lundi 8 mars 2021

Cette violence sexuelle dont sont victimes les garçons et les hommes et que notre société refuse de voir

Selon de récentes données américaines, pas moins d’un garçon sur 6 est victime d’abus sexuels pendant son enfance et un homme sur 4 est victime d’une forme de violence sexuelle au cours de sa vie, allant du contact non désiré à la coercition et au viol. Contrairement aux idées reçues, la même culture qui fragilise les femmes face aux violences sexuelles n’avantage pas les hommes, loin de là.

Une étude menée en 2005 par les Centers for Disease Control des États-Unis, sur les membres de la société d’assurances Kaiser Permanente à San Diego, révèle que 16 % des hommes ont été victimes d’abus sexuels à l’âge de 18 ans.

Une étude nationale de 2003 sur des adultes américains indique que 14,2 % des hommes ont été victimes de violence sexuelle avant l’âge de 18 ans.

Une étude menée en 1996 auprès d’étudiants universitaires de sexe masculin dans la région de Boston a révélé que 18 % des hommes ont été victimes de violence sexuelle avant l’âge de 16 ans.

Une étude nationale de 1990 sur des adultes américains a rapporté que 16 % des hommes ont été victimes de violence sexuelle avant l’âge de 18 ans.

Ces statistiques sont probablement sous-estimées, car les hommes ayant subi de telles expériences sont moins susceptibles de les divulguer que les femmes. D’après une autre étude, seulement 16 % des hommes ayant des antécédents documentés d’abus sexuels (par les agences de services sociaux) se considéraient comme ayant été abusés sexuellement, comparativement à 64 % des femmes ayant des antécédents documentés.

Source : 1in6.org


 
Atlantico — Le débat sur les violences sexuelles faites aux femmes bat son plein en France et les révélations pleuvent. D’un autre côté, celles faites à l’encontre des hommes semblent au point mort, les cas sont-ils nombreux ?

Philippe Genuit — En France, cela existe. Ces violences vont de l’atteinte sexuelle jusqu’au viol. Dans ma clinique, j’ai rencontré un grand nombre d’hommes qui ont été abusés par des hommes adultes, mais aussi des garçons abusés par leur cousin ou leur frère. Ces abus n’ont pas d’âge et généralement ils se produisent dans la proximité familiale, cela passe par un père/beau-père abuseur, mais aussi des mères/belles-mères voire même les copines des mères. Les témoignages sont légion à ce propos. Dans certains cas, les victimes ne percevaient pas le caractère infractionnel du geste et avaient refoulé ces gestes.

Aujourd’hui, les actes commencent seulement à être abordés. Auparavant, sur le grand débat des abus sexuels, les garçons n’étaient jamais évoqués, il a fallu énormément d’initiatives et d’énergie pour que le sujet soit examiné. Les femmes ont le mouvement #MeToo ou #Balancetonporc, avec une certaine radicalisation au niveau idéologique que l’on connaît, mais pour les hommes c’est le silence.

Sébastien Boueilh — Dans mon travail de prévention des violences sexuelles, je suis allé en prison et certains détenus se sont confiés à moi. Ils ont parlé de leur viol par leurs mères entre l’âge de 5 et 8 ans. Dans de nombreux cas, ils n’en avaient jamais parlé, un homme violé par une femme ne correspond pas à l’archétype de la virilité. Les victimes sont là, le silence aussi. Dans le cadre de mon association, Le colosse aux pieds d’argile, les témoignages sont plus faciles, car elle est gérée par un homme. Ils ont moins de honte à parler et surtout en parlant de mon témoignage, mon expérience, je casse tous les codes. Ceux qui ont été victimes de viols par des femmes sont encore plus dictés par la loi du silence.

— La figure de l’homme violeur et de la femme victime dans les médias freine-t-elle la prise de parole des victimes masculines ?

Sébastien Boueilh — Les campagnes de prévention sur les violences sexuelles font majoritairement des raccourcis. Les femmes sont la plupart du temps présentées comme des victimes et les hommes dans la posture de l’agresseur. Les campagnes de sensibilisation et de prévention sont « genrées » et elles ne sont pas bénéfiques pour les victimes masculines d’agressions. Je suis la preuve que les hommes peuvent être violés. J’ai aussi des preuves montrant que les femmes sont aussi prédatrices, en dehors du cercle familial comme les nounous.

Philippe Genuit — Les hommes répriment leur expression plus souvent à cause du milieu interne que le milieu externe. Les femmes, elles-mêmes, ont mis du temps, car c’était honteux, elles se faisaient rejeter et la majorité des agressions venaient en grande majorité du milieu proche. Dans le cas des viols masculins, il y a aussi la notion de ce que doit être l’homme dans la société qui freine la révélation.

— Pourquoi la société refuse-t-elle de voir les violences sexuelles faites aux hommes comme une réalité ?

Philippe Genuit — La société a depuis longtemps, et elle continue, de freiner la mise en lumière de ces agressions. Entre les statistiques juridiques et celles faites sur les témoignages recueillis, il y a une très grande disparité. Comme actuellement il y a des figures de victimologie avec celle de la femme, celle qui a été colonisée ou celle dans les problématiques de genre, le garçon est moins écouté. Pour cette société, il n’a pas encore pris la parole pour se faire entendre, ce qui peut lui-même l’amener à se poser des questions.

Sébastien Boueilh — Pour que la société nous voie, j’ai le désir de lancer un mouvement. Les hommes aussi doivent être vus dans la rue pour faire passer leur message. Avec ce que nous avons vu sur l’inceste, les hommes sont de plus en plus stigmatisés avec le message homme-agresseur, femme victime. Ce message simpliste est fallacieux, car beaucoup de petits garçons sont victimes de femmes.

Dans tous les médias, je rappelle que le prédateur peut aussi être une prédatrice. Il faut utiliser les deux termes.

Source : Atlantico

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