vendredi 25 avril 2008

« Abus de pouvoir » de la ministre du Monopole, Mme Courchesne

La Coalition pour la liberté en éducation continue à conseiller aux parents de signer un formulaire d'exemption pour le cours Éthique et culture religieuse qui fera son entrée dans les écoles à l'automne.

Lors de la conférence de presse tenue ce vendredi à Montréal pour annoncer leur prochaine marche à Sherbrooke, le 3 mai, les représentants de la Coalition se sont présentés en mentionnant leur affiliation religieuse : la présidente est catholique, la vice-présidente est évangélique. Le président de l'Association copte orthodoxe du Grand Montréal et un sociologue presbytérien les entouraient.

Même si la ministre de l'Éducation, Mme Courchesne, a averti que toutes les demandes d'exemption seront rejetées, la coalition affirme que Mme Courchesne usurpe la juridiction des organismes (les écoles privées et les commissions scolaires) qui doivent prendre cette décision.

L'avocat de la Coalition pour la liberté en éducation, Me Jean-Yves Côté, constate que bien des droits sont bafoués pour implanter ce cours. Il promet d'aller en Cour supérieure pour défendre les droits des parents et dénoncer l'abus de pouvoir de la ministre.

Pour sa part, selon Radio-Canada, la ministre Courchesne promet d'aller jusqu'au bout et de poursuivre sa croisade pour imposer ce cours.


Écoutez le reportage

jeudi 24 avril 2008

« Éthique et culture religieuse — Un utopisme malfaisant »

Lettre ouverte de Mathieu Bock-Côté, candidat au doctorat en sociologie à l'UQAM, écrite au vitriol dans le Devoir de ce jeudi 24 avril.

Quelques extraits :
« Avec la mise en ligne d'une vidéo faisant la promotion du programme Éthique et culture religieuse, la nomenklatura qui contrôle le ministère de l'Éducation s'est dévoilée. Au sens propre, cette vidéo verse dans un marketing idéologique caricatural qui rappelle la vieille propagande du régime soviétique, à la fois par la méthode et par le ton.

Enfants, pédagogues et parents y sont conscrits avec un air de benêt satisfait hochant la tête avec enthousiasme devant les injonctions du régime. Les premiers y répètent comme il se doit le catéchisme qu'on leur a appris. Les seconds reprennent les appels au «dialogue» et à la nécessité de lutter contre ce qui peut lui faire obstacle. Quant aux derniers, ils témoignent du fait que le programme n'a aucunement confirmé les craintes qu'ils pouvaient avoir devant son application et qu'il respecte à sa manière l'héritage culturel du Québec.

[...]

Mais le cœur du problème est ailleurs: on y voit surtout à quel point l'école est rendue loin dans sa conversion multiculturelle. Ce n'est pas sans raison que le programme Éthique et culture religieuse s'inscrit de plus en plus dans le débat public. C'est qu'on y trouve véritablement l'expression caricaturale de ce dévoiement progressiste de l'école qui s'est placée au service d'une idéologie.

[...]

Il y a longtemps que l'école a cessé de travailler à l'éducation de la jeunesse. Désormais, elle travaille plutôt à sa rééducation pour devenir un lieu de socialisation permettant la déconstruction, dès l'enfance, de l'identité nationale. Ce qu'on souhaite, c'est la reprogrammation de la jeunesse contre la culture que la société pourrait leur transmettre. C'est ce que les concepteurs du programme appellent l'aboutissement d'un long parcours dans la conformité au pluralisme.

Il faut être franc : ce qu'on demande ici à l'école, c'est de construire de toutes pièces par ses programmes un nouveau peuple, mieux disposé envers le multiculturalisme et relativement étranger à l'expérience historique de la collectivité. Derrière certaines expressions comme « éducation à la tolérance » et « sensibilisation à la différence », c'est une véritable haine de soi qu'on inculquera à une jeunesse devenue étrangère à sa propre culture.

On l'a insuffisamment rappelé, mais le programme Éthique et culture religieuse s'articule parfaitement avec le nouvel enseignement de l'histoire qui met de côté la dimension nationale pour le calibrer plutôt dans le registre du multiculturalisme le plus actif. Car ce dernier est en fait un nouveau régime politique qui, à défaut de reposer sur le consentement du Québec des adultes, a décidé d'accoucher au sein même des écoles d'un peuple qui ne le contestera plus.

Intoxiquée par l'idéologie multiculturaliste, la technocratie pédagogique s'est retournée contre le Québec. Le Québec historique n'est plus désiré par l'idéologie multiculturelle qui transformera la société en grand laboratoire à ciel ouvert où les ingénieurs sociaux pourront s'amuser avec des enfants devenus cobayes.

Le multiculturalisme est porteur de l'utopie d'une société postnationale et postoccidentale, une utopie qui entre en crise partout dans le monde, la crise des accommodements raisonnables en ayant témoigné au Québec. Mais c'est le propre des utopies malfaisantes de se radicaliser au moment de leur entrée en crise. Ainsi, pour les pluralistes, ce n'est jamais parce que leur vision du monde est allée trop loin qu'elle génère des convulsions sociales, mais parce que ses principes ont été insuffisamment appliqués.

Certains esprits cocasses se réjouissent de la laïcisation de l'école alors qu'on s'apprête à la confier pour de bon à un nouveau clergé, au service de la religion multiculturelle, avec ses dogmes et son catéchisme. Combien d'événements semblables devront-ils se produire pour qu'émerge enfin dans le domaine public cette coalition du bon sens que réclame le Québec réel et qui non seulement freinera l'implantation du régime multiculturel, mais entreprendra sa révocation pan par pan, pour engager notre société dans une autre direction?

Ce n'est pas d'un « pragmatisme » de pacotille qu'a besoin la société québécoise en ce moment, mais bien d'une mise en procès de la dynamique institutionnelle qui a enclenché la liquidation accélérée de son expérience historique. Le ministère de l'Éducation s'est retourné contre la culture québécoise. Il est temps d'en tirer les conséquences. Au-delà de la seule suspension impérieuse de ce programme, il faut profiter du malaise qu'il génère pour formuler un tout autre discours sur l'éducation qui permettra enfin d'ouvrir le chantier de sa restauration. »
Pour les auteurs de ce carnet, le remède est tout simplement la suppression du Monopole de l'Éducation. Or, si on peut émettre une critique de fond sur la lettre ouverte de M. Bock-Coté, c'est qu'il semble appeler de ses vœux une restauration du Monopole et non sa fin.

M. Bock-Côté paraît vouloir une école qui imposerait aux élèves une vision plus nationale, plus québécoise et non d'une école libre. Nous ne sommes pas contre les visions nationales en matière d'Histoire ou de valeurs, mais nous pensons qu'il devrait s'agir là d'un choix des parents et non d'un programme dont on peut craindre qu'il serait concocté à nouveau par quelques experts et une nouvelle fois imposé à tous cette fois-ci en prétextant les raisons inverses de celles avancées par le pluralisme qui suinte du programme d'ECR : il faut forger une nation québécoise par l'assimilation et l'appropriation par les jeunes immigrés de l'Histoire et des valeurs québécoises. Si l'immigration pose tant de problèmes d'intégration et amène à la privation de libertés en éducation — sans parler des coûts associés à la scolarisation d'enfants souvent peu francophones — peut-être faudrait-il enfin une véritable politique nataliste au Québec, plutôt qu'une aide au retour au travail pour les femmes qui ont eu un enfant (les garderies qui engloutissent la presque totalité du budget "famille" du Québec) ?

Il faut nettement plus de libertés scolaires au Québec et plus d'écoles vraiment libres. Le mal vient du dirigisme et de la privation de liberté et de concurrence des programmes et des pédagogies. Il faut laisser les parents choisir et non l'État et ses experts cooptés pour leurs opinions connues et approuvées à l'avance.

mercredi 23 avril 2008

Mme Courchesne très libérale avec l'argent des contribuables pour imposer ses idées fixes


La Presse du 19 avril nous apprend que la ministre Courchesne a décidé d'envoyer un million de dépliants aux parents, une vidéo partiale en faveur du cours d'ECR et d'organiser de très nombreuses rencontres aux quatre coins du Québec. Plus de quatre cents « formateurs », payés à même nos impôts, sillonneront la province durant toute la prochaine année scolaire. « Il y aura un suivi très rigoureux. On va s'assurer que tout se passe correctement. » Il faut sans doute comprendre ce « correctement » comme voulant dire selon les désirs de la ministre et de ses experts habituels.

Le tout avec nos sous, pour imposer un cours dont la majorité des parents ne veut pas.

Pourquoi cette obsession pour empêcher tout choix en matière d'éducation morale et religieuse et imposer cette autre idée fixe de Mme Courchesne ?

Mme Courchesne pince-sans-rire

Mme Courchesne a tenté de disqualifier les parents croyants (catholiques, protestants et orthodoxes) et laïques qui s'opposent à son programme : « Ce sont des groupes qui se situent aux extrêmes qui réagissent en ce moment ».

D'une part, ces groupes représentent beaucoup de gens, plus de la majorité de la population d'ailleurs selon un sondage, il est donc amusant de voir la ministre essayer de les faire passer pour des extrémistes.

D'autre part, qui est l'extrémiste, qui ne veut en aucun cas tolérer la diversité et la possibilité d'un choix en la matière  si ce n'est le Monopole et Mme Courchesne, entêtement qu'elle exhibe si facilement dans d'autres dossiers ?

Les écoles sont désormais laïques

Mme Courschesne poursuit en insistant sur le fait que les écoles sont désormais laïques. « Nous avons fait un choix de société. C'est la loi. Nous n'avons plus le droit d'enseigner la religion à l'école. Nous n'allons quand même pas invoquer la clause nonobstant indéfiniment ! »

Première remarque&thinsp: il existe encore des écoles confessionnelles privées, subventionnées ou non, au Québec. Elles sont malheureusement soumises aux mêmes diktats du Monopole de l'Éducation.

Et puis qui est ce « on » ? Cette laïcisation s'est faite sans débat public. Lire Gary Caldwell pour voir comment cette laïcisation a été imposée tout en prétendant réunir les principaux acteurs (soigneusement sélectionnés). Gary Caldwell le disait déjà : « alors que partout ailleurs en Occident on diversifie l’école, ici, le rapport Proulx veut tout uniformiser et accroître le monopole de l’État. Alors qu’ailleurs on cherche des formules pour des services meilleurs et plus variés, ici on réduit le financement de l’école privée même si on sait qu’elle est d’intérêt public. »

Naïveté iréniste comme seule foi de la ministre

Il faut bien avouer que Mme Courchesne est parfois très touchante tant semblent sincères et fréquentes sa naïveté et sa foi iréniste. C'est ainsi que la ministre du Monopole écrira elle-même une lettre à tous les parents, en août, pour leur expliquer ce programme, « qui marque un tournant très significatif dans notre histoire ». Trompettes et fanfare ici ! Elle devait ajouter de manière ingénue : « Quand on sait, on accepte. Quand on ne sait pas, on se méfie », dit-elle.

Cette sentence à l'emporte-pièce est bien sûr battue en brèche par la réalité : des communautés qui connaissent bien les préceptes religieux, philosophiques ou même linguistiques de leurs adversaires s'opposent fréquemment. Pire, parfois les luttes les plus cruelles sont justement celles qui opposent des sectes d'une même religion qui s'affrontent sur des points de détail que le spectateur étranger à ces querelles ignore même ! C'est ainsi que les chiites s'opposent souvent aux sunnites. Les musulmans connaissent bien les principes religieux des juifs, ils sont pourtant le plus souvent des frères ennemis ! Est-ce que les musulmans de France sont mieux intégrés à la France — et plus tolérants envers le christianisme — parce qu'ils vivent depuis des décennies en France ? La chose est loin d'être certaine, car on assiste plutôt à une radicalisation de l'islam comme s'il s'agissait justement de lutter contre l'Occident que ces musulmans connaissent justement mieux qu'auparavant et de se distinguer alors que la mondialisation augmente  !

Novlangue au Monopole : le mot athée désormais tabou

Le Journal de Montréal du 19 avril nous apprend que les élèves du cours d'ECR n'entendront pas prononcé le terme d'« athéisme », car le Monopole de l'Éducation aurait jugé ce mot trop « négatif » pour les jeunes oreilles. Ou s'agit-il plutôt de ne pas effrayer — pour l'instant — les parents croyants, le temps d'imposer le programme sans trop de résistance ?

Le Ministère en serait venu à la conclusion que le mot athée était tabou après avoir consulté 18 experts universitaires. Il faudrait donc user de circonlocutions pour enseigner la même chose :

« On pourra parler de gens qui donnent un sens à leur vie sans avoir de croyance religieuse. On pourra dire que ces gens n'ont pas de religion, mais le mot athée ne sera pas dans les manuels car il est tabou », signale Denis Watters.

Ministre Courchesne catégorique — quelle surprise !

Le 18 avril, Michelle Courchesne a pourtant été catégorique : l'époque des cours religieux est révolue, et toutes les écoles — y compris les écoles confessionnelles — sont obligées par le Monopole d'adhérer au nouveau régime pédagogique et devront donner le cours d'éthique et culture religieuse.

Marche à Sherbrooke le 3 mai contre l'imposition du cours dit d'éthique et de culture religieuse

Une marche se tiendra à Sherbrooke le 3 mai pour dénoncer l'imposition du cours d'éthique et culture religieuse et réclamer la liberté de choix .

Le Québec est le seul endroit dans le monde où un cours à saveur multireligieuse est imposé à sa population. Pour la CLE, une coalition multiconfessionnelle pour la liberté en éducation, il s’agit d’une violation patente et gravissime de la liberté de conscience et de la Convention internationale des Droits de l’Homme.

À la suite du rejet récent (avril 2008) par le MLQ (Mouvement laïc du Québec) du cours imposé par le Monopole de l’Éducation, il appert que 95 % de la population du Québec, par la voix de ses institutions religieuses et philosophiques, rejettent maintenant ce cours forcé par l’État. Tous maintenant commencent à comprendre qu’il ne s’agit pas d’une simple affaire de religion ou d’éthique, mais de la perte d’un droit fondamental de la liberté de conscience de toute personne humaine (athées ou croyantes).

LIBERTÉ DE CONSCIENCE

Marche à Sherbrooke

Samedi le 3 mai 2008 à 13 h 30

Rassemblement devant l’Hôtel Delta ; 2685, rue King Ouest

Départ : 13 h 45 sur la rue King

Retour : 14 h 10 à l’Hôtel Delta

Brefs discours, remise de demandes d’exemption du cours, pétitions

Fin du rassemblement vers 14 h 40

Vous avez le droit de choisir !

infos<arrobe>coalition-cle.org   Tél. : 1-888-839-6236   www.coalition-cle.org

Le Monopole s'entête : les ratés deviennent de plus en plus évidents

Selon La Tribune de Sherbrooke, les ratés deviennent de plus en plus évidents dans le dossier du nouveau programme d'histoire concocté par le Monopole de l'Éducation dont on sait à quel point il est grevé de toutes les tares du prêt-à-penser politiquement correct le plus navrant et si prévisible.

Les évaluations seraient difficiles à mettre en pratique, le matériel tarderait à arriver... Pour certains enseignants au secondaire et pour la présidente du Syndicat de l'enseignement de l'Estrie (SEE), Sylvie Simoneau, les élèves constitueraient une « génération sacrifiée ».

Les bases manquent, les ambitions sont universitaires
« Enseignant en histoire de troisième secondaire à l'école du Phare, Jacques Noiseux ne mâche pas ses mots lorsqu'il parle du programme d'histoire, d'approche par compétence et d'évaluations. Des exemples de compétences? "Interroger une réalité sociale dans une perspective historique", répond-il.

"Je pense qu'on pourrait être plusieurs adultes ici et se demander ce que c'est dans la réalité. On parle de développement de compétences disciplinaires chez des jeunes qui ont 13, 14, 15 ans et je ne pense pas que l'objectif soit d'en faire des historiens", lance-t-il en soulignant que les compétences au curriculum s'avèrent ardues.

[...]

Aux yeux de M. Noiseux et de son collègue, Benoît Dionne, enseignant en histoire en quatrième secondaire, les élèves de troisième secondaire n'ont pas les notions, en termes de connaissances et de contenus, pour aborder plusieurs concepts qui leur sont présentés. Ils estiment également qu'à la fin de l'année le programme sera charcuté de certaines réalités sociales que les enseignants n'auront pas pu présenter en classe. »
Augmentation des échecs, difficulté d'évaluation dans toutes les matières
« "Ce qu'on constate, avec le nouveau programme, je vois qu'il y a plus d'élèves en échec que j'en avais dans les anciens programmes", soutient M. Noiseux.

Enseignant en éthique et culture religieuse, François Fortin souligne que le problème d'évaluation est un problème pour toutes les disciplines.

De l'avis de Mme Simoneau, on peut maintenant voir les ratés de la réforme; fréquemment, dit-elle, les élèves n'ont pas les acquis nécessaires »
.
On frappe un mur

La présidente du SEE conclut par « On frappe un mur au niveau des ratés de la réforme », estime-t-elle en ajoutant que de la façon dont elle a été appliquée, ça ne fonctionne pas.

Entêtement et manque de prudence

Rappelons que la ministre du Monopole de l'Éducation, Mme Michelle Courchesne, a déjà refusé de retarder l'application du renouveau pédagogique en quatrième et cinquième secondaire.

Espagne — Victoires pour les objecteurs de conscience au cours d'Éducation civique

Suite du feuilleton espagnol et de l'imposition par le Parti socialiste d'un nouveau programme d'Éducation civique qui heurte tant d'Espagnols.

Le 4 mars, la Cour supérieure de justice d'Andalousie (CSJA) a donné raison à des parents de Bollulos del Condado (province d'Huelva) qui envisageaient de réclamer pour leur enfant l'objection de conscience au programme d'Éducation civique (EC). Une résolution du gouvernement régional andalou leur avait refusé le droit à cette objection, mais les parents en avaient appelé au Tribunal supérieur régional. La décision de la Cour des contentieux administratifs de la CSJA reconnaît finalement qu'il « existe bien un droit à l'objection de conscience qui s'exerce pour la protection des droits indiqués. »

Le jugement établit qu'un enfant peut ne pas suivre le programme et demeure exempté de l'examen correspondant. Le tribunal fonde son jugement sur la jurisprudence de la Cour suprême, du Tribunal constitutionnel et sur les décisions de la Cour européenne des droits de l'homme. Il souligne également que l’objection de conscience « fait partie intégrante du droit fondamental à la liberté idéologique et religieuse reconnue par l’article 16.1 de la Constitution espagnole et, comme l’a indiqué cette cour à diverses reprises, la Constitution s’applique directement, plus particulièrement en matière de droits fondamentaux ». La CSJA considère « raisonnable » le fait que les parents puissent désapprouver une partie du programme, pour des raisons philosophiques ou religieuses, car les objectifs dudit programme tel que stipulés dans la Loi organique 2/2006 consistent «  à former les jeunes citoyens à des « valeurs communes ». De surcroît, les arrêtés royaux 1631/06 et 1513/06, qui précisent les enseignements minimaux, font usage de concepts indubitablement idéologiques ou religieux comme la morale, la conscience morale et civique, l'évaluation morale, les valeurs ainsi que les conflits sociaux et moraux. »

Les représentants du gouvernement d’Andalousie ont déclaré qu’ils ne changeront pas de politique en ce qui a trait au programme controversé et en ce qui concerne leur manque de respect des objecteurs. Ils ont également affirmé qu’ils porteraient la décision de la CSJA devant la Cour suprême.

Le 12 mars, la CSJA a également prononcé un arrêté par lequel il suspend préventivement l’obligation d’assister aux classes d’Éducation civique pour un élève de La Carolina (province de Jaén). Avec ces deux dernières décisions, voilà déjà quatre décisions de la CSJA contraires au programme d'Éducation civique que désire imposer le Parti socialiste espagnol.

La ministre de l’Éducation de la Communauté madrilène, Lucia Figar, a pour sa part déclaré que toutes les objections de conscience au programme d’EC seraient acceptées à Madrid et qu’elle déclarera « exempts de suivre le programme et de passer l'examen correspondant » les élèves qui craignent ce programme.

À Madrid, comme dans tous les gouvernements régionaux gouvernés par le Parti populaire [droite], le programme d’EC ne sera enseigné qu’à partir de l’année scolaire prochaine. Dans l’attente de décisions judiciaires plus définitives, les communautés de Murcie et de Valence désirent également laisser le choix aux parents.

Le texte du jugement au complet ici (en castillan).

vendredi 11 avril 2008

Répondeur peu commun d'une école primaire

Enregistrement peu commun du répondeur d'une école primaire. Les enseignants auraient-ils encore de l'humour malgré les déboires de leur profession ?

À écouter ici :






Source : blogue de Thomas Clément

jeudi 10 avril 2008

Reportage radio-canadien sur la résistance au cours ECR

L’émission Second regard de Radio Canada a diffusé un reportage le 30 mars 2008 portant sur les opposants au programme d’Éthique et de culture religieuse (ECR) que le Monopole de l’Éducation veut imposer à tous les élèves du Québec, dès six ans et ceci même dans les écoles confessionnelles.



Subtile allusion à la Grande Noirceur

Le reportage commence par de vieilles images en noir et blanc où l’on voit M. Duplessis en 1959 défendre l’enseignement confessionnel. On comprend qu’il s’agit de conjurer chez le pauvre téléspectateur des images d’un « passé ténébreux et heureusement révolu ». Le tout avec le commentaire exquis qui nous rappelle que « l’opposition à l’école laïque ne date pas d’hier ».

Cette séquence introductive mérite quelques commentaires :
—   Elle fait suite à un autre reportage idyllique sur le programme d’ECR filmé dans une école pilote à Outremont : classe proprette, lumineuse, jeunes enfants innocents qui parlent et approuvent, jeune et belle institutrice, jeune couple de catholiques « modernes » et bourgeois qui sont enchantés par le cours et qui font participer leurs enfants à une « interprétation moderne de la nativité ». Bref, l’opposition caricaturale entre, d’une part, l’ouvert, le jeune, l’innocent, le beau et le moderne en couleurs et, d’autre part, un Québec monochrome recroquevillé sur lui-même. Le trait est gros.
—   Nous reviendrons par la suite sur l’am­bi­güité entretenue autour du mot « laïque », notons cependant dès maintenant que le Mouvement laïque du Québec s’oppose au cours qui symboliserait selon Radio-Canada l’école « laïque », c’est pour le moins paradoxal et Radio-Canada n’en dira rien bien que ce reportage est censé nous parler des opposants au cours que le Monopole de l’Éducation veut imposer.
—   Enfin, notons que « l’opposition à l’école confessionnelle ne date pas d’hier » non plus et qu’on a parfois l’impression que le Québec suit la France républicaine avec un bon siècle de retard. Il est, en effet, facile de tracer un parallèle entre la glorieuse Révolution tranquille et la IIIe République avec le PQ dans le rôle des radicaux socialistes et les enseignantes québécoises dans celui des hussards noirs de la République. On aurait donc pu agrémenter cette séquence introductive de vieux daguerréotypes de quelque membre de l’Institut canadien de Montréal vitupérant contre le cléricalisme et l’obscurantisme qui n’a rien à faire dans les écoles du savoir et des Lumières, etc.

Jules ferry croqueurs de curés


Qui avait mis les catholiques dans un placard ?

La voix hors champ s’étonne ensuite que les catholiques « sortent du placard »... Mais qui les y auraient mis si ce n’est les médias qui ne s’intéressent pas à ces parents par trop traditionnels ? Il faut dire qu’entre les reportages sur les familles décomposées (pardon « recomposées » dans le jargon moderne), les familles monoparentales, les « droits » des homosexuels à se marier, à adopter, l’adoption internationale à encourager, l’avortement toujours aussi populaire et qu’il faut protéger, les hommages annuels aux femmes tuées lors de la tuerie de la Polytechnique par Marc Lépine (Gamil Gharbi), les combats des femmes chiliennes ou afghanes, il ne restait plus beaucoup de temps à la SRC pour s’intéresser aux mères traditionnelles québécoises parmi lesquelles, bien sûr, les catholiques. Ces mères qui soutiennent encore quelque peu la démographie et qui sont si souvent laissées pour compte : l’aide de l’État québécois va principalement ­– les garderies à 7 $ sont ruineuses, alors que seuls 50 % des enfants en bas âge les utilisent – aux femmes « modernes » salariées qui retournent au bureau. Une mesure dispendieuse si peu nataliste et si peu équitable.

Et voilà que la journaliste s’étonne de voir apparaître des femmes catholiques précédemment reléguées dans un placard. Redécouverte par Radio-Canada d’une espèce qu’elle croyait disparue. Cet étonnement ne trahit que la coupure qui existe entre ceux qui accaparent les antennes et la population que ces journalistes ne fréquentent pas. Ce n’est pas sans rappeler la réaction de la critique de théâtre américaine Pauline Kael à la suite de la victoire écrasante de Richard Nixon sur George McGovern en 1972 : « Comment est-ce possible ?» aurait-elle dit. « Je ne connais personne qui ait voté pour Nixon ! »

Ridiculiser et manier les ciseaux

Suit ensuite la séquence habituelle qui vise à discréditer les critiques par des scènes bien choisies, des répliques coupées et des commentaires hors champ qui aident le téléspectateur à interpréter correctement les images déjà soigneusement sélectionnées.

Monsieur Dumont passe de la lecture d’un texte préparé, dépose ce dossier et commence avec quelques secondes d’hésitation sa conclusion improvisée. L’hésitation est immédiatement expliquée par la SCR aux spectateurs : « Mario Dumont s'est empêtré dans les fils de son histoire ». Il n’y pourtant pas de contradiction dans les propos de M. Dumont, mais une simple pause alors qu’il passe de la lecture d’une liste étourdissante de figures historiques exotiques de différentes croyances à un résumé qu’il entame sans notes.

La SCR coupe également l'explication de la Dre Chevrier sur l'invasion de la vie privée que constituerait ce cours. On n’entendra donc pas que le cours ne fait pas qu’exposer des croyances, qu’il faut ensuite les confronter par le dialogue et que les enfants doivent ensuite expliquer ce qu’ils ont appris de ce « dialogue » sacrosaint. Il est évident que certains élèves en situation minoritaire pourraient se sentir bien mal à l’aise devant ce déballage et ce « dialogue » sur leur cas. Radio-Canada a coupé l’explication.

Notons au passage que l'idée selon laquelle l'information sur la religion de l'autre favorise un meilleur « vivre ensemble » est simpliste. Car, enfin, les juifs et les musulmans connaissent le plus souvent fort bien les fondements de leurs religions respectives, ceci n'empêche nullement ces communautés de s’affronter. Pour atteindre son but de meilleur « vivre ensemble » le Monopole devra donc aller plus loin que la simple exposition : il devra légitimer et relativiser ces différentes croyances, ce qui contrevient bien sûr à la neutralité en matière de croyances. Car, enfin, inculquer le relativisme ou l'athéisme ce n'est pas respecter la foi des parents croyants comme seule vérité !

Quelques mots encore sur les questions en cascade posées à la Dre Chevrier qui portaient sur les raisons pour lesquelles, selon Mme Chevrier, il n’est pas satisfaisant de reléguer l’enseignement de la religion à la maison ou à l’église. Notons tout d’abord que dans le reportage idyllique sur l’école pilote d’Outremont qui précède celui-ci, la journaliste n’oppose jamais un barrage de questions avant d’avoir une réponse. Sur le fond, si la religion doit sortir de l’école, pourquoi ne pas sortir l’ECR de l’école ? En effet, il s’agit également de transmission de valeurs, relativistes et pluralistes dans ce cas-ci, mais elles ne sont en rien obligatoires à la formation de futurs ingénieurs, mécaniciens ou médecins comme les langues ou les mathématiques. Enfin, le français peut aussi s’apprendre à la maison, les parents décident pourtant d’approfondir le sujet à l’école pour des raisons de commodité et d’expertise, pourquoi pas ne faire la même chose à l’école pour la religion du choix des parents ? L’école doit rendre un service aux parents, pas servir de chasse gardée à ceux qui veulent inculquer leurs valeurs aux enfants des autres au nom de la « laïcité ».

Le Devoir à la rescousse du programme d’ECR, ce « défi grandiose »

Alors que, dans la partie qui présentait le programme d’ECR en prenant le cadre idéal d’une école d’Outremont, on n’avait entendu aucune critique, voilà que dans la partie réservée aux opposants au programme d’ECR – dont on a évincé les laïques du MLQ – Radio-Canada a jugé bon d’interroger longuement et sans question agressive une journaliste du Devoir connue pour sa défense de ce programme !

La séquence commence par les images du bureau de la chroniqueuse Marie-Andrée Chouinard sur lequel s’étale en grand un article du Devoir selon lequel « Un lobby catholique réclame un accommodement ». Rappelons que ce titre contenait déjà trois imprécisions : lobby à un sens précis pour la Loi québécoise (la coalition en question n'en est pas un), cette coalition n'est pas catholique et regroupe des personnes non catholiques (par exemple MM. Caldwell et Walsh sur l’estrade plus tôt dans le même reportage de la SCR!) et, enfin, il ne s'agit pas d'un accommodement, mais d'un droit et d'une liberté religieuse retirée récemment, mais laissons M. Guy Durand rappeler quelques faits sur la laïcité et sur Mme Chouinard interrogée par la SCR :
«  Mme Marie-Andrée Chouinard, vous semblez trouver outrancière la position de la Coalition pour la liberté en éducation [à propos du cours d'éthique et de culture religieuse]. Il ne faudrait quand même pas sombrer dans l'exagération.

Vous parlez de laïcité. Mais vous savez bien que la laïcité admet des modèles multiples, y compris des options en enseignement religieux confessionnel, comme dans la plupart des pays européens, y compris dans une partie de la France (Alsace-Moselle et certains départements d'outre-mer). »
Il est intéressant de voir à quel point la journaliste du Devoir ose prendre fait et cause pour ce programme d’Éthique et de culture religieuse, elle en vient à conseiller le gouvernement qui doit « mieux communiquer » (signalons que cette communication se fait avec nos sous : dépliants, DVD, 400 formateurs à travers le Québec). Le gouvernement « devrait affirmer haut et fort la qualité du programme » selon Marie-Andrée Chouinard qui ensuite ne peut réprimer une envolée lyrique sur le « défi grandiose » (!) que serait ce programme. Belle impartialité !

Lettre ouverte du théologien Guy Durand à la ministre Michèle Courchesne

Mme la ministre Michèle Courchesne,

En lisant le journal Le Devoir du 7 avril, j'ai été frappé par l'article « L'Association des professeurs de français se retire du processus de validation des programmes » et je ne puis éviter de penser au programme d'enseignement de l'histoire et au programme projeté d'éthique et de culture religieuse. Les mêmes reproches s'entendent: programme conçu par une équipe restreinte selon une idéologie loin de faire consensus, consultations qui ne peuvent remettre en cause les orientations de fond et n'acceptent que des corrections cosmétiques, expérimentation trop restreinte et trop courte.

Je sais que vous ne pouvez pas tout faire en même temps. Raison de plus pour imposer un moratoire pour vous permettre d'analyser les choses et mettre de l'ordre dans votre ministère. Je veux bien qu'on se soit entendu, il y a plusieurs années, sur une réforme qui insistait sur les matières de base; malheureusement, celle-ci s'est transformée progressivement en une réforme pédagogique basée sur la méthode socio-constructiviste contestée partout et sur une idéologie tout aussi contestée, au moins en histoire et en éthique et culture religieuse (ECR).

Le programme projeté d'ECR, en particulier, s'est imposé en trompant la population, et ce, en opposition à la volonté de beaucoup de parents. Il conduit tout droit au scepticisme et au relativisme. Il risque de perturber l'enfant en l'exposant trop vite à des valeurs différentes de celles de ses parents.

La démocratie et l'avenir des jeunes exigent une intervention vigoureuse de votre part. Vos « compétences » nous le laissent espérer.

Guy Durand, le 8 avril 2008.