entre le cerveau des autistes et de ceux qui ne le sont pas. Ceci suggérerait que les connexions de type mâle sont en quelque sorte plus vulnérables à des perturbations qui engendrent l’autisme et d’autres troubles cognitifs. Pourquoi ceci serait le cas demeure, cependant, un mystère.

Réactions

L’auteur principal de l’étude, le professeur Evan Eichler de l’Université de Washington, conclut que les femmes sont ainsi mieux protégées contre les effets des variations génétiques, leur cerveau étant mieux préparé pour faire face à certaines mutations génétiques.

Les chercheurs ont aussi analysé le patrimoine génétique de personnes atteintes d’autisme. Encore une fois, les femmes avaient plus de variations génétiques dans leur ADN que les hommes.

« [L’étude] affirme essentiellement que pour que les femmes soient atteintes d’autisme ou de troubles neurologiques du développement, elles doivent avoir plus de dégâts génétiques que les hommes », estime la professeur Cheryl Dissanayake, directrice du Centre de recherche sur l’autisme Tennison Olga à l’Université La Trobe, en Australie.

Le professeur Eichler souhaite maintenant faire valider et étendre les résultats de ses recherches, de même qu’identifier les gènes qui augmentent le risque d’être atteint d’autisme.

Sources : Université de Lausanne, Le Figaro




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Loyola en Cour Suprême à Ottawa, le 24 mars 2014

 La Cour suprême a permis aux intervenants suivants de présenter des mémoires écrits :
  1. Conseil canadien des œuvres de charité chrétiennes, 
  2. l’Alliance évangélique du Canada, 
  3. l’Alliance des chrétiens en droit, 
  4. la World Sikh Organization of Canada, 
  5. l’Association of Christians Educators and Schools Canada, 
  6. l’Association canadienne des libertés civiles, 
  7. la Ligue Catholique des Droits de l'Homme, l’Association des parents catholiques du Québec, la Faith and Freedom Alliance et l’Association de la communauté copte orthodoxe du grand Montréal, 
  8. la Faith, Fealty and Creed Society, 
  9. Home School Legal Defence Association of Canada, 
  10. l’Église adventiste du septième jour au Canada et l’Église adventiste du septième jour-fédération du Québec, 
  11. la Corporation archiépiscopale catholique romaine de Montréal et de l’Archevêque catholique romain de Montréal .

Les onze groupes d’intervenants pourront chacun signifier et déposer un mémoire d’au plus 10 pages au plus tard le 10 mars 2014. Dans la mesure où leurs intérêts sont similaires, les intervenants se consulteront pour éviter toute répétition. La décision sur la demande en vue de présenter une plaidoirie orale sera rendue après réception et examen des arguments écrits des parties et des intervenants.

Rappelons que l'audience d'appel devant la Cour suprême devrait se tenir le 24 mars 2014.

Notre dossier Loyola.




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France — Restriction de l'accès à l'enseignement à distance public

Le Centre national d'enseignement à distance est un établissement public français du ministère de l'Éducation nationale offrant des formations à distance.

Le Cned propose des classes complètes et des cours à la carte pour l'enseignement élémentaire, le collège, le lycée général, technologique et professionnel, ainsi que pour l'enseignement des élèves en difficulté à besoins éducatifs particuliers.

De nombreuses familles conservatrices y ont recours. Depuis l'interdiction du voile à l'école « de la République », le CNED connaît un certain succès auprès des musulmans de France. Voir Le Monde du 11 février 2004 : « Alma et Lila Lévy-Omari, les deux jeunes filles du lycée d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) exclues [pour raison de voile] en octobre 2003, ont eu de la chance : leur père a obtenu de l'inspection académique qu'un professeur rémunéré vienne donner une heure de tutorat par semaine aux deux sœœurs, qui sont inscrites au CNED. »

Devant l'imposition de la théorie du genre (inexistante en 2014 pour le gouvernement après l'avoir défendue en 2011), des parents se sont organisés. Une organisation nommée Journée de retrait de l'école milite pour l'interdiction de cette théorie et pour un retour de la pudeur à l'école « républicaine ». Des retraits mensuels de l'école publique ont lieu depuis deux mois, malgré des menaces faites aux parents par les autorités, 17 924 enfants ont été retirés au cours de la journée de protestation de février.





D'autres parents préfèrent retirer leurs enfants de l'école publique et les inscrire au CNED pour éviter le climat impudique qui règne selon eux dans les établissements de l'Éducation nationale. C'est ce genre de « repli communautaire » qui a incité certains députés à présenter une proposition de loi visant à interdire l'école (l'instruction) à domicile sauf cas de force majeure.

Même si cette proposition de loi n’en est qu’au stade de première relecture, le CNED a pris le parti d’anticiper et de limiter les services qu’il propose aux familles pratiquant l’instruction en famille pour les motifs suivants :
  • raisons médicales;
  • pratiques sportives ou artistiques;
  • déplacements professionnels des parents en France;
  • départ à l’étranger (frais à la charge des parents dans ce cas).
Avec l’accord de l’inspecteur d’académie, les familles avaient auparavant la possibilité d'inscrire leurs enfants au CNED sans devoir justifier leurs motivations. Différente de l’inscription payante toujours accessibles à tous, elle permettait notamment d’éviter les contrôles de l’inspection académique.

« Les dérogations personnelles ne seront plus acceptées », précise le CNED. La phrase de conclusion des courriers envoyés aux familles qui demandaient l'inscription au CNED est tout aussi étonnante : « Nous vous invitons donc à prendre vos dispositions pour la scolarisation de votre enfant dans son collège de secteur pour la rentrée 2014 ». Le ton est donné.



Il existe des solutions de rechange au CNED :



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Québec — Vers un nouveau programme d'histoire

Le journal Le Devoir nous apprend :

« Les tenants d’une approche plus nationaliste de l’enseignement de l’histoire seront contentés : la nouvelle mouture du cours au secondaire devrait faire une plus grande place à la trame nationale et politique de l’histoire du Québec.

C’est ce qui ressort des recommandations du très attendu rapport d’experts commandé par la ministre de l’Éducation, Marie Malavoy. Après avoir pris connaissance de ce rapport, la ministre a annoncé l'implantation de projets-pilotes en histoire dès septembre 2014 dans plus de 90 classes de 3e année du secondaire du Québec.

Sans surprise, le nouveau cours qui s’appellerait Histoire du Québec et du Canada propose un retour à l’enseignement chronologique sur deux ans (3e et 4e secondaires), l’enseignement chronologique/thématique actuel ayant été très condamné par les profs.

Quoique très critiques sur la trop grande place faite aux compétences dans l’actuel programme, au détriment des connaissances, les deux experts ne les évacuent pas complètement pour autant. Toutefois, la compétence qui introduisait la notion à l’éducation à la citoyenneté, sans être éliminée comme le souhaitaient plusieurs, est remplacée par une volonté de développer l’esprit critique des élèves.

Le rapport recommande également que soient enseignées des notions de géographie au début de chaque année, en 3e et en 4e secondaire. Il suggère aussi d’augmenter le nombre de cours d’histoire dans la formation universitaire des futurs enseignants de cette discipline. Toutefois, les experts remettent à plus tard la réflexion sur la révision du cours d’histoire au primaire. »

Le rapport rappelle certaines critiques envers le programme instauré par le Parti libéral du Québec :

« Plusieurs, y compris des spécialistes de la didactique et des enseignants, relèvent toutefois que le programme de 2006 met en avant une version trop radicale de ces principes. Plus que l’approche elle-même, c’est ce radicalisme qui pose de multiples problèmes intellectuels et pédagogiques. Cette influence négative présente deux visages :
  • ƒElle détourne les finalités de l’histoire. En soi, l’idée que l’histoire aide l’élève à développer des aptitudes civiques ou intellectuelles n’a rien de nouveau. C’est un souhait légitime et unanime. Jusqu’ici, cependant, il semblait clair que ces retombées découlaient indirectement d’une pratique de l’histoire pour elle-même, enseignée selon ses propres règles. C’est cette vue des choses que rompt le programme de 2006. Plutôt que de prendre l’histoire comme point de départ, il définit au préalable des habiletés (des « compétences ») dont le libellé et l’économie générale paraissent mal arrimés aux exigences de la discipline historique et de son enseignement. Ainsi mise en œuvre, cette version de l’approche par compétences propose trop souvent d’envisager l’histoire non pour elle-même ou selon ses propres règles, mais comme un outil au service d’autres fins.

    Dans la lettre du programme de 2006, ces « autres fins » sont doubles. D’une part, elles incluent l’« éducation à la citoyenneté », qui prévoit dans les faits l’inculcation de valeurs civiques et morales particulières. D’autre part, elles incluent des attitudes mentales qui se veulent proches de la discipline historique, comme la capacité d’interrogation et la « pensée historique », mais dont les libellés, dans le programme, s’accordent souvent mal à la réalité de l’histoire comme science.
  • Le programme rompt avec l’attente commune d’un récit globalement intelligible, c’est-à-dire posé sur une trame narrative suivie et reconnaissable, bref pourvu de fils conducteurs clairs, quels qu’ils soient. En 3e secondaire, le programme prend la forme d’un récit chronologique, mais qui manque de cohérence : chaque période (ex. : 1608-1760) pose une question différente et s’organise autour de principes d’explication divergents. En 4e secondaire, il s’agit d’un programme de déconstruction reprenant plusieurs fois la même histoire sous des angles thématiques différents entre lesquels le souci d’intégration paraît bien superficiel.

    Cette histoire disséquée, constamment répétée, consomme du temps : elle place l’enseignant dans une situation d’urgence permanente, malgré les deux années dont il dispose. Elle pose aussi problème sur le plan de la mémoire comme sur celui de la science. En ce qui concerne la mémoire, une plus grande intelligibilité, des fils conducteurs plus clairs (même multiples) et un sens plus aigu de la chronologie devraient aider l’élève à faire sens de l’histoire. En ce qui a trait à la connaissance, il serait plus conforme à la discipline historique d’imbriquer les évènements politiques, économiques et sociaux en une seule trame narrative qui exposerait clairement la complexité et la singularité du passé.

    Ce déficit d’intelligibilité tient au visage que prend l’approche par compétences dans le programme de 2006. En effet, les compétences proposées ne requièrent pas une telle recherche d’intelligibilité et s’accommodent mieux d’une histoire morcelée. Cette déstructuration du récit explique l’occultation partielle du cadre national ou politique. Elle explique aussi la superficialité des apports de l’histoire sociale (prise en considération des femmes ou des Premières Nations, de l’économie, etc.), qui ne font souvent que saupoudrer le récit.
 »

Lire le rapport

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